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Odes et Ballades - Victor Hugo

Chủ đề trong 'Pháp (Club de Francais)' bởi Angelique, 23/11/2001.

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  1. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    ACTIONS DE GRÂCES
    Ceux qui auront semé dans les larmes moissonneront dans l'allégresse. SALOMON, Ps, CXXV, 5.
    Vous avez dans le port poussé ma voile errante ;
    Ma tige a refleuri de sève et de verdeur ;
    Seigneur, je vous bénis ! de ma lampe mourante
    Votre souffle vivant rallume la splendeur.
    Surpris par l'ouragan comme un aiglon sans ailes,
    Qui tombe du grand chêne au pied de l'arbrisseau,
    Faible enfant, du malheur j'ai su les lois cruelles.
    L'orage m'assaillit voguant dans mon berceau.
    Oui, la vie a pour moi commencé dès l'enfance,
    Quoique le ciel jamais n'ait foudroyé de fleurs,
    Et qu'il ne veuille pas qu'un être sans défense
    Mêle à ses premiers jours l'amertume des pleurs.
    La jeunesse en riant m'apporta ses mensonges,
    Son avenir de gloire, et d'amour, et d'orgueil ;
    Mais quand mon coeur brûlant poursuivait ces beaux songes,
    Hélas !je m'éveillai dans la nuit d'un cercueil.
    Alors je m'exilai du milieu de mes frères.
    Calme, car ma douleur n'était pas le remords,
    J'accompagnai de loin les pompes funéraires :
    L'hymne de l'orphelin est écouté des morts.
    L'oeil tourné vers le ciel, je marchais dans l'abîme ;
    Bien souvent, de mon sort bravant l'injuste affront,
    Les flammes ont jailli de ma pensée intime,
    Et la langue de feu descen*** sur mon front.
    Mon esprit de Pathmos connut le saint délire,
    L'effroi qui le précède et l'effroi qui le suit ;
    Et mon âme était triste, et les chants de ma lyre
    Étaient comme ces voix qui pleurent dans la nuit.
    J'ai vu sans murmurer la fuite de ma joie,
    Seigneur ; à l'abandon vous m'aviez condamné.
    J'ai, sans plainte, au désert tenté la triple voie ;
    Et je n'ai pas mau*** le jour où je suis né.
    Voici la vérité qu'au monde je révèle :
    Du ciel dans mon néant je me suis souvenu.
    Louez Dieu ! la brebis vient quand l'agneau l'appelle ;
    J'appelais le Seigneur, le Seigneur est venu.
    Il m'a *** : " Va, mon fils, ma loi n'est pas pesante !
    Toi qui, dans la nuit même, as suivi mes chemins,
    Tu ceindras des heureux la robe éblouissante ;
    Parmi les innocents tu laveras tes mains. "
    Je ne veux plus de loin t'offrir ma vie obscure,
    Gloire, immortel reflet de l'éternel flambeau,
    Du génie en son cours trace éclatante et pure,
    Ou rayon merveilleux, émané d'un tombeau !
    Un ange sur mon coeur ploie aujourd'hui ses ailes.
    Pour Elle un orphelin n'est pas un étranger ;
    Les heures de mes jours à ses côtés sont belles :
    Car son joug est aimable et son fardeau léger.
    Vous avez dans le port poussé ma voile errante ;
    Ma tige a refleuri de sève et de verdeur ;
    Seigneur, je vous bénis ! de ma lampe mourante
    Votre souffle vivant rallume la splendeur.
  2. Angelique

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    À MES AMIS
    Ô combien est heureux celui qui, solitaire,
    Ne va point mendiant de ce sot populaire
    L'appui ni la faveur ; qui, paisible, s'étant
    Retiré de la cour et du monde inconstant,
    Ne s'entremêlant point des affaires publiques,
    Ne s'assujettissant aux plaisirs tyranniques
    D'un seigneur inconstant, et ne vivant qu'à soi,
    Est lui-même sa cour, son seigneur et son roi !
    JEAN DE LA TAILLE.
