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Odes et Ballades - Victor Hugo

Chủ đề trong 'Pháp (Club de Francais)' bởi Angelique, 23/11/2001.

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  1. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    17/04/2001
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    L'AVEU DU CHATELAIN
    Pource aimez-moy, cependant qu'estes belle.
    RONSARD.
    Écoute-moi, Madeleine !
    L'hiver a quitté la plaine
    Qu'hier il glaçait encor.
    Viens dans ces bois d'où ma suite
    Se retire, au loin conduite
    Par les sons errants du cor !
    Viens ! on dirait, Madeleine,
    Que le Printemps, dont l'haleine
    Donne aux roses leurs couleurs,
    A cette nuit, pour te plaire,
    Secoué sur la bruyère
    Sa robe pleine de fleurs !
    Si j 'étais, ô Madeleine,
    L'agneau dont la blanche laine
    Se démêle sous tes doigts !...
    Si j'étais l'oiseau qui passe,
    Et que poursuit dans l'espace
    Un doux appel de ta voix !...
    Si j'étais, ô Madeleine,
    L'ermite de Tombelaine
    Dans son pieux tribunal,
    Quand ta bouche à son oreille
    De tes péchés de la veille
    Livre l'aveu virginal !...
    Si j'avais, ô Madeleine,
    L'oeil du nocturne phalène,
    Lorsqu'au sommeil tu te rends,
    Et que son aile indiscrète
    De ta cellule secrète
    Bat les vitraux transparents ;
    Quand ton sein, ô Madeleine,
    Sort du corset de baleine,
    Libre enfin du velours noir ;
    Quand, de peur de te voir nue.
    Tu jettes, fille ingénue,
    Ta robe sur ton miroir !
    Si tu voulais, Madeleine,
    Ta demeure serait pleine
    De pages et de vassaux ;
    Et ton splendide oratoire
    Déroberait sous la moire
    La pierre de ses arceaux !...
    Si tu voulais, Madeleine,
    Au lieu de la marjolaine
    Qui pare ton chaperon,
    Tu porterais la couronne
    De comtesse ou de baronne,
    Dont la perle est le fleuron !
    Si tu voulais, Madeleine,
    Je te ferais châtelaine ;
    Je suis le comte Roger ;
    Quitte pour moi ces chaumières,
    À moins que tu ne préfères
    Que je me fasse berger !
  2. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    17/04/2001
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    À UN PASSANT
    LA CHASSE DU BURGRAVE *
    Au soleil couchant
    Toi qui vas cherchant
    Fortune,
    Prends garde de choir :
    La terre, le soir,
    Est brune.
    L'océan trompeur
    Couvre de vapeur
    La dune.
    Vois : à l'horizon,
    Aucune maison !
    Aucune !
    Maint voleur te suit ;
    La chose est, la nuit,
    Commune.
    Les dames des bois
    Nous gardent parfois
    Rancune.
    Elles vont errer ;
    Crains d'en rencontrer
    Quelqu'une.
    Les lutins de l'air
    Vont danser au clair
    De lune.
    La Chanson du fou.
    Voyageur qui, la nuit, sur le pavé sonore
    De ton chien inquiet passes accompagné,
    Après le jour brûlant, pourquoi marcher encore ?
    Où mènes-tu si tard ton cheval résigné ?
    La nuit ! - Ne crains-tu pas d'entrevoir la stature
    Du brigand dont un sabre a chargé la ceinture ?
    Ou qu'un de ces vieux loups près des routes rôdants,
    Qui du fer des coursiers méprisent l'étincelle,
    D'un bond brusque et soudain s'attachant à ta selle,
    Ne mêle à ton sang noir l'écume de ses dents ?
    Ne crains-tu pas surtout qu'un follet à cette heure
    N'allonge sous tes pas le chemin qui te leurre,
    Et ne te fasse, hélas ! ainsi qu'aux anciens jours,
    Rêvant quelque logis dont la vitre scintille
    Et le faisan doré par l'âtre qui pétille,
    Marcher vers des clartés qui reculent toujours ?
    Crains d'aborder la plaine où le sabbat s'assemble,
    Où les démons hurlants viennent danser ensemble ;
    Ces murs mau***s par Dieu, par Satan profanés,
    Ce magique château dont l'enfer sait l'histoire,
    Et qui, désert le jour, quand tombe la nuit noire
    Enflamme ses vitraux dans l'ombre illuminés !
    Voyageur isolé, qui t'éloignes si vite,
    De ton chien inquiet la nuit accompagné,
    Après le jour brûlant, quand le repos t'invite,
    Où mènes-tu si tard ton cheval résigné ?
  3. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    17/04/2001
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    940
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    LA CHASSE DU BURGRAVE
    à Paul
    Un vieux faune en riait dans sa grotte sauvage.
    SEGRAIS.
    " Daigne protéger notre chasse,
    Châsse
    De monseigneur saint-Godefroi,
    Roi !
    " Si tu fais ce que je désire,
    Sire,
    Nous t'édifîrons un tombeau,
    Beau ;
    " Puis je te donne un cor d'ivoire,
    Voire
    Un dais neuf à pans de velours,
    Lourds,
    " Avec dix chandelles de cire,
    Sire !
