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Odes et Ballades - Victor Hugo

Chủ đề trong 'Pháp (Club de Francais)' bởi Angelique, 23/11/2001.

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  1. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    LA LYRE ET LA HARPE
    à M. Alph. De L.
    Alternis dicetis, amant alterna Camoenae. VIRGILE.
    Et caepit loqui, prout Spiritus Sanctus dabat loqui. ACT. APOST.
    LA LYRE
    Dors, ô fils d'Apollon ! ses lauriers te couronnent,
    Dors en paix ! Les neuf Soeurs t'adorent comme un roi ;
    De leurs choeurs nébuleux les Songes t'environnent ;
    La lyre chante auprès de toi !
    LA HARPE
    Éveille-toi, jeune homme, enfant de la misère !
    Un rêve ferme au jour tes regards obscurcis,
    Et pendant ton sommeil, un indigent, ton frère,
    À ta porte en vain s'est assis !
    LA LYRE
    Ton jeune âge est cher à la Gloire.
    Enfant, la Muse ouvrit tes yeux,
    Et d'une immortelle mémoire
    Couronna ton nom radieux.
    En vain Saturne te menace ;
    Va, l'Olympe est né du Parnasse,
    Les poètes ont fait les dieux !
    LA HARPE
    Homme, une femme fut ta mère ;
    Elle a pleuré sur ton berceau ;
    Souffre donc. Ta vie éphémère
    Brille et tremble, ainsi qu'un flambeau.
    Dieu, ton maître, a d'un signe austère
    Tracé ton chemin sur la terre,
    Et marqué ta place au tombeau.
    LA LYRE
    Chante ! Jupiter règne et l'univers l'implore ;
    Vénus embrase Mars d'un souris gracieux ;
    Iris brille dans l'air, dans les champs brille Flore ;
    Chante : Les immortels, du couchant à l'aurore,
    En trois pas parcourent les Cieux.
    LA HARPE
    Prie ! Il n'est qu'un vrai Dieu, juste dans sa clémence,
    Par la fuite des temps sans cesse rajeuni.
    Tout s'achève dans lui, par lui tout recommence ;
    Son être emplit le monde ainsi qu'une âme immense ;
    L'Éternel vit dans l'Infini.
    LA LYRE
    Ta douce Muse à fuir t'invite.
    Cherche un abri calme et serein ;
    Les mortels, que le sage évite,
    Subissent le siècle d'airain.
    Viens ; près de tes Lares tranquilles,
    Tu verras de loin dans les villes
    Mugir la Discorde aux cent voix.
    Qu'importe à l'heureux solitaire
    Que l'autan dévaste la terre,
    S'il ne fait qu'agiter ses bois !
    LA HARPE
    Dieu, par qui tout forfait s'expie,
    Marche avec celui qui le sert.
    Apparais dans la foule impie,
    Tel que Jean, qui vint du désert.
    Va donc, parle aux peuples du monde ;
    Dis-leur la tempête qui gronde,
    Révèle le juge irrité ;
    Et, pour mieux frapper leur oreille,
    Que ta voix s'élève, pareille
    À la rumeur d'une cité !
    LA LYRE
    L'Aigle est l'oiseau du Dieu qu'avant tous on adore.
    Du Caucase à l'Athos l'Aigle planant dans l'air,
    Roi du feu qui féconde et du feu qui dévore,
    Contemple le soleil et vole sur l'éclair !
    LA HARPE
    La Colombe descend du ciel qui la salue.
    Et, voilant l'Esprit-Saint sous son regard de feu,
    Chère au Vieillard choisi comme à la Vierge élue,
    Porte un rameau dans l'arche, annonce au monde un Dieu !
    LA LYRE
    Aime ! Eros règne à Gnide, à l'Olympe, au Tartare.
    Son flambeau de Sestos allume le doux phare,
    Il consume Ilion par la main de Pâris.
    Toi, fuis de belle en belle, et change avec leurs charmes.
    L'Amour n'enfante que des larmes ;
    Les Amours sont frères des Ris !
    LA HARPE
    L'Amour divin défend de la Haine infernale.
    Cherche pour ton coeur pur une âme virginale ;
    Chéris-la, Jéhovah chérissait Israël.
    Deux êtres que dans l'ombre unit un saint mystère
    Passent en s'aimant sur la terre,
    Comme deux exilés du ciel !
    LA LYRE
    Jouis ! c'est au fleuve des ombres
    Que va le fleuve des vivants.
    Le sage, s'il a des jours sombres,
    Les laisse aux dieux, les jette aux vents.
    Enfin, comme un pale convive,
    Quand la mort imprévue arrive,
    De sa couche il lui tend la main ;
    Et, riant de ce qu'il ignore,
    S'endort dans la nuit sans aurore,
    En rêvant un doux lendemain !
    LA HARPE
    Soutiens ton frère qui chancelle,
    Pleure si tu le vois souffrir ;
    Veille avec soin, prie avec zèle,
    Vis en songeant qu'il faut mourir.
    Le pécheur croit, lorsqu'il succombe,
    Que le néant est dans la tombe,
    Comme il est dans la volupté ;
    Mais quand l'ange impur le réclame,
    Il s'épouvante d'être une âme,
    Et frémit de l'Éternité !
    Le poète écoutait, à peine à son aurore,
    Ces deux lointaines voix qui descendaient du ciel ;
    Et plus tard il osa parfois, bien faible encore,
    Dire à l'écho du Pinde un hymne du Carmel.
  2. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    MOÏSE SUR LE NIL
    à Mme Amable Tastu
    En ce même temps, la fille de Pharaon vint au fleuve pour se baigner, accompagnée de ses filles, qui marchaient le long du bord de l'eau. Exode.
