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Odes et Ballades - Victor Hugo

Chủ đề trong 'Pháp (Club de Francais)' bởi Angelique, 23/11/2001.

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  1. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    LE CHANT DU TOURNOI
    Servants d'amour, regardez doucement
    Aux échafauds anges de paradis ;
    Lors jouterez fort et joyeusement,
    Et vous serez honorés et chéris.
    Ancienne ballade.
    Largesse, ô chevaliers ! largesse aux suivants d'armes !
    Venez tous ! soit qu'au sein des jeux ou des alarmes,
    Votre écu de Milan porte le vert dragon,
    Le manteau noir d'Agra, semé de blanches larmes,
    La fleur de lys de France, ou la croix d'Aragon.
    Déjà la lice est ouverte ;
    Les clercs en ont fait le tour ;
    La bannière blanche et verte
    Flotte au front de chaque tour ;
    La foule éclate en paroles :
    Les légères banderoles
    Se mêlent en voltigeant ;
    Et le héros du portique
    Sur l'or de sa dalmatique
    Suspend le griffon d'argent.
    Les maisons peuplent leur faîte ;
    Au loin gronde le beffroi ;
    Tout nous promet une fête
    Digne des regards du roi.
    La reine, à ce jour suprême,
    A de son épargne même
    Consacré douze deniers,
    Et pour l'embellir encore,
    Racheté des fers du Maure
    Douze chrétiens prisonniers.
    Or, comme la loi l'ordonne,
    Chevaliers au coeur loyal,
    Avant que le clairon sonne,
    Écoutez l'é*** royal !
    Car, sans l'entendre en silence,
    Celui qui saisit la lance
    N'a plus qu'un glaive mau***.
    Croyez ces conseils prospères !
    C'est ce qu'ont *** à nos pères
    Ceux à qui Dieu l'avait *** !
    D'abord, des saintes louanges
    Chantez les versets bénis,
    Chantez Jésus, les Archanges,
    Et monseigneur saint Denis !
    Jurez sur les Évangiles
    Que, si vos bras sont fragiles,
    Rien ne ternit votre honneur ;
    Que vous pourrez, s'il se lève,
    Montrer au roi votre glaive,
    Comme votre âme au Seigneur !
    D'un saint touchez la dépouille !
    Jurez, comtes et barons,
    Que nulle fange ne souille
    L'or pur de vos éperons !
    Que de ses vassaux fidèles,
    Dans ses noires citadelles,
    Nul de vous n'est le bourreau !
    Que, du sort bravant l'épreuve,
    Pour l'orphelin et la veuve
    Votre épée est sans fourreau !
    Preux que l'honneur accompagne,
    N'oubliez pas les vertus
    Des vieux pairs de Charlemagne,
    Des vieux champions d'Artus !
    Malheur au vainqueur sans gloire,
    Qui doit sa lâche victoire
    À de hideux nécromants !
    Honte au guerrier sans vaillance
    Qui combat la noble lance
    Avec d'impurs talismans !
    Un jour, sur les murs funestes
    De son infâme château,
    On voit pendre ses vils restes
    Aux bras d'un sanglant poteau ;
    Éternisant ses supplices,
    Les enchanteurs, ses complices,
    Dans les ombres déchaînés,
    Parmi d'affreux sortilèges
    À leurs festins sacrilèges
    Mêlent ses os décharnés !
    Mais gloire au guerrier austère !
    Gloire au pieux châtelain !
    Chaque belle sans mystère
    Brode son nom sur le lin.
    Le mélodieux trouvère
    À son glaive, qu'on révère,
    Consacre un chant immortel ;
    Dans sa tombe est une fée ;
    Et l'on donne à son trophée
    Pour piédestal un autel.
    Donc, en vos âmes courtoises,
    Gravez, pairs et damoisels,
    La loi des joutes gauloises
    Et des galants carrousels !
    Par les juges de l'épée,
    Par leur belle détrompée,
    Les félons seront honnis.
    Leur opprobre est sans refuges ;
    Ceux qui condamnent les juges
    Par les dames sont punis !