    Sans monter au char de victoire,
    Meurt le poète créateur ;
    Son siècle est trop près de sa gloire
    Pour en mesurer la hauteur.
    C'est Bélisaire au Capitole :
    La foule court à quelque idole,
    Et jette en passant une obole
    Au mendiant triomphateur.
    Amis, dans ma douce retraite
    À tous vos maux je dis adieu.
    Là, ma vie est molle et secrète :
    J'ai des autels pour chaque dieu.
    Le myrte, qu'au laurier j'enchaîne,
    Y croît sous l'ombrage du chêne ;
    J'y mets Horace avec Mécène,
    Et Corneille sans Richelieu.
    Là, dans l'ombre descend ma muse,
    À l'oeil fier, aux traits ingénus,
    Image éclatante et confuse
    Des anges à l'homme inconnus.
    Ses rayons cherchent le mystère :
    Son aile, chaste et solitaire,
    Jamais ne permet à la terre
    D'effleurer ses pieds blancs et nus.
    Là, je cache un hymen prospère ;
    Et, sur mon seuil hospitalier,
    Parfois tu t'assieds, ô mon père !
    Comme un antique chevalier ;
    Ma famille est ton humble empire ;
    Et mon fils, avec un sourire,
    Dort aux sons de ma jeune lyre,
    Bercé dans ton vieux bouclier.
  3. Angelique

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    À L'OMBRE D'UN ENFANT
    Qui es in caelis.
    Ô ! parmi les soleils, les sphères, les étoiles,
    Les portiques d'azur, les palais de saphir,
    Parmi les saints rayons, parmi les sacrés voiles
    Qu'agite un éternel zéphyr !
    Dans le torrent d'amour où toute âme se noie,
    Où s'abreuve de feux le séraphin brûlant ;
    Dans l'orbe flamboyant qui sans cesse tournoie
    Autour du trône étincelant !
    Parmi les jeux sans fin des âmes enfantines ;
    Quand leurs soins, d'un vieil astre, égaré dans les cieux,
    Avec de longs efforts et des voix argentines,
    Guident les chancelants essieux ;
    Ou lorsqu'entre ses bras quelque vierge ravie
    Les prend, d'un saint baiser leur imprime le sceau,
    Et rit, leur demandant si l'aspect de la vie
    Les effrayait dans leur berceau ;
    Ou qu'enfin, dans son arche éclatante et profonde,
    Rangeant de cieux en cieux son cortège ébloui,
    Jésus, pour accomplir ce qui fut *** au monde,
    Les place le plus près de lui ;
    Ô ! dans ce monde auguste où rien n'est éphémère,
    Dans ces flots de bonheur que ne trouble aucun fiel,
    Enfant ! loin du sourire et des pleurs de ta mère,
    N'es-tu pas orphelin au ciel ?
  4. Angelique

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    À UNE JEUNE FILLE
    Pourquoi te plaindre, tendre fille ? Tes jours n'appartiennent-ils pas à ta première jeunesse ? Daïno lithuanien.
    Vous qui ne savez pas combien l'enfance est belle,
    Enfant ! n'enviez point notre âge de douleurs,
    Où le coeur tour à tour est esclave et rebelle,
    Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs.
    Votre âge insouciant est si doux qu'on l'oublie !
    Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs,
    Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie,
    Comme un alcyon sur les mers.
    Oh ! ne vous hâtez point de mûrir vos pensées !
    Jouissez du matin, jouissez du printemps ;
    Vos heures sont des fleurs l'une à l'autre enlacées ;
    Ne les effeuillez pas plus vite que le temps.
    Laissez venir les ans ! Le destin vous dévoue,
    Comme nous, aux regrets, à la fausse amitié,
    À ces maux sans espoir que l'orgueil désavoue,
    À ces plaisirs qui font pitié !
    Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance ;
    Riez ! n'attristez pas votre front gracieux,
    Votre oeil d'azur, miroir de paix et d'innocence,
    Qui révèle votre âme et réfléchit les cieux !