    " Mes soeurs, l'onde est plus fraîche aux premiers feux du jour !
    Venez : le moissonneur repose en son séjour ;
    La rive est solitaire encore ;
    Memphis élève à peine un murmure confus ;
    Et nos chastes plaisirs, sous ces bosquets touffus,
    N'ont d'autre témoin que l'aurore.
    " Au palais de mon père on voit briller les arts ;
    Mais ces bords pleins de fleurs charment plus mes regards
    Qu'un bassin d'or ou de porphyre ;
    Ces chants aériens sont mes concerts chéris ;
    Je préfère aux parfums qu'on brûle en nos lambris
    Le souffle embaumé du zéphire !
    " Venez : l'onde est si calme et le ciel est si pur !
    Laissez sur ces buissons flotter les plis d'azur
    De vos ceintures transparentes ;
    Détachez ma couronne et ces voiles jaloux ;
    Car je veux aujourd'hui folâtrer avec vous,
    Au sein des vagues murmurantes.
    " Hâtons-nous... Mais parmi les brouillards du matin,
    Que vois-je ? - Regardez à l'horizon lointain...
    Ne craignez rien, filles timides !
    C'est sans doute, par l'onde entraîné vers les mers,
    Le tronc d'un vieux palmier qui, du fond des déserts,
    Vient visiter les Pyramides.
    " Que dis-je ? Si j'en crois mes regards indécis,
    C'est la barque d'Hermès ou la conque d'Isis,
    Que pousse une brise légère.
    Mais non ; c'est un esquif où, dans un doux repos,
    J'aperçois un enfant qui dort au sein des flots,
    Comme on dort au sein de sa mère.
    " Il sommeille ; et, de loin, à voir son lit flottant,
    On croirait voir voguer sur le fleuve inconstant
    Le nid d'une blanche colombe.
    Dans sa couche enfantine il erre au gré du vent ;
    L'eau le balance, il dort, et le gouffre mouvant
    Semble le bercer dans sa tombe !
    " Il s'éveille : accourez, ô vierges de Memphis !
    Il crie... Ah ! quelle mère a pu livrer son fils
    Au caprice des flots mobiles ?
    Il tend les bras ; les eaux grondent de toute part.
    Hélas ! contre la mort il n'a d'autre rempart
    Qu'un berceau de roseaux fragiles.
    " Sauvons-le... - C'est peut-être un enfant d'Israël.
    Mon père les proscrit ; mon père est bien cruel
    De proscrire ainsi l'innocence !
    Faible enfant ! ses malheurs ont ému mon amour,
    Je veux être sa mère : il me devra le jour,
    S'il ne me doit pas la naissance. "
    Ainsi parlait Iphis, l'espoir d'un roi puissant,
    Alors qu'aux bords du Nil son cortège innocent
    Suivait sa course vagabonde ;
    Et ces jeunes beautés qu'elle effaçait encor,
    Quand la Fille des Rois quittait ses voiles d'or,
    Croyaient voir la Fille de l'Onde.
    Sous ses pieds délicats déjà le flot frémit.
    Tremblante, la pitié vers l'enfant qui gémit
    La guide en sa marche craintive ;
    Elle a saisi l'esquif ! Fière de ce doux poids,
    L'orgueil sur son beau front, pour la première fois,
    Se mêle à la pudeur naïve.
    Bientôt, divisant l'onde et brisant les roseaux,
    Elle apporte à pas lents l'enfant sauvé des eaux
    Sur le bord de l'arène humide ;
    Et ses soeurs tour à tour, au front du nouveau-né,
    Offrant leur doux sourire à son oeil étonné,
    Déposaient un baiser timide !
    Accours, toi qui, de loin, dans un doute cruel,
    Suivais des yeux ton fils sur qui veillait le ciel ;
    Viens ici comme une étrangère ;
    Ne crains rien : en pressant Moïse entre tes bras,
    Tes pleurs et tes transports ne te trahiront pas,
    Car Iphis n'est pas encor mère !
    Alors, tandis qu'heureuse et d'un pas triomphant,
    La vierge au roi farouche amenait l'humble enfant,
    Baigné des larmes maternelles,
    On entendait en choeur, dans les cieux étoilés,
    Des anges, devant Dieu de leurs ailes voilés,
    Chanter les lyres éternelles.
    " Ne gémis plus, Jacob, sur la terre d'exil ;
    Ne mêle plus tes pleurs aux flots impurs du Nil :
    Le Jourdain va t'ouvrir ses rives.
    Le jour enfin approche où vers les champs promis
    Gessen verra s'enfuir, malgré leurs ennemis,
    Les tribus si longtemps captives.
    " Sous les traits d'un enfant délaissé sur les flots,
    C'est l'élu du Sina, c'est le roi des fléaux,
    Qu'une vierge sauve de l'onde.
    Mortels, vous dont l'orgueil méconnaît l'Éternel,
    Fléchissez : un berceau va sauver Israël,
    Un berceau doit sauver le monde ! "
  3. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    LE DÉVOUEMENT
    In urbi omne mortalium genus vis pestilentiae depopulabatur, nulla coeli intemperie quae occurreret oculis. Sed domus corporibus exanimis, itinera funeribus complebantur ; non ***us, non aetas periculo vacua. TACITE.
    Dans la ville, la peste dévorait tout ce qui meurt ; aucun nuage dans le ciel ne s'offrait aux yeux ; mais les maisons étaient pleines de corps sans vie, les voies de funérailles. Ni le ***e ni l'âge n'étaient exempts du péril.
