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Le rôle du travail dans la transformation du singe

Chủ đề trong 'Văn học' bởi Angelique, 19/05/2001.

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  1. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    17/04/2001
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    Le rôle du travail dans la transformation du singe

    <TITRE Le rơle du travail dans la transformation du singe en homme>

    Friedrich ENGELS
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    LE RƠLE DU TRAVAIL DANS LA TRANSFORMATION DU SINGE EN HOMME

    Le travail, disent les conomistes, est la source de toute richesse. Il l'est effectivement ...conjointement avec la nature qui lui fournit la matire qu'il transforme en richesse. Mais il est infiniment plus encore. Il est la con***ion fondamentale premire de toute vie humaine, et il l'est un point tel que, dans un certain sens, il nous faut dire: le travail a cr l'homme lui mme.

    Il y a plusieurs centaines de milliers d'annes, une poque encore impossible dterminer avec certitude de cette priode de l'histoire de la terre que les gologues appellent l're tertiaire, probablement vers la fin, vivait quelque part dans la zone tropicale vraisemblablement sur un vaste continent englouti aujourd'hui dans l'ocan Indien une race de singes anthropọdes qui avaient atteint un dveloppement particulirement lev. Darwin nous a donn une description approximative de ces singes qui seraient nos anctres. Ils taient entirement velus, avaient de la barbe et les oreilles pointues et vivaient en bandes sur les arbres.

    Sous l'influence, au premier chef sans doute, de leur mode de vie qui exige que les mains accomplissent, pour grimper, d'autres fonctions que les pieds, ces singes commencrent perdre l'habitude de s'aider de leurs mains pour marcher en terrain plat et adoptrent de plus en plus une dmarche verticale. Ainsi tait franchi le pas dcisif pour le passage du singe l'homme.

    Tous les singes anthropọdes vivant encore de nos jours peuvent se tenir debout et se dplacer sur leurs deux jambes seulement; mais ils ne le font qu'en cas de ncessit et avec la plus extrme maladresse. Leur marche naturelle s'accomplit en position demi verticale et implique l'usage des mains. La plupart appuient sur le sol les phalanges mdianes de leurs doigts replis et, rentrant les jambes, font passer le corps entre leurs longs bras, comme un paralytique qui marche avec des bquilles. En gnral, nous pouvons aujourd'hui encore observer chez les singes tous stades du passage de la marche quatre pattes la marche sur deux jambes. Mais chez aucun d'eux cette dernire n'a dpass le niveau d'un moyen de fortune.

    Si, chez nos anctres velus, la marche verticale devait devenir d'abord la rgle, puis une ncessit, cela suppose que les mains devaient s'acquitter de plus en plus d'activits d'une autre sorte. Mme chez les singes, il rgne dj une certaine division des fonctions entre les mains et les pieds. Comme nous l'avons dj ***, la main est utilise d'une autre faon que le pied pour grimper. Elle sert plus spcialement cueillir et tenir la nourriture, comme le font dj avec leurs pattes de devant certains mammifres infrieurs. Beaucoup de singes s'en servent pour construire des nids dans les arbres ou mme, comme le chimpanz, des toits entre les branches pour se garantir du mauvais temps. Avec la main ils saisissent des btons pour se dfendre contre leurs ennemis ou les bombardent avec des fruits et des pierres. En captivit, elle leur sert accomplir un certain nombre d'oprations simples qu'ils imitent de l'homme. Mais c'est ici prcisment qu'apparaỵt toute la diffrence entre la main non dveloppe du singe mme le plus semblable l'homme et la main de l'homme hautement perfectionne par le travail de milliers de sicles. Le nombre et la disposition gnrale des os et des muscles sont les mmes chez l'un et chez l'autre; mais la main du sauvage le plus infrieur peut excuter des centaines d'oprations qu'aucune main de singe ne peut imiter. Aucune main de singe n'a jamais fabriqu le couteau de pierre le plus grossier.

    Aussi les oprations auxquelles nos anctres, au cours de nombreux millnaires, ont appris adapter peu peu leur main l'poque du passage du singe l'homme n'ont elles pu tre au dbut que des oprations trs simples. Les sauvages les plus infrieurs, mme ceux chez lesquels on peut supposer une rechute un tat assez proche de l'animal, accompagne de rgression physique, sont un niveau bien plus lev encore que ces cratures de transition. Avant que le premier caillou ait t faonn par la main de l'homme pour en faire un couteau, il a d s'couler des priodes au regard desquelles la priode historique connue de nous apparaỵt insignifiante. Mais le pas dcisif tait accompli: la main s'tait libre; elle pouvait dsormais acqurir de plus en plus d'habilets nouvelles, et la souplesse plus grande ainsi acquise se transmit par hr*** et augmenta de gnration en gnration.

    Ainsi, la main n'est pas seulement l'organe du travail, elle est aussi le produit du travail. Ce n'est que grce lui, grce l'adaptation des oprations toujours nouvelles, grce la transmission hr***aire du dveloppement particulier ainsi acquis des muscles, des tendons et, intervalles plus longs, des os eux mmes, grce enfin l'application sans cesse rpte de cet affinement hr***aire des oprations nouvelles, toujours plus compliques, que la main de l'homme a atteint ce haut degr de perfection ó elle peut faire surgir le miracle des tableaux de Raphặl, des statues de Thorvaldsen, de la musique de Paganini.