  5. Angelique

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    AUX RUINES DE MONTFORT-L'AMAURY
    La voyez-vous cro?đtre,
    La tour du vieux clo?đtre,
    Et le grand mur noir
    Du royal manoir ?
    ALFRED DE VIGNY.
    I
    Je vous aime, ô d?âbris ! et surtout quand l'automne
    Prolonge en vos ?âchos sa plainte monotone.
    Sous vos abris croulants je voudrais habiter,
    Vieilles tours, que le temps l'une vers l'autre incline,
    Et qui semblez de loin sur la haute colline,
    Deux noirs g?âants pr?êts à lutter.
    Lorsque d'un pas r?êveur foulant les grandes herbes,
    Je monte jusqu'à vous, restes forts et superbes !
    Je contemple longtemps vos cr?âneaux meurtriers,
    Et la tour octogone et ses briques rougies,
    Et mon oeil, à travers vos br?ăches ?âlargies,
    Voit jouer des enfants o?ạ mouraient des guerriers.
    ??cartez de vos murs ceux que leur chute amuse !
    Laissez le seul po?ăte y conduire sa muse,
    Lui qui donne du moins une larme au vieux fort ;
    Et, si l'air froid des nuits sous vos arceaux murmure,
    Croit qu'une ombre a froiss?â la gigantesque armure
    D'Amaury, comte de Montfort !
    II
    Là, souvent je m'assieds, aux jours pass?âs fid?ăle
    Sur un d?âbris qui fut un mur de citadelle.
    Je m?â***e longtemps, en mon coeur repli?â ;
    Et la ville, à mes pieds, d'arbres envelopp?âe,
    ??tend ses bras en croix et s'allonge en ?âp?âe,
    Comme le fer d'un preux dans la plaine oubli?â.
    Mes yeux errent, du pied de l'antique demeure.
    Sur les bois ?âclair?âs ou sombres, suivant l'heure,
    Sur l'?âglise gothique, h?âlas ! pr?ête à crouler,
    Et je vois, dans le champ o?ạ la mort nous appelle,
    Sous l'arcade de pierre et devant la chapelle,
    Le sol immobile onduler.
    Foulant cr?âneaux, ogives, ?âcussons, astragales,
    M'attachant comme un lierre aux pierres in?âgales,
    Au fa?đte des grands murs je m'?âl?ăve parfois ;
    Là je m?êle des chants au sifflement des brises ;
    Et, dans les cieux profonds suivant ses ailes grises,
    Jusqu'à l'aigle effray?â j'aime à lancer ma voix !
    Là quelquefois j'entends le luth doux et s?âv?ăre
    D'un ami qui sait rendre aux vieux temps un trouv?ăre.
    Nous parlons des h?âros, du ciel, des chevaliers,
    De ces ?Âmes en deuil dans le monde orphelines ;
    Et le vent qui se brise à l'angle des ruines
    G?âmit dans les hauts peupliers !
  6. Angelique

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    LE VOYAGE
    ... Je veux que mon retour
    Te paraisse bien long. Je veux que nuit et jour
    Tu m'aimes. (Nuit et jour, hélas ! je me tourmente !)
    Présente au milieu d'eux, sois seule, sois absente.
    Dors en pensant à moi, rêve-moi près de toi,
    Ne vois que moi sans cesse, et sois toute avec moi !
    ANDRÉ CHÉNIER.
    I
    Le cheval fait sonner son harnois qu'il secoue,
    Et l'éclair du pavé va jaillir sous la roue :
    Il faut partir, adieu ! de ton coeur inquiet
    Chasse la crainte amère, adieu ! point de faiblesse !
    Mais quoi ! le char s'ébranle et m'emporte, et te laisse...
    Hélas ! j'ai cru qu'il t'oubliait !
    Oh ! suis-le bien longtemps d'une oreille attentive !
    Ne t'en va pas avant d'avoir, triste et pensive,
    Écouté des coursiers s'évanouir le bruit !
    L'un à l'autre déjà l'espace nous dérobe ;
    Je ne vois plus de loin flotter ta blanche robe,
    Et toi, tu n'entends plus rouler le char qui fuit !...
