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Odes et Ballades - Victor Hugo

Chủ đề trong 'Pháp (Club de Francais)' bởi Angelique, 23/11/2001.

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  1. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    BUONAPARTE
    De Deo.
    I
    Quand la terre engloutit les cités qui la couvrent ;
    Que le vent sème au loin un poison voyageur ;
    Quand l'ouragan mugit ; quand des monts brûlants s'ouvrent ;
    C'est le réveil du Dieu vengeur.
    Et si, lassant enfin les clémences célestes,
    Le monde à ces signes funestes
    Ose répondre en les bravant,
    Un homme alors, choisi par la main qui foudroie,
    Des aveugles fléaux ressaisissant la proie,
    Paraît, comme un fléau vivant !
    Parfois, élus mau***s de la fureur suprême,
    Entre les nations des hommes sont passés,
    Triomphateurs longtemps armés de l'anathème, -
    Par l'anathème renversés !
    De l'esprit de Nemrod héritiers formidables,
    Ils ont sur les peuples coupables
    Régné par la flamme et le fer ;
    Et dans leur gloire impie, en désastres féconde,
    Ces envoyés du ciel sont apparus au monde,
    Comme s'ils venaient de l'enfer !
    II
    Naguère, de lois affranchie,
    Quand la Reine des nations
    Descen*** de la monarchie,
    Prostituée aux factions,
    On vit, dans ce chaos fétide,
    Naître de l'hydre régicide
    Un despote, empereur d'un camp.
    Telle souvent la mer qui gronde
    Dévore une plaine féconde
    Et vomit un sombre volcan.
    D'abord, troublant du Nil les hautes catacombes,
    Il vint, chef populaire, y combattre en courant,
    Comme pour insulter des tyrans dans leurs tombes,
    Sous sa tente de conquérant. -
    Il revint pour régner sur ses compagnons d'armes.
    En vain l'auguste France en larmes
    Se promettait des jours plus beaux ;
    Quand des vieux pharaons il foulait la couronne,
    Sourd à tant de néant, ce n'était qu'un grand trône
    Qu'il rêvait sur leurs grands tombeaux !
    Un sang royal teignit sa pourpre usurpatrice ;
    Un guerrier fut frappé par ce guerrier sans foi ;
    L'anarchie, à Vincenne, admira son complice, -
    Au Louvre elle adora son roi.
    Il fallut presque un Dieu pour consacrer cet homme.
    Le Prêtre-Monarque de Rome
    Vint bénir son front menaçant ;
    Car, sans doute en secret effrayé de lui-même,
    Il voulait recevoir son sanglant diadème
    Des mains d'où le pardon descend.
    III
    Lorsqu'il veut, le Dieu secourable,
    Qui livre au méchant le pervers,
    Brise le jouet formidable
    Dont il tourmentait l'univers.
    Celui qu'un instant il seconde
    Se *** le seul maître du monde ;
    Fier, il s'endort dans son néant ;
    Enfin, bravant la loi commune,
    Quand il croit tenir sa fortune,
    Le fantôme échappe au géant.
    IV
    Dans la nuit des forfaits, dans l'éclat des victoires,
    Cet homme, ignorant Dieu qui l'avait envoyé,
    De cités en cités promenant ses prétoires,
    Marchait, sur sa gloire appuyé.
    Sa dévorante armée avait, dans son passage,
    Asservi les fils de Pélage
    Devant les fils de Galgacus ;
    Et, quand dans leurs foyers il ramenait ses braves,
    Aux fêtes qu'il vouait à ces vainqueurs esclaves,
    Il invitait les rois vaincus !
    Dix empires conquis devinrent ses provinces.
    Il ne fut pas content dans son orgueil fatal. -
    Il ne voulait dormir qu'en une cour de princes,
    Sur un trône continental !
    Ses aigles, qui volaient sous vingt cieux parsemées,
    Au nord, de ses longues armées
    Guidèrent l'immense appareil ;
    Mais là parut l'écueil de sa course hardie.
    Les peuples sommeillaient : un sanglant incendie
    Fut l'aurore du grand réveil !
    Il tomba Roi ; - puis, dans sa route,
    Il voulut, fantôme ennemi,
    Se relever, afin sans doute
    De ne plus tomber à demi.
    Alors, loin de sa tyrannie,
    Pour qu'une effrayante harmonie
    Frappât l'orgueil anéanti,
    On jeta ce captif suprême
    Sur un rocher, débris lui-même
    De quelque ancien monde englouti !
    Là, se refroidissant comme un torrent de lave,
    Gardé par ses vaincus, chassé de l'univers,
    Ce reste d'un tyran, en s'éveillant esclave,
    N'avait fait que changer de fers.
    Des trônes restaurés écoutant la fanfare,
    Il brillait de loin comme un phare,
    Montrant l'écueil au nautonier.
    Il mourut. - Quand ce bruit éclata dans nos villes,
    Le monde respira dans les fureurs civiles,
    Délivré de son prisonnier !
    Ainsi l'orgueil s'égare en sa marche éclatante,
    Colosse né d'un souffle et qu'un regard abat. -
    Il fit du glaive un sceptre, et du trône une tente.
    Tout son règne fut un combat.
    Du fléau qu'il portait lui-même tributaire,
    Il tremblait, prince de la terre ;
    Soldat, on vantait sa valeur.
    Retombé dans son coeur comme dans un abîme,
    Il passa par la gloire, il passa par le crime,
    Et n'est arrivé qu'au malheur.
    V
    Peuples, qui poursuivez d'hommages
    Les victimes et les bourreaux,
    Laissez-le fuir seul dans les âges ; -
    Ce ne sont point là les héros !
    Ces faux dieux, que leur siècle encense,
    Dont l'avenir hait la puissance,
    Vous trompent dans votre sommeil ;
    Tels que ces nocturnes aurores
    Où passent de grands météores,
    Mais que ne suit pas le soleil.
  2. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    À MES ODES
    ... Tentanda via est qua me quoque possim. Tollere humo, victorque virum volitare per ora. VIRGILE.
    I
    Mes odes, c'est l'instant de déployer vos ailes.
    Cherchez d'un même essor les voûtes immortelles ;
    Le moment est propice... Allons !