    Largesse, ô chevaliers ! largesse aux suivants d'armes !
    Venez tous ! soit qu'au sein des jeux ou des alarmes,
    Votre écu de Milan porte le vert dragon,
    Le manteau noir d'Agra, semé de blanches larmes,
    La fleur de lys de France, ou la croix d'Aragon.
  2. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    L'ANTÉCHRIST
    Après que les mille ans seront accomplis, Satan sera délié ; il sortira de sa prison, et il séduira les nations qui sont aux quatre coins du monde, Gog et Magog. SAINT JEAN, Apocalypse.
    I
    Il viendra, - quand viendront les dernières ténèbres ;
    Que la source des jours tarira ses torrents ;
    Qu'on verra les soleils, au front des nuits funèbres,
    Pâlir comme des yeux mourants ;
    Quand l'abîme inquiet rendra des bruits dans l'ombre ;
    Que l'enfer comptera le nombre
    De ses soldats audacieux ;
    Et qu'enfin le fardeau de la suprême voûte
    Fera, comme un vieux char tout poudreux de sa route,
    Crier l'axe affaibli des cieux.
    Il viendra, - quand la mère, au fond de ses entrailles,
    Sentira tressaillir son fruit épouvanté ;
    Quand nul ne suivra plus les saintes funérailles
    Du juste, en sa tombe attristé ;
    Lorsqu'approchant des mers sans lit et sans rivages,
    L'homme entendra gronder, sous le vaisseau des âges,
    La vague de l'éternité.
    Il viendra, - quand l'orgueil, et le crime, et la haine,
    De l'antique Alliance enfreint le voeu ;
    Quand les peuples verront, craignant leur fin prochaine,
    Du monde décrépit se détacher la chaîne ;
    Les astres se heurter dans leurs chemins de feu ;
    Et dans le ciel, - ainsi qu'en ses salles oisives
    Un hôte se promène, attendant ses convives, -
    Passer et repasser l'ombre immense de Dieu.
    II
    Parmi les nations il luira comme un signe.
    Il viendra des captifs dissiper la rançon ;
    Le Seigneur l'enverra pour dévaster la vigne,
    Et pour disperser la moisson.
    Les peuples ne sauront, dans leur stupeur profonde,
    Si ses mains dans quelque autre monde
    Ont porté le sceptre ou les fers ;
    Et dans leurs chants de deuil et leurs hymnes de fête,
    Ils se demanderont si les feux de sa tête
    Sont des rayons ou des éclairs.
    Tantôt ses traits au ciel emprunteront leurs charmes ;
    Tel qu'un ange, vêtu de radieuses armes,
    Tout son corps brillera de reflets éclatants,
    Et ses yeux souriront, baignés de douces larmes,
    Comme la jeune aurore au front du beau printemps.
    Tantôt, hideux amant de la nuit solitaire,
    Noir dragon, déployant l'aile aux ongles de fer,
    Pâle, et s'épouvantant de son propre mystère,
    Du sein profané de la terre
    Ses pas feront monter les vapeurs de l'enfer.
    La nature entendra sa voix miraculeuse.
    Son souffle emportera les cités aux déserts ;
    Il guidera des vents la course nébuleuse ;
    Il aura des chars dans les airs ;
    Il domptera la flamme, il marchera sur l'onde ;
    On verra l'arène inféconde
    Sous ses pieds de fleurs s'émailler ;
    Et les astres sur lui descendre en auréole ;
    Et les morts tressaillir au bruit de sa parole,
    Comme s'ils allaient s'éveiller !
    Fleuve aux flots débordés, volcan aux noires laves,
    Il n'aura point d'amis pour avoir plus d'esclaves ;
    Il pèsera sur tous de toute sa hauteur ;
    Le monde, où passera le funeste fantôme,
    Paraîtra sa conquête et non pas son royaume ;
    Il ne sera qu'un maître où Dieu fut un pasteur.
    Il semblera, courbé sur la terre asservie,
    Porter un autre poids, vivre d'une autre vie.
