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Les Contes du jour et de la nuit (1885) - Le vieux

Chủ đề trong 'Văn học' bởi Angelique, 20/05/2001.

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  1. Angelique

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    Version 1.1, Aout 1999
    <TITRE Les Contes du jour et de la nuit (1885) - Le vieux>

    <AUTEUR Maupassant, Guy de>

    Un tiốde soleil d'automne tombait dans la cour de ferme, par-dessus les grands hờtres des fossộs. Sous le gazon tondu par les vaches, la terre, imprộgnộe de pluie rộcente, ộtait moite, enfonỗait sous les pieds avec un bruit d'eau; et les pommiers chargộs de pommes semaient leurs fruits d'un vert põle, dans le vert foncộ de l'herbage.

    Quatre jeunes gộnisses paissaient, attachộes en ligne, meuglaient par moments vers la maison; les volailles mettaient un mouvement colorộ sur le fumier, devant l'ộtable, et grattaient, remuaient, caquetaient, tandis que les deux coqs chantaient sans cesse, cherchaient des vers pour leurs poules qu'ils appelaient d'un gloussement vif.

    La barriốre de bois s'ouvrit; un homme entra, õgộ de quarante ans peut-ờtre, mais qui semblait vieux de soixante, ridộ, tordu, marchant grands pas lents, alourdis par le poids de lourds sabots plein de paille. Ses bras longs pendaient des deux cụtộs du corps. Quand il approcha de la ferme, un roquet jaune, attachộ au pied d'un ộnorme poirier, cụtộ d'un baril qui lui servait de niche, remua la queue, puis se mit japper en signe de joie. L'homme cria:

    -- A bas, Finot !

    Le chien se tut.

    Une paysanne sortit de la maison. Son corps osseux, large et plat, se dessinait sous un caraco de laine qui serrait la taille. Une jupe grise, trop courte, tombait jusqu' la moitiộ des jambes, cachộes en des bas bleus, et elle portait aussi des sabots pleins de paille. Un bonnet blanc, devenu jaune, couvrait quelques cheveux collộs au crõne, et sa figure brune, maigre, laide, ộdentộe, montrait cette physionomie sauvage et brute qu'ont souvent les faces des paysans.

    L'homme demanda:

    -- Comment qu'y va?

    La femme rộpon***:

    -- M'sieu le curộ *** que c'est la fin, qu'il n' passera point la nuit.

    Ils entrốrent tous deux dans la maison.

    .Aprốs avoir traversộ la cuisine, ils pộnộtrốrent dans la chambre, basse, noire, peine ộclairộe par un carreau, devant lequel tombait une loque d'indiennenormande.

    Les grosses poutres du plafond, brunies par le temps, noires et enfumộes, traversaient la piốce de part en part, portant le mince plancher du grenier, oự couraient, jour et nuit, des troupeaux de rats.

    Le sol de terre, bossuộ, humide, semblait gras, et, dans le fond de l'appartement, le lit faisait une tache vaguement blanche. Un bruit rộgulier, rauque, une respiration dure, rõlante, sifflante, avec un gargouillement d'eau comme celui que fait une pompe brisộe, partait de la couche entộnộbrộe oự agonisait un vieillard, le pốre de la paysanne.

    L'homme et la femme s'approchaient et regardốrent le moribond, de leur oeil placide et rộsignộ.

    Le gendre placide

    -- C'te fois, c'est fini; i n'ira pas seulement la nuit.

    La fermiốre reprit:

    -- C'est d'puis midi qu'i gargotte comme ,ca.

    Puis ils se turent. Le pốre avait les yeux fermộs, le visage couleur de terre, si sec qu'il semblait en bois. Sa bouche entrouverte laissait passer son souffle clapotant et dur; et le drap de toile grise se soulevait sur sa poitrine chaque aspiration.

    Le gendre, aprốs un long silence, prononỗa:

    -- Y a qu' le quitter finir. J'y pouvons rien. Tout

    d' mờme c'est dộrangeant pour les cossards, vul' temps qu'est bon, qu'il fautrepiquer d'main.