    Donc, te prions à deux genoux,
    Nous,
    " Nous qui, né de bons gentilshommes,
    Sommes
    Le Seigneur burgrave Alexis
    Six ! " -
    Voilà ce que *** le burgrave,
    Grave,
    Au tombeau de saint-Godefroi
    Froid.
    - " Mon page, emplis mon escarcelle,
    Selle
    Mon cheval de Calatrava ;
    Va !
    " Piqueur, va convier le comte,
    Conte
    Que ma meute aboie en mes cours.
    Cours !
    "Archers, mes compagnons de fêtes,
    Faites
    Votre épieu lisse et vos cornets
    Nets.
    "Nous ferons ce soir une chère
    Chère ;
    Vous n'y recevrez, maître-queux,
    Qu'eux.
    " En chasse, amis ! je vous invite.
    Vite !
    En chasse ! allons courre les cerfs,
    Serfs ! "
    Il part, et madame Isabelle,
    Belle,
    *** gaiement du haut des remparts
    - Pars !
    Tous les chasseurs sont dans la plaine,
    Pleine
    D'ardents seigneurs, de sénéchaux
    Chauds.
    Ce ne sont que baillis et prêtres,
    Reitres
    Qui savent traquer à pas lourds
    L'ours,
    Dames en brillants équipages,
    Pages,
    Fauconniers, clercs, et peu bénins
    Nains.
    En chasse ! - Le maître en personne
    Sonne.
    Fuyez ! voici les paladins,
    Daims.
    Il n'est pour vous comte d'empire
    Pire
    Que le vieux burgrave Alexis
    Six !
    Fuyez ! - Mais un cerf dans l'espace
    Passe,
    Et disparaît comme l'éclair,
    Clair !
    " Taïaut les chiens, taïaut les hommes !
    Sommes
    D'argent et d'or paieront sa chair
    Cher !
    " Mon château pour ce cerf ! - Marraine,
    Reine
    Des beaux sylphes et des follets
    Laids !
    " Donne-moi son bois pour trophée,
    Fée !
    Mère du brave, et du chasseur
    Soeur !
    " Tout ce qu'un prêtre à sa madone
    Donne,
    Moi, je te le promets ici,
    Si
    " Notre main, ta serve et sujette,
    Jette
    Ce beau cerf qui s'enfuit là-bas
    Bas ! "
    Du Chasseur Noir craignant l'injure,
    Jure
    Le vieux burgrave haletant,
    Tant
    Que déjà sa meute qui jappe
    Happe,
    Et fête le pauvre animal
    Mal.
    Il fuit. La bande malévole
    Vole
    Sur sa trace, et par le plus court
    Court.
    Adieu clos, plaines diaprées,
    Prées,
    Vergers fleuris, jardins sablés,
    Blés !
    Le cerf, s'échappant de plus belle,
    Bêle ;
    Un bois à sa course est ouvert,
    Vert.
    Il entend venir sur ses traces
    Races
    De chiens dont vous seriez jaloux,
    Loups ;
    Piqueurs, ardentes haquenées,
    Nées
    De ces étalons aux longs crins
    Craints,
    Leurs flancs, que de blancs harnois ceignent,
    Saignent
    Des coups fréquents des éperons
    Prompts.
    Le cerf, que le son de la trompe
    Trompe,
    Se jette dans les bois épais... -
    Paix !
    Hélas, en vain !... la meute cherche,
    Cherche,
    Et là tu retentis encor,
    Cor !
    Où fuir ? dans le lac ! Il s'y plonge,
    Longe
    Le bord où maint buisson rampant
    Pend.
    Ah ! dans les eaux du lac agreste
    Reste !
    Hélas ! pauvre cerf aux abois,
    Bois !
    Contre toi la fanfare ameute
    Meute,
    Et veneurs sonnant du hautbois...
    Bois !
    Les archers sournois qui t'attendent
    Tendent
    Leurs arcs dans l'épaisseur du bois !...
    Bois !
    Ils sont avides de carnage ;
    Nage !
    C'est ton seul espoir désormais ;
    Mais
    L'essaim, que sa chair palpitante
    Tente,
    Après lui dans le lac profond
    Fond.
    Il sort. - Plus d'espoir qui te leurre !
    L'heure
    Vient où pour toi tout est fini.
    Ni
    Tes pieds vifs, ni saint Marc de Leyde,
    L'aide
    Du cerf qu'un chien, à demi-mort,
    Mord,
    Ne te sauveront des morsures
    Sûres
    Des limiers ardents de courroux,
    Roux.
    Vois ces chiens qu'un serf bas et lâche
    Lâche,
    Vois les épieux à férir prêts,
    Près !
    Meurs donc ! la fanfare méchante
    Chante
    Ta chute au milieu des clameurs.
    Meurs !
    Et ce soir, sur les délectables
    Tables,
    Tu feras un excellent mets ;
    Mais
    On t'a vengé. - Fille d'Autriche
    Triche
    Quand l'hymen lui donne un barbon
    Bon.
    Or, sans son hôte le bon comte
    Compte ;
    Il revient, quoique fatigué,
    Gai.