    Mais la main n'tait pas seule. Elle tait simplement un des membres de tout un organisme extrmement complexe. Ce qui profitait la main profitait au corps tout entier, au service duquel elle travaillait, et cela de deux faons. Tout d'abord, en vertu de la loi de corrlation de croissance, comme l'a nomme Darwin. Selon cette loi, les formes dtermines de diverses parties d'un tre organique sont toujours lies certaines formes d'autres parties qui apparemment n'ont aucun lien avec elles. Ainsi, tous les animaux sans exception qui ont des globules rouges sans noyau cellulaire et dont l'occiput est reli la premire vertbre par une double articulation (condyles) ont aussi sans exception des glandes mammaires pour allaiter leurs petits. Ainsi, chez les mammifres, les sabots fourchus sont rgulirement associs l'estomac multiple du ruminant. La modification de formes dtermines entraỵne le changement de forme d'autres parties du corps sans que nous puissions expliquer cette connexion. Les chats tout blancs aux yeux bleus sont toujours, ou presque toujours, sourds. L'affinement progressif de la main humaine et le perfectionnement simultan du pied pour la marche verticale ont coup sr ragi galement, par l'effet d'une corrlation semblable, sur d'autres parties de l'organisme. Toutefois, cette action est encore beaucoup trop peu tudie pour qu'on puisse faire plus ici que la constater en gnral.

    La raction directe et qui peut tre prouve du dveloppement de la main sur le reste de l'organisme est bien plus importante. Comme nous l'avons dj ***, nos anctres simiesques taient des tres sociables; il est videmment impossible de faire driver l'homme, le plus sociable des animaux, d'un anctre immdiat qui ne le serait pas. La domination de la nature qui commence avec le dveloppement de la main, avec le travail, a largi chaque progrs l'horizon de l'homme. Dans les objets naturels, il dcouvrait constamment des proprits nouvelles, inconnues jusqu'alors. D'autre part, le dveloppement du travail a ncessairement contribu resserrer les liens entre les membres de la socit en multipliant les cas d'assistance mutuelle, de coopration commune, et en rendant plus claire chez chaque individu la conscience de l'utilit de cette coopration. Bref, les hommes en formation en arrivrent au point ó ils avaient rciproquement quelque chose se dire. Le besoin se cra son organe, le larynx non dvelopp du singe se transforma, lentement mais srement, grce la modulation pour s'adapter une modulation sans cesse dveloppe? et les organes de la bouche apprirent peu peu prononcer un son articul aprs l'autre.

    La comparaison avec les animaux dmontre que cette explication de l'origine du langage, n du travail et l'accompagnant, est la seule exacte. Ce que ceux ci, mme les plus dvelopps, ont se communiquer est si minime qu'ils peuvent le faire sans recourir au langage articul. A l'tat de nature, aucun animal ne ressent comme une imperfection le fait de ne pouvoir parler ou comprendre le langage humain. Il en va tout autrement quand il est domestiqu par l'homme. Dans les relations avec les hommes, le chien et le cheval ont acquis une oreille si fine pour le langage articul qu'ils peuvent facilement apprendre comprendre tout langage, dans les limites du champ de leur reprsentation. Ils ont gagn en outre la facult de ressentir par exemple de l'attachement pour les hommes, de la reconnaissance, etc., sentiments qui leur taient autrefois trangers; et quiconque a eu beaucoup affaire ces animaux pourra difficilement chapper la conviction qu'il y a suffisamment de cas ó ils ressentent maintenant le fait de ne pouvoir parler comme une imperfection laquelle il n'est toutefois plus possible de remdier, tant donn la trop grande spcialisation dans une direction dtermine de leurs organes vocaux. Mais l ó l'organe existe, cette incapacit disparaỵt aussi l'intrieur de certaines limites. Les organes buccaux des oiseaux sont assurment aussi diffrents que possible de ceux de l'homme; et pourtant les oiseaux sont les seuls animaux qui apprennent parler, et c'est l'oiseau la voix la plus affreuse, le perroquet, qui parle le mieux. Qu'on ne dise pas qu'il ne comprend pas ce qu'il ***. Sans doute rptera-t-il pendant des heures, en jacassant, tout son vocabulaire, par pur plaisir de parler ou d'tre dans la socit d'hommes. Mais, dans les limites du champ de sa reprsentation, il peut aussi apprendre comprendre ce qu'il ***. Apprenez des injures un perroquet, de sorte qu'il ait quelque ide de leur sens (un des amusements de prdilection des matelots qui reviennent des rgions tropicales); excitez le, et vous verrez bien vite qu'il sait utiliser ses injures avec autant de pertinence qu'une marchande de lgumes de Berlin. De mme lorsqu'il s'agit de mendier des friandises.