    I
    Je rends grâce au Seigneur : il m'a donné la vie !
    La vie est chère à l'homme, entre les dons du ciel ;
    Nous bénissons toujours le Dieu qui nous convie
    Au banquet d'absinthe et de miel.
    Un noeud de fleurs se mêle aux fers qui nous enlacent ;
    Pour vieillir parmi ceux qui passent,
    Tout homme est content de souffrir ;
    L'éclat du jour nous plaît ; l'air des cieux nous enivre.
    Je rends grâce au Seigneur : - c'est le bonheur de vivre
    Qui fait la gloire de mourir !
    Malheureux le mortel qui meurt, triste victime,
    Sans qu'un frère sauvé vive par son trépas,
    Sans refermer sur lui, comme un Romain sublime,
    Le gouffre où se perdent ses pas !
    Infortuné le peuple, en proie à l'anathème,
    Qui voit, se consumant lui-même,
    Périr son nom et son orgueil,
    Sans que toute la terre à sa chute s'incline,
    Sans qu'un beau souvenir reste sur sa ruine,
    Comme un flambeau sur un cercueil !
    II
    Quand Dieu, las de forfaits, se lève en sa colère,
    Il suscite un Fléau formidable aux cités,
    Qui laisse après sa fuite un effroi séculaire
    Aux murs, longtemps inhabités.
    D'un vil germe, ignoré des peuples en démence,
    Un Géant pâle, un Spectre immense
    Sort et gran*** au milieu d'eux ;
    Et la Ville veut fuir, mais le Monstre fidèle,
    Comme un horrible époux, la couvre de son aile,
    Et l'étreint de ses bras hideux !
    Le peuple en foule alors sous le mal qui fermente
    Tombe, ainsi qu'en nos champs la neige aux blancs flocons ;
    Tout succombe, et partout la mort qui s'alimente
    Renaît des cadavres féconds.
    Le monstre l'une à l'autre enchaîne ses victimes ;
    Il les traîne aux mêmes abîmes ;
    Il se repaît de leurs lambeaux ;
    Et, parmi les bûchers, le deuil et les décombres,
    Les vivants sans abris, tels que d'impures ombres,
    Errent loin des morts sans tombeaux.
    Quand le cirque s'ouvrait, aux jours des funérailles,
    Tous les Romains en paix, par leurs licteurs couverts,
    Voyaient de loin lutter les captifs des batailles,
    Livrés aux tigres des déserts.
    Ainsi dans leur effroi les nations s'assemblent ;
    Un long cri monte aux cieux qui tremblent,
    Au loin de mers en mers porté.
    Le monde armé, craignant l'Hydre aux ailes rapides,
    Garde sous leur fléau ces mourants homicides,
    Et les menace, épouvanté !
    III
    Alors n'est-il pas vrai, sybarites des villes,
    Que les jeux sont plus doux, et les plaisirs meilleurs,
    Lorsqu'un mal plus affreux que les haines civiles
    Sème en d'autres murs les douleurs ?
    Loin des couches de feu qu'infecte un germe immonde,
    Qu'avec charme l'enfant du monde
    Sur un lit parfumé s'endort !
    Et qu'on savoure mieux l'air natal de la vie,
    Quand tout un peuple en deuil, qui pleure et nous envie,
    Respire ailleurs un vent de mort !
    Chacun reste absorbé dans un cercle éphémère.
    La mère embrasse en paix l'enfant qui lui sourit,
    Sans s'informer des lieux où le sein d'une mère
    Est mortel au fils qu'il nourrit !
    Quelque pitié vulgaire au fond des coeurs s'éveille,
    Entre les fêtes de la veille
    Et les fêtes du lendemain ;
    Car tels sont les humains, plaindre les importune.
    Ils passent à côté d'une grande infortune,
    Sans s'arrêter sur le chemin.
    IV
    Quelques hommes pourtant, qu'un feu secret anime,
    Se lèvent de la foule, et chacun dans leurs yeux
    Cherche quel beau destin, quel avenir sublime
    Rayonne sur leurs fronts joyeux. -
    Un triomphe éclatant peut-être les réclame ?
    Quel espoir enivre leur âme ?
    Quel bien ? quel trésor ? quel honneur ?... -
    Ainsi toujours, hélas ! dans ce monde stérile,
    Si la vertu paraît, à son aspect tranquille
    Nous la prenons pour le bonheur !
    Ô peuples ! ces mortels, qu'un Dieu guide et seconde,
    Vont d'un pas assuré, d'un regard radieux,
    Combattre le fléau devant qui fuit le monde :
    Adressez-leur vos longs adieux.
    Et vous, ô leurs parents, leurs épouses, leurs mères !
    Contenez vos larmes amères ;
    Laissez les victimes s'offrir ;
    Ne les poursuivez pas de plaintes téméraires ;
    Devaient-ils préférer aucun d'entre leurs frères
    À ceux pour qui l'on peut mourir ?
    Bientôt s'ouvre pour eux la cité solitaire.
    Mille spectres vivants les appellent en pleurs,
    Surpris qu'il soit encore un. mortel sur la terre
    Qui vienne au cri de leurs douleurs.
    Ils parlent ; et déjà leur voix rassure et guide
    Ces peuples qu'un fléau livide
    Pousse au tombeau d'un bras de fer,
    Et le monstre, attaqué dans les murs qu'il opprime,
    Frémit comme Satan, quand, sauveur et victime,
    Un Dieu parut dans son enfer !
    Ils contemplent de près l'hydre non assouvie.
    Pour ravir ses secrets résignés à leur sort,
    Leur art audacieux lui dispute la vie,
    Ou l'interroge dans la mort.