    Et tandis que ton sang ruisselle,
    Celle
    Qu'épousa le comte Alexis
    Six,
    Sur le front ridé du burgrave,
    Grave,
    Pauvre cerf, des rameaux aussi ;
    Si
    Qu'au burg vous rentrez à la brune,
    Brune,
    Après un jour si hasardeux,
    Deux !
  4. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

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    17/04/2001
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    LE PAS D'ARMES DU ROI JEAN
    Plus de six cents lances y furent brisées ; on se battit à pied et à cheval, à la barrière, à coups d'épée et de pique, où partout les tenants et les assaillants ne firent rien qui ne répondît à la haute estime qu'ils s'étaient déjà acquise ; ce qui fit éclater ces tournois doublement. Enfin, au dernier, un gentilhomme nommé de Fontaines, beau-frère de Chandiou, grand prévôt des maréchaux, fut blessé à mort ; et au second encore, Saint-Aubin, autre gentilhomme, fut tué d'un coup de lance. Ancienne chronique.
    ??à, qu'on selle,
    Écuyer,
    Mon fidèle
    Destrier.
    Mon coeur ploie
    Sous la joie,
    Quand je broie,
    L'étrier.
    Par saint Gille,
    Viens-nous-en,
    Mon agile
    Alezan ;
    Viens, écoute,
    Par la route,
    Voir la joute
    Du Roi Jean.
    Qu'un gros carme
    Chartrier
    Ait pour arme
    L'encrier ;
    Qu'une fille,
    Sous la grille,
    S'égosille
    À prier ;
    Nous qui sommes,
    De par Dieu,
    Gentilshommes
    De haut lieu,
    Il faut faire
    Bruit sur terre,
    Et la guerre
    N'est qu'un jeu.
    Ma vieille âme
    Enrageait ;
    Car ma lame,
    Que rongeait
    Cette rouille
    Qui la souille,
    En quenouille
    Se changeait.
    Cette ville,
    Aux longs cris,
    Qui profile
    Son front gris,
    Des toits frêles,
    Cent tourelles,
    Clochers grêles,
    C'est Paris !
    Quelle foule,
    Par mon sceau !
    Qui s'écoule
    En ruisseau,
    Et se rue,
    Incongrue,
    Par la rue,
    Saint-Marceau.
    Notre-Dame !
    Que c'est beau !
    Sur mon âme
    De corbeau,
    Voudrais être
    Clerc ou prêtre
    Pour y mettre
    Mon tombeau !
    Les quadrilles,
    Les chansons
    Mêlent filles
    Et garçons.
    Quelles fêtes !
    Que de têtes
    Sur les faîtes
    Des maisons !
    Un maroufle,
    Mis à neuf,
    Joue et souffle
    Comme un boeuf,
    Une marche
    De Luzarche
    Sur chaque arche
    Du Pont-Neuf.
    Le vieux Louvre ! -
    Large et lourd,
    Il ne s'ouvre
    Qu'au grand jour,
    Emprisonne
    La couronne,
    Et bourdonne
    Dans sa tour.
    Los aux dames !
    Au roi los !
    Vois les flammes
    Du champ clos,
    Où la foule,
    Qui s'écroule,
    Hurle et roule
    À grands flots !
    Sans attendre,
    ??à, piquons !
    L'oeil bien tendre,
    Attaquons
    De nos selles
    Les donzelles,
    Roses, belles,
    Aux balcons.
    Saulx-Tavane
    Le ribaud
    Se pavane,
    Et Chabot
    Qui ferraille,
    Bossu, raille
    Mons Fontraille
    Le pied-bot.
    Là-bas, Serge
    Qui fit voeu
    D'aller vierge
    Au saint lieu ;
    Là, Lothaire,
    Duc sans terre
    Sauveterre,
    Diable et dieu.
    Le vidame
    De Conflans
    Suit sa dame
    À pas lents,
    Et plus d'une
    S'importune
    De la brune
    Aux bras blancs.
    Là-haut brille,
    Sur ce mur,
    Yseult, fille
    Au front pur ;
    Là-bas, seules,
    Force aïeules
    Portant gueules
    Sur azur.
    Dans la lice,
    Vois encor
    Berthe, Alice,
    Léonor,
    Dame Irène,
    Ta marraine,
    Et la reine
    Toute en or.
    Dame Irène
    Parle ainsi ;
    -- Quoi ! la reine
    Triste ici !
    Son altesse
    *** : -- Comtesse,
    J'ai tristesse et souci.
    On commence !
    Le beffroi !
    Coups de lance,
    Cris d'effroi !
    On se forge,
    On s'égorge,
    Par saint George !
    Par le roi !
    La cohue,
    Flot de fer,
    Frappe, hue,
    Remplit l'air,
    Et, profonde,
    Tourne et gronde,
    Comme une onde
    Sur la mer !
    Dans la plaine
    Un éclair
    Se promène
    Vaste et clair ;
    Quels mélanges !
    Sang et franges !
    Plaisirs d'anges !
    Bruit d'enfer !
    Sus, ma bête,
    De façon
    Que je fête
    Ce grison !
