1. Tuyển Mod quản lý diễn đàn. Các thành viên xem chi tiết tại đây

Odes et Ballades - Victor Hugo

Chủ đề trong 'Pháp (Club de Francais)' bởi Angelique, 23/11/2001.

  1. 0 người đang xem box này (Thành viên: 0, Khách: 0)
  1. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

    Tham gia ngày:
    17/04/2001
    Bài viết:
    940
    Đã được thích:
    0
    À TOI
    Sub umbra alarum tuarum protege me. PS. XVI.
    Couvre-moi de l'ombre de tes ailes.
    Lyre longtemps oisive, éveillez-vous encore.
    Il se lève, et nos chants le salueront toujours,
    Ce jour que son doux nom décore,
    Ce jour sacré parmi les jours !
    Ô Vierge ! à mon enfance un Dieu t'a révélée,
    Belle et pure ; et rêvant mon sort mystérieux,
    Comme une blanche étoile aux nuages mêlée,
    Dès mes plus jeunes ans je te vis dans mes cieux !
    Je te disais alors : " Ô toi, mon espérance,
    Viens, partage un bonheur qui ne doit pas finir. "
    Car de ma vie encor, dans ces jours d'ignorance,
    Le passé n'avait point obscurci l'avenir.
    Ce doux penchant devint une indomptable flamme ;
    Et je pleurai ce temps, écoulé sans retour,
    Où la vie était pour mon âme
    Le songe d'un enfant que berce un vague amour.
    Aujourd'hui, réveillant sa victime endormie,
    Sombre, au lieu du bonheur que j'avais tant rêvé,
    Devant mes yeux, troublés par l'espérance amie,
    Avec un rire affreux le malheur s'est levé !
    Quand seul dans cette vie, hélas ! d'écueils semée,
    Il faut boire le fiel dont le calice est plein,
    Sans les pleurs de sa bien-aimée
    Que reste-t-il à l'orphelin ?
    Si les heureux d'un jour parent de fleurs leurs têtes,
    Il fuit, souillé de cendre et vêtu de lambeaux ;
    Et pour lui la coupe des fêtes
    Ressemble à l'urne des tombeaux !
    Il est chez les vivants comme une lampe éteinte.
    Le monde en ses douleurs se plaît à l'exiler,
    Seulement vers le ciel il élève sans crainte
    Ses yeux, chargés de pleurs qui ne peuvent couler.
    Mais toi, console-moi, viens, consens à me suivre,
    Arrache de mon sein le trait envenimé,
    Daigne vivre pour moi, pour toi laisse-moi vivre,
    J'ai bien assez souffert, Vierge, pour être aimé !
    Oh ! de ton doux sourire embellis-moi la vie !
    Le plus grand des bonheurs est encor dans l'amour.
    La lumière à jamais ne me fut point ravie,
    Viens, je suis dans la nuit, mais je puis voir le jour !
    Mes chants ne cherchent pas une illustre mémoire ;
    Et s'il faut me courber sous ce fatal honneur,
    Ne crains rien, ton époux ne veut pas que sa gloire
    Retentisse dans son bonheur.
    Goûtons du chaste hymen le charme solitaire.
    Que la félicité nous cache à tous les yeux.
    Le serpent couché sur la terre
    N'entend pas deux oiseaux qui volent dans les cieux !
    Mais si ma jeune vie, à tant de flots livrée,
    Si mon destin douteux t'inspire un juste effroi,
    Alors fuis, toi qui fus mon épouse adorée ; -
    Toi qui fus ma mère, attends-moi.
    Bientôt j'irai dormir d'un sommeil sans alarmes,
    Heureux si, dans la nuit dont je serai couvert,
    Un oeil indifférent donne en passant des larmes
    À mon luth oublié, sur mon tombeau désert !
    Toi, que d'aucun revers les coups n'osent t'atteindre,
    Et puisses-tu jamais, gémissant à ton tour,
    Ne regretter celui qui mourut sans se plaindre,
    Et qui t'aimait de tant d'amour !
  2. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

