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L'art d'être grand-père (1877) - Victor Hugo

Chủ đề trong 'Pháp (Club de Francais)' bởi Angelique, 25/11/2001.

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  1. Angelique

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    L'AURORE
    Le blême peuple était dans les ****s épars.
    A quoi bon résister ? Pas un homme aux remparts;
    Les portes de la ville étaient grandes ouvertes.
    Ces bêtes à demi divines sont couvertes
    D'une telle épouvante et d'un doute si noir,
    Leur antre est un si morne et si puissant manoir,
    Qu'il est décidément presque impie et peu sage,
    Quand il leur plaît d'errer, d'être sur leur passage.
    Vers le palais chargé d'un dôme d'or massif
    Le lion à pas lents s'acheminait pensif,
    Encor tout hérissé des flèches dédaignées;
    Une écorce de chêne a des coups de cognées,
    Mais l'arbre n'en meurt pas; et, sans voir un archer,
    Grave, il continuait d'aller et de marcher;
    Et le peuple tremblait, laissant la bête seule.
    Le lion avançait, tranquille, et dans sa gueule
    Effroyable il avait l'enfant évanoui.
    Un petit prince est-il un petit homme ? Oui.
    Et la sainte pitié pleurait dans les ténèbres.
    Le doux captif, livide entre ces crocs funèbres,
    Était des deux côtés de la gueule pendant,
    Pâle, mais n'avait pas encore un coup de dent;
    Et, cette proie étant un bâillon dans sa bouche,
    Le lion ne pouvait rugir, ennui farouche
    Pour un monstre, et son calme était très furieux;
    Son silence augmentait la flamme de ses yeux;
    Aucun arc ne brillait dans aucune embrasure;
    Peut-être craignait-on qu'une flèche peu sûre,
    Tremblante, mal lancée au monstre triomphant,
    Ne manquât le lion et ne tuât l'enfant.
    *
    Comme il l'avait promis par-dessus la montagne,
    Le monstre, méprisant la ville comme un bagne,
    Alla droit au palais, las de voir tout trembler,
    Espérant trouver là quelqu'un à qui parler,
    La porte ouverte, ainsi qu'au vent le jonc frissonne,
    Vacillait. Il entra dans le palais. Personne.
    Tout en pleurant son fils, le roi s'était enfui
    Et caché comme tous, voulant vivre aussi lui,
    S'estimant au bonheur des peuples nécessaire.
    Une bête féroce est un être sincère
    Et n'aime point la peur; le lion se sentit
    Honteux d'être si grand, l'homme étant si petit;
    Il se ***, dans la nuit qu'un lion a pour âme:
    ??"C'est bien, je mangerai le fils. Quel père infâme!??"
    Terrible, après la cour prenant le corridor,
    Il se mit à rôder sous les hauts plafonds d'or;
    Il vit le trône, et rien dedans; des chambres vertes,
    Jaunes, rouges, aux seuils vides, toutes désertes;
    Le monstre allait de salle en salle, pas à pas,
    Affreux, cherchant un lieu commode à son repas;
    Il avait faim. Soudain l'effrayant marcheur fauve
    S'arrêta.
    *
    Près du parc en fleur, dans une alcôve,
    Un pauvre être, oublié dans la fuite, bercé
    Par l'immense humble rêve à l'enfance versé,
    Inondé de soleil à travers la charmille,
    Se réveillait. C'était une petite fille;
    L'autre enfant du roi. Seule et nue, elle chantait.
    Car l'enfant chante même alors que tout se tait.
    Une ineffable voix, plus tendre qu'une lyre,
    Une petite bouche avec un grand sourire,
    Un ange dans un tas de joujoux, un berceau,
    Crèche pour un Jésus ou nid pour un oiseau,
    Deux profonds yeux bleus, pleins de clartés inconnues,
    Col nu, pieds nus, bras nus, ventre nu, jambes nues,
    Une brassière blanche allant jusqu'au nombril.
    Un astre dans l'azur, un rayon en avril,
    Un lys du ciel daignant sur cette terre éclore,
    Telle était cette enfant plus douce que l'aurore;
    Et le lion venait d'apercevoir cela.
    Il entra dans la chambre, et le plancher trembla.
    Par-dessus les jouets qui couvraient une table,
    Le lion avança sa tête épouvantable,
    Sombre en sa majesté de monstre et d'empereur,
    Et sa proie en sa gueule augmentait son horreur.
    L'enfant le vit, l'enfant cria:??"Frère! mon frère !
    Ah! mon frère!??"et debout, rose dans la lumière
    Qui la divinisait et qui la réchauffait,
    Regarda ce géant des bois, dont l'oeil eût fait
    Reculer les Typhons et fuir les Briarées.