    Je te baille
    Pour ripaille
    Plus de paille,
    Plus de son
    Qu'un gros frère,
    Gai, friand,
    Ne peut faire,
    Mendiant,
    Par les places
    Où tu passes,
    De grimaces
    En priant !
    Dans l'orage,
    Lys courbé,
    Un beau page
    Est tombé.
    Il se pâme,
    Il rend l'âme ;
    Il réclame
    Un abbé.
    La fanfare
    Aux sons d'or,
    Qui t'effare,
    Sonne encor
    Pour sa chute ;
    Triste lutte
    De la flûte
    Et du cor !
    Moines, vierges,
    Porteront
    De grands cierges
    Sur son front ;
    Et dans l'ombre
    Du lieu sombre,
    Deux yeux d'ombre
    Pleureront
    Car madame
    Isabeau
    Suit son âme
    Au tombeau.
    Que d'alarmes !
    Que de larmes !... -
    Un pas d'armes,
    C'est très beau !
    ??à, mon frère,
    Viens, rentrons
    Dans notre aire
    De barons.
    Va plus vite,
    Car au gîte
    Qui t'invite,
    Trouverons,
    Toi, l'avoine
    Du matin,
    Moi, le moine
    Augustin,
    Ce saint homme,
    Suivant Rome,
    Qui m'assomme
    De latin,
    Et rédige
    En romain
    Tout prodige
    De ma main,
    Qu'à ma charge
    Il émarge
    Sur un large
    Parchemin.
    Un vrai sire
    Châtelain
    Laisse écrire
    Le vilain ;
    Sa main digne,
    Quand il signe,
    Égratigne
    Le vélin.
  5. Angelique

    Angelique Thành viên quen thuộc

    Tham gia ngày:
    17/04/2001
    Bài viết:
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    LA LÉGENDE DE LA NONNE
    à M. Louis Boulanger
    Acabòse vuestrÔ bien
    Y vuestros males nÔ acaban.
    Reproches al Rey Rodrigo.
    Venez, vous dont l'oeil étincelle
    Pour entendre une histoire encor,
    Approchez : je vous dirai celle
    De doña Padilla del Flor.
    Elle était d'Alanje, où s'entassent
    Les collines et les halliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Il est des filles à Grenade,
    Il en est à Séville aussi,
    Qui, pour la moindre sérénade,
    À l'amour demandent merci ;
    Il en est que d'abord embrassent,
    Le soir, de hardis cavaliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Ce n'est pas sur ce ton frivole
    Qu'il faut parler de Padilla,
    Car jamais prunelle espagnole
    D'un feu plus chaste ne brilla ;
    Elle fuyait ceux qui pourchassent
    Les filles sous les peupliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Rien ne touchait ce coeur farouche,
    Ni doux soins, ni propos joyeux ;
    Pour un mot d'une belle bouche,
    Pour un signe de deux beaux yeux,
    On sait qu'il n'est rien que ne fassent
    Les seigneurs et les bacheliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Elle prit le voile à Tolède
    Au grand soupir des gens du lieu,
    Comme si, quand on n'est pas laide,
    On avait droit d'épouser Dieu.
    Peu s'en fallut que ne pleurassent
    Les soudards et les écoliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Mais elle disait : " Loin du monde,
    Vivre et prier pour les méchants !
    Quel bonheur ! quelle paix profonde
    Dans la prière et dans les chants !
    Là, si les démons nous menacent,
    Les anges sont nos boucliers ! " -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Or, la belle à peine cloîtrée
    Amour en son coeur s'installa
    Un fier brigand de la contrée
    Vint alors et *** : Me voilà !
    Quelquefois les brigands surpassent
    En audace les chevaliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Il était laid : des traits austères,
    La main plus rude que le gant ;
    Mais l'amour a bien des mystères,
    Et la nonne aima le brigand.
    On voit des biches qui remplacent
    Leurs beaux cerfs par des sangliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Pour franchir la sainte limite,
    Pour approcher du saint couvent,
    Souvent le brigand d'un ermite
    Prenait le cilice, et souvent
    La cotte de maille où s'enchâssent
    Les croix noires des Templiers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    La nonne osa, *** la chronique,
    Au brigand par l'enfer conduit,
    Aux pieds de Sainte Véronique
    Donner un rendez-vous la nuit,
    À l'heure où les corbeaux croassent,
    Volant dans l'ombre par milliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Padilla voulait, anathème !
    Oubliant sa vie en un jour,
    Se livrer, dans l'église même,
    Sainte à l'enfer, vierge à l'amour,
    Jusqu'à l'heure pâle où s'effacent
    Les cierges sur les chandeliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Or quand, dans la nef descendue
    La nonne appela le ban***,
    Au lieu de la voix attendue,
    C'est la foudre qui répon***.