    La foudre en grondant vous éclaire,
    Et la tempête populaire
    Se livre au vol des aquilons.
    Pour qui rêva longtemps le jour du sacrifice,
    Oui, l'heure où vient l'orage est une heure propice ;
    Mais moi, sous un ciel calme et pur,
    Si j'avais, fortuné génie,
    Dans la lumière et l'harmonie
    Vu flotter vos robes d'azur ;
    Si nul profanateur n'eût touché vos offrandes ;
    Si nul reptile impur sur vos chastes guirlandes,
    N'eût traîné ses noeuds flétrissants ;
    Si la terre, à votre passage,
    N'eût exhalé d'autre nuage
    Que la vapeur d'un doux encens ;
    J'aurais béni la muse et chanté ma victoire.
    J'aurais *** au poète, élancé vers la gloire :
    " Ô ruisseau ! qui cherches les mers,
    Coule vers l'océan du monde
    Sans craindre d'y mêler ton onde ;
    Car ses flots ne sont pas amers. "
    II
    Heureux qui de l'oubli ne fuit point les ténèbres !
    Heureux qui ne sait pas combien d'échos funèbres
    Le bruit d'un nom fait retentir !
    Et si la gloire est inquiète !
    Et si la palme du poète
    Est une palme de martyr !
    Sans craindre le chasseur, l'orage ou le vertige,
    Heureux l'oiseau qui plane et l'oiseau qui voltige !
    Heureux qui ne veut rien tenter !
    Heureux qui suit ce qu'il doit suivre !
    Heureux qui ne vit que pour vivre,
    Qui ne chante que pour chanter !
    III
    Vous ! ô mes chants, adieu ! cherchez votre fumée !
    Bientôt, sollicitant ma porte refermée,
    Vous pleurerez, au sein du bruit,
    Ce temps où, cachés sous des voiles,
    Vous étiez pareils aux étoiles
    Qui ne brillent que pour la nuit ;
    Quand, tour à tour, prenant et rendant la balance,
    Quelques amis, le soir, vous jugeaient en silence,
    Poètes, par la lyre émus,
    Qui fuyaient la ville sonore,
    Et transplantaient les fleurs d'Isaure
    Dans les jardins d'Académus.
    Comme un ange porté sur ses ailes dorées,
    Vous veniez, murmurant des paroles sacrées ;
    Pour abattre et pour relever,
    Vous disiez, dans votre délire,
    Tout ce que peut chanter la lyre,
    Tout ce que l'âme peut rêver.
    Disputant un prix noble en une sainte arène,
    Vous laissiez tout l'Olympe aux fils de l'Hippocrène,
    Rivaux de votre ardent essor ;
    Ainsi que l'amant d'Atalante,
    Pour rendre leur course plus lente,
    Vous leur jetiez les pommes d'or.
    On vous voyait, suivis de sylphes et de fées,
    Liant d'anciens faisceaux à nos jeunes trophées,
    Chanter les camps et leurs travaux,
    Ou pousser des cris prophétiques,
    Ou demander aux temps gothiques
    Leurs vieux contes, toujours nouveaux.
    Souvent vos luths pieux consolaient les couronnes,
    Et du haut du trépied vous défendiez les trônes ;
    Souvent, appuis de l'innocent,
    Comme un tribut expiatoire,
    Vous mêliez, pour fléchir l'histoire,
    Une larme à des flots de sang.
    IV
    C'en est fait maintenant, pareils aux hirondelles,
    Partez ; qu'un même but vous retrouve fidèles.
    Et moi, pourvu qu'en vos combats
    De votre foi nul coeur ne doute,
    Et qu'une âme en secret écoute
    Ce que vous lui direz tout bas ;
    Pourvu, quand sur les flots en vingt courants contraires
    L'ouragan chassera vos voiles téméraires,
    Qu'un seul ami, plaignant mon sort,
    Vous voyant battus de l'orage,
    Pose un fanal sur le rivage,
    S'afflige, et vous souhaite un port ;
    D'un oeil moins désolé je verrai vos naufrages.
    Mais le temps presse, allez ! rassemblez vos courages.
    Il faut combattre les méchants.
    C'est un sceptre aussi que la lyre !
    Dieu, dont nos âmes sont l'empire,
    A mis un pouvoir dans les chants.
    V
    Le poète, inspiré lorsque la terre ignore,
    Ressemble à ces grands monts que la nouvelle aurore
    Dore avant tous à son réveil,
    Et qui, longtemps vainqueurs de l'ombre,
    Gardent jusque dans la nuit sombre
    Le dernier rayon du soleil.
  3. Angelique

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    L'HISTOIRE
    Ferrea vox. VIRGILE.
    I
    Le sort des nations, comme une mer profonde,
    A ses écueils cachés et ses gouffres mouvants.
    Aveugle qui ne voit, dans les destins du monde,
    Que le combat des flots sous la lutte des vents !
    Un souffle immense et fort domine ces tempêtes.
    Un rayon du ciel plonge à travers cette nuit.
    Quand l'homme aux cris de mort mêle le cri des fêtes,
    Une secrète voix parle dans ce vain bruit.
    Les siècles tour à tour, ces gigantesques frères,
    Différents par leur sort, semblables dans leurs voeux,
    Trouvent un. but pareil par des routes contraires,
    Et leurs fanaux divers brillent des mêmes feux.
    II
    Muse, il n'est point de temps que tes regards n'embrassent ;
    Tu suis dans l'avenir leur cercle solennel ;
    Car les jours, et les ans, et les siècles ne tracent
    Qu'un sillon passager dans le fleuve éternel.
    Bourreaux, n'en doutez pas ; n'en doutez pas, victimes !
    Elle porte en tous lieux son immortel flambeau,
    Plane au sommet des monts, plonge au fond des abîmes,
    Et souvent fonde un temple où manquait un tombeau.
    Elle apporte leur palme aux héros qui succombent,
    Du char des conquérants brise le frêle essieu,
    Marche en rêvant au bruit des empires qui tombent,
    Et dans tous les chemins montre le pas de Dieu !
    Du vieux palais des temps elle pose le faîte ;
    Les siècles à sa voix viennent se réunir ;
    Sa main, comme un captif honteux de sa défaite,
    Traîne tout le passé jusque dans l'avenir.