    Qui sait ce qui se passe en ces têtes sacrées ?
    Elle se dressa droite au bord du lit étroit,
    Et menaça le monstre avec son petit doigt.
    Alors, près du berceau de soie et de dentelle,
    Le grand lion posa son frère devant elle,
    Comme eût fait une mère en abaissant les bras,
    Et lui ***:??"Le voici. Là ! ne te fâche pas!
  2. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    À DES ÂMES ENVOLÉES
    Ces âmes que tu rappelles,
    Mon coeur, ne reviennent pas.
    Pourquoi donc s'obstinent-elles,
    Hélas ! à rester là-bas ?
    Dans les sphères éclatantes,
    Dans l'azur et les rayons,
    Sont-elles donc plus contentes
    Qu'avec nous qui les aimions?
    Nous avions sous les tonnelles
    Une maison près Saint-Leu.
    Comme les fleurs étaient belles!
    Comme le ciel était bleu!
    Parmi les feuilles tombées,
    Nous courions au bois vermeil;
    Nous cherchions des scarabées
    Sur les vieux murs au soleil;
    On riait de ce bon rire
    Qu'Éden jadis enten***,
    Ayant toujours à se dire
    Ce qu'on s'était déjà ***;
    Je contais la Mère l'Oie;
    On était heureux, Dieu sait!
    On poussait des cris de joie
    Pour un oiseau qui passait.
  3. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    LES ENFANTS GÂTÉS
    En me voyant si peu redoutable aux enfants,
    Et si rêveur devant les marmots triomphants,
    Les hommes sérieux froncent leurs sourcils mornes.
    Un grand-père échappé passant toutes les bornes,
    C'est moi. Triste, infini dans la paternité,
    Je ne suis rien qu'un bon vieux sourire entêté.
    Ces chers petits! Je suis grand-père sans mesure;
    Je suis l'ancêtre aimant ces nains que l'aube azure,
    Et regardant parfois la lune avec ennui,
    Et la voulant pour eux, et même un peu pour lui;
    Pas raisonnable enfin. C'est terrible. Je règne
    Mal, et je ne veux pas que mon peuple me craigne;
    Or, mon peuple, c'est Jeanne et George; et moi, barbon,
    Aïeul sans frein, ayant cette rage, être bon,
    Je leur fais enjamber toutes les lois, et j'ose
    Pousser aux attentats leur république rose;
    La popularité malsaine me séduit;
    Certe, on passe au vieillard, qu'attend la froide nuit,
    Son amour pour la grâce et le rire et l'aurore;
    Mais des petits, qui n'ont pas fait de crime encore,
    Je vous demande un peu si le grand-père doit
    Etre anarchique, au point de leur montrer du doigt,
    Comme pouvant dans l'ombre avoir des aventures,
    L'auguste armoire où sont les pots de confitures !
    Oui, j'ai pour eux, parfois,??"ménagères, pleurez!??"
    Consommé le viol de ces vases sacrés.
    Je suis affreux. Pour eux je grimpe sur des chaises!
    Si je vois dans un coin une assiette de fraises
    Réservée au dessert de nous autres, je dis:
    ??"Ô chers petits oiseaux goulus du paradis,
    C'est à vous! Voyez-vous, en bas, sous la fenêtre,
    Ces enfants pauvres, l'un vient à peine de naître,
    Ils ont faim. Faites-les monter, et partagez.??"
    Jetons le masque. Eh bien! je tiens pour préjugés,
    Oui, je tiens pour erreurs stupides les maximes
    Qui veulent interdire aux grands aigles les cimes,
    L'amour aux seins d'albâtre et la joie aux enfants.
    Je nous trouve ennuyeux, assommants, étouffants.
    Je ris quand nous enflons notre colère d'homme
    Pour empêcher l'enfant de cueillir une pomme,
    Et quand nous permettons un faux serment aux rois.
    Défends moins tes pommiers et défends mieux tes droits,
    Paysan. Quand l'opprobre est une mer qui monte,
    Quand je vois le bourgeois voter oui pour sa honte;
    Quand Scapin est évêque et Basile banquier;
    Quand, ainsi qu'on remue un pion sur l'échiquier,
    Un aventurier pose un forfait sur la France,
    Et le joue, impassible et sombre, avec la chance
    D'être forçat s'il perd et s'il gagne empereur;
    Quand on le laisse faire, et qu'on voit sans fureur
    Régner la trahison abrutie en orgie,
    Alors dans les berceaux moi je me réfugie,
    Je m'enfuis dans la douce aurore, et j'aime mieux
    Cet essaim d'innocents, petits démons joyeux
    Faisant tout ce qui peut leur passer par la tête,
    Que la foule acceptant le crime en pleine fête
    Et tout ce bas-empire infâme dans Paris;
    Et les enfants gâtés que les pères pourris.