    Il ne pourra vieillir, il ne pourra changer.
    Les fleurs que nous cueillons pour lui seront flétries ;
    Sans tendresse et sans foi, dans toutes nos patries
    Il sera comme un étranger.
    Son attente jamais ne sera l'espérance ;
    Battu de ses désirs comme d'un flot des mers,
    Sa science en secret envîra l'ignorance,
    Et n'aura que des fruits amers.
    Il bravera l'arrêt suspendu sur sa tête
    Calme, comme avant la tempête,
    Et muet, comme après la mort ;
    Et son coeur ne sera qu'une arène insensible
    Où, dans le noir combat d'un hymen impossible,
    Le Crime étreindra le Remord !
    Du temps prêt à finir il saisira le reste.
    Son bras du dernier port éteindra le fanal !
    Dieu, qui combla de maux son envoyé céleste,
    Accablera de biens le Messie infernal.
    Couché sur ses plaisirs ainsi que sur des proies,
    Ses yeux n'exprimeront, durant son vain pouvoir,
    Que la honte cachée au sein des fausses joies,
    Et l'orgueil qui se lève au fond du désespoir.
    De l'enfer aux mortels apportant les messages,
    Sa main, semant l'erreur au champ de la raison,
    Mêlera dans sa coupe, où boiront les faux sages,
    Les venins aux parfums et le miel au poison.
    Comme un funèbre mur, entre le ciel et l'homme
    Il osera placer un effroyable adieu ;
    Ses forfaits n'auront pas de langue qui les nomme ;
    Et l'athée effrayé dira : Voilà mon Dieu !
    III
    Enfin, quand ce héraut du suprême mystère
    Aura de crime en crime usé ses noirs destins,
    Que la sainte vertu, que la foi salutaire
    Trouveront tous les coeurs éteints ;
    Quand du signe du meurtre et du sceau des supplices
    Il aura marqué ses complices ;
    Que son troupeau sera compté ;
    Il quittera la vie ainsi qu'une demeure,
    Et son règne ici-bas n'aura pour dernière heure
    Que l'heure de l'éternité.
  3. Angelique

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    ÉPITAPHE
    Hic praeteritos commemora dies, aeternos me***are.
    Jeune ou vieux, imprudent ou sage,
    Toi qui, de cieux en cieux errant comme un nuage,
    Suis l'instinct d'un plaisir ou l'appel d'un besoin,
    Voyageur, où vas-tu si loin ? -
    N'est-ce donc pas ici le but de ton voyage ?
    La Mort, qui partout pose un pied victorieux,
    A couvert mes splendeurs d'ombres expiatoires.
    Mon nom même a subi son voile injurieux ;
    Et le morne oubli cache à ton oeil curieux
    S'il est dans mon néant quelqu'une de tes gloires.
    Passant, comme toi j'ai passé.
    Le fleuve est revenu se perdre dans sa source.
    Fais silence ; assieds-toi sur ce marbre brisé.
    Pose un instant le poids qui fatigue ta course :
    J'eus de même un fardeau qu'ici j'ai déposé.
    Si tu veux du repos, si tu cherches de l'ombre,
    Ta couche est prête, accours ! loin du bruit on y dort.
    Si ton fragile esquif lutte sur la mer sombre,
    Viens, c'est ici l'écueil ; viens, c'est ici le port !
    Ne sens-tu rien ici dont tressaille ton âme ?
    Rien, qui borne tes pas d'un cercle impérieux ?
    Sur l'asile qui te réclame,
    Ne lis-tu pas ton nom en mots mystérieux ?
    Éphémère histrion qui sait son rôle à peine,
    Chaque homme, ivre d'audace ou palpitant d'effroi,
    Sous le sayon du pâtre ou la robe du roi,
    Vient passer à son tour son heure sur la scène.
    Ne foule pas les morts d'un pied indifférent :
    Comme moi, dans leur ville il te faudra descendre ;
    L'homme de jour en jour s'en va pâle et mourant,
    Et tu ne sais quel vent doit emporter ta cendre.
    Mais devant moi ton coeur à peine est agité !