    Sa femme parut inquiốte cette pensộe. Elle rộflộchit quelques instants, puis dộclara:

    -- Puisqu'i va passer, on l'enterrera pas avant samedi;

    t'auras ben d'main pour les cossards.

    Le paysan mộ***ait; il ***:

    -- Oui, mais demain qui faudra qu'invite pour l'imunation, que j' nai ben pour cinq ou six heures aller de Tourville Manetot chez tout le monde.

    La femme, aprốs avoir mộ***ộ deux ou trois minutes, prononỗa:

    -- I n'est seulement point trois heures, qu' tu pourrais commencer la tournộe anuit et faire tout l' cụtộ de Tourville. Tu peux ben dire qu'il a passộ, puisqu'i n'en a pas quasiment pour la relevộe.

    L'homme demeura quelques instants perplexe, pesant les consộquences et les avantages de l'idộe. Enfin il dộclara :.

    -- Tout d' mờme, j'y vas.

    Il allait sortir; il revint et, aprốs une hộsitation:

    -- Pisque t'as point d'ouvrage, loche des pommes cuire, et pis tu feras quatre douzaines de douillons pour ceux qui viendront l'imunation, vu qu'i faudra se rộconforter T'allumeras le four avec la bourrộe qu'est sous l' hangar au pressoir. Elle est sốque.

    Et il sortit de la chambre, rentra dans la cuisine ouvrit le buffet, prit un pain de six livres, en coupa soigneusement une tranche, recueillit dans le creux de sa main les miettes tombộes sur la tablette, et se les jeta dans la bouche pour ne n'en perdre. Puis il enleva avec la pointe de son couteau un peu de beurre salộ au fond d'un pot de terre brune, I'ộten*** sur son pain, qu'il se mit manger lentement, comme il faisait tout.

    Et il traversa la cour, apaisa le chien, qui se remettait japper, sortit sur le chemin qui longeait son fossộ, et s'ộloigna dans la direction de Tourville.

    Restộe seule, la femme se mit la besogne. Elle dộcouvrit la huche la farine, et prộpara la põte aux douillons. Elle la pộtrissait longuement, la tournant et la retournant, la maniant, I'ộcrasant, la broyant. Puis elle en fit une grosse boule d'un blanc jaune, qu'elle laissa sur le coin de la table.

    Alors elle alla chercher les pommes et, pour ne point blesser l'arbre avec la gaule, elle grimpa dedans au moyen d'un escabeau. Elle choisissait les fruits avec soin, pour ne prendre que les mỷrs, et les entassait dans son tablier.

    Une voix l'appela du chemin:

    -- Ohộ, Madame Chicot!

    Elle se retourna. C'ộtait un voisin, maợtre Osime Favet, le maire, qui s'en allait fumer ses terres, assis les jambes pendantes, sur le tombereau d'engrais. Elle se retourna, et rộpon***:

    -- Quộ qu'y a pour vot' service, maợt' Osime?

    -- Et le pộ, oự qui n'en est?

    Elle cria:

    -- Il est quasiment passộ. C'est samedi l'imunation, sept heures, vu les cossards qui pressent.

    Le voisin rộpliqua:

    -- Entendu. Bonne chance! Portez-vous bien.

    Elle rộpon*** sa politesse:

    -- Merci, et vous d' mờme.

    Puis elle se remit cueillir ses pommes.

    Aussitụt qu'elle fut rentrộe, elle alla voir son pốre, s'attendant le trouver mort. Mais dốs la porte elle distingua son rõle bruyant et monotone, et jugeant inutile d'approcher du lit pour ne point perdre de temps, elle commenỗa prộparer les douillons.

    Elle enveloppait les fruits un un, dans une mince feuille de põte, puis les alignait au bord de la table.

    Quand elle eut fait quarante-huit boules, rangộes par douzaines l'une devant l'autre, elle pensa prộparer le souper, et elle accrocha sur le feu sa marmite, pour faire cuire les pommes de terre; car elle avait rộflộchi qu'il ộtait inutile d'allumer le four, ce jour-l mờme, ayant encore le lendemain tout entier pour terminer les prộparatifs.

    Son homme rentra vers cinq heures. Dốs qu'il eut franchi le seuil, il demanda:

    -- C'est-il fini?