    Quoi ! plus même un vain bruit ! plus même une vaine ombre !
    L'absence a sur mon âme étendu sa nuit sombre ;
    C'en est fait ; chaque pas m'y plonge plus avant,
    Et dans cet autre enfer, plein de douleurs amères,
    De tourments insensés, d'angoisses, de chimères,
    Me voilà descendu vivant !
    II
    Que faire maintenant de toutes mes pensées,
    De mon front, qui dormait dans tes mains enlacées,
    De tout ce que j'entends, de tout ce que je vois ?
    Que faire de mes maux, sans toi pleins d'amertume,
    De mes yeux dont la flamme à tes regards s'allume,
    De ma voix qui ne sait parler qu'après ta voix ?
    Et mon oeil tour à tour, distrait, suit dans l'espace
    Chaque arbre du chemin qui paraît et qui passe,
    Les bois verts, le flot d'or de la jaune moisson,
    Et les monts, et du soir l'étincelante étoile,
    Et les clochers aigus, et les villes que voile
    Un dais de brume à l'horizon !
    Qu'importent les bois verts, la moisson, la colline,
    Et l'astre qui se lève et l'astre qui décline,
    Et la plainte et les monts, si tu ne les vois pas ?
    Que me font ces châteaux, ruines féodales,
    Si leur donjon moussu n'entend point sur ses dalles
    Tes pas légers courir à côté de mes pas ?
    Ainsi donc aujourd'hui, demain, après encore,
    Il faudra voir sans toi naître et mourir l'aurore,
    Sans toi ! sans ton sourire et ton regard joyeux ;
    Sans t'entendre marcher près de moi quand je rêve ;
    Sans que ta douce main, quand mon front se soulève,
    Se pose en jouant sur mes yeux !
    Pourtant, il faut encore, à tant d'ennuis en proie,
    Dans mes lettres du soir t'envoyer quelque joie,
    Dire : " Console-toi, le calme m'est rendu ! " ;
    Quand je crains chaque instant qui loin de toi s'écoule,
    Et qu'inventant des maux qui t'assiègent en foule,
    Chaque heure est sur ma tête un glaive suspendu !
    III
    Que fais-tu maintenant ? Près du foyer sans doute
    La carte est déployée, et ton oeil suit ma route ;
    Tu dis : " Où peut-il être ? - Ah, qu'il trouve en tous lieux
    De tendres soins, un coeur qui l'estime et qui l'aime,
    Et quelque bonne hôtesse, ayant, comme moi-même,
    Un être cher sous d'autres cieux !
    Comme il s'éloigne vite, hélas ! J'en suis certaine,
    Il a déjà franchi cette ville lointaine,
    Ces forêts, ce vieux pont d'un grand exploit témoin ;
    Peut-être en ce moment il roule en ces vallées,
    Par une croix sinistre aux passants signalées,
    Où, l'an dernier... Pourvu qu'il soit déjà plus loin ! "
    Et mon père, essuyant une larme qui brille,
    T'invite en souriant à sourire à ta fille :
    " Rassurez-vous ! bientôt nous le reverrons tous.
    Il rit, il est tranquille, il visite à cette heure
    De quelque vieux héros la tombe ou la demeure ;
    Il prie à quelque autel pour vous.
    Car, vous le savez bien, ma fille, il aime encore
    Ces créneaux, ces portails qu'un art naïf décore ;
    Il nous a *** souvent, assis à vos côtés,
    L'ogive chez les Goths de l'Orient venue,
    Et la flèche romane aiguisant dans la nue
    Ses huit angles de pierre en écailles sculptés ! "
    IV
    Et puis le Vétéran, à ta douleur trompée,
    Conte sa vie errante, et nos grands coups d'épée,
    Et quelque ancien combat du Tage ou du Tésin,
    Et l'empereur, du siècle imposante merveille, -
    Tout en baissant sa voix de peur qu'elle n'éveille
    Ton enfant qui dort sur ton sein !
  7. Angelique

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    PROMENADE
    Voici les lieux chers à ma rêverie,
    voici les prés dont j'ai chanté les fleurs...