    Quand leurs secours sont vains, leur prière console.
    Le mourant croit à leur parole
    Que le ciel ne peut démentir ;
    Et si le trépas même, enfin, frappe leur tête,
    De l'apôtre serein l'humble voix ne s'arrête
    Qu'au dernier souffle du martyr !
    V
    Ô mortels trop heureux ! qui pourrait vous atteindre,
    Vous qui domptez la mort en affrontant ses coups ?
    Lorsqu'en vous admirant la foule ose vous plaindre
    Je vous suis de mes pleurs jaloux.
    Infortuné ! jamais, victime volontaire,
    Je n'irai, pour. sauver la terre,
    Braver un fléau dévorant,
    Ni, calmant par mes soins ses douleurs meurtrières,
    Mêler ma plainte amie et mes saintes prières
    Aux soupirs impurs d'un mourant !
    Hélas ! ne puis-je aussi m'immoler pour mes frères ?
    N'est-il plus d'opprimés ? n'est-il plus de bourreaux ?
    Sur quel noble échafaud, dans quels murs funéraires
    Chercher le trépas des héros ?
    Oui, que brisant mon corps, la torture sanglante,
    Sur la croix, à ma soif brûlante
    Offre le breuvage de fiel ;
    Fier et content, Seigneur, je dirai vos louanges ;
    Car l'ange du martyre est le plus beau des anges
    Qui portent les âmes au ciel !
  4. Angelique

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    À L'ACADÉMIE DES JEUX FLORAUX
    At mihi jam puero coelestia sacra placebant,
    Inque suum furtim musa trahebat opus. OVIDE.
    Vous dont le poétique empire
    S'étend des bords du Rhône aux rives de l'Adour,
    Vous dont l'art tout-puissant n'est qu'un joyeux délire,
    Rois des combats du chant, rois des jeux de la lyre,
    Ô maîtres du savoir d'amour !
    Aussi belle qu'à sa naissance,
    Votre muse se rit des ans et des douleurs ;
    Le temps semble en passant respecter son enfance ;
    Et la gloire, à ses yeux se voilant d'innocence,
    Cache ses lauriers sous des fleurs.
    Salut ! - Enfant, j'ai pour ma mère
    Cueilli quelques rameaux dans vos sacrés bosquets,
    Votre main s'est offerte à ma main téméraire ;
    Étranger, vous m'avez accueilli comme un frère,
    Et fait asseoir dans vos banquets.
    Parmi les juges de l'arène
    L'athlète fut admis, vainqueur bien faible encor.
    Jamais pourtant, errant sur les monts de Pyrène,
    Il n'avait réveillé de belle suzeraine
    Aux sons hospitaliers du cor.
    D'une fée, aux lointaines sphères,
    Jamais il n'avait *** les magiques jardins ;
    Ni, le soir, pour charmer des dames peu sévères,
    Conté, près du foyer, les exploits des trouvères,
    Et les amours des paladins.
    D'autres, d'une voix immortelle,
    Vous peindront d'heureux jours en de joyeux accords.
    Moi, la douleur m'éprouve, et mes chants viennent d'elle.
    Je souffre et je console, et ma muse fidèle
    Se souvient de ceux qui sont morts !
  5. Angelique

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    LE GÉNIE
    à M. Le Vicomte de Chateaubriand
    Les circonstances ne forment pas les hommes ; elles les montrent : elles dévoilent, pour ainsi dire, la royauté du Génie, dernière ressource des peuples éteints. Ces rois qui n'en ont pas le nom, mais qui règnent véritablement par la force du caractère et la grandeur des pensées, sont élus par les événements auxquels ils doivent commander. Sans ancêtres et sans postérité, seuls de leur race, leur mission remplie ils disparaissent en laissant à l'avenir des ordres qu'il exécutera fidèlement. F. DE LA MENNAIS.
    I
    Malheur à l'enfant de la terre,
    Qui, dans ce monde injuste et vain,
    Porte en son âme solitaire
    Un rayon de l'esprit divin !
    Malheur à lui ! l'impure envie
    S'acharne sur sa noble vie,
    Semblable au Vautour éternel,
    Et, de son triomphe irritée,
    Punit ce nouveau Prométhée
    D'avoir ravi le feu du ciel !
    La Gloire, fantôme céleste,
    Apparaît de loin à ses yeux ;
    Il subit le pouvoir funeste
    De son sourire impérieux !
    Ainsi l'oiseau, faible et timide,
    Veut en vain fuir l'hydre perfide
    Dont l'oeil le charme et le poursuit,
    Il voltige de cime en cime,
    Puis il accourt, et meurt victime
    Du doux regard qui l'a séduit.
    Ou, s'il voit luire enfin l'aurore
    Du jour, promis à ses efforts ;
    Vivant, si son front se décore
    Du laurier, qui croît pour les morts ;
    L'erreur, l'ignorance hautaine,
    L'injure impunie et la haine
    Usent les jours de l'immortel.
    Du malheur imposant exemple,
    La Gloire l'admet dans son temple,
    Pour l'immoler sur son autel !
    II
    Pourtant, fallût-il être en proie
    À l'injustice, à la douleur,
    Qui n'accepterait avec joie
    Le génie, au prix du malheur ?
    Quel mortel, sentant dans son âme
    S'éveiller la céleste flamme
    Que le temps ne saurait ternir,
    Voudrait, redoutant sa victoire,
    Au sein d'un bonheur sans mémoire,
    Fuir son triste et noble avenir ?