    -- Point encore: ỗa gargouille toujours.

    Ils allốrent voir. Le vieux ộtait absolument dans le mờme ộtat. Son souffle rauque, rộgulier comme un mouvement d'horloge, ne s'ộtait ni accộlộrộ ni ralenti. Il revenait de seconde en seconde, variant un peu de ton, suivant que l'air entrait ou sortait de la poitrine.

    Son gendre le regarda, puis il ***:

    -- I finira sans qu'on y pense, comme une chandelle.

    Ils rentrốrent dans la cuisine et, sans parler, se mirent souper. Quand ils eurent avalộ leur soupe, ils mangốrent encore une tartine de beurre, puis, aussitụt les assiettes lavộes, rentrốrent dans la chambre de l'agonisant.

    La femme, tenant une petite lampe mốche fumeuse, la promena devant le visage de son pốre. S'il n'avait pas respirộ, on l'aurait cru mort assurộment.

    Le lit des deux paysans ộtait cachộ l'autre bout de la chambre, dans une espốce d'enfoncement. Ils se couchốrent sans dire un mot, ộteignirent la lumiốre, fermốrent les yeux; et bientụt deux ronflements inộgaux, l'un plus profond, l'autre plus aigu, accompagnốrent le rõle interrompu du mourant.

    Les rats couraient dans le grenier.

    Le mari s'ộveilla dốs les premiốres põleurs du jour.

    Son beau-pốre vivait encore. Il secoua sa femme, inquiet de la rộsistance du vieux.

    -- Dis donc, Phộmie, i n' veut point finir. Quộ qu' tu f'rais tộ?

    Il la savait de bon conseil.

    Elle rộpon***:

    -- I n' passera point l' jour, pour sỷr. N'y a point n' craindre. Pour lors que l' maire n'opposera pas qu'on l'enterre tout de mờme demain, vu qu'on l'a fait pour maợtre Renard le pộ, qu'a trộpassộ juste aux semences.

    Il fut convaincu par l'ộvidence du raisonnement; et il partit aux champs

    Sa femme fit cuire les douillons, puis accomplit toutes les besognes de la ferme.

    A midi, le vieux n'ộtait point mort. Les gens de journộe louộs pour le repiquage des cossards vinrent en groupe considộrer l'ancien qui tardait s'en aller. Chacun *** son mot, puis ils repartirent dans les terres.

    A six heures, quand on rentra, le pốre respirait encore. Son gendre la fin, s'effraya.

    -- Quộ qu' tu f'rais, c'te heure, tộ, Phộmie?

    Elle ne savait non plus que rộsoudre. On alla trouver le maire. Il promit qu'il fermerait les yeux et autoriserait l'enterrement le lendemain.

    L'officier de santộ, qu'on alla voir, s'engagea aussi, pour obliger maợtre Chicot, antidater le certificat de dộcốs. L'homme et la femme rentrốrent tranquilles.

    Ils se couchốrent et s'endormirent comme la veille mờlant leurs souffles sonores au souffle plus faible du vieux.

    Quand ils s'ộveillốrent, il n'ộtait point mort.

    Alors, ils furent atterrộs. Ils restaient debout, au chevet du pốre, le considộrant avec mộfiance, comme s'il avait voulu leur jouer un vilain tour, les tromper, les contrarier par plaisir, et ils lui en voulaient surtout du temps qu'il leur faisait perdre.

    Le gendre demanda:

    -- Quộ que j'allons faire?

    Elle n'en savait rien; elle rộpon***:

    -- C'est-i contrariant, tout d' mờme !

    On ne pouvait maintenant prộvenir tous les invitộs, qui allaient arriver sur l'heure. On rộsolut de les attendre, pour leur expliquer la chose.

    Vers sept heures moins dix, les premiers apparurent.

    Les femmes en noir, la tờte couverte d'un grand voile, s'en venaient d'un air triste. Les hommes, gờnộs dans leur veste de drap, s'avanỗaient plus dộlibộrộment, deux par deux, en devisant des affaires.