    D'abord le travail et puis, en mme temps que lui, le langage tels sont les deux stimulants essentiels sous l'influence desquels le cerveau d'un singe s'est peu peu transform en un cerveau d'homme, qui, malgr toute ressemblance, le dpasse de loin en taille et en perfection. Mais marchant de pair avec le dveloppement du cerveau, il y eut celui de ses outils immdiats, les organes des sens. De mme que, dj, le dveloppement progressif du langage s'accompagne ncessairement d'une amlioration correspondante de l'organe de l'oụe, de mme le dveloppement du cerveau s'accompagne en gnral de celui de tous les sens. La vue de l'aigle porte beaucoup plus loin que celle de l'homme; mais l'oeil de l'homme remarque beaucoup plus dans les choses que celui de l'aigle. Le chien a le nez bien plus fin que l'homme, mais il ne distingue pas le centime des odeurs qui sont pour celui ci les signes certains de diverses choses. Et le sens du toucher qui, chez le singe, existe peine dans ses rudiments les plus grossiers, n'a t dvelopp qu'avec la main humaine elle mme, grce au travail.

    Le dveloppement du cerveau et des sens qui lui sont subordonns, la clart croissante de la conscience, le dveloppement de la facult d'abstraction et de raisonnement ont ragi sur le travail et le langage et n'ont cess de leur donner, l'un et l'autre, des impulsions nouvelles pour continuer se perfectionner. Ce perfectionnement ne se termina pas au moment ó l'homme fut dfinitivement spar du singe; dans l'ensemble, il a continu depuis. Avec des progrs diffrents en degr et en direction chez les divers peuples et aux diffrentes poques, interrompus mme et l par une rgression locale et temporaire, il s'est poursuivi d'un pas vigoureux, recevant d'une part une puissante impulsion, d'autre part une direction plus dfinie d'un lment nouveau qui a surgi de surcroỵt avec l'apparition de l'homme achev la socit.

    Des centaines de milliers d'annes, l'quivalent dans l'histoire de la terre d'une seconde dans la vie de l'homme, ont d s'couler avant que de la bande de singes grimpant aux arbres soit sortie une socit humaine. Mais, en fin de compte, elle a merg. Et que trouvons nous ici encore comme diffrence caractristique entre le troupeau de singes et la socit humaine? Le travail. Le troupeau de singes se contentait d'puiser la nourriture de l'aire qui lui tait assigne par la situation gographique ou par la rsistance de troupeaux voisins; il errait de place en place ou entrait en lutte avec les bandes avoisinantes pour gagner une nouvelle aire riche en nourriture, mais il tait incapable de tirer de son domaine alimentaire plus que celui ci n'offrait par nature, en dehors de ce qu'il le fumait inconsciemment de ses ordures. Ds que tous les territoires susceptibles d'alimenter les singes furent occups, il ne pouvait plus y avoir d'augmentation de leur population. Le nombre des animaux pouvait tout au plus rester constant. Mais tous les animaux pratiquent un haut degr le gaspillage de la nourriture et en outre dtruisent en germe les pousses nouvelles. Au contraire du chasseur, le loup n'pargne pas la chevrette qui lui fournira de petits chevreuils l'anne suivante; en Grce, les chvres qui broutent les jeunes broussailles avant qu'elles aient eu le temps de pousser ont rendu arides toutes les montagnes de ce pays. Cette conomie de dprdation des animaux joue un rơle important dans la transformation progressive des espces, en les obligeant s'accoutumer une nourriture autre que la nourriture habituelle, grce quoi leur sang acquiert une autre composition chimique et leur constitution physique tout entire change peu peu, tandis que les espces fixes une fois pour toutes dprissent. Il n'est pas douteux que ce gaspillage a puissamment contribu la transformation de nos anctres en hommes. Dans une race de singes, surpassant de loin toutes les autres quant l'intelligence et la facult d'adaptation, cette pratique devait avoir pour rsultat un accroissement continuel du nombre des plantes entrant dans leur nourriture ainsi que la consommation de plus en plus de parties comestibles de ces plantes; en un mot, la nourriture devint de plus en plus varie, et, du mme coup, les lments entrant dans l'organisme, crant ainsi les con***ions chimiques du passage du singe l'homme. Mais tout cela n'tait pas encore du travail proprement ***. Le travail commence avec la fabrication d'outils. Or quels sont les outils les plus anciens que nous trouvions? Comment se prsentent les premiers outils, en juger d'aprs les vestiges retrouvs d'hommes prhistoriques et d'aprs le mode de vie des premiers peuples de l'histoire ainsi que des sauvages actuels les plus primitifs? Comme instruments de chasse et de pche, les premiers servant en mme temps d'armes. Mais la chasse et la pche supposent le passage de l'alimentation purement vgtarienne la consommation simultane de la viande, et nous avons nouveau ici un pas essentiel vers la transformation en homme. L'alimentation carne contenait, presque toutes prtes, les substances essentielles dont le corps a besoin pour son mtabolisme; en mme temps que la digestion, elle raccourcissait dans le corps la dure des autres processus vgtatifs, correspondant au processus de la vie des plantes, et gagnait ainsi plus de temps, plus de matire et plus d'apptit pour la manifestation de la vie animale au sens propre. Et plus l'homme en formation s'loignait de la plante, plus il s'levait aussi au dessus de l'animal. De mme que l'accoutumance la nourriture vgtale cơt de la viande a fait des chats et des chiens sauvages les serviteurs de l'homme, de mme l'accoutumance la nourriture carne cơt de l'alimentation vgtale a essentiellement contribue donner l'homme en formation la force physique et l'indpendance. Mais la chose la plus essentielle a t l'action de la nourriture carne sur le cerveau, qui recevait en quantits bien plus abondantes qu'avant les lments ncessaires sa nourriture et son dveloppement et qui, par suite, a pu se dvelopper plus rapidement et plus parfaitement de gnration en gnration. N'en dplaise MM. Les vgtariens, l'homme n'est pas devenu l'homme sans rgime carn, et mme si le rgime carn a conduit telle ou telle priode, chez tous les peuples que nous connaissons, au cannibalisme (les anctres des Berlinois, les Wltabes ou Wilzes, mangeaient encore leurs parents au Xe sicle), cela ne nous fait plus rien aujourd'hui.

