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L'art d'être grand-père (1877) - Victor Hugo

Chủ đề trong 'Pháp (Club de Francais)' bởi Angelique, 25/11/2001.

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  1. Angelique

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    LE POT CASSÉ
    Ô ciel! toute la Chine est par terre en morceaux!
    Ce vase pâle et doux comme un reflet des eaux,
    Couverts d'oiseaux, de fleurs, de fruits, et des mensonges
    De ce vague idéal qui sort du bleu des songes,
    De ce vase unique, étrange, impossible, engourdi,
    Gardant sur lui le clair de lune en plein midi,
    Qui paraissait vivant, où luisait une flamme,
    Qui semblait presque un monstre et semblait presque une âme,
    Mariette, en faisant la chambre, l'a poussé
    Du coude par mégarde, et le voilà brisé !
    Beau vase! Sa rondeur était de rêves pleine,
    Des boeufs d'or y broutaient des prés de porcelaine.
    Je l'aimais, je l'avais acheté sur les quais,
    Et parfois aux marmots pensifs je l'expliquais.
    Voici l'Yak; voici le singe quadrumane;
    Ceci c'est un docteur peut-être, ou bien un âne;
    Il *** la messe, à moins qu'il ne dise hi-han;
    ??a c'est un mandarin qu'on nomme aussi kohan;
    Il faut qu'il soit savant, puisqu'il a ce gros ventre.
    Attention, ceci, c'est le tigre en son antre,
    Le hibou dans son trou, le roi dans son palais,
    Le diable en son enfer; voyez comme ils sont laids !
    Les monstres, c'est charmant, et les enfants le sentent.
    Des merveilles qui sont des bêtes les enchantent.
    Donc, je tenais beaucoup à ce vase. Il est mort.
    J'arrivai furieux, terrible, et tout d'abord:
    ??"Qui donc a fait cela ? criai-je. Sombre entrée!
    Jeanne alors, remarquant Mariette effarée,
    Et voyant ma colère et voyant son effroi,
    M'a regardé d'un air d'ange, et m'a ***:??"C'est moi.
  2. Angelique

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    Et Jeanne à Mariette a ***:??"Je savais bien
    Qu'en répondant c'est moi, papa ne dirait rien.
    Je n'ai pas peur de lui puisqu'il est mon grand-père.
    Vois-tu, papa n'a pas le temps d'être en colère,
    Il n'est jamais beaucoup fâché, parce qu'il faut
    Qu'il regarde les fleurs, et quand il fait bien chaud
    Il nous ***: N'allez pas au grand soleil nu-tête,
    Et ne vous laissez pas piquer par une bête,
    Courez, ne tirez pas le chien par son collier,
    Prenez garde aux faux pas dans le grand escalier,
    Et ne vous cognez pas contre les coins des marbres.
    Jouez. Et puis après il s'en va dans les arbres.
  3. Angelique

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    Tout pardonner, c'est trop; tout donner, c'est beaucoup !
    Eh bien, je donne tout et je pardonne tout
    Aux petits; et votre oeil sévère me contemple.
    Toute cette clémence est de mauvais exemple.
    Faire de l'amnistie en chambre est périlleux.
    Absoudre des forfaits commis par des yeux bleus
    Et par des doigts vermeils et purs, c'est effroyable.
    Si cela devenait contagieux, que diable!
    Il faut un peu songer à la société.
    La férocité sied à la paternité;
    Le sceptre doit avoir la trique pour compagne;
    L'idéal, c'est un Louvre appuyé sur un bagne;
    Le bien doit être fait par une main de fer.
    Quoi! si vous étiez Dieu, vous n'auriez pas d'enfer?
    Presque pas. Vous croyez que je serais bien aise
    De voir mes enfants cuire au fond d'une fournaise ?
    Eh bien ! non. Ma foi non! J'en fais mea-culpa;
    Plutôt que Sabaoth je serais Grand-papa.