    Quoi donc ! pas un soupir ! pas même une prière !
    Tout ton néant te parle, et n'est point écouté !
    Tu passes ! - en effet, qu'importe cette pierre ?
    Que peut cacher la tombe à ton oeil attristé ?
    Quelques os desséchés, un reste de poussière,
    Rien peut-être, - et l'éternité !
  4. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    UN CHANT DE FÊTE DE NÉRON
    À M. le comte Alfred de V.
    Nescio quid molle atque facetum. HORACE.
    Amis ! l'ennui nous tue, et le sage l'évite !
    Venez tous admirer la fête où vous invite
    Néron, César, Consul pour la troisième fois ;
    Néron, maître du monde et dieu de l'harmonie,
    Qui, sur le mode d'Ionie,
    Chante, en s'accompagnant de la lyre à dix voix !
    Que mon joyeux appel sur l'heure vous rassemble !
    Jamais vous n'aurez eu tant de plaisirs ensemble,
    Chez Pallas l'affranchi, chez le grec Agénor ;
    Ni dans ces gais festins, d'où s'exilait la gêne,
    Où l'austère Sénèque, en louant Diogène,
    Buvait le falerne dans l'or ;
    Ni lorsque sur le Tibre, Aglaé, de Phalère,
    Demi-nue, avec nous voguait dans sa galère,
    Sous des tentes d'Asie aux brillantes couleurs ;
    Ni quand, au son des luths, le préfet des Bataves
    Jetait aux lions vingt esclaves,
    Dont on avait caché les chaînes sous des fleurs !
    Venez, Rome à vos yeux va brûler, - Rome entière !
    J'ai fait sur cette tour apporter ma litière
    Pour contempler la flamme en bravant ses torrents.
    Que sont les vains combats des tigres et de l'homme ?
    Les sept monts aujourd'hui sont un grand cirque, où Rome
    Lutte avec les feux dévorants.
    C'est ainsi qu'il convient au maître de la terre
    De charmer son ennui profond et solitaire !
    Il doit lancer parfois la foudre, comme un dieu !
    Mais, venez, la nuit tombe et la fête commence.
    Déjà l'Incendie, hydre immense,
    Lève son aile sombre et ses langues de feu !
    Voyez-vous ? voyez-vous ? sur sa proie enflammée,
    Il déroule en courant ses replis de fumée ;
    Il semble caresser ces murs qui vont périr ;
    Dans ses embrassements les palais s'évaporent...
    - Oh ! que n'ai-je aussi, moi, des baisers qui dévorent,
    Des caresses qui font mourir !
    Écoutez ces rumeurs, voyez ces vapeurs sombres,
    Ces hommes dans les feux errant comme des ombres,
    Ce silence de mort par degrés renaissant !
    Les colonnes d'airain, les portes d'or s'écroulent !
    Des fleuves de bronze qui roulent
    Portent des flots de flamme au Tibre frémissant !
    Tout périt ! jaspe, marbre, et porphyre, et statues,
    Malgré leurs noms divins dans la cendre abattues.
    Le fléau triomphant vole au gré de mes voeux,
    Il va tout envahir dans sa course agrandie,
    Et l'Aquilon joyeux tourmente l'incendie,
    Comme une tempête de feux.
    Fier Capitole, adieu ! - Dans les feux qu'on excite,
    L'aqueduc de Sylla semble un pont du Cocyte.
    Néron le veut : ces tours, ces dômes tomberont.
    Bien : sur Rome, à la fois, partout, la flamme gronde !
    - Rends-lui grâces, Reine du monde :
    Vois quel beau diadème il attache à ton front !
    Enfant, on me disait que les voix sibyllines
    Promettaient l'avenir aux murs des sept collines,
    Qu'aux pieds de Rome, enfin, mourrait le temps dompté,
    Que son astre immortel n'était qu'à son aurore... -
    Mes amis ! ***es-moi combien d'heures encore
    Peut durer son éternité ?
    Qu'un incendie est beau lorsque la nuit est noire !
    Érostrate lui-même eût envié ma gloire.