    Le rgime carn a conduit deux nouveaux progrs d'importance dcisive: l'usage du feu et la domestication des animaux. Le premier a raccourci plus encore le processus de digestion en pourvoyant la bouche d'une nourriture dj pour ainsi dire demi digre; la seconde a rendu le rgime carn plus abondant en lui ouvrant, cơt de la chasse, une source nouvelle et plus rgulire, et de plus, avec le lait et ses produits, elle a fourni un aliment nouveau, de valeur au moins gale la viande par sa composition. L'un et l'autre devinrent ainsi, d'une manire dj directe, des moyens nouveaux d'mancipation pour l'homme; cela nous conduirait trop loin d'entrer ici dans le dtail de leurs effets indirects, si grande qu'ai t leur importance pour le dveloppement de l'homme et de la socit.

    De mme que l'homme apprit manger tout ce qui tait comestible, de mme il apprit vivre sous tous les climats. Il se rpan*** par toute la terre habitable, lui, le seul animal qui tait en tat de le faire par lui mme. Les autres animaux, qui se sont acclimats partout, ne l'ont pas appris par eux mmes, mais seulement en suivant l'homme: ce sont les animaux domestiques et la vermine. Et le passage de la chaleur gale du climat de leur patrie primitive des rgions plus froides, ó l'anne se partageait en hiver et en t, cra de nouveaux besoins: des logements et des vtements pour se protger du froid et de l'humi***, de nouvelles branches de travail et, de l, de nouvelles activits, qui loignrent de plus en plus l'homme de l'animal.

    Grce l'action conjugue de la main, des organes de la parole et du cerveau, non seulement chez chaque individu, mais aussi dans la socit, les tres humains furent mme d'accomplir des oprations de plus en plus complexes, d'tablir et d'atteindre des objectifs de plus en plus levs. De gnration en gnration, le travail lui mme devint diffrent, plus parfait, plus vari. A la chasse et l'levage s'adjoignit l'agriculture, celle ci s'ajoutrent le filage, le tissage, le travail des mtaux, la poterie, la navigation. L'art et la science apparurent enfin cơt du commerce et de l'industrie, les tribus se transformrent en nations et en tats, le droit et la politique se dvelopprent, et, en mme temps qu'eux, le reflet travers l'imagination des choses humaines dans l'esprit de l'homme: la religion. Devant toutes ces formations, qui se prsentaient au premier chef comme des produits de l'esprit et qui semblaient dominer les socits humaines, les produits plus modestes du travail des mains passrent au second plan; et cela d'autant plus que l'esprit qui tablissait le plan du travail, et dj un stade trs prcoce du dveloppement de la socit (par exemple dans la famille primitive), avait la possibilit de faire excuter par d'autres mains que les siennes propres le travail projet. C'est l'esprit, au dveloppement et l'activit du cerveau que fut attribu tout le mrite de la progression rapide de la civilisation; les hommes s'habiturent expliquer leurs actions par leur pense au lieu de l'expliquer par leurs besoins (qui cependant se refltent assurment dans leur tte, deviennent conscients), et c'est ainsi qu'avec le temps on vit naỵtre cette conception idaliste du monde qui, surtout depuis le dclin du monde antique, a domin les esprits. Elle rgne encore tel point que mme les savants matrialistes de l'cole de Darwin ne peuvent toujours pas se faire une ide claire de l'origine de l'homme, car, sous l'influence de cette idologie, ils ne reconnaissent pas le rơle que le travail a jou dans cette volution.