    Plus de religion alors ? Comme vous ***es.
    Plus de société ? Retour aux troglodytes,
    Aux sauvages, aux gens vêtus de peaux de loups ?
    Non, retour au vrai Dieu, distinct du Dieu jaloux,
    Retour à la sublime innocence première,
    Retour à la raison, retour à la lumière !
    Alors, vous êtes fou, grand-père. J'y consens.
    Tenez, messieurs les forts et messieurs les puissants,
    Défiez-vous de moi, je manque de vengeance.
    Qui suis-je ? Le premier venu, plein d'indulgence,
    Préférant la jeune aube à l'hiver pluvieux,
    Homme ayant fait des lois, mais repentant et vieux,
    Qui blâme quelquefois, mais qui jamais ne damne,
    Autorité foulée aux petits pieds de Jeanne,
    Pas sûr de tout savoir, en doutant même un peu,
    Toujours tenté d'offrir aux gens sans feu ni lieu
    Un coin du toit, un coin du foyer, moins sévère
    Aux péchés qu'on honnit qu'aux forfaits qu'on révère,
    Capable d'avouer les êtres sans aveu.
    Ah ! ne m'élevez pas au grade de bon Dieu!
    Voyez-vous, je ferais toutes sortes de choses
    Bizarres; je rirais; j'aurais pitié des roses,
    Des femmes, des vaincus, des faibles, des tremblants;
    Mes rayons seraient doux comme des cheveux blancs;
    J'aurais un arrosoir assez vaste pour faire
    Naître des millions de fleurs dans toute sphère,
    Partout, et pour éteindre au loin le triste enfer:
    Lorsque je donnerais un ordre, il serait clair;
    Je cacherais le cerf aux chiens flairant sa piste;
    Qu'un tyran pût jamais se nommer mon copiste,
    Je ne le voudrais pas; je dirais: Joie à tous!
    Mes miracles seraient ceci:??"Les hommes doux.??"
    Jamais de guerre.??"Aucun fléau.??"Pas de déluge .
    ??"Un croyant dans le prêtre, un juste dans le juge. -
    Je serais bien coiffé de brouillard, étant Dieu,
    C'est convenable; mais je me fâcherais peu,
    Et je ne mettrais point de travers mon nuage
    Pour un petit enfant qui ne serait pas sage;
    Quand j'offrirais le ciel à vous, fils de Japhet,
    On verrait que je sais comment le ciel est fait;
    Je n'annoncerais point que les nocturnes toiles
    Laisseraient pêle-mêle un jour choir les étoiles,
    Parce que j'aurais peur, si je vous disais ça,
    De voir Newton pousser le coude à Spinosa;
    Je ferais à Veuillot le tour épouvantable
    D'inviter Jésus-Christ et Voltaire à ma table.
    Et de faire verser mon meilleur vin, hélas,
    Par l'ami de Lazare à l'ami de Calas;
    J'aurais dans mon éden, jardin à large porte,
    Un doux water-closet mystérieux, de sorte
    Qu'on puisse au paradis mettre le Syllabus;
    Je dirais aux rois: Rois, vous êtes des abus,
    Disparaissez J'irais, clignant de la paupière,
    Rendre aux pauvres leurs sous sans le dire à Saint-Pierre,
    Et, sournois, je ferais des trous à son panier
    Sous l'énorme tas d'or qu'il nomme son denier;
    Je dirais à l'abbé Dupanloup: Moins de zèle!
    Vous voulez à la Vierge ajouter la Pucelle,
    C'est cumuler, monsieur l'évêque; apaisez-vous.
    Un Jéhovah trouvant que le peuple à genoux
    Ne vaut pas l'homme droit et debout, tête haute,
    Ce serait moi. J'aurais un pardon pour la faute,
    Mais je dirais: Tâchez de rester innocents.