    D'un peuple à mes plaisirs qu'importent les douleurs ?
    Il fuit : de toutes parts le brasier l'environne... -
    Otez de mon front ma couronne,
    Le feu qui brûle Rome en flétrirait les fleurs.
    Quand le sang rejaillit sur vos robes de fête,
    Amis, lavez la tache avec du vin de Crète ;
    L'aspect du sang n'est doux qu'au regard des méchants.
    Couvrons un jeu cruel de voluptés sublimes.
    Malheur à qui se plaît au cri de ses victimes ! -
    Il faut l'étouffer dans des chants.
    Je punis cette Rome et je me venge d'elle !
    Ne poursuit-elle pas d'un encens infidèle
    Tour à tour Jupiter et ce Christ odieux ?
    Qu'enfin à leur niveau sa terreur me contemple !
    Je veux avoir aussi mon temple,
    Puisque ces vils Romains n'ont point assez de dieux.
    J'ai détruit Rome, afin de la fonder plus belle.
    Mais que sa chute au moins brise la croix rebelle !
    Plus de chrétiens ! allez, exterminez-les tous !
    Que Rome de ses maux punisse en eux les causes ;
    Exterminez !... - Esclave ! apporte-moi des roses,
    Le parfum des roses est doux !
  5. Angelique

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    LA DEMOISELLE
    Un rien sait l'animer ; curieuse et volage,
    Elle va parcourant tous les objets flatteurs,
    Sans se fixer jamais, non plus que sur les fleurs
    Les zéphyrs vagabonds, doux rivaux des abeilles,
    Ou le baiser ravi sur des lèvres vermeilles.
    ANDRÉ CHÉNIER.
    Quand la demoiselle dorée
    S'envole au départ des hivers,
    Souvent sa robe diaprée,
    Souvent son aile est déchirée
    Aux mille dards des buissons verts.
    Ainsi, jeunesse vive et frêle,
    Qui, t'égarant de tous côtés,
    Voles où ton instinct t'appelle,
    Souvent tu déchires ton aile
    Aux épines des voluptés.
  6. Angelique

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    À MON AMI S.-B.
    Perseverando. DEVISE DES DUCIE.
    L'aigle, c'est le génie ! oiseau de la tempête,
    Qui des monts les plus hauts cherche le plus haut faîte ;
    Dont le cri fier, du jour chante l'ardent réveil ;
    Qui ne souille jamais sa serre dans la fange,
    Et dont l'oeil flamboyant incessamment échange
    Des éclairs avec le soleil.
    Son nid n'est pas un nid de mousse ; c'est une aire,
    Quelque rocher, creusé par un coup de tonnerre,
    Quelque brèche d'un pic, épouvantable aux yeux,
    Quelque croulant asile, aux flancs des monts sublimes,
    Qu'on voit, battu des vents, pendre entre deux abîmes,
    Le noir précipice et les cieux !
    Ce n'est pas l'humble ver, les abeilles dorées,
    La verte demoiselle aux ailes bigarrées
    Qu'attendent ses petits, béants, de faim pressés ;
    Non ! c'est l'oiseau douteux, qui dans la nuit végète ;
    C'est l'immonde lézard, c'est le serpent qu'il jette,
    Hideux, aux aiglons hérissés.
    Nid Royal ! palais sombre, et que d'un flot de neige
    La roulante avalanche en bondissant assiège !
    Le génie y nourrit ses fils avec amour,
    Et, tournant au soleil leurs yeux remplis de flammes,
    Sous son aile de feu couve de jeunes âmes,
    Qui prendront des ailes un jour !
    Pourquoi donc t'étonner, Ami, si sur ta tête,
    Lourd de foudres, déjà le nuage s'arrête ?
    Si quelque impur reptile en ton nid se débat ?
    Ce sont tes premiers j eux, c'est ta première fête :
    Pour vous autres aiglons, chaque heure a sa tempête,
    Chaque festin est un combat.
    Rayonne, il en est temps ! et, s'il vient un orage,
    En prisme éblouissant change le noir nuage.