    Chateaubriand, je t'en atteste,
    Toi qui, déplacé parmi nous,
    Reçus du ciel le don funeste
    Qui blesse notre orgueil jaloux :
    Quand ton nom doit survivre aux âges,
    Que t'importe, avec ses outrages,
    À toi, géant, un peuple nain ?
    Tout doit un tribut au génie.
    Eux, ils n'ont que la calomnie :
    Le serpent n'a que son venin.
    Brave la haine empoisonnée ;
    Le nocher rit des flots mouvants,
    Lorsque sa poupe couronnée
    Entre au port, à l'abri des vents.
    Longtemps ignoré dans le monde,
    Ta nef a lutté contre l'onde
    Souvent prête à l'ensevelir ;
    Ainsi jadis le vieil Homère
    Errait inconnu sur la terre,
    Qu'un jour son nom devait remplir.
    III
    Jeune encor, quand des mains du crime
    La France en deuil reçut des fers,
    Tu fuis : le souffle qui t'anime
    S'éveilla dans l'autre univers.
    Contemplant ces vastes rivages,
    Ces grands fleuves, ces bois sauvages,
    Aux humains tu disais adieu ;
    Car dans ces lieux que l'homme ignore
    Du moins ses pas n'ont point encore
    Effacé les traces de Dieu.
    Tu vins, dans un temps plus tranquille,
    Fouler cette terre des arts
    Où croît le laurier de Virgile,
    Où tombent les murs des Césars.
    Tu vis la Grèce humble et domptée :
    Hélas ! il n'est plus de Tyrtée
    Chez ces peuples, jadis si grands ;
    Les grecs courbent leurs fronts serviles,
    Et le rocher des Thermopyles
    Porte les tours de leurs tyrans !
    Ces cités, que vante l'histoire,
    Pleurent leurs enfants aguerris ;
    Le vieux souvenir de leur gloire
    N'habite plus que leurs débris.
    Les dieux ont fui : dans les prairies,
    Adieu les blanches théories !
    Plus de jeux, plus de saints concerts !
    Adieu les fêtes fraternelles !
    L'airain, qui gronde aux Dardanelles,
    Trouble seul les temples déserts.
    Mais si la Grèce est sans prestiges,
    Tu savais des lieux solennels
    Où sont de plus sacrés vestiges,
    Des monuments plus éternels,
    Une tombe pleine de vie,
    Et Jérusalem asservie
    Qu'un pacha foule sans remord,
    Et le bédouin, fils du Numide,
    Et Carthage, et la Pyramide,
    Tente immobile de la mort !
    Enfin, au foyer de tes pères,
    Tu vins, rapportant pour trésor
    Tes maux aux rives étrangères,
    Et les hautes leçons du sort.
    Tu déposas ta douce lyre :
    Dès lors, la raison qui t'inspire
    Au sénat parla par ta voix ;
    Et la Liberté rassurée
    Confia sa cause sacrée
    À ton bras, défenseur des Rois.
    Dans cette arène où l'on t'admire,
    Sois fier d'avoir tant combattu,
    Honoré du double martyre
    Du génie et de la vertu.
    Poursuis, remplis notre espérance ;
    Sers ton prince, éclaire la France,
    Dont les destins vont s'accomplir.
    L'Anarchie, altière et servile,
    Pâlit devant ton front tranquille
    Qu'un tyran n'a point fait pâlir.
    Que l'envie, aux pervers unie,
    Te poursuive de ses clameurs,
    Ton noble essor, fils du Génie,
    T'enlève à ces vaines rumeurs ;
    Tel l'oiseau du Cap des Tempêtes
    Voit les nuages sur nos têtes
    Rouler leurs flots sé***ieux ;
    Pour lui, loin des bruits de la terre,
    Bercé par son vol solitaire,
    Il va s'endormir dans les cieux !
  6. Angelique

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    LA FILLE D'O-TẪ?TI
    Que fait-il donc, celui que sa douleur attend ?
    Sans doute il n'arrive pas, celui qu'elle aime tant.
    ALFRED DE VIGNY, Dolorida.
    " Oh ! dis-moi, tu veux fuir ? et la voile inconstante
    Va bientôt de ces bords t'enlever à mes yeux ?
    Cette nuit j'entendais, trompant ma douce attente,
    Chanter les matelots qui repliaient leur tente.
    Je pleurais à leurs cris joyeux.
    " Pourquoi quitter notre île ? En ton île étrangère,
    Les cieux sont-ils plus beaux ? a-t-on moins de douleurs ?
    Les tiens, quand tu mourras, pleureront-ils leur frère ?
    Couvriront-ils tes os du plane funéraire
    Dont on ne cueille pas les fleurs ?
    " Te souvient-il du jour où les vents salutaires
    T'amenèrent vers nous pour la première fois ?
    Tu m'appelas de loin sous nos bois solitaires,
    Je ne t'avais point vu jusqu'alors sur nos terres,
    Et pourtant je vins à ta voix.
    " Oh ! j'étais belle alors ; mais les pleurs m'ont flétrie.
    Reste, ô jeune étranger ! ne me dis pas adieu.
    Ici, nous parlerons de ta mère chérie ;
    Tu sais que je me plais aux chants de ta patrie,
    Comme aux louanges de ton Dieu.
    " Tu rempliras mes jours ; à toi je m'abandonne.
    Que t'ai-je fait pour fuir ? Demeure sous nos cieux.
    Je guérirai tes maux, je serai douce et bonne,
    Et je t'appellerai du nom que l'on te donne
    Dans le pays de tes aïeux !
    " Je serai, si tu veux, ton esclave fidèle,
    Pourvu que ton regard brille à mes yeux ravis.
    Reste, ô jeune étranger ! reste, et je serai belle.