    Recueillant les débris du monde en ses naufrages,
    Son oeil de mers en mers suit le vaste vaisseau,
    Et sait tout voir ensemble, aux deux bornes des âges,
    Et la première tombe et le dernier berceau !
  4. Angelique

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    LA BANDE NOIRE
    Voyageur obscur, mais religieux, au travers des ruines de la patrie... je priais. CH. NODIER.
    I
    " Ô murs ! ô créneaux ! ô tourelles !
    Remparts ! fossés aux ponts mouvants !
    Lourds faisceaux de colonnes frêles !
    Fiers châteaux ! modestes couvents !
    Cloîtres poudreux, salles antiques,
    Où gémissaient les saints cantiques,
    Où riaient les banquets joyeux !
    Lieux où le coeur met ses chimères !
    Églises où priaient nos mères,
    Tours où combattaient nos aïeux !
    " Parvis où notre orgueil s'enflamme !
    Maisons de Dieu ! manoirs des rois !
    Temples que gardait l'oriflamme,
    Palais que protégeait la croix !
    Réduits d'amour ! arcs de victoires !
    Vous qui témoignez de nos gloires,
    Vous qui proclamez nos grandeurs !
    Chapelles, donjons, monastères !
    Murs voilés de tant de mystères !
    Murs brillants de tant de splendeurs !
    " Ô débris ! ruines de France
    Que notre amour en vain défend,
    Séjours de joie ou de souffrance,
    Vieux monuments d'un peuple enfant !
    Restes, sur qui le temps s'avance !
    De l'Armorique à la Provence,
    Vous que l'honneur eut pour abri !
    Arceaux tombés ! voûtes brisées !
    Vestiges des races passées !
    Lit sacré d'un fleuve tari !
    " Oui, je crois, quand je vous contemple,
    Des héros entendre l'adieu ;
    Souvent, dans les débris du temple,
    Brille comme un rayon du dieu.
    Mes pas errants cherchent la trace
    De ces fiers guerriers dont l'audace
    Faisait un trône d'un pavois ;
    Je demande, oubliant les heures,
    Au vieil écho de leurs demeures
    Ce qui lui reste de leur voix.
    " Souvent ma muse aventurière,
    S'enivrant de rêves soudains,
    Ceignit la cuirasse guerrière
    Et l'écharpe des paladins ;
    S'armant d'un fer rongé de rouille,
    Elle déroba leur dépouille
    Aux lambris du long corridor ;
    Et, vers des régions nouvelles,
    Pour hâter son coursier sans ailes,
    Osa chausser l'éperon d'or.
    " J'aimais le manoir dont la route
    Cache dans les bois ses détours,
    Et dont la porte sous la voûte
    S'enfonce entre deux larges tours ;
    J'aimais l'essaim d'oiseaux funèbres
    Qui sur les toits, dans les ténèbres,
    Vient grouper ses noirs bataillons,
    Ou, levant des voix sépulcrales,
    Tournoie en mobiles spirales
    Autour des légers pavillons.
    " J'aimais la tour, verte de lierre,
    Qu'ébranle la cloche du soir ;
    Les marches de la croix de pierre
    Où le voyageur vient s'asseoir ;
    L'église veillant sur les tombes,
    Ainsi qu'on voit d'humbles colombes
    Couver les fruits de leur amour ;
    La citadelle crénelée,
    Ouvrant ses bras sur la vallée,
    Comme les ailes d'un vautour.
    " J'aimais le beffroi des alarmes ;
    La cour où sonnaient les clairons ;
    La salle où, déposant leurs armes,
    Se rassemblaient les hauts barons ;
    Les vitraux éclatants ou sombres ;
    Le ****au froid où, dans les ombres,
    Sous des murs que le temps abat,
    Les preux, sourds au vent qui murmure,
    Dorment, couchés dans leur armure,
    Comme la veille d'un combat.
    " Aujourd'hui, parmi les cascades,
    Sous le dôme des bois touffus,
    Les piliers, les sveltes arcades,
    Hélas ! penchent leurs fronts confus ;
    Les forteresses écroulées,
    Par la chèvre errante foulées,
    Courbent leurs têtes de granit ;
    Restes qu'on aime et qu'on vénère !
    L'aigle à leurs tours suspend son aire,
    L'hirondelle y cache son nid.
    " Comme cet oiseau de passage,
    Le poète, dans tous les temps,
    Chercha, de voyage en voyage,
    Les ruines et le printemps.
    Ces débris, chers à la patrie,
    Lui parlent de chevalerie ;
    La gloire habite leurs néants ;
    Les héros peuplent ces décombres ; -
    Si ce ne sont plus que des ombres,
    Ce sont des ombres de géants !
    " Ô Français ! respectons ces restes !
    Le ciel bénit les fils pieux
    Qui gardent, dans leurs jours funestes,
    L'héritage de leurs aïeux.
    Comme une gloire dérobée,
    Comptons chaque pierre tombée ;
    Que le temps suspende sa loi ;
    Rendons les Gaules à la France,
    Les souvenirs à l'espérance,
    Les vieux palais au jeune roi !... "
    II
    - Tais-toi, lyre ! Silence, ô lyre du poète !
    Ah ! laisse en paix tomber ces débris glorieux
    Au gouffre où nul ami, dans sa douleur muette,
    Ne les suivra longtemps des yeux !
    Témoins que les vieux temps ont laissés dans notre âge,
    Gardiens d'un passé qu'on outrage,
    Ah ! fuyez ce siècle ennemi !
    Croulez, restes sacrés, ruines solennelles !
    Pourquoi veiller encor, dernières sentinelles
    D'un camp, pour jamais endormi ?
    Ou plutôt, - que du temps la marche soit hâtée.
    Quoi donc ! n'avons-nous point parmi nous ces héros
    Qui chassèrent les rois de leur tombe insultée,
    Que les morts ont eu pour bourreaux ?
    Honneur à ces vaillants que notre orgueil renomme !
    Gloire à ces braves ! Sparte et Rome
    Jamais n'ont vu d'exploits plus beaux !
    Gloire ! ils ont triomphé de ces funèbres pierres,
    Ils ont brisé des os, dispersé des poussières !