    Dieu voulu que ses coups frappassent
    Les amants par Satan liés. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Aujourd'hui, des fureurs divines
    Le pâtre enflammant ses récits,
    Vous montre au penchant des ravines
    Quelques tronçons de murs noircis,
    Deux clochers que les ans crevassent,
    Dont l'abri tuerait ses béliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Quand la nuit, du cloître gothique
    Brunissant les portails béants,
    Change à l'horizon fantastique
    Les deux clochers en deux géants ;
    À l'heure où les corbeaux croassent,
    Volant dans l'ombre par milliers... -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Une nonne, avec une lampe,
    Sort d'une cellule à minuit ;
    Le long des murs le spectre rampe,
    Un autre fantôme le suit ;
    Des chaînes sur leurs pieds s'amassent,
    De lourds carcans sont leurs colliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    La lampe vient, s'éclipse, brille,
    Sous les arceaux court se cacher,
    Puis tremble derrière une grille,
    Puis scintille au bout d'un clocher ;
    Et ses rayons dans l'ombre tracent
    Des fantômes multipliés. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Les deux spectres qu'un feu dévore,
    Traînant leur suaire en lambeaux,
    Se cherchent pour s'unir encore,
    En trébuchant sur des tombeaux ;
    Leurs pas aveugles s'embarrassent
    Dans les marches des escaliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Mais ce sont des escaliers fées,
    Qui sous eux s'embrouillent toujours ;
    L'un est aux ****s étouffées,
    Quand l'autre marche au front des tours ;
    Sous leurs pieds, sans fin se déplacent
    Les étages et les paliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Élevant leurs voix sépulcrales,
    Se cherchant les bras étendus,
    Ils vont... Les magiques spirales
    Mêlent leurs pas toujours perdus ;
    Ils s'épuisent et se harassent
    En détours, sans cesse oubliés. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    La pluie alors, à larges gouttes,
    Bat les vitraux frêles et froids ;
    Le vent siffle aux brèches des voûtes ;
    Une plainte sort des beffrois ;
    On entend des soupirs qui glacent,
    Des rires d'esprits familiers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Une voix faible, une voix haute,
    Disent : " Quand finiront les jours ?
    Ah ! nous souffrons par notre faute ;
    Mais l'éternité, c'est toujours !
    Là, les mains des heures se lassent
    À retourner les sabliers... " -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    L'enfer, hélas ! ne peut s'éteindre.
    Toutes les nuits, dans ce manoir,
    Se cherchent sans jamais s'atteindre
    Une ombre blanche, un spectre noir,
    Jusqu'à l'heure pâle où s'effacent
    Les cierges sur les chandeliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Si, tremblant à ces bruits étranges,
    Quelque nocturne voyageur,
    En se signant demande aux anges
    Sur qui sévit le Dieu vengeur,
    Des serpents de feu qui s'enlacent
    Tracent deux noms sur les piliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
    Cette histoire de la novice
    Saint Ildefonse, abbé, voulut
    Qu'afin de préserver du vice
    Les vierges qui font leur salut
    Les prieures la racontassent
    Dans tous les couvents réguliers. -
    Enfants, voici des boeufs qui passent,
    Cachez vos rouges tabliers !
  6. Angelique

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    LA RONDE DU SABBAT
    à M. Charles N._
    Hic chorus ingens
    ... Colit orgia.
    AVIENUS.
    Voyez devant les murs de ce noir monastère
    La lune se voiler, comme pour un mystère !
    L'esprit de minuit passe, et, répandant l'effroi,
    Douze fois se balance au battant du beffroi.
    Le bruit ébranle l'air, roule, et longtemps encore
    Gronde, comme enfermé sous la cloche sonore,
    Le silence retombe avec l'ombre... Écoutez !
    Qui pousse ces clameurs ? qui jette ces clartés ?
    Dieu ! les voûtes, les tours, les portes découpées,
    D'un long réseau de feu semblent enveloppées,
    Et l'on entend l'eau sainte, où trempe un buis bénit,
    Bouillonner à grands flots dans l'urne de granit !...
    À nos patrons du ciel recommandons nos âmes !
    Parmi les rayons bleus, parmi les rouges flammes,
    Avec des cris, des chants, des soupirs, des abois,
    Voilà que de partout, des eaux, des monts, des bois,
    Les larves, les dragons, les vampires, les gnomes,
    Des monstres dont l'enfer rêve seul les fantômes,
    La sorcière, échappée aux sépulcres déserts,
    Volant sur le bouleau qui siffle dans les airs,
    Les nécromants, parés de tiares mystiques
    Où brillent flamboyants les mots cabalistiques,
    Et les graves démons, et les lutins rusés,
    Tous, par les toits rompus, par les portails brisés,
    Par les vitraux détruits que mille éclairs sillonnent,
    Entrent dans le vieux cloître où leurs flots tourbillonnent !
    Debout au milieu d'eux, leur prince Lucifer
    Cache un front de taureau sous la mitre de fer ;
    La chasuble a voilé son aile diaphane,
    Et sur l'autel croulant il pose ûn pied profane.
    Ô terreur ! Les voilà qui chantent dans ce lieu
    Où veille incessamment l'oeil éternel de Dieu.
    Les mains cherchent les mains... Soudain la ronde immense,
    Comme un ouragan sombre, en tournoyant commence.
    À l'oeil qui n'en pourrait embrasser le contour,
    Chaque hideux convive apparaît à son tour ;
    On croirait voir l'enfer tourner dans les ténèbres
    Son zodiaque affreux, plein de signes funèbres.