    Mais tu n'aimes qu'un temps, comme notre hirondelle ;
    Moi, je t'aime comme je vis.
    " Hélas ! tu veux partir. - Aux monts qui t'ont vu naître,
    Sans doute quelque vierge espère ton retour.
    Eh bien ! daigne avec toi m'emmener, ô mon maître !
    Je lui serai soumise, et l'aimerai peut-être,
    Si ta joie est dans son amour !
    " Loin de mes vieux parents, qu'un tendre orgueil enivre,
    Du bois où dans tes bras j'accourus sans effroi,
    Loin des fleurs, des palmiers, je ne pourrai plus vivre.
    Je mourrais seule ici. Va, laisse-moi te suivre,
    Je mourrai du moins près de toi.
    " Si l'humble bananier accueillit ta venue,
    Si tu m'aimas jamais, ne me repousse pas.
    Ne t'en va pas sans moi dans ton île inconnue,
    De peur que ma jeune âme, errante dans la nue,
    N'aille seule suivre tes pas ! "
    Quand le matin dora les voiles fugitives,
    En vain on la chercha sous son dôme léger ;
    On ne la revit plus dans les bois, sur les rives.
    Pourtant la douce vierge, aux paroles plaintives,
    N'était pas avec l'étranger.
  7. Angelique

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    L'HOMME HEUREUX
    à M. Ulric Guttinguer
    Beatus qui non prosper !
    " Je vous abhorre, ô dieux ! Hélas ! Si jeune encore,
    Je puis déjà ce que je veux !
    Accablé de vos dons, ô dieux, je vous abhorre.
    Que vous ai-je donc fait pour combler tous mes voeux ?
    " Du détroit de Léandre aux colonnes d'Alcide,
    Mes vaisseaux parcourent les mers ;
    Mon palais engloutit, ainsi qu'un gouffre avide,
    Les trésors des cités et les fruits des déserts.
    " Je dors au bruit des eaux, au son lointain des lyres,
    Sur un lit aux pieds de vermeil ;
    Et sur mon front brûlant appelant les zéphires,
    Dix vierges de l'Indus veillent pour mon sommeil.
    " Je laisse, en mes banquets, à l'ingrat parasite
    Des mets que repousse ma main ;
    Et, dans les plats dorés, ma faim que rien n'excite
    Dédaigne des poissons nourris de sang humain.
    " Aux bords du Tibre, aux monts qui vomissent les laves,
    J'ai des jardins délicieux ;
    Mes domaines, partout couverts de mes esclaves,
    Fatiguent mes coursiers, importunent mes yeux !
    " Je vois les grands me craindre et César me sourire ;
    Je protège les suppliants ;
    J'ai des pavés de marbre et des bains de porphyre ;
    Mon char est salué d'un peuple de clients.
    " Je m'ennuie au forum, je m'ennuie aux arènes ;
    Je demande à tous : Que fait-on ?
    Je fais jeter par jour un esclave aux murènes,
    Et je m'amuse à peine à ce jeu de Caton.
    " Les femmes de l'Europe et celles de l'Asie
    Touchent peu mon coeur déjà mort ;
    Dans une coupe d'or l'ennui me rassasie,
    Et le pauvre qui pleure est jaloux de mon sort !
    " D'implacables faveurs me poursuivant sans cesse,
    Vous m'avez flétri dans ma fleur,
    Dieux ! donnez l'espérance à ma froide jeunesse ;
    Je vous rends tous ces biens pour un peu de bonheur. "
    Dans le temple, traînant sa langueur opulente,
    Ainsi parlait Celsus de sa couche indolente.
    Il blasphémait ses dieux ; et, bénissant le ciel,
    Un martyr expirait devant l'impur autel !
  8. Angelique

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    L'ÂME
    Je ne sais quel destin trouble l'esprit des mortels ; semblables à des cylindres, ils roulent çà et là, accablés d'une infinité de maux... Mais prends courage, la race des hommes est divine ; lorsque, dépouillé de ton corps, tu t'élèveras dans les régions éthérées, la mort n'aura plus sur toi de pouvoir, tu seras un dieu immortel et incorruptible. Vers dorés de Pythagore.
    I
    Fils du ciel, je fuirai les honneurs de la terre ;
    Dans mon abaissement je mettrai mon orgueil ;
    Je suis le roi banni, superbe et solitaire,
    Qui veut le trône ou le cercueil.
    Je hais le bruit du monde, et je crains sa poussière.
    La retraite, paisible et fière,
    Réclame un coeur indépendant ;
    Je ne veux point d'esclave, et ne veux point de maître ;
    Laissez-moi rêver seul au désert de mon être : -
    J'y cherche le buisson ardent.
    Toi, qu'aux douleurs de l'homme un Dieu caché convie,
    Compagne sous les cieux de l'humble humanité,
    Passagère immortelle, esclave de la vie,
    Et reine de l'éternité,
    Âme ! aux instants heureux comme aux heures funèbres,
    Rayonne au fond de mes ténèbres,
    Règne sur mes sens combattus ;
    Oh ! de ton sceptre d'or romps leur chaîne fatale,
    Et nuit et jour, pareille à l'antique vestale,
    Veille au feu sacré des vertus.
    Est-ce toi dont le souffle a visité ma lyre,
    Ma lyre, chaste soeur des harpes de Sion ;
    Et qui viens dans ma nuit, avec un doux sourire,
    Comme une belle vision ?
    Sur mes terrestres fers, ô vierge glorieuse,
    Pose l'aile mystérieuse
    Qui t'emporte au ciel dévoilé.
    Viens-tu m'apprendre, écho de la voix infinie,
    Quelque secret d'amour, de joie ou d'harmonie,
    Que les anges t'ont révélé ?