    Gloire ! ils ont proscrit des tombeaux !
    Quel Dieu leur inspira ces travaux intrépides ?
    Tout joyeux du néant par leurs soins découvert,
    Peut-être ils ne voulaient que des sépulcres vides,
    Comme ils n'avaient qu'un ciel désert ?
    Ou, domptant les respects dont la mort nous fascine,
    Leur main peut-être, en sa racine,
    Frappait quelque auguste arbrisseau ;
    Et, courant en espoir à d'autres hécatombes,
    Leur sublime courage, en attaquant ces tombes,
    S'essayait à vaincre un berceau ?...
    Qu'ils viennent maintenant, que leur foule s'élance,
    Qu'ils se rassemblent tous, ces soldats aguerris !
    Voilà des ennemis dignes de leur vaillance :
    Des ruines et des débris.
    Qu'ils entrent sans effroi sous ces portes ouvertes ;
    Qu'ils assiègent ces tours désertes ;
    Un tel triomphe est sans dangers.
    Mais qu'ils n'éveillent pas les preux de ces murailles ;
    Ces ombres qui jadis ont gagné des batailles
    Les prendraient pour des étrangers !
    Ce siècle entre les temps veut être solitaire.
    Allons ! frappez ces murs, des ans encor vainqueurs.
    Non, qu'il ne reste rien des vieux jours sur la terre ;
    Il n'en reste rien dans nos coeurs.
    Cet héritage immense, où nos gloires s'entassent,
    Pour les nouveaux peuples qui passent,
    Est trop pesant à soutenir ;
    Il retarde leurs pas, qu'un même élan ordonne.
    Que nous fait le passé ? Du temps que Dieu nous donne
    Nous ne gardons que l'avenir.
    Qu'on ne nous vante plus nos crédules ancêtres !
    Ils voyaient leurs devoirs où nous voyons nos droits.
    Nous avons nos vertus. Nous égorgeons les prêtres,
    Et nous assassinons les rois. -
    Hélas ! il est trop vrai, l'antique honneur de France,
    La Foi, soeur de l'humble Espérance,
    Ont fui notre âge infortuné ;
    Des anciennes vertus le crime a pris la place ;
    Il cache leurs sentiers, comme la ronce efface
    Le seuil d'un temple abandonné.
    Quand de ses souvenirs la France dépouillée,
    Hélas ! aura perdu sa vieille majesté,
    Lui disputant encor quelque pourpre souillée,
    Ils riront de sa nu***é !
    Nous, ne profanons point cette mère sacrée ;
    Consolons sa gloire éplorée,
    Chantons ses astres éclipsés.
    Car notre jeune muse, affrontant l'anarchie,
    Ne veut pas secouer sa bannière, blanchie
    De la poudre des temps passés.
  5. Angelique

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    À MON PÈRE
    Domestica facta. HORACE.
    I
    Quoi ! toujours une lyre et jamais une épée !
    Toujours d'un voile obscur ma vie enveloppée !
    Point d'arène guerrière à mes pas éperdus !...
    Mais jeter ma colère en strophes cadencées !
    Consumer tous mes jours en stériles pensées,
    Toute mon âme en chants perdus !
    Et cependant, livrée aux tyrans qu'elle brave,
    La Grèce aux rois chrétiens montre sa croix esclave !
    Et l'Espagne à grands cris appelle nos exploits !
    Car elle a de l'erreur connu l'ivresse amère ;
    Et, comme un orphelin qu'on arrache à sa mère,
    Son vieux trône a perdu l'appui des vieilles lois.
    Je rêve quelquefois que je saisis ton glaive,
    Ô mon père ! et je vais, dans l'ardeur qui m'enlève,
    Suivre au pays du Cid nos glorieux soldats,
    Ou faire dire aux fils de Sparte révoltée
    Qu'un Français, s'il ne put rendre aux Grecs un Tyrtée,
    Leur sut rendre un Léonidas.
    Songes vains ! Mais du moins ne crois pas que ma muse
    Ait pour tes compagnons des chants quelle refuse,
    Mon père ! le poète est fidèle aux guerriers.
    Des honneurs immortels il revêt la victoire ;
    Il chante sur leur vie ; et l'amant de la gloire
    Comme toutes les fleurs aime tous les lauriers.
    II
    Ô français ! des combats la palme vous décore :
    Courbés sous un tyran, vous étiez grands encore.
    Ce Chef prodigieux par vous s'est élevé ;
    Son immortalité sur vos gloires se fonde,
    Et rien n'effacera des annales du monde
    Son nom, par vos glaives gravé.
    Ajoutant une page à toutes les histoires,
    Il attelait des Rois au char de ses victoires.
    Dieu dans sa droite aveugle avait mis le trépas.
    L'univers haletait sous son poids formidable ;
    Comme ce qu'un enfant a tracé sur le sable,
    Les empires confus s'effaçaient sous ses pas.
    Flatté par la fortune, il fut puni par elle.
    L'imprudent confiait son destin vaste et frêle
    À cet orgueil, toujours sur la terre expié.
    Où donc, en sa folie, aspirait ta pensée,
    Malheureux ! qui voulais, dans ta route insensée,
    Tous les trônes pour marchepied ?
    Son jour vint : on le vit, vers la France alarmée,
    Fuir, traînant après lui comme un lambeau d'armée,
    Chars, coursiers et soldats, pressés de toutes parts.
    Tel, en son vol immense atteint du plomb funeste,
    Le grand aigle, tombant de l'empire céleste,
    Sème sa trace au loin de son plumage épars.
    Qu'il dorme maintenant dans son lit de poussière !
    On ne voit plus, autour de sa couche guerrière,
    Vingt courtisans royaux épier son réveil ;
    L'Europe, si longtemps sous son bras palpitante,
    Ne compte plus, assise aux portes de sa tente,
    Les heures de son noir sommeil.
    Reprenez, ô Français ! votre gloire usurpée.
    Assez dans tant d'exploits on n'a vu qu'une épée !
    Assez de la louange il fatigua la voix !
    Mesurez la hauteur du géant sur la poudre.
    Quel aigle ne vaincrait, armé de votre foudre ?
    Et qui ne serait grand, du haut de vos pavois ?