    AMABLE TASTU, la Lyre égarée
    Ceins le voile de gaze aux pudiques couleurs,
    Où la féconde aiguille a semé tant de fleurs !
    Viens respirer sous les platanes ;
    Couvre-toi du tissu, trésor de Cachemir,
    Qui peut-être a caché le poignard d'un émir,
    Ou le sein jaloux des sultanes.
    Aux lueurs du couchant vois fumer les hameaux.
    La vapeur monte et passe ; ainsi s'en vont nos maux,
    Gloire, ambition, renommée !
    Nous brillons tour à tour, jouets d'un fol espoir :
    Tel ce dernier rayon, ce dernier vent du soir
    Dore et berce un peu de fumée.
    A l'heure où le jour meurt à l'horizon lointain,
    Qu'il m'est doux, près d'un coeur qui bat pour mon destin
    D'égarer mes pas dans la plaine !
    Qu'il m'est doux, près de toi d'errer libre d'ennuis,
    Quand tu mêles, pensive, à la brise des nuits
    Le parfum de ta douce haleine !
    C'est pour un tel bonheur, dès l'enfance rêvé,
    Que j 'ai longtemps souffert et que j'ai tout bravé !
    Dans nos temps de fureurs civiles,
    Je te dois une paix que rien ne peut troubler.
    Plus de vide en mes jours ! Pour moi tu sais peupler
    Tous les déserts, même les villes !
    Chaque étoile à son tour vient apparaître au ciel.
    Tels, quand un grand festin d'ambroisie et de miel
    Embaume une riche demeure,
    Souvent sur le velours et le damas soyeux,
    On voit les plus hâtifs des convives joyeux
    S'asseoir au banquet avant l'heure.
    Vois, - c'est un météore ! il éclate et s'éteint.
    Plus d'un grand homme aussi, d'un mal secret atteint,
    Rayonne et descend dans la tombe.
    Le vulgaire l'ignore et suit le tourbillon ;
    Au laboureur courbé le soir sur le sillon,
    Qu'importe l'étoile qui tombe !
    Ah ! tu n'es point ainsi, toi dont les nobles pleurs
    De toute âme sublime honorent les malheurs !
    Toi qui gémis sur le poète !
    Toi qui plains la victime et surtout les bourreaux !
    Qui visites souvent la tombe des héros,
    Silencieuse, et non muette !
    Si quelque ancien château, devant tes pas distraits,
    Lève son donjon noir sur les noires forêts,
    Bien loin de la ville importune, Tu t'arrêtes soudain ; et ton oeil tour à tour
    Cherche et perd à travers les créneaux de la tour
    Le pâle croissant de la lune.
    C'est moi qui t'inspirai d'aimer ces vieux piliers,
    Ces temples où jadis les jeunes chevaliers
    Priaient, armés par leur marraine ;
    Ces palais où parfois le poète endormi
    A senti sur sa bouche entrouverte à demi
    Tomber le baiser d'une reine.
    Mais rentrons ; vois le ciel d'ombres s'environner ;
    Déjà le frêle esquif qui nous doit ramener
    Sur les eaux du lac étincelle ;
    Cette barque ressemble à nos jours inconstants
    Qui flottent dans la nuit sur l'abîme des temps ;
    Le gouffre porte la nacelle !
    La vie à chaque instant fuit vers l'éternité ;
    Et le corps, sur la terre où l'âme l'a quitté,
    Reste comme un fardeau frivole.
    Ainsi quand meurt la rose, aux royales couleurs,
    Sa feuille, que l'aurore en vain baigne de pleurs,
    Tombe, et son doux parfum s'envole !
  8. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    À RAMON, DUC DE BENAV.
    Par la bora de su herida. GUILLEN DE CASTRO.
    Hélas ! j 'ai compris ton sourire,
    Semblable au ris du condamné,
    Quand le mot qui doit le proscrire
    À son oreille a résonné !