    Comme nous l'avons dj indiqu, les animaux modifient la nature extrieure par leur activit aussi bien que l'homme, bien que dans une mesure moindre, et, comme nous l'avons vu, les modifications qu'ils ont opres dans leur milieu ragissent leur tour en les transformant sur leurs auteurs. Car rien dans la nature n'arrive isolment. Chaque phnomne ragit sur l'autre et inversement, et c'est la plupart du temps parce qu'ils oublient ce mouvement et cette action rciproque universels que nos savants sont empchs d'y voir clair dans les choses les plus simples. Nous avons vu comment les chvres mettent obstacle au reboisement de la Grce; Sainte Hlne, les chvres et les porcs dbarqus par les premiers navigateurs la voile qui y abordrent ont russi extirper presque entirement l'ancienne flore de l'ỵle et ont prpar le terrain sur lequel purent se propager les plantes amenes ultrieurement par d'autres navigateurs et des colons. Mais lorsque les animaux exercent une action durable sur leur milieu, cela se fait sans qu'ils le veuillent, et c'est, pour ces animaux eux mmes, un hasard. Or, plus les hommes s'loignent de l'animal, plus leur action sur la nature prend le caractre d'une activit prm***e, mthodique, visant des fins dtermines, connues d'avance. L'animal dtruit la vgtation d'une contre sans savoir ce qu'il fait. L'homme la dtruit pour semer dans le sol devenu disponible des crales ou y planter des arbres et des vignes dont il sait qu'ils lui rapporteront une moisson plusieurs fois suprieure ce qu'il a sem. Il transfre des plantes utiles et des animaux domestiques d'un pays l'autre et il modifie ainsi la flore et la faune de continents entiers. Plus encore. Grce la slection artificielle, la main de l'homme transforme les plantes et les animaux au point qu'on ne peut plus les reconnaỵtre. On cherche encore vainement les plantes sauvages dont descendent nos espces de crales. On discute encore pour savoir de quel animal sauvage descendent nos chiens, eux mmes si diffrents entre eux, et nos races tout aussi nombreuses de chevaux.

    D'ailleurs, il va de soi qu'il ne nous vient pas l'ide de dnier aux animaux la facult d'agir de faon mthodique, prm***e. Au contraire. Un mode d'action mthodique existe dj en germe partout ó du protoplasme, de l'albumine vivante existent et ragissent, c'est dire excutent des mouvements dtermins, si simples soient ils, comme suite des excitations externes dtermines. Une telle raction a lieu l ou il n'existe mme pas encore de cellule, et bien moins encore de cellule nerveuse. La faon dont les plantes insectivores capturent leur proie apparaỵt galement, dans une certaine mesure, mthodique, bien qu'absolument inconsciente. Chez les animaux, la capacit d'agir de faon consciente, mthodique, se dveloppe mesure que se dveloppe le systme nerveux, et, chez les mammifres, elle atteint un niveau dj lev. Dans la chasse courre au renard, telle qu'on la pratique en Angleterre, on peut observer chaque jour avec quelle prcision le renard sait mettre profit sa grande connaissance des lieux pour chapper ses poursuivants, et combien il connaỵt et utilise bien tous les avantages de terrain qui interrompent la piste. Chez nos animaux domestiques, que la socit des hommes a dvelopps plus encore, on peut observer chaque jour des traits de malice qui se situent tout fait au mme niveau que ceux que nous constatons chez les enfants. Car, de mme que l'histoire de l'volution de l'embryon humain dans le ventre de sa mre ne reprsente qu'une rptition en raccourci de l'histoire de millions d'annes d'volution physique de nos anctres animaux, en commenant par le ver, de mme l'volution mentale de l'enfant est une rptition, seulement plus ramasse encore, de l'volution intellectuelle de ces anctres, du moins des derniers. Cependant, l'ensemble de l'action mthodique de tous les animaux n'a pas russi marquer la terre du sceau de leur volont. Pour cela, il fallait l'homme.

    Bref, l'animal utilise seulement la nature extrieure et provoque en elle des modifications par sa seule prsence; par les changements qu'il y apporte, l'homme l'amne servir ses fins, il la domine. Et c'est en cela que consiste la dernire diffrence essentielle entre l'homme et le reste des animaux, et cette diffrence, c'est encore une fois au travail que l'homme la doit. Cependant, ne nous flattons pas trop de nos victoires sur la nature. Elle se venge sur nous de chacune d'elles. Chaque victoire a certes en premier lieu les consquences que nous avons escomptes, mais en second et en troisime lieu, elle a des effets tout diffrents, imprvus, qui ne dtruisent que trop souvent ces premires consquences. Les gens qui, en Msopotamie, en Grce, en Asie mineure et autres lieux essartaient les forts pour gagner de la terre arable, taient loin de s'attendre jeter par l les bases de l'actuelle dsolation de ces pays, en dtruisant avec les forts les centres d'accumulation et de conservation de l'humi***. Les Italiens qui, sur le versant sud des Alpes, saccageaient les forts de sapins, conserves avec tant de soins sur le versant nord, n'avaient pas ide qu'ils sapaient par l l'levage de haute montagne sur leur territoire; ils souponnaient moins encore que, ce faisant, ils privaient d'eau leurs sources de montagne pendant la plus grande partie de l'anne et que celles ci, la saison des pluies, allaient dverser sur la plaine des torrents d'autant plus furieux. Ceux qui rpandirent la pomme de terre en Europe ne savaient pas qu'avec les tubercules farineux ils rpandaient aussi la scrofule. Et ainsi les faits nous rappellent chaque pas que nous ne rgnons nullement sur la nature comme un conqurant rgne sur un peuple tranger, comme quelqu'un qui serait en dehors de la nature, mais que nous lui appartenons avec notre chair, notre sang, notre cerveau, que nous sommes dans son sein, et que toute notre domination sur elle rside dans l'avantage que nous avons sur l'ensemble des autres cratures, de connaỵtre ses lois et de pouvoir nous en servir judicieusement.

