La fin d'un rêve

La fin d'un rêve

La fin d'un rve

LE MONDE | 12.09.01 | 09h59 | e***orial



C'tait un rve, utopique. Il s'est bris dans le sang et la terreur lorsque les Etats-Unis, mardi 11 septembre, ont t victimes d'une gigantesque opration terroriste. Un acte de guerre qui traumatise l'Amrique ; un festival de barbarie. Le rve tait celui de George W. Bush. Il entendait protger les Etats-Unis de la scne internationale ; les voir moins exposs parce que moins impliqus dans le rglement des conflits en cours. Il ignorait la guerre isrắlo-palestinienne; enfin, il jurait de sanctuariser le territoire national en le plaant l'abri d'un bouclier antimissile. Le rveil est terrible.

La ralit du monde volatil de l'aprs-guerre froide, celle d'une scne internationale ó il n'y a plus de rgles et ó les Etats ne sont plus les seuls acteurs, cette ralit-l l'a rattrap avec la violence d'une agression comme les Etats-Unis en avaient rarement subi depuis l'attaque japonaise de Pearl Harbour, en 1941. C'est un nouveau monde qui s'annonce, dans lequel l'hyperpuissance vient d'afficher sa vulnrabilit l'hyperterrorisme. Le dfi est infiniment suprieur celui que dut relever George Bush pre, lorsqu'il dcida, en 1991, de chasser les troupes irakiennes du Kowẹt. L'preuve survient alors que les grandes lignes de la politique trangre et de dfense du nouveau prsident sont encore floues et les quipes qui en ont la charge occupes de surralistes batailles bureaucratiques.

Le dtournement d'avions de ligne par des pirates de l'air qui les ont dirigs vers les symboles de la puissance conomique amricaine New York - les tours jumelles du World Trade Center - puis vers le cour de leur puissance militaire en Virginie, prs de Washington - le Pentagone -, a fait des milliers de morts. Dans le drame, les Amricains vont se rassembler derrire leur prsident.

Mais, pass le deuil, viendra le temps des questions. Elles porteront sur la pertinence des choix de M. Bush. Elles viseront son obstination ne poursuivre qu'un seul objectif stratgique : doter les Etats-Unis d'un systme de dfense antimissile. Nombreux taient les experts et responsables politiques qui l'avaient mis en garde : la vritable menace n'tait pas celle d'un improbable Etat voyou lanant un missile sur le territoire des Etats-Unis, mais bien celle d'une agression terroriste. Les questions concerneront la politique rpublicaine au Proche-Orient, mme si les attentats de mardi ont sans doute t prpars bien avant l'arrive de M. Bush la Maison Blanche. Elles mettront en relief la haine que suscite l'Amrique dans une bonne partie du monde arabo-musulman. Elles souligneront le dfi que lancent les terroristes en gnral et la ncessit d'une lutte commune.

Mais, dans un malheur comme les Etats-Unis en ont rarement connu, elles manifesteront cette vidence : l'isolationnisme n'est jamais une option pour l'Amrique.

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