    En pressant ta main convulsive,
    J'ai compris ta douleur pensive,
    Et ton regard morne et profond,
    Qui, pareil à l'éclair des nues,
    Brille sur des mers inconnues,
    Mais ne peut en montrer le fond.
    " Pourquoi faut-il donc qu'on me plaigne,
    M'as-tu ***, je n'ai pas gémi ?
    Jamais de mes pleurs je ne baigne
    La main d'un frère ou d'un ami !
    Je n'en ai pas. Puisqu'à ma vie
    La joie est pour toujours ravie,
    Qu'on m'épargne au moins la pitié !
    Je paye assez mon infortune
    Pour que nulle voix importune
    N'ose en réclamer la moitié !
    " D'ailleurs, vaut-elle tant de larmes ?
    Appelle-t-on cela malheur ? -
    Oui ! ce qui pour l'homme a des charmes
    Pour moi n'a qu'ennuis et douleur.
    Sur mon passé rien ne surnage
    Des vains rêves de mon jeune âge
    Que le sort chaque jour dément ;
    L'amour éteint pour moi sa flamme ;
    Et jamais la voix d'une femme
    Ne dira mon nom doucement !
    "Jamais d'enfants ! jamais d'épouse !
    Nul coeur près du mien n'a battu ;
    Jamais une bouche jalouse
    Ne m'a demandé : D'où viens-tu ?
    Point d'espérance qui me reste !
    Mon avenir sombre et funeste
    Ne m'offre que des jours mauvais ;
    Dans cet horizon de ténèbres
    Ont passé vingt spectres funèbres,
    Jamais l'ombre que je rêvais !
    " Ma tête ne s'est point courbée ;
    Mais la main du sort ennemi
    Est plus lourdement retombée
    Sur mon front toujours raffermi.
    À la jeunesse qui s'envole,
    À la gloire, au plaisir frivole,
    J'ai *** l'adieu fier de Caton
    Toutes fleurs pour moi sont fanées ;
    Mais c'est l'ordre des destinées ;
    Et si je souffre, qu'en sait-on ?
    " Esclaves d'une loi fatale,
    Sachons taire les maux soufferts.
    Pourquoi veux-tu donc que j 'étale
    La meurtrissure de mes fers ?
    Aux yeux que la misère effraie,
    Qu'importe ma secrète plaie ?
    Passez, je dois vivre isolé ;
    Vos voix ne sont qu'un bruit sonore ;
    Passez tous ! j 'aime mieux encore
    Souffrir que d'être consolé !
    " Je n'appartiens plus à la vie.
    Qu'importe si parfois mes yeux,
    Soit qu'on me plaigne ou qu'on m'envie,
    Lancent un feu sombre ou joyeux !
    Qu'importe, quand la coupe est vide,
    Que ses bords, sur la lèvre avide,
    Laissent encore un goût amer !
    A-t-il vaincu le flot qui gronde,
    Le vaisseau qui, perdu sous l'onde,
    Lève encor son mât sur la mer ?
    " Qu'importe mon deuil solitaire ?
    D'autres coulent des jours meilleurs.
    Qu'est-ce que le bruit de la terre ?
    Un concert de ris et de pleurs.
    Je veux, comme tous les fils d'Ève,
    Sans qu'une autre main le soulève,
    Porter mon fardeau jusqu'au soir ;
    À la foule qui passe et tombe,
    Qu'importe au seuil de quelle tombe
    Mon ombre un jour ira s'asseoir ! "
    Ainsi, quand tout bas tu soupires,
    De ton coeur partent des sanglots,
    Comme un son s'échappe des lyres,
    Comme un murmure sort des flots !
    Va, ton infortune est ta gloire !
    Les fronts marqués par la victoire
    Ne se couronnent pas de fleurs.
    De ton sein la joie est bannie ;
    Mais tu sais bien que le génie
    Prélude à ses chants par des pleurs.
    Comme un soc de fer, dès l'aurore,
    Fouille le sol de son tranchant,
    Et l'ouvre, et le sillonne encore,
    Aux derniers rayons du couchant ;
    Sur chaque heure qui t'est donnée
    Revient l'infortune acharnée,
    Infatigable à t'obséder ;
    Mais si de son glaive de flamme
    Le malheur déchire ton âme,
    Ami, c'est pour la féconder !