    Et je demanderais aux prêtres, non l'encens,
    Mais la vertu. J'aurais de la raison. En somme,
    Si j'étais le bon Dieu, je serais un bon homme.
  4. Angelique

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    L'IMMACULÉE CONCEPTION
    Ô Vierge sainte, conçue sans péché!
    (Prière chrétienne.)
    L'enfant partout. Ceci se passe aux Tuileries.
    Plusieurs Georges, plusieurs Jeannes, plusieurs Maries;
    Un qui tette un qui dort; dans l'arbre un rossignol;
    Un grand déjà rêveur qui voudrait voir Guignol;
    Une fille essayant ses dents dans une pomme;
    Toute la matinée adorable de l'homme;
    L'aube et polichinelle; on court, on jase, on rit;
    On parle à sa poupée, elle a beaucoup d'esprit;
    On mange des gâteaux et l'on saute à la corde.
    On me demande un sou pour un pauvre; j'accorde
    Un franc; merci, grand-père ! et l'on retourne au jeu,
    Et l'on grimpe, et l'on danse, et l'on chante. Ô ciel bleu!
    C'est toi le cheval. Bien. Tu traînes la charrette,
    Moi je suis le cocher. A gauche; à droite; arrête.
    Jouons aux quatre coins. Non; à colin-maillard.
    Leur clarté sur son banc réchauffe le vieillard.
    Les bouches des petits sont de murmures pleines,
    Ils sont vermeils, ils ont plus de fraîches haleines
    Que n'en ont les rosiers de mai dans les ravins,
    Et l'aurore frissonne en leurs cheveux divins.
    Tout cela c'est charmant.??"Tout cela c'est horrible!
    C'est le péché !
    Lisez nos missels, notre bible,
    L'abbé Pluche, saint Paul, par Trublet annoté,
    Veuillot, tout ce qui fait sur terre autorité.
    Une conception seule est immaculée;
    Tous les berceaux sont noirs, hors la crèche étoilée;
    Ce grand lit de l'abîme, hyménée, est taché.
    Où l'homme *** Amour! le ciel répond Péché!
    Tout est souillure, et qui le nie est un athée.
    Toute femme est la honte, une seule exceptée.
    Ainsi ce tas d'enfants est un tas de forfaits!
    Oiseau qui fais ton nid, c'est le mal que tu fais.
    Ainsi l'ombre sourit d'une façon maligne
    Sur la douce couvée. Ainsi le bon Dieu cligne
    Des yeux avec le diable et ***: Prends-moi cela!
    Et c'est mon crime, ô ciel, l'innocent que voilà!
    Ainsi ce tourbillon de lumière et de joie,
    L'enfance, ainsi l'essaim d'âmes que nous envoie
    L'amour mystérieux qu'avril épanouit,
    Ces constellations d'anges dans notre nuit,
    Ainsi la bouche rose, ainsi la tête blonde,
    Ainsi cette prunelle aussi claire que l'onde,
    Ainsi ces petits pieds courant dans le gazon,
    Cette cohue aimable emplissant l'horizon
    Et dont le grand soleil qui rit semble être l'hôte,
    C'est le fourmillement monstrueux de la faute!
    Péché ! Péché ! Le mal est dans les nouveau-nés.
    Oh ! quel sinistre affront! Prêtres infortunés!
    Au milieu de la vaste aurore ils sont funèbres;
    Derrière eux vient la chute informe des ténèbres.
    Dans les plis de leur dogme ils ont la sombre nuit.
    Le couple a tort, le fruit est vil, le germe nuit.
    De l'enfant qui la souille une mère est suivie.
    Ils sont les justiciers de ce crime, la vie.
    Malheur! pas un hymen, non, pas même le leur,
    Pas même leur autel n'est pur. Malheur ! malheur!
    Ô femmes, sur vos fronts ils mettent d'affreux doutes.
    Le couronnement d'une est l'outrage de toutes.
    Démence! ce sont eux les désobéissants.