    Maợtre Chicot et sa femme, effarộs, les reỗurent en se dộsolant, et tous deux, tout coup, au mờme moment, en abordant le premier groupe, se mirent pleurer. Ils expliquaient l'aventure, contaient leur embarras, offraient des chaises, se remuaient, s'excusaient voulaient prouver que tout le monde aurait fait comme eux, parlaient sans fin, devenus brusquement bavards ne laisser personne leur rộpondre.

    Ils allaient de l'un l'autre:

    -- Je l'aurions point cru; c'est point croyable qu'il aurait durộ comme ỗa!

    Les invitộs inter***s, un peu dộỗus, comme des gens qui manquent une cộrộmonie attendue, ne savaient que faire, demeuraient assis ou debout. Quelques-uns voulurent s'en aller. Maợtre Chicot les retint.

    -- J'allons casser une croỷte tout d' mờme. J'avions fait des douillons; faut bien en profiter.

    Les visages s'ộclairốrent cette pensộe. On se mit causer voix basse. La cour peu peu s'emplissait; les premiers venus disaient la nouvelle aux nouveaux arrivants. On chuchotait, I'idộe de douillons ộgayant tout le monde.

    Les femmes entraient pour regarder le mourant. Elles se signaient auprốs du lit, balbutiaient une priốre, ressortaient. Les hommes, moins avides de ce spectacle, jetaientun coup d'oeil de la fenờtre qu'on avait ouverte .

    Mme Chicot expliquait l'agonie:

    -- V'l deux jours qu'il est comme ỗa, ni plus ni moins, ni plus haut ni plus bas. Dirait- on point une pompe qu'a pu d'iau?

    Quand tout le monde eut vu l'agonisant, on pensa la collation, mais comme on ộtait trop nombreux pour tenir dans la cuisine, on sortit la table devant la porte.

    Les quatre douzaines de douillons, dorộs, appộtissants, tiraient les yeux, disposộs dans deux grands plats. Chacun avanỗait le bras pour prendre le sien, craignant qu'il n'y en eỷt pas assez. Mais il en resta quatre.

    Maợtre Chicot, la bouche pleine, prononỗa:

    -- S'i nous vộyait, I' pộ, ỗa lui ferait deuil. C'est li qui les aimait d' son vivant.

    Un gros paysan jovial dộclara:

    -- I n'en mangera pu, c't' heure. Chacun son tour.

    Cette rộflexion, loin d'attrister les invitộs, sembla les rộjouir C'ộtait leur tour, eux, de manier des boules.

    Mme Chicot, dộsolộe de la dộpense, allait sans cesse au cellier chercher du cidre. Les brocs se suivaient et se vidaient coup sur coup. On riait maintenant, on parlait fort, on commenỗait crier comme on crie dans les repas.

    Tout coup une vieille paysanne qui ộtait restộe prốs du moribond, retenue par une peur avide de cette chose qui lui arriverait bientụt elle-mờme, apparut la fenờtre et cria d'une voix aiguở:

    -- Il a passộ ! Il a passộ !

    Chacun se tut. Les femmes se levốrent vivement pour aller voir.

    Il ộtait mort, en effet. Il avait cessộ de rõler. Les hommes se regardaient, baissaient les yeux, mal leur aise. On n'avait pas fini de mõcher les boules. Il avait mal choisi son moment, ce gredin-l.

    Les Chicot, maintenant, ne pleuraient plus. C'ộtait fini, ils ộtaient tranquilles. Ils rộpộtaient:

    -- J' savions bien qu' ỗa n' pouvait point durer. Si seulement il avait pu s' dộcider c'te nuit, ỗa n'aurait point fait tout ce dộrangement.

    N'importe, c'ộtait fini. On l'enterrerait lundi, voil tout, et on remangerait des douillons pour l'occasion.Les invitộs s'en allốrent en causant de la chose contents tout de mờme d'avoir vu ỗa et aussi d'avoir cassộ une croỷte.

    Et quand l'homme et la femme furent demeurộs tout seuls, face face, elle ***, la figure contractộe par l'angoisse:

    -- Faudra tout d' mờme r'cuire quatre douzaines deboules! Si seulement il avait pu s' dộcider c'te nuit!

    Et le mari, plus rộsignộ, rộpon***:

    -- ầa n' serait pas refaire tous les jours.

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