    L'étoile de Brennus luit encor sur vos têtes.
    La Victoire eut toujours des Français à ses fêtes.
    La paix du monde entier dépend de leur repos.
    Sur les pas des Moreau, des Condé, des Xaintrailles,
    Ce peuple glorieux dans les champs de batailles
    A toujours usé ses drapeaux.
    III
    Toi, mon père, ployant ta tente voyageuse,
    Conte-nous les écueils de ta route orageuse,
    Le soir, d'un cercle étroit en silence entouré.
    Si d'opulents trésors ne sont plus ton partage,
    Va, tes fils sont contents de ton noble héritage :
    Le plus beau patrimoine est un nom révéré.
    Pour moi, puisqu'il faut voir, et mon coeur en murmure,
    Pendre aux lambris poudreux ta vénérable armure ;
    Puisque ton étendard dort près de ton foyer,
    Et que, sous l'humble abri de quelques vieux portiques,
    Le coursier, qui m'emporte aux luttes poétiques,
    Laisse rouiller ton char guerrier ;
    Lègue à mon luth obscur l'éclat de ton épée ;
    Et du moins qu'à ma voix, de ta vie occupée,
    Ce beau souvenir prête un charme solennel.
    Je dirai tes combats aux muses attentives,
    Comme un enfant joyeux, parmi ses soeurs craintives,
    Traîne, débile et fier, le glaive paternel.
  6. Angelique

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    LE REPAS LIBRE
    aux rois de l'Europe
    Il y avait à Rome un antique usage : la veille de l'exécution des condamnés à mort, on leur donnait, à la porte de la prison, un repas public appelé le Repas libre. CHATEAUBRIAND, les Martyrs.
    I
    Lorsqu'à l'antique Olympe immolant l'Évangile,
    Le préteur, appuyant d'un tribunal fragile
    Ses temples odieux,
    Livide, avait proscrit des chrétiens pleins de joie,
    Victimes qu'attendaient, acharnés sur leur proie,
    Les tigres et les dieux ;
    Rome offrait un festin à leur élite sainte ;
    Comme si, sur les bords du calice d'absinthe
    Versant un peu de miel,
    Sa pitié des martyrs ignorait l'énergie,
    Et voulait consoler par une folle orgie
    Ceux qu'appelait le ciel.
    La pourpre recevait ces convives austères :
    Le falerne écumait dans de larges cratères
    Ceints de myrtes fleuris ;
    Le miel d'Hybla dorait les vins de Malvoisie,
    Et, dans les vases d'or, les parfums de l'Asie
    Lavaient leurs pieds meurtris.
    Un art profond, mêlant les tributs des trois mondes,
    Dévastait les forêts et dépeuplait les ondes
    Pour ce libre repas ;
    On eût *** qu'épuisant la prodigue nature,
    Sybaris conviait aux banquets d'Épicure
    Ces élus du trépas.
    Les tigres cependant s'agitaient dans leur chaîne ;
    Les léopards captifs de la sanglante arène
    Cherchaient le noir chemin ;
    Et bientôt, moins cruels que les femmes de Rome,
    Ces monstres s'étonnaient d'être applaudis par l'homme,
    Baignés de sang humain.
    On jetait aux lions les confesseurs, les prêtres.
    Telle une main sénile à de dédaigneux maîtres
    Offre un mets savoureux.
    Lorsqu'au pompeux banquet siégeait leur saint conclave,
    La pâle mort, debout, comme un muet esclave,
    Se tenait derrière eux.
    II
    Ô rois ! comme un festin s'écoule votre vie.
    La coupe des grandeurs, que le vulgaire envie,
    Brille dans votre main :
    Mais au concert joyeux de la fête éphémère
    Se mêle le cri sourd du tigre populaire
    Qui vous attend demain !
  7. Angelique

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    LA LIBERTÉ
    Christus nos liberavit.
    I
    Quand l'impie a porté l'outrage au sanctuaire,
    Tout fuit le temple en deuil, de splendeur dépouillé ;
    Mais le prêtre fidèle, à genoux sur la pierre,
    Prodigue plus d'encens, répand plus de prière,
    Courbe plus bas son front devant l'autel souillé.
    II
    Non, sur nos tristes bords, ô belle voyageuse !
    Soeur auguste des rois, fille sainte de Dieu,
    Liberté ! pur flambeau de la gloire orageuse,
    Non, je ne t'ai point *** adieu !
    Car mon luth est de ceux dont les voix importunes
    Pleurent toutes les infortunes,
    Bénissent toutes les vertus,
    Mes hymnes dévoués ne traînent point la chaîne
    Du vil gladiateur, mais ils vont dans l'arène,
    Du linceul des martyrs vêtus.
    Dans l'âge où le coeur porte un souffle magnanime,
    Où l'homme à l'avenir jette un défi sublime
    Et montre à sa menace un sourire hardi ;
    Avant l'heure où périt la fleur de l'espérance,
    Quand l'âme, lasse de souffrance,
    Passe du frais matin à l'aride midi ;
    Je disais : " Ô salut, vierge aimable et sévère !
    Le monde, ô Liberté, suit tes nobles élans ;
    Comme une jeune épouse il t'aime, et te révère
    Comme une aïeule en cheveux blancs !
    Salut ! tu sais, de l'âme écartant les entraves,
    Descendre au cachot des esclaves
    Plutôt qu'au palais des tyrans ;
    Aux concerts du Cédron mêlant ceux du Permesse,
    Ta voix douce a toujours quelque illustre promesse
    Qu'entendent les héros mourants. "
    Je disais. Souriant à mon ivresse austère,
    Je vis venir à moi les sages de la terre :
    " Voici la Liberté ! plus de sang ! plus de pleurs !
    Les peuples réveillés s'inclinent devant elle.
    Viens, ô son jeune amant ! car voici l'Immortelle !... "
    Et j'accourus, portant des palmes et des fleurs.
    III
    Ô Dieu ! leur Liberté, c'était un monstre immense,
    Se nommant Vérité parce qu'il était nu,
    Balbutiant les cris de l'aveugle démence,
    Et l'aveu du vice ingénu !
    La fable eût pu donner à ses fureurs impies
    L'ongle flétrissant des harpies
    Et les mille bras d'AEgéon.