    On ne sait quel crachat se mêle à leur encens.
    Ô la profonde insulte! ils jettent l'anathème
    Sur l'oeil qui ***: je vois! sur le coeur qui ***: j'aime!
    Sur l'âme en fête et l'arbre en fleur et l'aube en feu,
    Et sur l'immense joie éternelle de Dieu
    Criant: Je suis le père! et sans borne et sans voile
    Semant l'enfant sur terre et dans le ciel l'étoile!
  5. Angelique

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    LES GRIFFONNAGES DE L'ÉCOLIER
    Charle a fait des dessins sur son livre de classe.
    Le thème est fatigant au point, qu'étant très lasse,
    La plume de l'enfant n'a pu se reposer
    Qu'en faisant ce travail énorme: improviser
    Dans un livre, partout, en haut, en bas, des fresques,
    Comme on en voit aux murs des alhambras moresques,
    Des taches d'encre, ayant des aspects d'animaux,
    Qui dévorent la phrase et qui rongent les mots,
    Et, le texte mangé, viennent mordre les marges.
    Le nez du maître flotte au milieu de ces charges.
    Troublant le clair-obscur du vieux latin toscan,
    Dans la grande satire où Rome est au carcan,
    Sur César, sur Brutus. sur les hautes mémoires,
    Charle a tranquillement dispersé ses grimoires.
    Ce chevreau, le caprice, a grimpé sur les vers.
    Le livre, c'est l'endroit; l'écolier, c'est l'envers.
    Sa gaîté s'est mêlée, espiègle, aux stigmates
    Du vengeur qui voulait s'enfuir chez les Sarmates.
    Les barbouillages sont étranges, profonds, drus.
    Les monstres! Les voilà perchés, l'un sur Codrus,
    L'autre sur Néron. L'autre égratigne un dactyle.
    Un pâté fait son nid dans les branches du style.
    Un âne, qui ressemble à monsieur Nisard, brait,
    Et s'achève en hibou dans l'obscure forêt;
    L'encrier sur lui coule, et, la tête inondée
    De cette pluie, il tient dans sa patte un spondée.
    Partout la main du rêve a tracé le dessin;
    Et c'est ainsi qu'au gré de l'écolier, l'essaim
    Des griffonnages, horde hostile aux belles-lettres,
    S'est envolé parmi les sombres hexamètres.
    Jeu! songe ! on ne sait quoi d'enfantin, s'enlaçant
    Au poème, lui donne un ineffable accent,
    Commente le chef-d'oeuvre, et l'on sent l'harmonie
    D'une naïveté complétant un génie.
    C'est un géant ayant sur l'épaule un marmot.
    Charle invente une fleur qu'il fait sortir d'un mot,
    Ou lâche un farfadet ailé dans la broussaille
    Du rythme effarouché qui s'écarte et tressaille.
    Un rond couvre une page. Est-ce un dôme ? est-ce un oeuf ?
    Une belette en sort qui peut-être est un boeuf.
    Le gribouillage règne, et sur chaque vers pose
    Les végétations de la métamorphose.
    Charle a sur ce latin fait pousser un hallier.
    Grâce à lui, ce vieux texte est un lieu singulier
    Où le hasard, l'ennui, le lazzi, la rature
    Dressent au second plan leur vague architecture.
    Son encre a fait la nuit sur le livre étoilé.
    Et pourtant, par instants, ce noir réseau brouillé,
    A travers ses rameaux, ses porches, ses pilastres,
    Laisse passer l'idée et laisse voir les astres.
    C'est de cette façon que Charle a travaillé
    Au dur chef-d'oeuvre antique, et qu'au bronze rouillé
    Il a plaqué le lierre, et dérangé la masse
    Du masque énorme avec une folle grimace.
    Il s'est bien amusé. Quel bonheur d'écolier!
    Traiter un fier génie en monstre familier!
    Être avec ce lion comme avec un caniche !