    Et en fait, nous apprenons chaque jour comprendre plus correctement ces lois et connaỵtre les consquences plus proches ou plus lointaines de nos interventions dans le cours normal des choses de la nature. Surtout depuis les normes progrs des sciences de la nature au cours de ce sicle, nous sommes de plus en plus mme de connaỵtre les consquences naturelles lointaines, tout au moins de nos actions les plus courantes dans le domaine de la production, et, par suite, d'apprendre les maỵtriser. Mais plus il en sera ainsi, plus les hommes non seulement sentiront, mais sauront nouveau qu'ils ne font qu'un avec la nature et plus deviendra impossible cette ide absurde et contre nature d'une opposition entre l'esprit et la matire, l'homme et la nature, l'me et le corps, ide qui s'est rpandue en Europe depuis le dclin de l'antiquit classique et qui a connu avec le christianisme son dveloppement le plus lev.

    Mais s'il a dj fallu le travail de millnaires pour que nous apprenions dans une certaine mesure calculer les effets naturels lointains de nos actions visant la production, ce fut bien plus difficile encore en ce qui concerne les consquences sociales lointaines de ces actions. Nous avons fait mention de la pomme de terre et de la propagation de la scrofule qui l'a suivie. Mais qu'est ce que la scrofule cơt des effets qu'a eus sur les con***ions de vie des masses populaires de pays entiers la rduction de la nourriture de la population laborieuse aux seules pommes de terre? Qu'est elle cơt de la famine qui, la suite de la maladie de la pomme de terre, s'abattit sur l'Irlande en 1847, conduisit la tombe un million d'Irlandais se nourrissant exclusivement ou presque exclusivement de ces tubercules et en jeta deux millions au del de l'ocan? Lorsque les Arabes apprirent distiller l'alcool, ils n'auraient jamais pu imaginer qu'ils venaient de crer un des principaux instruments avec lesquels on rayerait de la face du monde les populations indignes de l'Amrique non encore dcouverte. Et, lorsqu'ensuite Christophe Colomb dcouvrit l'Amrique, il ne savait pas que, ce faisant, il rappelait la vie l'esclavage depuis longtemps disparu en Europe et jetait les bases de la traite des Noirs. Les hommes qui, aux XVIIe et XVIII' sicles, travaillaient raliser la machine vapeur n'avaient pas ide qu'ils craient l'instrument qui, plus qu'aucun autre, allait rvolutionner les con***ions sociales du monde entier, et en particulier de l'Europe, en concentrant les richesses du cơt de la minorit et en crant le dnuement du cơt de l'immense majorit, la machine vapeur allait en premier lieu procurer la domination sociale et politique la bourgeoisie, mais ensuite elle engendrerait entre la bourgeoisie et le proltariat une lutte de classes qui ne peut se terminer qu'avec la chute de la bourgeoisie et l'abolition de toutes les antagonismes de classes. Mais, mme dans ce domaine, nous apprenons peu peu, au prix d'une longue et souvent dure exprience et grce la confrontation et l'tude des matriaux historiques, lucider les consquences sociales indirectes et lointaines de notre activit productrice et, de ce fait, la possibilit nous est donne de dominer et de rgler ces consquences aussi.

    Mais, pour mener bien cette rglementation, il faut plus que la seule connaissance. Il faut un bouleversement complet de tout notre mode de production existant, et avec lui, de tout notre rgime social actuel.

    Tous les modes de production existant jusqu'ici n'ont vis qu' atteindre l'effet utile le plus proche, le plus immdiat du travail. On laissait entirement de cơt les consquences ultrieures, celles qui n'intervenaient que plus tard, qui n'entraient en jeu que du fait de la rptition et de l'accumulation progressives. La proprit primitive en commun du sol correspondait d'une part un stade de dveloppement des hommes qui limitait somme toute leur horizon ce qui tait le plus proche, et supposait d'autre part un certain excdent de sol disponible qui laissait une certaine marge pour parer aux consquences nfastes ventuelles de cette conomie absolument primitive. Une fois cet excdent de sol puis, la proprit commune tomba en dsutude. Cependant, toutes les formes suprieures de production ont abouti sparer la population en classes diffrentes et, par suite, opposer classes dominantes et classes opprimes; ainsi, l'intrt de la classe dominante est devenu l'lment moteur de la production, dans la mesure ó celle ci ne se limitait pas entretenir de la faon la plus prcaire l'existences des opprims. C'est le mode de production capitaliste rgnant actuellement en Europe occidentale qui ralise le plus compltement cette fin. Les capitalistes individuels qui dominent la production et l'change ne peuvent se soucier que de l'effet utile le plus immdiat de leur action. Et mme cet effet utile dans la mesure ó il s'agit de l'usage de l'article produit ou chang passe entirement au second plan; le profit raliser par la vente devient le seul moteur.