  9. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    LE PORTRAIT D'UNE ENFANT
    à Mlle J.-D. de M.
    Quand je voy tant de couleurs
    Et de fleurs
    Qui esmaillent un nuage,
    Je pense voir le beau teint
    Qui est peint
    Si vermeil en son visage.
    Quand te sens parmi les prez
    Diaprez,
    Les fleurs dont la terre est pleine,
    Lors te fais croire à mes sens
    Que te sens
    La douceur de son haleine.
    RONSARD.
    Oui, ce front, ce sourire et cette fraîche joue,
    C'est bien l'enfant qui pleure et joue,
    Et qu'un esprit du ciel défend !
    De ses doux traits, ravis à la Sainte phalange,
    C'est bien le délicat mélange ;
    Poète, j 'y crois voir un ange,
    Père, j'y trouve mon enfant.
    On devine à ses yeux pleins d'une pure flamme,
    Qu'au paradis, d'où vient son âme,
    Elle a *** un récent adieu.
    Son regard, rayonnant d'une joie éphémère,
    Semble en suivre encor la chimère,
    Et revoir dans sa douce mère
    L'humble mère de l'Enfant-Dieu !
    On dirait qu'elle écoute un choeur de voix célestes,
    Que, de loin, des vierges modestes
    Elle entend l'appel gracieux ;
    À son joyeux regard, à son naïf sourire,
    On serait tenté de lui dire :
    - Jeune ange, quel fut ton martyre,
    Et quel est ton nom dans les cieux ?
    II
    Ô toi dont le pinceau me la fit si touchante,
    Tu me la peins, je te la chante !
    Car tes nobles travaux vivront ;
    Une force virile à ta grâce est unie ;
    Tes couleurs sont une harmonie ;
    Et dans ton enfance, un Génie
    Mît une flamme sur ton front !
    Sans doute quelque fée, à ton berceau venue,
    Des sept couleurs que dans la nue
    Suspend le prisme aérien,
    Des roses de l'aurore humide et matinale,
    Des feux de l'aube boréale,
    Fit une palette idéale
    Pour ton pinceau magicien !
  10. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    À MADAME LA COMTESSE A. H.
    Sur ma lyre, l'autre fois
    Dans un bois,
    Ma main préludait à peine,
    Une colombe descend
    En passant,
    Blanche sur le luth d'ébène.
    Mais au lieu d'accords touchants,
    De doux chants,
    La colombe gémissante me demande par pitié
    Sa moitié,
    Sa moitié loin d'elle absente.
    SAINTE.BEUVE.
    Oh ! quel que soit le rêve, ou paisible, ou joyeux,
    Qui dans l'ombre à cette heure illumine tes yeux,
    C'est le bonheur qu'il te signale ;
    Loin des bras d'un époux qui n'est encor qu'amant,
    Dors tranquille, ma soeur ! passe-la doucement,
    Ta dernière nuit virginale !
    Dors : nous prierons pour toi, jusqu'à ce beau matin !
    Tu devais être à nous, et c'était ton destin,
    Et rien ne pouvait t'y soustraire.
    Oui, la voix de l'autel va te nommer ma soeur ;
    Mais ce n'est que l'écho d'une voix de mon coeur
    Qui déjà me nommait ton frère.
    Dors, cette nuit encor, d'un sommeil pur et doux !
    Demain, serments, transports, caresses d'un époux,
    Festins que la joie environne,
    Et soupirs inquiets dans ton sein renaissant,
    Quand une main fera de ton front rougissant
    Tomber la tremblante couronne !
    Ah ! puisse dès demain se lever sur tes jours
    Un bonheur qui jamais ne s'éclipse, et toujours
    Brille, plus beau qu'un rêve même !
    Vers le ciel étoilé laisse monter nos voeux.
    Dors en paix cette nuit où nous veillons tous deux,
    Moi qui te chante, et lui qui t'aime !

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