    Aux pédants, groupe triste et laid, faire une niche!
    Rendre agréable aux yeux, réjouissant, malin,
    Un livre estampillé par monsieur Delalain!
    Gai, bondir à pieds joints par-dessus un poème!
    Charle est très satisfait de son oeuvre, et lui-même
    ??"L'oiseau voit le miroir et ne voit pas la glu??"
    Il s'admire.
    Un guetteur survient, homme absolu.
    Dans son oeil terne luit le pensum insalubre,
    Sa lèvre aux coins baissés porte en son pli lugubre
    Le rudiment, la loi, le refus des congés,
    Et l'auguste fureur des textes outragés.
    L'enfance veut des fleurs; on lui donne la roche.
    Hélas ! c'est le censeur du collège. Il approche,
    Jette au livre un regard funeste, et ***, hautain:
    ??"Fort bien. Vous copierez mille vers ce matin
    Pour manque de respect à vos livres d'étude.??"
    Et ce geôlier s'en va, laissant là ce Latude.
    Or c'est précisément la récréation.
    Être à neuf ans Tantale, Encelade, Ixion !
    Voir autrui jouer! Être un banni, qu'on excepte !
    Tourner du châtiment la manivelle inepte!
    Soupirer sous l'ennui, devant les cieux ouverts,
    Et sous cette montagne affreuse, mille vers!
    Charles sanglote, et ***:??"Ne pas jouer aux barres!
    Copier du latin! Je suis chez les barbares.??"
    C'est midi; le moment où sur l'herbe on s'assied,
    L'heure sainte où l'on doit sauter à cloche-pied;
    L'air est chaud, les taillis sont verts, et la fauvette
    S'y débarbouille, ayant la source pour cuvette;
    La cigale est là-bas qui chante dans le blé.
    L'enfant a droit aux champs. Charles songe accablé
    Devant le livre, hélas, tout noirci par ses crimes.
    Il croit confusément ou r gronder les rimes
    D'un Boileau, qui s'entr'ouvre et bâille à ses côtés;
    Tous ces bouquins lui font l'effet d'être irrités.
    Aucun remords pourtant. Il a la tête haute.
    Ne sentant pas de honte, il ne voit pas de faute.
    ??"Suis-je donc en prison ? Suis-je donc le vassal
    De Noël, lâchement aggravé par Chapsal ?
    Qu'est-ce donc que j'ai fait???"Triste, il voit passer l'heure
    De la joie. Il est seul. Tout l'abandonne. Il pleure.
    Il regarde, éperdu, sa feuille de papier.
    Mille vers! Copier! Copier! Copier!
    Copier! Ô pédant, c'est là ce que tu tires
    Du bois où l'on entend la flûte des satyres,
    Tyran dont le sourcil, sitôt qu'on te répond,
    Se fronce comme l'onde aux arches d'un vieux pont!
    L'enfance a dès longtemps inventé dans sa rage
    La charrue à trois socs pour ce dur labourage.
    ??"Allons! ***-il, trichons les pions déloyaux!
    Et, farouche, il saisit sa plume à trois tuyaux.
    Soudain du livre immense une ombre, une âme, un homme
    Sort, et ***:??"Nois, pour ton sequin, blanc ou jaune,
    Vil sou que tu crois précieux,
    Dieu t'offre une étoile des cieux
    Dans la main tendue à l'aumône.
  6. Angelique

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    A PROPOS DE LA LOI
    ***E LIBERTÉ DE L'ENSEIGNEMENT
    Prêtres, vous complotez de nous sauver, à l'aide
    Des ténèbres, qui sont en effet le remède
    Contre l'astre et le jour;
    Vous faites l'homme libre au moyen d'une chaîne;
    Vous avez découvert cette vertu, la haine,
    Le crime étant l'amour.