    II
    Vis-tu ces temps d'innocence,
    Où, quand rien n'était mau***,
    Dieu, content de sa puissance,
    Fit le monde et s'applau*** ?
    Vis-tu, dans ces jours prospères,
    Du jeune aïeul de nos pères
    Ève enchanter le réveil,
    Et, dans la sainte phalange,
    Au front du premier archange
    Luire le premier soleil ?
    Vis-tu, des torrents de l'être,
    Parmi de brûlants sillons,
    Les astres, joyeux de naître,
    S'échapper en tourbillons ;
    Quand Dieu, dans sa paix féconde,
    Penché de loin sur le monde,
    Contemplait ces grands tableaux,
    Lui, centre commun des âmes,
    Foyer de toutes les flammes,
    Océan de tous les flots ?
    III
    Suivais-tu du Seigneur la marche solennelle,
    Lorsque l'Esprit porta la parole éternelle
    De l'abîme des eaux aux régions du feu ;
    Au jour où, menaçant la terre virginale,
    Comme, d'un char léger pressant l'ardent essieu,
    Un roi vaincu refuse une lutte inégale,
    Le Chaos éperdu s'enfuyait devant Dieu ?
    As-tu vu, loin des cieux, châtiant ses complices,
    Le Roi du mal, armé du sceptre des supplices,
    Dans le gouffre où jamais la terreur ne s'endort ?
    Lieu funèbre, où, pleurant les songes de la terre,
    Le crime se réveille, enfantant le remord,
    Et qu'un Dieu visita, revêtu de mystère,
    Quand d'enfer en enfer il poursuivit la Mort ?
    IV
    Montre-moi l'Éternel, donnant, comme un royaume,
    Le temps à l'éphémère et l'espace à l'atome ;
    Le vide obscur, des nuits tombeau silencieux ;
    Les foudres se croisant dans leur sphère tonnante,
    Et la comète rayonnante,
    Tramant sa chevelure éparse dans les cieux.
    Mon esprit sur ton aile, ô puissante compagne,
    Vole de fleur en fleur, de montagne en montagne,
    Remonte aux champs d'azur d'où l'homme fut banni,
    Du secret éternel lève le voile austère ;
    Car il voit plus loin que la terre ;
    Ma pensée est un monde errant dans l'infini.
    V
    Mais la vie, ô mon âme ! a des pièges dans l'ombre.
    Sois le guerrier captif qui garde sa prison,
    Des feux de l'ennemi compte avec soin le nombre,
    Et, sous le jour brûlant ainsi qu'en la nuit sombre,
    Surveille au loin tout l'horizon.
    Je ne suis point celui qu'une ardeur vaine enflamme,
    Qui refuse à son coeur un amour chaste et saint,
    Porte à Dagon l'encens que Jéhovah réclame,
    Et, voyageur sans guide, erre autour de son âme,
    Comme autour d'un cratère éteint.
    Il n'ose, offrant à Dieu sa nu***é parée,
    Flétrir les fleurs d'Eden d'un souffle criminel ;
    Fils banni, qui, tramant sa misère ignorée,
    Mendie et pleure, assis sur la borne sacrée
    De l'héritage paternel.
    Et les anges entre eux disent : " Voilà l'impie !
    Il a bu des faux biens le philtre empoisonneur ;
    Devant le juste heureux que son crime s'expie ;
    Dieu rejette son âme ! elle s'est assoupie
    Durant la veille du Seigneur. "
    Toi, - puisses-tu bientôt, secouant ma poussière,
    Retourner radieuse au radieux séjour !
    Tu remonteras pure à la source première,
    Et, comme le soleil emporte sa lumière,
    Tu n'emporteras que l'amour !
    VI
    Malheureux l'insensé dont la vue asservie
    Ne sent point qu'un esprit s'agite dans la vie !
    Mortel, il reste sourd à la voix du tombeau ;
    Sa pensée est sans aile et son coeur est sans flamme ;
    Car il marche, ignorant son âme,
    Tel qu'un aveugle errant qui porte un vain flambeau.
  9. Angelique

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    LE CHANT DE L'ARÈNE
    Généreux Grecs, voilà les prix que remporteront les vainqueurs. HOMÈRE.
    L'athlète, vainqueur dans l'arène,
    Est en honneur dans la cité ;
    Son nom, sans que le temps l'entraîne,
    Par les peuples est répété,
    Depuis cette plage inféconde
    Où dort sur la borne du monde
    L'Hiver, vieillard au dur sommeil,
    Jusqu'aux lieux où, quand naît l'aurore,
    On entend, sous l'onde sonore,
    Hennir les coursiers du Soleil.
    Voici la fête d'Olympie !
    Tressez l'acanthe et le laurier !
    Que les dieux confondent l'impie !
    Que l'antique audace assoupie
    Se réveille au coeur du guerrier !
    Venez, vous que la gloire enchaîne !
    Voyez les prêtres d'Apollon,
    Pour votre victoire prochaine,
    Ravir des couronnes au chêne
    Qui jadis a vaincu Milon !
    Venez de Corinthe et de Crète,
    De Tyr aux tissus précieux,
    De Scylla, que bat la tempête,
    Et d'Athos, où l'aigle s'arrête
    Pour voir de plus haut dans les cieux !
    Venez de l'île des Colombes,
    Venez des mers de l'Archipel,
    De Rhode, aux riches hécatombes,
    Dont les guerriers jusqu'en leurs tombes
    De Bellone entendent l'appel !