    Tham gia ngày:
    17/04/2001
    Bài viết:
    940
    Đã được thích:
    0
    LA CHAUVE-SOURIS
    Que me veux-tu ? Un ange planait sur mon coeur, et tu l'as effrayé... Viens donc, je te chanterai des chansons que les esprits des cimetières m'ont apprises. MATURIN, Bertram.
    Oui, je te reconnais, je t'ai vu dans mes songes,
    Triste oiseau ! mais sur moi vainement tu prolonges
    Les cercles inégaux de ton vol ténébreux ;
    Des spectres réveillés porte ailleurs les messages ;
    Va, pour craindre tes noirs présages ;
    Je ne suis point coupable et ne suis point heureux !
    Attends qu'enfin la vierge, à mon sort asservie,
    Que le ciel comme un ange envoya dans ma vie,
    De ma longue espérance ait couronné l'orgueil ;
    Alors tu reviendras, troublant la douce fête,
    Joyeuse, déployer tes ailes sur ma tête,
    Ainsi que deux voiles de deuil !
    Soeur du hibou funèbre et de l'orfraie avide,
    Mêlant le houx lugubre au nénuphar livide,
    Les filles de Satan t'invoquent sans remords ;
    Fuis l'abri qui me cache et l'air que je respire ;
    De ton ongle hideux ne touche pas ma lyre,
    De peur de réveiller des morts !
    La nuit, quand les démons dansent sous le ciel sombre,
    Tu suis le choeur magique en tournoyant dans l'ombre.
    L'hymne infernal t'invite au conseil malfaisant.
    Fuis ! car un doux parfum sort de ces fleurs nouvelles ;
    Fuis, il faut à tes mornes ailes
    L'air du tombeau natal et la vapeur du sang.
    Qui t'amène vers moi ? Viens-tu de ces collines
    Où la lune s'enfuit sur de blanches ruines ?
    Son front est, comme toi, sombre dans sa pâleur.
    Tes yeux dans leur route incertaine
    Ont donc suivi les feux de ma lampe lointaine ?
    Attiré par la gloire, ainsi vient le malheur !
    Sors-tu de quelque tour qu'habite le Vertige,
    Nain bizarre et cruel, qui sur les monts voltige,
    Prête aux feux du marais leur errante rougeur,
    Rit dans l'air, des grands pins courbe en criant les cimes,
    Et chaque soir, rôdant sur le bord des abîmes,
    Jette aux vautours du gouffre un pâle voyageur ?
    En vain autour de moi ton vol qui se promène
    Sème une odeur de tombe et de poussière humaine ;
    Ton aspect m'importune et ne peut m'effrayer.
    Fuis donc, fuis, ou demain je livre aux yeux profanes
    Ton corps sombre et velu, tes ailes diaphanes,
    Dont le pâtre conteur orne son noir foyer.
    Des enfants se joueront de ta dent furieuse ;
    Une vierge viendra, tremblante et curieuse,
    De son rire craintif t'effrayer à grand bruit ;
    Et le jour te verra, dans le ciel exilée,
    À mille oiseaux joyeux mêlée,
    D'un vol aveugle et lourd chercher en vain la nuit !
  3. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

    Tham gia ngày:
    17/04/2001
    Bài viết:
    940
    Đã được thích:
    0
    LE NUAGE
    J'erre au hasard, en tous lieux, d'un mouvement plus doux que la sphère de la lune. SHAKESPEARE.
    Ce beau nuage, ô Vierge, aux hommes est pareil.
    Bientôt tu le verras, grondant sur notre tête,
    Aux champs de la lumière amasser la tempête,
    Et leur rendre en éclairs les rayons du soleil.
    Oh ! qu'un ange longtemps d'un souffle salutaire
    Le soutienne en son vol, tel que l'ont vu tes yeux !
    Car s'il descend vers nous, le nuage des cieux
    N'est plus qu'un brouillard sur la terre.
    Vois, pour orner le soir, ce matin il est né.
    L'astre géant, fécond en splendeurs inconnues,
    Change en cortège ardent l'amas jaloux des nues :
    Le génie est plus grand d'envieux couronné !
    La tempête qui fuit d'un orage est suivie :
    L'âme a peu de beaux jours ; mais, dans son ciel obscur,
    L'amour, soleil divin, peut dorer d'un feu pur
    Le nuage errant de la vie.
    Hélas ! ton beau nuage aux hommes est pareil.
    Bientôt tu le verras, grondant sur notre tête,
    Aux champs de la lumière amasser la tempête,
    Et leur rendre en éclairs les rayons du soleil !
  4. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