    La dépouille de Rome ornait l'impure idole.
    Le vautour remplaçait l'aigle à son Capitole.
    L'Enfer peuplait son Panthéon.
    Le Supplice hagard, la Torture écumante,
    Lui conduisaient la Mort comme une heureuse amante.
    Le monstre aux pieds foulait tout un peuple innocent ;
    Et les sages menteurs, aux paroles divines,
    Soutenaient ses pas lourds, quand, parmi les ruines,
    Il chancelait, ivre de sang !
    Mêlant les lois de Sparte aux fêtes de Sodome,
    Dans tous les attentats cherchant tous les fléaux,
    Par le néant de l'âme il croyait grandir l'homme,
    Et réveillait le vieux chaos.
    Pour frapper leur couronne osant frapper leur tête,
    Des rois, perdus dans la tempête,
    Il brisait le trône avili ;
    Et, de l'éternité lui laissant quelque reste,
    Daignait à Dieu, muet dans son exil céleste,
    Offrir un échange d'oubli !
    IV
    Et les sages disaient : " Gloire à notre sagesse !
    Voici les jours de Rome et les temps de la Grèce !
    Nations, de vos Rois brisez l'indigne frein.
    Liberté ! N'ayez plus de maîtres que vous-même :
    Car nous tenons de toi notre pouvoir suprême,
    Sois donc heureux et libre, ô peuple souverain !... "
    Tyrans adulateurs ! caresses mensongères !
    Ô honte !... Asie, Afrique, où sont tous vos sultans ?
    Que leurs sceptres sont doux, et leurs chaînes légères,
    Près de ces bourreaux insultants !
    Rends gloire, ô foule abjecte en tes fers assoupie,
    Au vil monstre d'Éthiopie,
    Par un fer jaloux mutilé !
    Gloire aux muets cachés au harem du Prophète !
    Gloire à l'esclave obscur, qui leur livre sa tête,
    Du moins en silence immolé !
    Le sultan, sous des murs de jaspe et de porphyre,
    Jetant à cent beautés un dédaigneux sourire,
    Foule la pourpre et l'or, et l'ambre et le corail ;
    Et de loin, en passant, le peuple peut connaître
    Où sont les plaisirs de son maître,
    À la tête, qui pend aux portes du sérail.
    Peuple heureux ! éveillant la révolte hardie,
    Parmi ses toits troublés, dans l'ombre, bien souvent
    L'inquiet janissaire égare l'incendie
    Sur l'aile bruyante du vent.
    Peuple heureux ! d'un vizir sa vie est le domaine ;
    Un poison, que la mort promène,
    Flétrit son rivage infecté ;
    L'esclavage le courbe au joug de l'épouvante.
    Peuple trois fois heureux ! divins sages qu'on vante,
    Il n'a pas votre Liberté !
    V
    Ô France ! c'est au ciel qu'en nos jours de colère
    A fui la Liberté, mère des saints exploits ;
    Il faut, pour réfléchir cet astre tutélaire,
    Que, pur dans tous ses flots, le fleuve populaire
    Coule à l'ombre du trône appuyé sur les lois.
    Un dieu du joug du mal a délivré le monde.
    Parmi les opprimés il vint prendre son rang ;
    Rois ! - en voeux fraternels sa parole est féconde ;
    Peuple ! - il fut pauvre, humble et souffrant.
    La Liberté sourit à toutes les victimes,
    À tous les dévouements sublimes,
    Sauveurs des états secourus ;
    À ses yeux la Vendée est soeur des Thermopyles :
    Et le même laurier, dans les mêmes asiles,
    Unit Malesherbe et Codrus.
    VI
    Quand l'impie a porté l'outrage au sanctuaire,
    Tout fuit le temple en deuil, de splendeur dépouillé ;
    Mais le prêtre fidèle, assis dans la poussière,
    Prodigue plus d'encens, répand plus de prière,
    Courbe plus bas son front devant l'autel souillé.
  8. Angelique

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    LA GUERRE D'ESPAGNE
    Sine clade victor.
    I
    Oh ! que la Royauté, puissante et vénérable,
    Fille, aux cheveux blanchis, des âges révolus,
    Perçant de ses clartés leur nuit impénétrable,
    Où tant d'astres ne brillent plus ;
    Soumettant l'aigle au cygne et l'autour aux colombes ;
    S'élevant de tombes en tombes ;
    Géant, que gran*** son fardeau ;
    Consacrant sur l'autel le fer dont elle est ceinte,
    Et mêlant les rayons de l'auréole sainte
    Aux fleurons du royal bandeau ;
    Oh ! que la Royauté, peuples, est douce et belle ! -
    À force de bienfaits elle achète ses droits.
    Son bras fort, quand bouillonne une foule rebelle,
    Couvre les sceptres d'une croix.
    Ce colosse d'airain, de ses mains séculaires,
    Dans les nuages populaires
    Lève un phare aux feux éclatants ;
    Et, liant au passé l'avenir qu'il féconde,
    Pose à la fois ses pieds, en vain battus de l'onde,
    Sur les deux rivages du temps.
    II
    Aussi, que de malheurs suprêmes
    Elle impose aux infortunés,
    Qui, sous le joug des diadèmes,
    Courbèrent leurs fronts condamnés !
    Il faut que leur coeur soit sublime.
    Affrontant la foudre et l'abîme,
    Leur nef ne doit pas fuir l'écueil.
    Un roi, digne de la couronne,
    Ne sait pas descendre du trône,
    Mais il sait descendre au cercueil.
    Il faut, comme un soldat, qu'un prince ait une épée,
    Il faut, des factions quand l'astre impur a lui,
    Que nuit et jour, bravant leur attente trompée,
    Un glaive veille auprès de lui ;
    Ou que de son armée il se fasse un cortège ;
    Que son fier palais se protège
    D'un camp au front étincelant ;
    Car de la Royauté la Guerre est la compagne :
    On ne peut te briser, sceptre de Charlemagne,
    Sans briser le fer de Roland !
    III
    Roland ! - N'est-il pas vrai, noble élu de la guerre,
    Que ton ombre, éveillée aux cris de nos guerriers,
    Aux champs de Roncevaux lorsqu'ils passaient naguère,
    Les prit pour d'anciens chevaliers ?