    Vous êtes l'innombrable attaquant le sublime;
    L'esprit humain, colosse, a pour tête la cime
    Des hautes vérités;
    Fatalement ce front qui se dresse dans l'ombre
    Attire à sa clarté le fourmillement sombre
    Des dogmes irrités.
    En vain le grand lion rugit, gronde, extermine;
    L'insecte vil s'acharne; et toujours la vermine
    Fit tout ce qu'elle put;
    Nous méprisons l'immonde essaim qui tourbillonne;
    Nous vous laissons bruire, et contre Babylone
    Insurger Lilliput.
    Pas plus qu'on ne verrait sous l'assaut des cloportes
    Et l'effort des cirons tomber Thèbe aux cent portes
    Et Ninive aux cent tours,
    Pas plus qu'on ne verrait se dissiper le Pinde,
    Ou l'Olympe, ou l'immense Himalaya de l'Inde
    Sous un vol de vautour,
    On ne verra crouler sous vos battements d'ailes
    Voltaire et Diderot, ces fermes citadelles,
    Platon qu'Horace aimait,
    Et ce vieux Dante ouvert, au fond des cieux qu'il dore,
    Sur le noir passé, comme une porte d'aurore
    Sur un sombre sommet.
    Ce rocher, ce granit, ce mont, la pyramide,
    Debout dans l'ouragan sur le sable numide,
    Hanté par les esprits,
    S'aperçoit-il qu'il est, lui l'âpre hiéroglyphe,
    Insulté par la fiente ou rayé par la griffe
    De la chauve-souris ?
    Non, l'avenir ne peut mourir de vos morsures.
    Les flèches du matin sont divines et sûres;
    Nous vaincrons, nous voyons!
    Erreurs, le vrai vous tue; ô nuit, le jour te vise;
    Et nous ne craignons pas que jamais l'aube épuise
    Son carquois de rayons.
    Donc, soyez dédaignés sous la voûte éternelle.
    L'idéal n'aura pas moins d'aube en sa prunelle
    Parce que vous vivrez.
    La réalité rit et pardonne au mensonge.
    Quant à moi, je serai satisfait, moi qui songe
    Devant les cieux sacrés,
    Tant que Jeanne sera mon guide sur la terre,
    Tant que Dieu permettra que j'aie, ô pur mystère!
    En mon âpre chemin,
    Ces deux bonheurs où tient tout l'idéal possible,
    Dans l'âme un astre immense, et dans ma main paisible
    Une petite main.
  7. Angelique

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    LES ENFANTS PAUVRES
    Prenez garde à ce petit être;
    Il est bien grand, il contient Dieu.
    Les enfants sont, avant de naître,
    Des lumières dans le ciel bleu.
    Dieu nous les offre en sa largesse;
    Ils viennent; Dieu nous en fait don;
    Dans leur rire il met sa sagesse
    Et dans leur baiser son pardon.
    Leur douce clarté nous effleure.
    Hélas, le bonheur est leur droit.
    S'ils ont faim, le paradis pleure.
    Et le ciel tremble, s'ils ont froid.
    La misère de l'innocence
    Accuse l'homme vicieux.
    L'homme tient l'ange en sa puissance.
    Oh! quel tonnerre au fond des cieux,
    Quand Dieu, cherchant ces êtres frêles
    Que dans l'ombre où nous sommeillons
    Il nous envoie avec des ailes,
    Les retrouve avec des haillons!
  8. Angelique

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    AUX CHAMPS
    Je me penche attendri sur les bois et les eaux,
    Rêveur, grand-père aussi des fleurs et des oiseaux;
    J'empêche les enfants de maltraiter les roses;
    Je dis: N'effarez point la plante et l'animal;
    Riez sans faire peur, jouez sans faire mal.