    Tham gia ngày:
    17/04/2001
    Bài viết:
    940
    Đã được thích:
    0
    LE CAUCHEMAR
    Oh ! j'ai fait un songe !... Il est au-dessus des facultés de l'homme de dire ce qu'était mon songe... L'oeil de l'homme n'a jamais vu, l'oreille de l'homme n'a jamais ouï, la main de l'homme ne peut jamais tâter, ni ses sens concevoir,
    ni sa langue exprimer en paroles ce qu'était mon rêve. SHAKESPEARE.
    Sur mon sein haletant, sur ma tête inclinée,
    Écoute, cette nuit il est venu s'asseoir ;
    Posant sa main de plomb sur mon âme enchaînée,
    Dans l'ombre il la montrait, comme une fleur fanée,
    Aux spectres qui naissent le soir.
    Ce monstre aux éléments prend vingt formes nouvelles,
    Tantôt d'une eau dormante il lève son front bleu ;
    Tantôt son rire éclate en rouges étincelles ;
    Deux éclairs sont ses yeux, deux flammes sont ses ailes ;
    Il vole sur un lac de feu !
    Comme d'impurs miroirs, des ténèbres mouvantes
    Répètent son image en cercle autour de lui ;
    Son front confus se perd dans des vapeurs vivantes ;
    Il remplit le sommeil de vagues épouvantes,
    Et laisse à l'âme un long ennui.
    Vierge ! ton doux repos n'a point de noir mensonge.
    La nuit d'un pas léger court sur ton front vermeil.
    Jamais jusqu'à ton coeur un rêve affreux ne plonge ;
    Et quand ton âme au ciel s'envole comme un songe,
    Un ange garde ton sommeil !
  5. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

    Tham gia ngày:
    17/04/2001
    Bài viết:
    940
    Đã được thích:
    0
    LE MATIN
    Moriturus moriturae.
    Le voile du matin sur les monts se déploie.
    Vois, un rayon naissant blanchit la vieille tour ;
    Et déjà dans les cieux s'unit avec amour,
    Ainsi que la gloire à la joie,
    Le premier chant des bois aux premiers feux du jour.
    Oui, souris à l'éclat dont le ciel se décore ! -
    Tu verras, si demain le cercueil me dévore,
    Luire à tes yeux en pleurs un soleil aussi beau,
    Et les mêmes oiseaux chanter la même aurore,
    Sur mon noir et muet tombeau !
    Mais dans l'autre horizon l'âme alors est ravie.
    L'avenir sans fin s'ouvre à l'être illimité.
    Au matin de l'éternité,
    On se réveille de la vie,
    Comme d'une nuit sombre ou d'un rêve agité !
  6. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