    Car le héros, assis sur sa tombe célèbre,
    Les voyait, vers les bords de l'Èbre
    Déployant leur vol immortel,
    Du haut des monts, pareils à l'aigle ouvrant ses ailes,
    Secouer, pour chasser de nouveaux infidèles,
    L'éclatant cimier de Martel !
    Mais un autre héros encore,
    Pélage, l'effroi des tyrans,
    Pélage, autre vainqueur du Maure,
    Dans les cieux saluait nos rangs ;
    Au char où notre gloire brille,
    Il attelait de la Castille
    Le vieux lion fier et soumis ;
    Répétant notre cri d'alarmes,
    Il mêlait sa lance à nos armes,
    Et sa voix nous disait : Amis !
    IV
    Des pas d'un conquérant l'Espagne encor fumante
    Pleurait, prostituée à notre Liberté,
    Entre les bras sanglants de l'effroyable amante,
    Sa royale virginité.
    Ce peuple altier, chargé de despotes vulgaires,
    Maudissait, épuisé de guerres,
    Le monstre en ses champs accouru ;
    Si las des vils tribuns et des tyrans serviles,
    Que lui-même appelait l'étranger dans ses villes,
    Sans frémir d'être secouru !
    Les français sont venus : - du Rhin jusqu'au Bosphore,
    Peuples de l'aquilon, du couchant, du midi,
    Pourquoi, vous dont le front, que l'effroi trouble encore,
    Se courba sous leur pied hardi ;
    Nations, de la veille à leur chaîne échappées,
    Qu'on vit tomber sous leurs épées,
    Ou qui par eux avez vécu ;
    Empires, potentats, cités, royaumes, princes !
    Pourquoi, puissants états, qui fûtes nos provinces,
    Me demander s'ils ont vaincu ?
    Ils ont appris à l'anarchie
    Ce que pèse le fer gaulois ;
    Mais par eux l'Espagne affranchie
    Ne peut rougir de leurs exploits ;
    Tous les peuples, que Dieu seconde,
    Quand l'hydre, en désastre féconde,
    Tourne vers eux son triple dard,
    Ont, ligués contre sa furie,
    Le temple pour même patrie,
    La croix pour commun étendard.
    V
    Pourtant, que désormais Madrid taise à l'histoire
    Des succès trop longtemps par son orgueil re***s,
    Et le royal captif que l'ingrate victoire
    Dans ses murs envoya jadis.
    Cadix nous a vengés de l'affront de Pavie.
    À l'ombre d'un héros ravie
    La gloire a rendu tous ses droits ;
    Oubliant quel Français a porté ses entraves,
    La fière Espagne a vu si les mains de nos braves
    Savent briser les fers des rois !
    Préparez, Castillans, des fêtes solennelles,
    Des murs de Saragosse aux champs d'Almonacid.
    Mêlez à nos lauriers vos palmes fraternelles ;
    Chantez Bayard - chantons le Cid !
    Qu'au vieil Escurial le vieux Louvre réponde ;
    Que votre drapeau se confonde
    À nos drapeaux victorieux ;
    Que Gadès édifie un autel sur sa plage !
    Que de lui-même, aux monts d'où se leva Pélage,
    S'allume un feu mystérieux !
    Pour témoigner de leurs paroles,
    Où sont ces nouveaux Décius ?
    Le brasier attend les Scévoles !
    Le gouffre attend les Curtius !
    Quoi ! traînant leurs fronts dans la poudre,
    Tous, de Bourbon, qui tient la foudre,
    Embrassent les sacrés genoux !... -
    Ah ! la victoire est généreuse,
    Leur cause inique est malheureuse,
    Ils sont vaincus, ils sont absous !
    VI
    Un Bourbon pour punir ne voudrait pas combattre.
    Le droit de son triomphe est toujours le pardon.
    Pourtant des factions que son bras vient d'abattre,
    Il éteint le dernier brandon.
    Oh ! de combien de maux, peuples, il vous délivre !
    Hélas ! à quels forfaits se livre
    Le monstre, à ses pieds frémissant !
    Nous qui l'avons vaincu, nous fûmes sa conquête.
    Nous savons, lorsque tombe une royale tête,
    Combien il en coule de sang !
    Ô nos guerriers, venez ! vos mères sont contentes !
    Vos bras, terreur du monde, en deviennent l'appui.
    Assez on vit crouler de trônes sous vos tentes !
    Relevez les rois aujourd'hui.
    Dieu met sur votre char son arche glorieuse ;
    Votre tente victorieuse
    Est son tabernacle immortel ;
    Des saintes légions votre étendard dispose ;
    Il veut que votre casque à sa droite repose
    Entre les vases de l'autel !
    VII
    C'en est fait ; loin de l'espérance
    Chassant le crime épouvanté,
    Les cieux commettent à la France
    La garde de la Royauté.
    Son génie, éclairant les trames,
    Luit comme la lampe aux sept flammes,
    Cachée aux temples du Jourdain ;
    Gardien des trônes qu'il relève,
    Son glaive est le céleste glaive
    Qui flamboie aux portes d'Éden !
  9. Angelique

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    À L'ARC DE TRIOMPHE DE L'ÉTOILE
    Non deficit alter. VIRGILE.
    I
    La France a des palais, des tombeaux, des portiques,
    De vieux châteaux tout pleins de bannières antiques,
    Héroïques joyaux conquis dans les dangers ;
    Sa pieuse valeur, prodigue en fiers exemples,
    Pour parer ces superbes temples,
    Dépouille les camps étrangers.
    On voit dans ses cités, de monuments peuplées,
    Rome et ses dieux, Memphis et ses noirs mausolées ;
    Le lion de Venise en leurs murs a dormi ;
    Et quand, pour embellir nos vastes Babylones,
    Le bronze manque à ses colonnes,
    Elle en demande à l'ennemi !
    Lorsque luit aux combats son armure enflammée,
    Son oriflamme auguste et de lys parsemée
    Chasse les escadrons ainsi que des troupeaux ;
    Puis elle offre aux vaincus des dons après les guerres,
    Et, comme des hochets vulgaires,
    Y mêle leurs propres drapeaux.