    La science sociale de la bourgeoisie, l'conomie politique classique, ne s'occupe principalement que des effets sociaux immdiatement recherchs des actions humaines orientes vers la production et l'change. Cela correspond tout fait l'organisation sociale dont elle est l'expression thorique. L ó des capitalistes individuels produisent et changent pour le profit immdiat, on ne peut prendre en considration au premier chef que les rsultats les plus proches, les plus immdiats. Pourvu que individuellement le fabricant ou le ngociant vende la marchandise produite ou achete avec le petit profit d'usage, il est satisfait et ne se proccupe pas de ce qu'il advient ensuite de la marchandise et de son acheteur. Il en va de mme des effets naturels de ces actions. Les planteurs espagnols Cuba qui incendirent les forts sur les pentes et trouvrent dans la cendre assez d'engrais pour une gnration d'arbres caf extrmement rentables, que leur importait que, par la suite, les averses tropicales emportent la couche de terre superficielle dsormais sans protection, ne laissant derrire elle que les rochers nus? Vis vis de la nature comme de la socit, on ne considre principalement, dans le mode de production actuel, que le rsultat le plus proche, le plus tangible; et ensuite on s'tonne encore que les consquences lointaines des actions visant ce rsultat immdiat soient tout autres, le plus souvent tout fait opposes; que l'harmonie de l'offre et de la demande se convertisse en son oppos polaire, ainsi que nous le montre le droulement de chaque cycle industriel dcennal, et ainsi que l'Allemagne en a eu un petit avant gỏt avec le krach ; que la proprit prive reposant sur le travail personnel volue ncessairement vers l'absence de proprit des travailleurs, tandis que toute possession se concentre de plus en plus entre les mains des non travailleurs; que ...[ Le manuscrit s'interrompt ici...]


    LE PROCESSUS D'VOLUTION DE L'HOMME
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    L'homme, lui aussi, naỵt par diffrenciation. Cela est vrai non seulement au sens de l'individu, le dveloppement s'oprant partir de la cellule unique de l'oeuf jusqu' l'organisme le plus complexe que produise la nature, cela est vrai aussi au sens historique. C'est le jour ó, aprs des millnaires de lutte, la main fut dfinitivement diffrencie du pied et l'attitude verticale enfin assure que l'homme se spara du singe, et que furent tablies les bases du dveloppement du langage articul et du prodigieux perfectionnement du cerveau, qui a depuis rendu l'cart entre l'homme et le singe infranchissable. La spcialisation de la main, voil qui signifie l'outil, et l'outil signifie l'activit spcifiquement humaine, la raction modificatrice de l'homme sur la nature, sur la production. Il est aussi des animaux au sens troit du mot: la fourmi, l'abeille, le castor, qui ont des outils, mais ce ne sont que des membres de leur corps; il est aussi des animaux qui produisent, mais leur action productrice sur la nature environnante est peu prs nulle au regard de la nature. Seul l'homme est parvenu imprimer son sceau la nature, non seulement en dplaant le monde vgtal et animal, mais aussi en transformant l'aspect, le climat de son habitat, voire les plantes et les animaux, et cela un point tel que les consquences de son activit ne peuvent disparaỵtre qu'avec le dprissement gnral de la terre. S'il est parvenu ce rsultat, c'est d'abord et essentiellement grce la main. Mme la machine vapeur, qui est jusqu'ici son outil le plus puissant pour transformer la nature, repose en dernire analyse, parce que c'est un outil, sur la main. Mais la tte a accompagn pas pas l'volution de la main; d'abord vint la conscience des con***ions requises pour chaque rsultat pratique utile et plus tard, comme consquence, chez les peuples les plus favoriss, l'intelligence des lois naturelles qui con***ionnent ces rsultats utiles. Et avec la connaissance rapidement grandissante des lois de la nature, les moyens de ragir sur la nature ont grandi aussi; la main, elle seule, n'aurait jamais ralis la machine vapeur si, corrlativement, le cerveau de l'homme ne s'tait dvelopp avec la main et cơt d'elle, et en partie grce elle.

    Avec l'homme, nous entrons dans l'histoire. Les animaux aussi ont une histoire, celle de leur descendance et de leur dveloppement progressif jusqu' leur tat actuel. Mais cette histoire, ils ne la font pas, et dans la mesure ó ils y participent, c'est sans qu'ils le sachent ni le veuillent. Au rebours, plus les hommes s'loignent des animaux au sens troit du mot, plus ils font eux mmes, consciemment, leur histoire, plus diminue l'influence d'effets imprvus, de forces incontrơles sur cette histoire, plus prcise devient la correspondance du rsultat historique avec le but fix d'avance. Si cependant nous appliquons ce critrium l'histoire humaine, mme celle des peuples les plus dvelopps de notre temps, nous trouvons qu'ici encore une disproportion gigantesque subsiste entre les buts fixs d'avance et les rsultats obtenus, que les effets inattendus prdominent, que les forces incontrơles sont beaucoup plus puissantes que celles qui sont mises en oeuvre suivant un plan. Il ne peut en tre autrement tant que l'activit historique la plus essentielle des hommes, celle qui les a levs de l'animalit l'humanit et qui constitue le fondement matriel de tous leurs autres genres d'activit, la production de ce dont ils ont besoin pour vivre, c'est dire aujourd'hui la production sociale, reste soumise au jeu des effets non intentionnels de forces non contrơles et n'atteint que par exception le but voulu, mais aboutit le plus souvent au rsultat contraire. Dans les pays industriels les plus avancs, nous avons dompt les forces de la nature et les avons contraintes au service des hommes; nous avons ainsi multipli la production l'infini, si bien qu'actuellement un enfant produit plus qu'autrefois cent adultes. Et quelle en est la consquence? Surtravail toujours croissant et misre de plus en plus grande des masses, avec, tous les dix ans, un grand krach. Darwin ne savait pas quelle pre satire de l'humanit, et spcialement de ses concitoyens il crivait quand il dmontrait que la libre concurrence, la lutte pour la vie, clbre par les conomistes comme la plus haute conqute de l'histoire, est l'tat normal du rgne animal. Seule une organisation consciente de la production sociale, dans laquelle production et rpartition sont planifies peut lever les hommes au dessus du reste du monde anima; au point de vue social de la mme faon que la production en gnral les a levs en tant qu'espce. L'volution historique rend une telle organisation de jour en jour plus indispensable, mais aussi de jour en jour plus ralisable. D'elle datera une nouvelle poque de l'histoire, dans laquelle les hommes eux mmes, et avec eux toutes les branches de leur activit, notamment les sciences de la nature, connaỵtront un progrs qui rejettera dans l'ombre la plus profonde tout ce qui l'aura prcd.