    Tham gia ngày:
    17/04/2001
    Bài viết:
    940
    Đã được thích:
    0
    MON ENFANCE
    Voilà que tout cela est passé... Mon enfance n'est plus ; elle est morte pour ainsi dire, quoique je vive encore. SAINT AUGUSTIN, Confessions.
    I
    J'ai des rêves de guerre en mon âme inquiète ;
    J'aurais été soldat, si je n'étais poète.
    Ne vous étonnez point que j'aime les guerriers !
    Souvent, pleurant sur eux, dans ma douleur muette,
    J'ai trouvé leur cyprès plus beau que nos lauriers.
    Enfant, sur un tambour ma crèche fut posée.
    Dans un casque pour moi l'eau sainte fut puisée.
    Un soldat, m'ombrageant d'un belliqueux faisceau,
    De quelque vieux lambeau d'une bannière usée
    Fit les langes de mon berceau.
    Parmi les chars poudreux, les armes éclatantes,
    Une muse des camps m'emporta sous les tentes ;
    Je dormis sur l'affût des canons meurtriers ;
    J'aimai les fiers coursiers, aux crinières flottantes,
    Et l'éperon froissant les rauques étriers.
    J'aimai les forts tonnants, aux abords difficiles ;
    Le glaive nu des chefs guidant les rangs dociles ;
    La vedette, perdue en un bois isolé ;
    Et les vieux bataillons qui passaient dans les villes,
    Avec un drapeau mutilé.
    Mon envie admirait, et le hussard rapide,
    Parant de gerbes d'or sa poitrine intrépide,
    Et le panache blanc des agiles lanciers,
    Et les dragons, mêlant sur leur casque gépide
    Le poil taché du tigre aux crins noirs des coursiers.
    Et j'accusais mon âge : - " Ah ! dans une ombre obscure,
    Grandir, vivre ! laisser refroidir sans murmure
    Tout ce sang jeune et pur, bouillant chez mes pareils,
    Qui dans un noir combat, sur l'acier d'une armure,
    Coulerait à flots si vermeils ! "
    Et j'invoquais la guerre, aux scènes effrayantes ;
    Je voyais en espoir, dans les plaines bruyantes,
    Avec mille rumeurs d'hommes et de chevaux,
    Secouant à la fois leurs ailes foudroyantes,
    L'un sur l'autre à grands cris fondre deux camps rivaux.
    J'entendais le son clair des tremblantes cymbales,
    Le roulement des chars, le sifflement des balles,
    Et de monceaux de morts semant leurs pas sanglants,
    Je voyais se heurter, au loin, par intervalles
    Les escadrons étincelants !
    II
    Avec nos camps vainqueurs, dans l'Europe asservie
    J'errai, je parcourus la terre avant la vie ;
    Et, tout enfant encor, les vieillards recueillis
    M'écoutaient racontant, d'une bouche ravie,
    Mes jours si peu nombreux et déjà si remplis !
    Chez dix peuples vaincus je passai sans défense,
    Et leur respect craintif étonnait mon enfance ;
    Dans l'âge où l'on est plaint, je semblais protéger
    Quand je balbutiais le nom chéri de France,
    Je faisais pâlir l'étranger.
    Je visitai cette île, en noirs débris féconde,
    Plus tard, premier degré d'une chute profonde.
    Le haut Cenis, dont l'aigle aime les rocs lointains,
    Enten***, de son antre où l'avalanche gronde,
    Ses vieux glaçons crier sous mes pas enfantins.
    Vers l'Adige et l'Arno je vins des bords du Rhône.
    Je vis de l'Occident l'auguste Babylone,
    Rome, toujours vivante au fond de ses tombeaux,
    Reine du monde encor sur un débris de trône,
    Avec une pourpre en lambeaux.
    Puis Turin, puis Florence aux plaisirs toujours prête,
    Naple, aux bords embaumés, où le printemps s'arrête
    Et que Vésuve en feu couvre d'un dais brûlant,
    Comme un guerrier jaloux qui, témoin d'une fête,
    Jette au milieu des fleurs son panache sanglant.
    L'Espagne m'accueillit, livrée à la conquête.
    Je franchis le Bergare, où mugit la tempête ;
    De loin, pour un tombeau, je pris l'Escurial ;
    Et le triple aqueduc vit s'incliner ma tête
    Devant son front impérial.
    Là, je voyais les feux des haltes militaires
    Noircir les murs croulants des villes solitaires ;
    La tente, de l'église envahissait le seuil ;
    Les rires des soldats, dans les saints monastères,
    Par l'écho répétés, semblaient des cris de deuil.
    III
    Je revins, rapportant de mes courses lointaines
    Comme un vague faisceau de lueurs incertaines.
    Je rêvais, comme si j'avais, durant mes jours,
    Rencontré sur mes pas les magiques fontaines
    Dont l'onde enivre pour toujours.
    L'Espagne me montrait ses couvents, ses bastilles ;
    Burgos, sa cathédrale aux gothiques aiguilles ;
    Irun, ses toits de bois ; Vittoria, ses tours ;
    Et toi, Valladolid, tes palais de familles,
    Fiers de laisser rouiller des chaînes dans leurs cours.
    Mes souvenirs germaient dans mon âme échauffée ;
    J'allais chantant des vers d'une voix étouffée ;
    Et ma mère, en secret observant tous mes pas,
    Pleurait et souriait, disant : " C'est une fée
    Qui lui parle, et qu'on ne voit pas ! "
  7. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

    Tham gia ngày:
    17/04/2001
    Bài viết:
    940
    Đã được thích:
    0
    À G......Y
    O rus ! Virgile.
    Il est pour tout mortel, soit que, loin de l'envie,
    Un astre aux rayons purs illumine sa vie ;
    Soit qu'il suive à pas lents un cercle de douleurs,
    Et, regrettant quelque ombre à son amour ravie,
    Veille auprès de sa lampe, et répande des pleurs ;
    Il est des jours de paix, d'ivresse et de mystère,
    Où notre coeur savoure un charme involontaire,
    Où l'air vibre, animé d'ineffables accords,
    Comme si l'âme heureuse entendait de la terre
    Le bruit vague et lointain de la cité des morts.
    Souvent ici, domptant mes douleurs étouffées,
    Mon bonheur s'éleva comme un château de fées,
    Avec ses murs de nacre, aux mobiles couleurs,
    Ses tours, ses portes d'or, ses pièges, ses trophées,
    Et ses fruits merveilleux, et ses magiques fleurs.
    Puis soudain tout fuyait : sur d'informes décombres
    Tour à tour à mes yeux passaient de pâles ombres ;
    D'un crêpe nébuleux le ciel était voilé ;
    Et de spectres en deuil peuplant ces déserts sombres,
    Un tombeau dominait le palais écroulé.
    Vallon ! j'ai bien souvent laissé dans ta prairie,
    Comme une eau murmurante, errer ma rêverie ;
    Je n'oublierai jamais ces fugitifs instants ;
    Ton souvenir sera, dans mon âme attendrie,
    Comme un son triste et doux qu'on écoute longtemps !
  8. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