    Jeanne et Georges, fronts purs, prunelles éblouies,
    Rayonnent au milieu des fleurs épanouies;
    J'erre, sans le troubler, dans tout ce paradis;
    Je les entends chanter, je songe, et je me dis
    Qu'ils sont inattentifs, dans leurs charmants tapages,
    Au bruit sombre que font en se tournant les pages
    Du mystérieux livre où le sort est écrit,
    Et qu'ils sont loin du prêtre et près de Jésus-Christ.
  9. Angelique

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    ENCORE L'IMMACULÉE CONCEPTION
    Attendez. Je regarde une petite fille.
    Je ne la connais pas; mais cela chante et brille;
    C'est du rire, du ciel, du jour, de la beauté,
    Et je ne puis passer froidement à côté.
    Elle n'a pas trois ans. C'est l'aube qu'on rencontre.
    Peut-être elle devrait cacher ce qu'elle montre,
    Mais elle n'en sait rien, et d'ailleurs c'est charmant.
    Cela, certes, ressemble au divin firmament
    Plus que la face auguste et jaune d'un évêque.
    Le babil des marmots est ma bibliothèque;
    J'ouvre chacun des mots qu'ils disent, comme on prend
    Un livre, et j'y découvre un sens profond et grand,
    Sévère quelquefois. Donc j'écoute cet ange;
    Et ce gazouillement me rassure, me venge,
    M'aide à rire du mal qu'on veut me faire, éteint
    Ma colère, et vraiment m'empêche d'être atteint
    Par l'ombre du hideux sombrero de Basile.
    Cette enfant est un coeur, une fête, un asile,
    Et Dieu met dans son souffle et Dieu mêle à sa voix
    Toutes les fleurs des champs, tous les oiseaux des bois;
    Ma Jeanne, qui pourrait être sa soeur jumelle,
    Traînait, l'été dernier, un chariot comme elle,
    L'emplissait, le vidait, riait d'un rire fou,
    Courait. Tous les enfants ont le même joujou;
    Tous les hommes aussi. C'est bien, va, sois ravie,
    Et traîne ta charrette, en attendant la vie.
    Louange à Dieu! Toujours un enfant m'apaisa.
    Doux être ! voyez-moi les mains que ça vous a!
    Allons, remettez donc vos bas, mademoiselle.
    Elle est pieds nus, elle est barbouillée, elle est belle;
    Sa charrette est cassée, et, comme nous, ma foi,
    Elle se fait un char avec n'importe quoi.
    Tout est char de triomphe à l'enfant comme à l'homme.
    L'enfant aussi veut être un peu bête de somme
    Comme nous; il se fouette, il s'impose une loi;
    Il traîne son hochet comme nous notre roi;
    Seulement l'enfant brille où le peuple se vautre.
    Bon, voici maintenant qu'on en amène une autre;
    Une d'un an, sa soeur sans doute; un grand chapeau,
    Une petite tête, et des yeux! une peau !
    Un sourire ! oh ! qu'elle est tremblante et délicate!
    Chef-d'oeuvre, montrez-moi votre petite patte.
    Elle allonge le pied et chante... c'est divin.
    Quand je songe, et Veuillot n'a pu le dire en vain,
    Qu'elles ont toutes deux la tache originelle!
    La Chute est leur vrai nom. Chacune porte en elle
    L'affreux venin d'Adam (bon style Patouillet);
    Elles sont, sous le ciel qu'Eve jadis souillait,
    D'horribles péchés, faits d'une façon charmante;
    La beauté qui s'ajoute à la faute l'augmente;
    Leur grâce est un remords de plus pour le pécheur,
    Et leur mère apparaît, noire de leur blancheur;
    Ces enfants que l'aube aime et que la fleur encense,
    C'est la honte portant ce masque, l'innocence;
    Dans ces yeux purs, Trablet l'affirme en son sermon,
    Brille l'incognito sinistre du démon;
    C'est le mal, c'est l'enfer, cela sort des abîmes!
    Soit. Laissez-moi donner des gâteaux à ces crimes.