    Tous volent, dans le cercle emportés à la fois.
    Satan règle du pied les éclats de leur voix ;
    Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,
    Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.
    " Mêlons-nous sans choix !
    Tandis que la foule
    Autour de lui roule,
    Satan joyeux foule
    L'autel et la croix.
    L'heure est solennelle.
    La flamme éternelle
    Semble, sur son aile,
    La pourpre des rois ! "
    Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,
    Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.
    " Oui, nous triomphons !
    Venez, soeurs et frères,
    De cent points contraires ;
    Des lieux funéraires,
    Des antres profonds.
    L'enfer vous escorte ;
    Venez en cohorte
    Sur des chars qu'emporte
    Le vol des griffons ! "
    Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,
    Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.
    " Venez sans remords,
    Nains aux pieds de chèvre,
    Goules, dont la lèvre
    Jamais ne se sèvre
    Du sang noir des morts !
    Femmes infernales,
    Accourez rivales !
    Pressez vos cavales
    Qui n'ont point de mors ! "
    Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,
    Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.
    " Juifs, par Dieu frappés,
    Zingaris, Bohèmes,
    Chargés d'anathèmes,
    Follets, spectres blêmes
    La nuit échappés,
    Glissez sur la brise,
    Montez sur la frise
    Du mur qui se brise,
    Volez, ou rampez ! "
    Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,
    Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.
    " Venez, boucs méchants,
    Psylles aux corps grêles,
    Aspioles frêles,
    Comme un flot de grêles,
    Fondre dans ces champs !
    Plus de discordance !
    Venez en cadence
    Élargir la danse,
    Répéter les chants ! "
    Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,
    Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.
    " Qu'en ce beau moment
    Les clercs en magie
    Brûlent dans l'orgie
    Leur barbe rougie
    D'un sang tout fumant ;
    Que chacun envoie
    Au feu quelque proie,
    Et sous ses dents broie
    Un pâle ossement ! "
    Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,
    Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.
    " Riant au saint lieu,
    D'une voix hardie,
    Satan parodie
    Quelque psalmodie
    Selon saint Matthieu,
    Et dans la chapelle
    Où son roi l'appelle,
    Un démon épelle
    Le livre de Dieu !
    Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,
    Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.
    " Sorti des tombeaux,
    Que dans chaque stalle
    Un faux moine étale
    La robe fatale
    Qui brûle ses os,
    Et qu'un noir lévite
    Attache bien vite
    La flamme mau***e
    Aux sacrés flambeaux ! "
    Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,
    Troublent les morts couchés sous le pavé des salles. ~
    " Satan vous verra !
    De vos mains grossières
    Parmi des poussières,
    Écrivez, sorcières
    ABRACADABRA !
    Volez, oiseaux fauves,
    Dont les ailes chauves
    Aux ciels des alcôves
    Suspendent Smarra ! "
    Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,
    Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.
    " Voici le signal ! -L'enfer nous réclame
    Puisse un jour toute âme
    N'avoir d'autre flamme
    Que son noir fanal !
    Puisse notre ronde,
    Dans l'ombre profonde,
    Enfermer le monde
    D'un cercle infernal ! "
    L'aube pâle a blanchi les arches colossales.
    Il fuit, l'essaim confus des démons dispersés !
    Et les morts rendôrmis sous le pavé des salles,
    Sur leurs chevets poudreux posent leurs fronts glacés.
  7. Angelique

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    LA FÉE ET LA PÉRI
    Leur ombre vagabonde, a travers le feuillage,
    Frémira ; sur les vents ou sur quelque nuage,
    Tu les verras descendre ; ou, du sein de la mer
    S'élevant comme un songe, étinceler dans l'air ;
    Et leur voix, toujours tendre et doucement plaintive,
    Caresser en fuyant ton oreille attentive.
    ANDRÉ CHÉNIER.
    I
    Enfants ! Si vous mouriez, gardez bien qu'un esprit
    De la route des cieux ne détourne votre âme !
    Voici ce qu'autrefois un vieux sage m'apprit : -
    Quelques démons, sauvés de l'éternelle flamme,
    Rebelles moins pervers que l'Archange proscrit,
    Sur la terre, où le feu, l'onde ou l'air les réclame,
    Attendent, exilés, le jour de Jésus-Christ.
    Il en est qui, bannis des célestes phalanges,
    Ont de si douces voix qu'on les prend pour des anges.
    Craignez-les : pour mille ans exclus du paradis,
    Ils vous entraîneraient, enfants, au purgatoire ! -
    Ne me demandez pas d'où me vient cette histoire ;
    Nos pères l'ont contée ; et moi, je la redis.
    II
    LA PÉRI
    Où vas-tu donc jeune âme ?... Écoute !
    Mon palais pour toi veut s'ouvrir.
    Suis-moi, des cieux quitte la route ;
    Hélas ! tu t'y perdrais sans doute,
    Nouveau-né, qui viens de mourir !
    Tu pourras jouer à toute heure
    Dans mes beaux jardins aux fruits d'or ;
    Et de ma riante demeure
    Tu verras ta mère qui pleure
    Près de ton berceau, tiède encor.