    Tham gia ngày:
    17/04/2001
    Bài viết:
    940
    Đã được thích:
    0
    Hoc erat in votis ! Horace.
    Lorsque j'étais enfant : - " Viens, me disait la Muse,
    Viens voir le beau génie assis sur mon autel !
    Il n'est dans mes trésors rien que je te refuse,
    Soit que l'altier clairon ou l'humble cornemuse
    Attendent ton souffle immortel.
    " Mais fuis d'un monde étroit l'impure turbulence ;
    Là, rampent les ingrats, là, règnent les méchants.
    Sur un luth inspiré lorsqu'une âme s'élance,
    Il faut que, l'écoutant dans un chaste silence,
    L'écho lui rende tous ses chants !
    " Choisis quelque désert pour y cacher ta vie,
    Dans une ombre sacrée emporte ton flambeau.
    Heureux qui, loin des pas d'une foule asservie,
    Dérobant ses concerts aux clameurs de l'envie,
    Lègue sa gloire à son tombeau !
    " L'horizon de ton âme est plus haut que la terre.
    Mais cherche à ta pensée un monde harmonieux,
    Où tout, en l'exaltant, charme ton coeur austère,
    Où des saintes clartés, que nulle ombre n'altère,
    Le doux reflet suive tes yeux.
    " Qu'il soit un frais vallon, ton paisible royaume,
    Où parmi l'églantier, le saule et le glaïeul,
    Tu penses voir parfois, errant comme un fantôme,
    Ces magiques palais qui naissent sous le chaume,
    Dans les beaux contes de l'aïeul.
    " Qu'une tour en ruine, au flanc de la montagne,
    Pende, et jette son ombre aux flots d'un lac d'azur.
    Le soir qu'un feu de pâtre, au fond de la campagne,
    Comme un ami dont l'oeil de loin nous accompagne,
    Perce le crépuscule obscur.
    " Quand, guidant sur le lac deux rames vagabondes,
    Le ciel, dans ce miroir, t'offrira ses tableaux,
    Qu'une molle nuée, en déroulant ses ondes,
    Montre à tes yeux, baissés sur les vagues profondes,
    Des flots se jouant dans les flots.
    " Que, visitant parfois une île solitaire
    Et des bords ombragés de feuillages mouvants,
    Tu puisses, savourant ton exil volontaire,
    En silence épier s'il est quelque mystère
    Dans le bruit des eaux et des vents.
    " Qu'à ton réveil joyeux, les chants des jeunes mères
    T'annoncent et l'enfance, et la vie et le jour.
    Qu'un ruisseau passe auprès de tes fleurs éphémères,
    Comme entre les doux soins et les tendres chimères
    Passent l'espérance et l'amour.
    " Qu'il soit dans la contrée un souvenir fidèle
    De quelque bon seigneur, de hauteur dépourvu,
    Ami de l'indigence et toujours aimé d'elle ;
    Et que chaque vieillard, le citant pour modèle,
    Dise : Vous ne l'avez pas vu !
    " Loin du monde surtout mon culte te réclame.
    Sois le Prophète ardent, qui vit le ciel ouvert,
    Dont l'oeil, au sein des nuits, brillait comme une flamme,
    Et qui, de l'Esprit Saint ayant rempli son âme,
    Allait, parlant dans le désert ! "
    Tu le disais, ô Muse ! Et la cité bruyante
    Autour de moi pourtant mêle ses mille voix !
    Muse ! et je ne fuis pas la sphère tournoyante
    Où le sort, agitant la foule imprévoyante,
    Meut tant de destins à la fois !
    C'est que, pour m'amener au terme où tout aspire,
    Il m'est venu du ciel un guide au front joyeux ;
    Pour moi, l'air le plus pur est l'air qu'elle respire ;
    Je vois tous mes bonheurs, Muse, dans son sourire,
    Et tous mes rêves dans ses yeux !
  9. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