  10. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    17/04/2001
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    MARIÉE ET MÈRE
    Voir la Jeanne de Jeanne! oh ! ce serait mon rêve!
    Il est dans l'ombre sainte un ciel vierge où se lève
    Pour on ne sait quels yeux on ne sait quel soleil;
    Les âmes à venir sont là; l'azur vermeil
    Les berce, et Dieu les garde, en attendant la vie;
    Car, pour l'âme aux destins ignorés asservie,
    Il est deux horizons d'attente, sans combats,
    L'un avant, l'autre après le passage ici-bas;
    Le berceau cache l'un, la tombe cache l'autre.
    Je pense à cette sphère inconnue à la nôtre
    Où, comme un pâle essaim confusément joyeux,
    Des flots d'âmes en foule ouvrent leurs vagues yeux;
    Puis, je regarde Jeanne, ange que Dieu pénètre,
    Et les petits garçons jouant sous ma fenêtre,
    Toute cette gaîté de l'âge sans douleur,
    Tous ces amours dans l'oeuf, tous ces époux en fleur;
    Et je mé***e; et Jeanne entre, sort, court, appelle,
    Traîne son petit char, tient sa petite pelle,
    Fouille dans mes papiers, creuse dans le gazon,
    Saute et jase, et remplit de clarté la maison;
    Son rire est le rayon, ses pleurs sont la rosée.
    Et dans vingt ans d'ici je jette ma pensée,
    Et de ce qui sera je me fais le témoin,
    Comme on jette une pierre avec la fronde au loin.
    Une aurore n'est pas faite pour rester seule.
    Mon âme de cette âme enfantine est l'aïeule,
    Et dans son jeune sort mon coeur pensif descend.
    Un jour, un frais matin quelconque, éblouissant,
    Épousera cette aube encor pleine d'étoiles;
    Et quelque âme, à cette heure errante sous les voiles
    Où l'on sent l'avenir en Dieu se reposer,
    Profitera pour naître ici-bas d'un baiser
    Que se donneront l'une à l'autre ces aurores.
    Ô tendre oiseau des bois qui dans ton nid pérores,
    Voix éparse au milieu des arbres palpitants
    Qui chantes la chanson sonore du printemps
    Ô mésange, ô fauvette, ô tourterelle blanche,
    Sorte de rêve ailé fuyant de branche en branche,
    Doux murmure envolé dans les champs embaumés,
    Je t'écoute et je suis plein de songes. Aimez,
    Vous qui vivrez! Hymen ! chaste hymen! O nature!
    Jeanne aura devant elle alors son aventure,
    L'être en qui notre sort s'accroît et s'interrompt;
    Elle sera la mère au jeune et grave front;
    La gardienne d'une aube à qui la vie est due,
    Épouse responsable et nourrice éperdue,
    La tendre âme sévère, et ce sera son tour
    De se pencher, avec un inquiet amour,
    Sur le frêle berceau, céleste et diaphane;
    Ma Jeanne, ô rêve ! azur! contemplera sa Jeanne;
    Elle l'empêchera de pleurer, de crier,
    Et lui joindra les mains, et la fera prier,
    Et sentira sa vie à ce souffle mêlée.
    Elle redoutera pour elle une gelée,
    Le vent, tout, rien. O fleur fragile du pêcher!
    Et, quand le doux petit ange pourra marcher,
    Elle le mènera jouer aux Tuileries;
    Beaucoup d'enfants courront sous les branches fleuries,
    Mêlant l'avril de l'homme au grand avril de Dieu;
    D'autres femmes, gaîment, sous le même ciel bleu,
    Seront là comme Jeanne, heureuses, réjouies
    Par cette éclosion d'âmes épanouies;
    Et, sur cette jeunesse inclinant leur beau front,
    Toutes ces mères, soeurs devant Dieu, souriront
    Dans l'éblouissement de ces roses sans nombre.
    Moi je ne serai plus qu'un oeil profond dans l'ombre.

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