    Que ta haute pensée accomplisse sa loi.
    Viens, joins ta main de frère à ma main fraternelle.
    Poète, prends ta lyre ; aigle, ouvre ta jeune aile ;
    Étoile, étoile, lève-toi !
    La brume de ton aube, Ami, va se dissoudre.
    Fais-toi connaître, aiglon, du soleil, de la foudre.
    Viens arracher un nom par tes chants inspirés ;
    Viens ; cette gloire, en butte à tant de traits vulgaires,
    Ressemble aux fiers drapeaux qu'on rapporte des guerres,
    Plus beaux quand ils sont déchirés !
    Vois l'astre chevelu qui, royal météore,
    Roule, en se grossissant des mondes qu'il dévore ;
    Tel, ô jeune géant, qui t'accrois tous les jours,
    Tel ton génie ardent, loin des routes tracées,
    Entraînant dans son cours des mondes de pensées,
    Toujours marche et gran*** toujours !
  7. Angelique

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    JÉHOVAH
    Domini enim sunt cardines terræ, et posuit super eos orbem. CANT. ANNAE, I.
    Jéhovah est le maître des deux pôles, et sur eux il faut tourner le monde. JOSEPH DE MAISTRE, Soirées de Saint-Pétersbourg.
    Gloire à Dieu seul ! son nom rayonne en ses ouvrages !
    Il porte dans sa main l'univers réuni ;
    Il mit l'éternité par delà tous les âges,
    Par delà tous les cieux il jeta l'infini.
    Il a *** au chaos sa parole féconde,
    Et d'un mot de sa voix laissé tomber le monde !
    L'archange auprès de lui compte les nations ;
    Quand, des jours et des lieux franchissant les espaces,
    Il dispense aux siècles leurs races,
    Et mesure leur temps aux générations !
    Rien n'arrête en son cours sa puissance prudente.
    Soit que son souffle immense, aux ouragans pareil,
    Pousse de sphère en sphère une comète ardente,
    Ou dans un coin du monde éteigne un vieux soleil !
    Soit qu'il sème un volcan sous l'océan qui gronde,
    Courbe ainsi que des flots le front altier des monts,
    Ou de l'enfer troublé touchant la voûte immonde,
    Au fond des mers de feu chasse les noirs démons !
    Oh ! la création se meut dans ta pensée,
    Seigneur ! tout suit la voie en tes desseins tracée ;
    Ton bras jette un rayon au milieu des hivers,
    Défend la veuve en pleurs du publicain avide,
    Ou dans un ciel lointain, séjour désert du vide,
    Crée en passant un univers !
    L'homme n'est rien sans lui, l'homme, débile proie,
    Que le malheur dispute un moment au trépas.
    Dieu lui donne le deuil ou lui reprend la joie.
    Du berceau vers la tombe il a compté ses pas.
    Son nom, que des élus la harpe d'or célèbre,
    Est re*** par les voix de l'univers sauvé ;
    Et lorsqu'il retentit dans son écho funèbre,
    L'enfer mau*** son roi par les cieux réprouvé !
    Oui, les anges, les saints, les sphères étoilées,
    Et les âmes des morts devant toi rassemblées,
    Ô Dieu ! font de ta gloire un concert solennel ;
    Et tu veux bien que l'homme, être humble et périssable,
    Marchant dans la nuit sur le sable,
    Mêle un chant éphémère à cet hymne éternel !
    Gloire à Dieu seul ! son nom rayonne en ses ouvrages,
    Il porte dans sa main l'univers réuni ;
    Il mit l'éternité par delà tous les âges,
    Par delà tous les cieux il jeta l'infini !
  8. Angelique

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    PREMIER SOUPIR
    C'est que j'ai rencontré des regards dont la flamme
    Semble avec mes regards ou briller ou mourir,
    Et cette âme, soeur de mon âme,
    Hélas ! que j'attendais pour aimer et souffrir.
    ÉMILE DESCHAMPS.