    Tham gia ngày:
    17/04/2001
    Bài viết:
    940
    Đã được thích:
    0
    ENCORE À TOI
    Ahora y siempre. Devise des Pomfret.
    À toi ! toujours à toi ! Que chanterait ma lyre ?
    À toi l'hymne d'amour ! à toi l'hymne d'hymen !
    Quel autre nom pourrait éveiller mon délire ?
    Ai-je appris d'autres chants ? sais-je un autre chemin ?
    C'est toi, dont le regard éclaire ma nuit sombre ;
    Toi, dont l'image luit sur mon sommeil joyeux ;
    C'est toi qui tiens ma main quand je marche dans l'ombre,
    Et les rayons du ciel me viennent de tes yeux !
    Mon destin est gardé par ta douce prière :
    Elle veille sur moi, quand mon ange s'endort ;
    Lorsque mon coeur entend ta voix modeste et fière,
    Au combat de la vie il provoque le sort.
    N'est-il pas dans le ciel de voix qui te réclame ?
    N'es-tu pas une fleur étrangère à nos champs ?
    Soeur des vierges du ciel, ton âme est pour mon âme
    Le reflet de leurs feux et l'écho de leurs chants !
    Quand ton oeil noir et doux me parle et me contemple,
    Quand ta robe m'effleure avec un léger bruit,
    Je crois avoir touché quelque voile du temple,
    Je dis comme Tobie : Un ange est dans ma nuit !
    Lorsque de mes douleurs tu chassas le nuage,
    Je compris qu'à ton sort mon sort devait s'unir,
    Pareil au saint pasteur, lassé d'un long voyage,
    Qui vit vers la fontaine une vierge venir !
    Je t'aime comme un être au-dessus de ma vie,
    Comme une antique aïeule aux prévoyants discours,
    Comme une soeur craintive, à mes maux asservie,
    Comme un dernier enfant, qu'on a dans ses vieux jours.
    Hélas ! je t'aime tant qu'à ton nom seul je pleure,
    Je pleure, car la vie est si pleine de maux !
    Dans ce morne désert tu n'as point de demeure,
    Et l'arbre où l'on s'assied lève ailleurs ses rameaux.
    Mon Dieu ! mettez la paix et la joie auprès d'elle.
    Ne troublez pas ses jours, ils sont à vous, Seigneur !
    Vous devez la bénir, car son âme fidèle
    Demande à la vertu le secret du bonheur.
  10. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

    Tham gia ngày:
    17/04/2001
    Bài viết:
    940
    Đã được thích:
    0
    SON NOM
    Nomen aut numen.
    Le parfum d'un lis pur, l'éclat d'une auréole,
    La dernière rumeur du jour,
    La plainte d'un ami qui s'afflige et console,
    L'adieu mystérieux de l'heure qui s'envole,
    Le doux bruit d'un baiser d'amour,
    L'écharpe aux sept couleurs que l'orage en la nue
    Laisse, comme un trophée, au soleil triomphant,
    L'accent inespéré d'une voix reconnue,
    Le voeu le plus secret d'une vierge ingénue,
    Le premier rêve d'un enfant,
    Le chant d'un choeur lointain, le soupir qu'à l'aurore
    Rendait le fabuleux Memnon,
    Le murmure d'un son qui tremble et s'évapore...
    Tout ce que la pensée a de plus doux encore,
    Ô lyre, est moins doux que son nom !
    Prononce-le tout bas, ainsi qu'une prière,
    Mais que dans tous nos chants il résonne à la fois !
    Qu'il soit du temple obscur la secrète lumière !
    Qu'il soit le mot sacré qu'au fond du sanctuaire
    Re*** toujours la même voix !
    Ô mes amis ! avant qu'en paroles de flamme,
    Ma muse, égarant son essor,
    Ose aux noms profanés qu'un vain orgueil proclame,
    Mêler ce chaste nom, que l'amour dans mon âme
    A caché, comme un saint trésor,
    Il faudra que le chant de mes hymnes fidèles
    Soit comme un de ces chants qu'on écoute à genoux ;
    Et que l'air soit ému de leurs voix solennelles,
    Comme si, secouant ses invisibles ailes,
    Un ange passait près de nous !

Chia sẻ trang này