    Venez du palais centenaire
    Dont Cécrops a fondé la tour ;
    D'Argos, de Sparte qu'on vénère ;
    De Lemnos où naît le tonnerre,
    D'Amathonte où naquit l'amour !
    Les temples saints, les gynécées,
    Chargés de verdoyant festons,
    Tels que de jeunes fiancées,
    Sous des guirlandes enlacées,
    Ont caché leurs chastes frontons.
    Les Archontes et les Éphores
    Dans le stade se sont assis ;
    Les vierges et les canéphores
    Ont purifié les amphores
    Suivant les rites d'Éleusis.
    On a consulté la Pythie,
    Et ceux qui parlent en rêvant.
    À l'heure où s'éveille Clytie,
    D'un vautour fauve de Scythie
    On a jeté la plume au vent.
    Le vainqueur de la course agile
    Recevra deux trépieds divins,
    Et la coupe, agreste et fragile,
    Dont Bacchus a touché l'argile,
    Lorsqu'il goûta les premiers vins.
    Celui dont le disque mobile
    Renversera les trois faisceaux,
    Aura cette urne indélébile,
    Que sculpta d'une main habile
    Phlégon, du pays de Naxos.
    Juges de la gloire innocente,
    Nous offrons au lutteur ardent
    Une chlamyde éblouissante
    De Sydon, qui, riche et puissante,
    Joint le caducée au trident.
    Lutteurs, discoboles, athlètes,
    Réparez vos forces au bain ;
    Puis venez vaincre dans nos fêtes,
    Afin d'obtenir des poètes
    Un chant sur le mode thébain !
    L'athlète, vainqueur dans l'arène,
    Est en honneur dans la cité ;
    Son nom, sans que le temps l'entraîne,
    Par les peuples est répété,
    Depuis cette plage inféconde
    Où dort sur la borne du monde
    L'Hiver, vieillard au dur sommeil,
    Jusqu'aux lieux où, quand naît l'aurore,
    On entend sous l'onde sonore
    Hennir les coursiers du Soleil.
  10. Angelique

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    LE CHANT DU CIRQUE
    Panem et circenses ! JUVÉNAL.
    César, empereur magnanime,
    Le monde, à te plaire unanime,
    À tes fêtes doit concourir !
    Éternel héritier d'Auguste,
    Salut ! prince immortel et juste,
    César ! sois salué par ceux qui vont mourir !
    Seul entre tous les rois, César aux dieux de Rome
    Peut en libations offrir le sang de l'homme.
    À nos solennités nous invitons la Mort.
    De monstres pour nos jeux nous dépeuplons le monde ;
    Nous mêlons dans le cirque, où fume un sang immonde,
    Les tigres d'Hyrcanie aux barbares du Nord.
    Des colosses d'airain, des vases de porphyre,
    Des ancres, des drapeaux que gonfle le zéphyre,
    Parent du champ fatal les murs éblouissants ;
    Les parfums chargent l'air d'un odorant nuage,
    Car le peuple romain aime que le carnage
    Exhale ses vapeurs parmi des flots d'encens.
    Des portes tout à coup les gonds d'acier g émissent.
    La foule entre en froissant les grilles qui frémissent ;
    Les panthères dans l'ombre ont tressailli d'effroi,
    Et, poussant mille cris qu'un long bruit accompagne,
    Comme un fleuve épandu de montagne en montagne,
    De degrés en degrés roule le peuple-roi.
    Les deux chaises d'ivoire ont reçu les édiles.
    L'hippopotame informe et les noirs crocodiles
    Nagent autour du cirque en un large canal ;
    Dans leurs cages de fer les cinq cents lions grondent ;
    Les vestales en choeur, dont les chants se répondent,
    Apportent l'autel chaste et le feu virginal.
    L'oeil ardent, le sein nu, l'impure courtisane
    Près du foyer sacré pose un trépied profane.
    On voile de cyprès l'autel des suppliants.
    À travers leur cortège et de rois et d'esclaves,
    Les sénateurs, vêtus d'augustes laticlaves,
    Dans la foule, de loin, comptent tous leurs clients.
    Chaque vierge est assise auprès d'une matrone.
    À la voix des tribuns, on voit autour du trône
    Les soldats du prétoire en cercle se ranger ;
    Les prêtres de Cybèle entonnent la louange ;
    Et, sur de vils tréteaux, les histrions du Gange
    Chantent, en attendant ceux qui vont s'égorger.
    Les voilà !... - Tout le peuple applau*** et menace
    Ces captifs, que César d'un bras puissant ramasse
    Des temples de Manès aux antres d' Irmensul.
    Ils entrent tour à tour, et le licteur les nomme ;
    Vil troupeau, que la mort garde aux plaisirs de Rome,
    Et que d'un fer brûlant a marqué le consul !
    On découvre en leurs rangs, à leur tête penchée,
    Des Juifs, traînant partout une honte cachée ;
    Plus loin, d'altiers Gaulois que nul péril n'abat ;
    Et d'infâmes Chrétiens, qui, dépouillés d'armures,
    Refusant aux bourreaux leurs chants ou leurs murmures,
    Vont souffrir sans orgueil et mourir sans combat.
    Bientôt, quand rugiront les bêtes échappées,
    Les murs, tout hérissés de piques et d'épées,
    Livreront cette proie entière à leur fureur.
    Du trône de César la pourpre orne le faîte,
    Afin qu'un jour plus doux, durant l'ardente fête,
    Flatte les yeux divins du clément empereur.
    César, empereur magnanime,
    Le monde, à te plaire unanime,
    À tes fêtes doit concourir !
    Éternel héritier d'Auguste,
    Salut ! prince immortel et juste,
    César ! sois salué par ceux qui vont mourir !

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