  4. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    LE SYLLABUS
    Tout en mangeant d'un air effaré vos oranges,
    Vous semblez aujourd'hui, mes tremblants petits anges,
    Me redouter un peu;
    Pourquoi ? c'est ma bonté qu'il faut toujours attendre,
    Jeanne, et c'est le devoir de l'aïeul d'être tendre
    Et du ciel d'être bleu.
    N'ayez pas peur. C'est vrai, j'ai l'air fâché, je gronde,
    Non contre vous. Hélas, enfants, dans ce vil monde,
    Le prêtre hait et ment;
    Et, voyez-vous, j'entends jusqu'en nos verts asiles
    Un sombre brouhaha de choses imbéciles
    Qui passe en ce moment.
    Les prêtres font de l'ombre. Ah! je veux m'y soustraire.
    La plaine resplen***; viens, Jeanne, avec ton frère,
    Viens, George, avec ta soeur;
    Un rayon sort du lac, l'aube est dans la chaumière;
    Ce qui monte de tout vers Dieu, c'est la lumière;
    Et d'eux, c'est la noirceur.
    J'aime une petitesse et je déteste l'autre;
    Je hais leur bégaiement et j'adore le vôtre;
    Enfants, quand vous parlez,
    Je me penche, écoutant ce que *** l'âme pure,
    Et je crois entrevoir une vague ouverture
    Des grands cieux étoilés.
    Car vous étiez hier, ô doux parleurs étranges,
    Les interlocuteurs des astres et des anges;
    En vous rien n'est mauvais;
    Vous m'apportez, à moi sur qui gronde la nue,
    On ne sait quel rayon de l'aurore inconnue;
    Vous en venez, j'y vais.
    Ce que vous ***es sort du firmament austère;
    Quelque chose de plus que l'homme et que la terre
    Est dans vos jeunes yeux;
    Et votre voix où rien n'insulte, où rien ne blâme,
    Où rien ne mord, s'ajoute au vaste épithalame
    Des bois mystérieux.
    Ce doux balbutiement me plaît, je le préfère;
    Car j'y sens l'idéal; j'ai l'air de ne rien faire
    Dans les fauves forêts.
    Et pourtant Dieu sait bien que tout le jour j'écoute
    L'eau tomber d'un plafond de rochers goutte à goutte
    Au fond des antres frais.
    Ce qu'on appelle mort et ce qu'on nomme vie
    Parle la même langue à l'âme inassouvie;
    En bas nous étouffons;
    Mais rêver, c'est planer dans les apothéoses,
    C'est comprendre; et les nids disent les mêmes choses
    Que les tombeaux profonds.
    Les prêtres vont criant: Anathème ! anathème!
    Mais la nature *** de toutes parts: Je t'aime!
    Venez, enfants; le jour
    Est partout, et partout on voit la joie éclore;
    Et l'infini n'a pas plus d'azur et d'aurore
    Que l'âme n'a d'amour.
    J'ai fait la grosse voix contre ces noirs pygmées;
    Mais ne me craignez pas; les fleurs sont embaumées,
    Les bois sont triomphants;
    Le printemps est la fête immense, et nous en sommes;
    Venez, j'ai quelquefois fait peur aux petits hommes,
    Non aux petits enfants.
  5. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    17/04/2001
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    ENVELOPPE D'UNE PIÈCE DE MONNAIE
    DANS UNE QUÊTE FAITE PAR JEANNE
    Mes amis, qui veut de la joie ?
    Moi, toi, vous. Eh bien, donnons tous.
    Donnons aux pauvres à genoux;
    Le soir, de peur qu'on ne nous voie.
    Le pauvre, en pleurs sur le chemin,
    Nu sur son grabat misérable,
    Affamé, tremblant, incurable,
    Est l'essayeur du coeur humain.
    Qui le repousse en est plus morne;
    Qui l'assiste s'en va content.
    Ce vieux homme humble et grelottant,
    Ce spectre du coin de la borne,
    Cet infirme aux pas alourdis,
    Peut faire, en notre âme troublée,
    Descendre la joie étoilée
    Des profondeurs du paradis.
    Êtes-vous sombre ? Oui, vous l'êtes;
    Eh bien, donnez; donnez encor.
    Riche, en échange d'un peu d'or
    Ou d'un peu d'argent que tu jettes,
    Indifférent, parfois moqueur,
    A l'indigent dans sa chaumière,
    Dieu te donne de la lumière
    Dont tu peux te remplir le coeur!
    Vébreux!

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