    II
    Arc triomphal ! la foudre, en terrassant ton maître,
    Semblait avoir frappé ton front encore à naître.
    Par nos exploits nouveaux te voilà relevé !
    Car on n'a pas voulu, dans notre illustre armée,
    Qu'il fût de notre renommée
    Un monument inachevé !
    Dis aux siècles le nom de leur chef magnanime.
    Qu'on lise sur ton front que nul laurier sublime
    À des glaives français ne peut se dérober.
    Lève-toi jusqu'aux cieux, portique de victoire !
    Que le géant de notre gloire
    Puisse passer sans se courber !
  10. Angelique

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    LA MORT DE MADEMOISELLE DE SOMBREUIL
    Sunt lacrym?Ư rerum. VIRGILE.
    I
    Lyre ! encore un hommage à la vertu qui t'aime !
    Assez tu d?ârobas des hymnes d'anath?ăme
    Au fun?ăbre Isaïe, au triste ??z?âchiel !
    Pour consoler les morts, pour pleurer les victimes,
    Lyre, il faut de ces chants sublimes
    Dont tous les ?âchos sont au ciel.
    Elle aussi, Dieu l'a rappel?âe !... -
    Les cieux nous enviaient Sombreuil ;
    Ils ont repris leur exil?âe ;
    Nous tous, bannis, tra?đnons le deuil.
    R?âpondez, a-t-on vu son ombre
    S'?âvanouir dans la nuit sombre,
    Ou fuir vers le jour immortel ?
    La vit-on monter ou descendre ?
    O?ạ d?âposerons-nous sa cendre ?
    Est-ce à la tombe ? est-ce à l'autel ?
    Ne pleurez pas, prions : les saints l'ont r?âclam?âe ;
    Prions : adorez-la, vous qui l'avez aim?âe !
    Elle est avec ses soeurs, anges purs et charmants,
    Ces vierges qui, jadis, sur la croix attach?âes,
    Ou, comme au sein des fleurs sur des brasiers couch?âes,
    S'endormirent dans les tourments.
    Sa vie ?âtait un pur myst?ăre
    D'innocence et de saints remords ;
    Cette ?Âme a pass?â sur la terre
    Entre les vivants et les morts.
    Souvent, h?âlas ! l'infortun?âe,
    Comme si de sa destin?âe
    La mort e?ằt rompu le lien,
    Sentit, avec des terreurs vaines,
    Se glacer dans ses p?Âles veines
    Un sang, qui n'?âtait pas le sien !
    II
    ?" jour ! o?ạ le tr?âpas per*** son privil?ăge,
    O?ạ, rachetant un meurtre au prix d'un sacril?ăge,
    Le sang des morts coula dans son sein virginal !
    Entre l'impur breuvage et le fer parricide,
    Les bourreaux poursuivaient l'h?âroïne timide
    D'une insulte fun?ăbre et d'un rire infernal !
    Son triomphe est dans son supplice.
    Elle a, levant ses yeux au ciel,
    Bu le sang au m?ême calice
    O?ạ J?âsus mourant but le fiel.
    Oh ! que d'amour dans ce courage !...
    Mais, quand p?ârirent dans l'orage
    Ses parents, que la France a plaints,
    Pour consoler l'auguste fille
    Dieu lui confia sa famille
    Et de veuves et d'orphelins.
    III
    Car il lui fut donn?â de survivre au martyre : -
    Elle fut sur nos bords, d'o?ạ la foi se retire,
    Comme un rayon du soir rest?â sur l'horizon ;
    Dieu la marqua d'un signe entre toutes les femmes,
    Et voulut dans son champ, o?ạ glanent si peu d'?Âmes,
    Laisser cet ?âpi m?ằr de la sainte moisson.
    Elle ?âtait heureuse, ici m?ême !
    Du bras dont il venge ses droits,
    Le Seigneur soutient ceux qu'il aime,
    Et les aide à porter la croix.
    Il montre, en visions ?âtranges,
    ?? Jacob l'?âchelle des anges,
    ?? Sa?ẳl les antres d'Endor ;
    Sa main myst?ârieuse et sainte,
    Sait cacher le miel dans l'absinthe,
    Et la cendre dans les fruits d'or.
    Sa constante ?âquit?â n'est jamais assoupie ;
    Le m?âchant, sous la pourpre o?ạ son bonheur s'expie,
    Envie un toit de chaume au fid?ăle abattu ;
    Et, quand l'impie heureux, berc?â sur des ab?**es,
    Se cr?âe un enfer de ses crimes,
    Le juste en pleurs se fait un ciel de sa vertu.
    On *** qu'en d?âpouillant la vie
    Elle parut la regretter,
    Et jeta des regards d'envie
    Sur les fers qu'elle allait quitter.
    " -- ?" mon Dieu ! retardez mon heure.
    Loin de la vall?âe o?ạ l'on pleure,
    Suis-je digne de m'envoler ?
    Ce n'est pas la mort que j'implore,
    Seigneur ; je puis souffrir encore,
    Et je veux encor consoler.
    " Je pars ; ayez piti?â de ceux que j'abandonne !
    Quel amour leur rendra l'amour que je leur donne ?
    Pourquoi du saint bonheur sitôt me couronner ?
    Laissez mon ?Âme encor sur leurs maux se r?âpandre ;
    Je n'aurai plus au ciel d'opprim?âs à d?âfendre,
    Ni d'oppresseurs à pardonner ! "
    Il faut donc que le juste meure ! -
    En vain, dans ses regrets nomm?âs,
    Ont pass?â devant sa demeure
    Tous ses pauvres accoutum?âs.
    Maintenant, ô fils des chaumi?ăres !
    Payez son aumône en pri?ăres ;
    Suivez-la d'un pieux adieu,
    Orphelins, veuves d?âplorables,
    Vous tous, faibles et mis?ârables,
    Images augustes de Dieu !
    IV
    ?" Dieu ! ne reprends pas ceux que ta flamme anime.
    Si la vertu s'en va, que deviendra le crime ?
    O?ạ pourront du m?âchant se reposer les yeux ?
    N'enl?ăve pas au monde un espoir salutaire.
    Laisse des justes sur la terre !
    N'as-tu donc pas, Seigneur, assez d'anges aux cieux ?

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