    Des Péris je suis la plus belle :
    Mes soeurs règnent où naît le jour ;
    Je brille en leur troupe immortelle,
    Comme, entre les fleurs, brille celle
    Que l'on cueille en rêvant d'amour,
    Mon front porte un ruban de soie ;
    Mes bras de rubis sont couverts ;
    Quand mon vol ardent se déploie,
    L'aile de pourpre qui tournoie
    Roule trois yeux de flamme ouverts.
    Plus blanc qu'une lointaine voile,
    Mon corps n'en a point la pâleur ;
    En quelque lieu qu'il se dévoile,
    Il l'éclaire comme une étoile,
    Il l'embaume comme une fleur !
    LA FÉE
    Viens, bel enfant ! je suis la Fée.
    Je règne aux bords où le soleil
    Au sein de l'onde réchauffée,
    Se plonge éclatant et vermeil.
    Les peuples d'Occident m'adorent
    Les vapeurs de leur ciel se dorent,
    Lorsque je passe en les touchant ;
    Reine des ombres léthargiques,
    Je bâtis mes palais magiques
    Dans les nuages du couchant.
    Mon aile bleue est diaphane :
    L'essaim des Sylphes enchantés
    Croit voir sur mon dos, quand je plane,
    Frémir deux rayons argentés.
    Ma main luit, rose et transparente ;
    Mon souffle est la brise odorante
    Qui, le soir, erre dans les champs ;
    Ma chevelure est radieuse,
    Et ma bouche mélodieuse
    Mêle un sourire à tous ses chants !
    J'ai des grottes de coquillages ;
    J'ai des tentes de rameaux verts ;
    C'est moi que bercent les feuillages,
    Moi que berce le flot des mers.
    Si tu me suis, ombre ingénue,
    Je puis t'apprendre où va la nue,
    Te montrer d'où viennent les eaux ;
    Viens, sois ma compagne nouvelle,
    Si tu veux que je te révèle
    Ce que *** la voix des oiseaux.
    III
    LA PÉRI
    Ma sphère est l'Orient, région éclatante,
    Où le soleil est beau comme un roi dans sa tente !
    Son disque s'y promène en un ciel toujours pur.
    Ainsi, portant l'émir d'une riche contrée,
    Aux sons de la flûte sacrée,
    Vogue un navire d'or sur une mer d'azur.
    Tous les dons ont comblé la zone orientale.
    Dans tout autre climat, par une loi fatale,
    Près des fruits savoureux croissent les fruits amers ;
    Mais Dieu, qui pour l'Asie a des yeux moins austères,
    Y donne plus de fleurs aux terres,
    Plus d'étoiles aux cieux, plus de perles aux mers !
    Mon royaume s'étend depuis ces catacombes
    Qui paraissent des monts et ne sont que des tombes,
    Jusqu'à ce mur qu'un peuple ose en vain assiéger,
    Qui, tel qu'une ceinture où le Cathay respire,
    Environnant tout un empire,
    Garde dans l'univers comme un monde étranger !
    J'ai de vastes cités qu'en tous lieux on admire,
    Lahore aux champs fleuris ; Golconde ; Cachemire ;
    La guerrière Damas ; la royale Ispahan ;
    Bagdad, que ses remparts couvrent comme une armure ;
    Alep dont l'immense murmure
    Semble au pâtre lointain le bruit d'un Océan.
    Mysore est sur son trône une reine placée ;
    Médine aux mille tours, d'aiguilles hérissée,
    Avec ses fléches d'or, ses kiosques brillants,
    Est comme un bataillon, arrêté dans les plaines,
    Qui, parmi ses tentes hautaines,
    Élève une forêt de dards étincelants.
    On dirait qu'au désert, Thèbes, debout encore,
    Attend son peuple entier, absent depuis l'aurore.
    Madras a deux cités dans ses larges contours.
    Plus loin brille Delhy, la ville sans rivales,
    Et sous ses portes triomphales
    Douze éléphants de front passent avec leurs tours.
    Bel enfant ! viens errer, parmi tant de merveilles
    Sur ces toits pleins de fleurs ainsi que des corbeilles,
    Dans le camp vagabond des Arabes ligués.
    Viens ; nous verrons danser les jeunes bayadères,
    Le soir, lorsque les dromadaires
    Près du puits du désert s'arrêtent fatigués.
    Là, sous de verts figuiers, sous d'épais sycomores,
    Luit le dôme d'étain du minaret des Maures ;
    La pagode de nacre au toit rose et changeant ;
    La tour de porcelaine aux clochettes dorées,
    Et, dans les jonques azurées,
    Le palanquin de pourpre aux longs rideaux d'argent.
    J'écarterai pour toi les rameaux du platane
    Qui voile dans son bain la rêveuse sultane ;
    Viens, nous rassurerons contre un ingrat oubli
    La vierge, qui, tirnide, ouvrant la nuit sa porte,
    Écoute si le vent lui porte
    La voix qu'elle préfère au chant du bengali.
    L'Orient fut jadis le paradis du monde. -
    Un printemps éternel de ses roses l'inonde,
    Et ce vaste hémisphère est un riant jardin.
    Toujours autour de nous sourit la douce joie ;
    Toi qui gémis, suis notre voie :
    Que t'importe le Ciel, quand je t'ouvre l'Eden ?