    Sois heureuse, ô ma douce amie,
    Salue en paix la vie et jouis des beaux jours ;
    Sur le fleuve du temps mollement endormie,
    Laisse les flots suivre leur cours !
    Va, le sort te sourit encore,
    Le ciel ne peut vouloir, dissipe tout effroi,
    Qu'un jour triste succède à ta joyeuse aurore.
    Le ciel doit m'écouter quand pour toi je l'implore.
    Notre avenir commun ne pèse que sur moi !
    Bientôt tu peux m'être ravie :
    Peut-être, loin de toi, demain j'irai languir.
    Quoi, déjà tout est sombre, et fatal dans ma vie !
    J'ai dû t'aimer, je dois te fuir !
    Puis, - hélas ! sur mon front que le malheur retombe !
    Il faudra qu'à l'absence, à de nouveaux désirs,
    Un sentiment bien doux succombe :
    Tu m'oublîras dans les plaisirs,
    Je me souviendrai dans la tombe.
    Oui, je mourrai ; déjà ma lyre est en deuil.
    Jeune, je m'éteindrai, laissant peu de mémoire,
    Sans peur ; puisque de front j'ai contemplé la gloire,
    Je puis voir de près le cercueil.
    L'Élysée immortel est près des noirs royaumes,
    Et la gloire et la mort ne sont que deux fantômes,
    En habits de fête ou de deuil !
    Sois heureuse, ô ma douce amie,
    Jouis en paix de tes beaux jours ;
    Sur le fleuve du temps mollement endormie,
    Laisse les flots suivre leur cours !
  9. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    REGRET
    Il s'est trouvé parfois, comme pour faire voir
    Que du bonheur en nous est encor le pouvoir,
    Deux âmes s'élevant sur les plaines du monde,
    Toujours l'une pour l'autre existence féconde,
    Puissantes à sentir avec un feu pareil,
    Double et brûlant rayon né d'un même soleil,
    Vivant comme un seul être, intime et pur mélange,
    Semblables dans leur vol aux deux ailes d'un ange,
    Ou telles que des nuits les jumeaux radieux
    D'un fraternel éclat illuminent les cieux.
    Si l'homme a séparé leur ardeur mutuelle,
    C'est alors que l'on voit, et rapide et fidèle,
    Chacune, de la foule écartant l'épaisseur,
    Traverser l'univers et voler à sa soeur.
    ALFRED DE VIGNY, Héléna.
    Oui, le bonheur bien vite a passé dans ma vie !
    On le suit ; dans ses bras on se livre au sommeil ;
    Puis, comme cette vierge aux champs crétois ravie,
    On se voit seul à son réveil.
    On le cherche de loin dans l'avenir immense ;
    On lui crie : " Oh ! reviens, compagnon de mes jours. "
    Et le plaisir accourt ; mais sans remplir l'absence
    De celui qu'on pleure toujours.
    Moi, si l'impur plaisir m'offre sa vaine flamme,
    Je lui dirai : " Va, fuis, et respecte mon sort :
    Le bonheur a laissé le regret dans mon âme ;
    Mais toi, tu laisses le remord ! "
    Pourtant je ne dois point troubler votre délire,
    Amis ; je veux paraître ignorer les douleurs ;
    Je souris avec vous, je vous cache ma lyre
    Lorsqu'elle est humide de pleurs !
    Chacun de vous peut-être, en son coeur solitaire,
    Sous des ris passagers étouffe un long regret ;
    Hélas ! nous souffrons tous ensemble sur la terre,
    Et nous souffrons tous en secret !
    Tu n'as qu'une colombe, à tes lois asservie ;
    Tu mets tous tes amours, vierge, dans une fleur.
    Mais à quoi bon ? La fleur passe comme la vie,
    L'oiseau fuit comme le bonheur !
    On est honteux des pleurs ; on rougit de ses peines,
    Des innocents chagrins, des souvenirs touchants ;
    Comme si nous n'étions sous les terrestres chaînes
    Que pour la joie et pour les chants !
    Hélas ! il m'a donc fui sans me laisser de trace,
    Mais pour le retenir j'ai fait ce que j'ai pu,
    Ce temps où le bonheur brille, et soudain s'efface,
    Comme un sourire interrompu !