    L'ETAT SAUVAGE
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    1.-- Stade infrieur Enfance du genre humain qui, vivant tout au moins en partie dans les arbres, et cela seul explique qu'il se soit maintenu malgr les grands fauves, rsidait encore dans ses habitats primitifs, les forts tropicales ou subtropicales. Des fruits avec ou sans corce, des racines servaient sa nourriture; le rsultat principal de cette poque, c'est l'laboration d'un langage articul. De tous les peuples dont on a connaissance durant la priode historique, aucun n'appartenait plus cet tat primitif. Bien qu'il ait pu s'tendre sur de nombreux milliers d'annes, nous ne pouvons le prouver par des tmoignages directs; cependant, une fois accord que l'homme descend du rgne animal, il devient invitable d'admettre cette priode de transition.

    2.--Stade moyen Il commence avec la consommation de poissons (aussi bien que de crustacs, de coquillages et autres animaux aquatiques) et avec l'usage du feu. Les deux choses vont de pair, car la consommation de poissons n'est rendue pleinement possible que par l'usage du feu. Mais grce cette nouvelle alimentation, les hommes s'affranchissent du climat et des lieux; en suivant les fleuves et les cơtes, ils ont pu, mme l'tat sauvage, se rpandre sur la majeure partie de la terre. La diffusion sur tous les continents des outils de pierre grossirement travaills et non polis de la premire poque de l'ge de la pierre, connus sous le nom de palolithiques et appartenant tous ou pour la plupart cette priode, tmoigne de ces migrations. L'occupation de zones nouvelles, aussi bien que l'instinct de dcouverte et d'invention constamment en veil et la possession du feu par frottement, ont procur de nouveaux moyens de subsistance, tels que les racines et les tubercules fculents, cuits dans des cendres chaudes ou dans des fours creuss mme la terre, tels que le gibier aussi, qui, avec l'invention des premires armes, la massue et la lance, devint un appoint occasionnel de nourriture. Il n'y a jamais eu de peuples exclusivement chasseurs comme ils figurent dans les livres, c'est dire de peuples qui vivent seulement de la chasse; car le produit de la chasse est beaucoup trop alatoire. Par suite de la prcarit persistante des sources d'alimentation, il semble que le cannibalisme apparaỵt ce stade pour se maintenir longtemps aprs. Les Australiens et beaucoup de Polynsiens en sont encore, de nos jours, ce stade moyen de l'tat sauvage.

    3.--Stade suprieur Il commence avec l'invention de l'arc et de la flche, grce auxquels le gibier devint un aliment rgulier, et la chasse, une des branches normales du travail. L'arc, la corde et la flche forment dj un instrument trs complexe, dont l'invention prsuppose une exprience prolonge, rpte, et des facults mentales plus aiguises, donc aussi la connaissance simultane d'une foule d'autres inventions. Si nous comparons les peuples qui connaissent bien l'arc et la flche, mais ne connaissent pas encore la poterie ( de laquelle Morgan date le passage l'tat barbare ), nous trouvons dj, de fait, quelques premiers tablissements en villages, une certaine maỵtrise de la production des moyens d'existence, des rcipients et des ustensiles de bois, le tissage la main ( sans mtier ) avec des fibres d'corce, des paniers tresss d'corce ou de jonc, des outils de pierre polie ( nolithiques ). La plupart du temps, le feu et la hache de pierre ont dj fourni la pirogue creuse dans un tronc d'arbre et, dans certaines rgions, des poutres et des planches pour la construction d'habitations. Nous trouvons par exemple tous ces progrs chez les Indiens du nord ouest de l'Amrique, qui connaissent bien l'arc et la flche, mais non la poterie. L'arc et la flche ont t, pour l'tat sauvage, ce qu'est l'pe de fer pour l'ge barbare et l'arme feu pour la civilisation: l'arme dcisive.


    ------------------------- FIN DU FICHIER roletrav2 --------------------------------
  2. despi

    despi Thành viên rất tích cực

    Tham gia ngày:
    29/04/2001
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    1
    H?ng ph?i Darwin h? ?
    Sayonara!!! Good Night, sleep tight, don't let the bed bugs bite.

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