  10. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    AU VALLON DE CHERIZY
    Factus sum peregrinus... et quaesivi qui simul contristaretur, et non fuit. PS. LXVIII.
    Perfide gressus meos semitis tuis. PS. XVI.
    Je suis devenu voyageur... et j'ai cherché qui s'affligerait avec moi, et nul n'est venu.
    Permets à mes pas de suivre ta trace.
    Le voyageur s'assied sous votre ombre immobile,
    Beau vallon ; triste et seul, il contemple en rêvant
    L'oiseau qui fuit l'oiseau, l'eau que souille un reptile,
    Et le jonc qu'agite le vent !
    Hélas ! l'homme fuit l'homme ; et souvent avant l'âge
    Dans un coeur noble et pur se glisse le malheur ;
    Heureux l'humble roseau qu'alors un prompt orage
    En passant brise dans sa fleur !
    Cet orage, ô vallon, le voyageur l'implore.
    Déjà las de sa course, il est bien loin encore
    Du terme où ses maux vont finir ;
    Il voit devant ses pas, seul pour se soutenir,
    Aux rayons nébuleux de sa funèbre aurore,
    Le grand désert de l'avenir !
    De dégoûts en dégoûts il va traîner sa vie.
    Que lui font ces faux biens qu'un faux orgueil envie ?
    Il cherche un coeur fidèle, ami de ses douleurs ;
    Mais en vain : nuls secours n'aplaniront sa voie,
    Nul parmi les mortels ne rira de sa joie,
    Nul ne pleurera de ses pleurs !
    Son sort est l'abandon ; et sa vie isolée
    Ressemble au noir cyprès qui croît dans la vallée.
    Loin de lui, le lys vierge ouvre au jour son bouton ;
    Et jamais, égayant son ombre malheureuse,
    Une jeune vigne amoureuse
    À ses sombres rameaux n'enlace un vert feston.
    Avant de gravir la montagne,
    Un moment au vallon le voyageur a fui.
    Le silence du moins répond à son ennui.
    Il est seul dans la foule : ici, douce compagne,
    La solitude est avec lui !
    Isolés comme lui, mais plus que lui tranquilles,
    Arbres, gazons, riants asiles,
    Sauvez ce malheureux du regard des humains !
    Ruisseaux, livrez vos bords, ouvrez vos flots dociles
    À ses pieds qu'a souillés la fange de leurs villes,
    Et la poudre de leurs chemins !
    Ah ! laissez-lui chanter, consolé sous vos ombres,
    Ce long songe idéal de nos jours les plus sombres,
    La vierge au front si pur, au sourire si beau !
    Si pour l'hymen d'un jour c'est en vain qu'il l'appelle,
    Laissez du moins rêver à son âme immortelle
    L'éternel hymen du tombeau !
    La terre ne tient point sa pensée asservie ;
    Le bel espoir l'enlève au triste souvenir ;
    Deux ombres désormais dominent sur sa vie :
    L'une est dans le passé, l'autre dans l'avenir !
    Oh ! dis, quand viendras-tu ? quel Dieu va te conduire,
    Être charmant et doux, vers celui que tu plains ?
    Astre ami, quand viendras-tu luire,
    Comme un soleil nouveau, sur ses jours orphelins ?
    Il ne t'obtiendra point, chère et noble conquête,
    Au prix de ces vertus qu'il ne peut oublier ;
    Il laisse au gré du vent le jonc courber sa tête ;
    Il sera le grand chêne, et devant la tempête
    Il saura rompre et non plier.
    Elle approche, il la voit ; mais il la voit sans crainte.
    Adieu, flots purs, berceaux épais,
    Beau vallon où l'on trouve un écho pour sa plainte,
    Bois heureux où l'on souffre en paix !
    Heureux qui peut au sein du vallon solitaire,
    Naître, vivre et mourir dans le champ paternel !
    Il ne connaît rien de la terre,
    Et ne voit jamais que le ciel !

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