    LA FÉE
    L'Occident nébuleux est ma patrie heureuse.
    Là, variant dans l'air sa forme vaporeuse,
    Fuit la blanche nuée, ... et de loin bien souvent
    Le mortel isolé qui, radieux ou sombre,
    Poursuit un songe ou pleure une ombre,
    Assis, la contemple en rêvant !
    Car il est des douceurs pour les âmes blessées
    Dans les brumes du lac sur nos bois balancées,
    Dans nos monts où l'hiver semble à jamais s'asseoir ;
    Dans l'étoile, pareille à l'espoir solitaire,
    Qui vient, quand le jour fuit la terre,
    Mêler son orient au soir.
    Nos cieux voilés plairont à ta douleur amère,
    Enfant, que Dieu retire et qui pleures ta mère !
    Viens, l'écho des vallons, les soupirs du ruisseau,
    Et la voix des forêts au bruit des vents unie,
    Te rendront la vague harmonie
    Qui t'endormait dans ton berceau !
    Crains des bleus horizons le cercle monotone.
    Les brouillards, les vapeurs, le nuage qui tonne,
    Tempèrent le soleil dans nos cieux parvenu ;
    Et l'oeil voit au loin fuir leurs lignes nébuleuses,
    Comme des flottes merveilleuses
    Qui viennent d'un monde inconnu !
    C'est pour moi que les vents font, sur nos mers bruyantes
    Tournoyer l'air et l'onde en trombes foudroyantes ;
    La tempète à mes chants suspend son vol fatal ;
    L'arc-en-ciel pour mes pieds, qu'un or fluide arrose,
    Comme un pont de nacre, se pose sur les cascades de cristal.
    Du moresque Aihambra j 'ai les frêles portiques ;
    J'ai la grotte enchantée aux piliers basaltiques,
    Où la mer de Staffa brise un flot inégal ;
    Et j'aide le pêcheur, roi des vagues brumeuses,
    À bâtir ses huttes fumeuses
    Sur les vieux palais de Fingal.
    Épouvantant les nuits d'une trompeuse aurore,
    Là, souvent à ma voix un rouge météore
    Croise en voûte de feu ses gerbes dans les airs ;
    Et le chasseur, debout sur la roche pendante,
    Croit voir une comète ardente
    Baignant ses flammes dans les mers !
    Viens, jeune âme, avec moi, de mes soeurs obéie,
    Peupler de gais follets la morose abbaye ;
    Mes nains et mes géants te suivront à ma voix ;
    Viens, troublant de ton cor les monts inaccessibles,
    Guider ces meutes invisibles
    Qui la nuit chassent dans nos bois.
    Tu verras les barons, sous leurs tours féodales,
    De l'humble pèlerin détachant les sandales ;
    Et les sombres créneaux d'écussons décorés ;
    Et la dame tout bas priant, pour un beau page,
    Quelque mystérieuse image
    Peinte sur des vitraux dorés.
    C'est nous qui, visitant les gothiques églises,
    Ouvrons leur nef sonore au murmure des brises ;
    Quand la lune du tremble argente les rameaux,
    Le pâtre voit dans l'air, avec des chants mystiques,
    Folâtrer nos choeurs fantastiques
    Autour du clocher des hameaux.
    De quels enchantements l'Occident se décore !
    Viens, le ciel est bien loin, ton aile est faible encore !
    Oublie en notre empire un voyage fatal.
    Un charme s'y révèle aux lieux les plus sauvages ;
    Et l'étranger *** nos rivages
    Plus doux que le pays natal !
    IV
    Et l'enfant hésitait, et déjà moins rebelle
    Écoutait des esprits l'appel fallacieux ;
    La terre qu'il fuyait semblait pourtant si belle ! -
    Soudain il disparut à leur vue infidèle...
    Il avait entrevu les cieux !
  8. username

    username Thành viên rất tích cực

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    19/07/2001
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    Cám ơn bác đã post cái này lên nhưng lẽ ra bác chỉ nên cho cái link cho những ai quan tâm tới thơ Victor Hugo thì vào xem chứ thế này thì phí công bác ra mà lại không ai xem.
  9. quocviet

    quocviet Thành viên rất tích cực

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    Nè bạn Angelique ơi, bạn là nam hay nữ vậy?
    Cái ảnh của bạn kiếm ở đâu vậy? Bên Mỹ à? Ý tui muốn hỏi về phim Angelique ý mà? Bạn biết ở đâu có thể lấy được ảnh về phim này không? Còn nữa, truyện Tình sử Angelique bản gốc tiếng Pháp nữa?
    Cám ơn bạn trước nha !!!
    J'aime Angelique, hihi... :)
    Truongxua Network
    http://www.truongxua.fr.st
  10. Angelique

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    Angie là nữ, site có ảnh là thuộc về geocities bị f/w ở VN, tôi không thể post ở đây vì ttvn sẽ bị lock up khi ai vào 1 site bị f/w . còn truyện có thể đặt mua ở www.alapage.com, tác giả Golon, ~ US$8/quyển, hình như trong www.angeliquebooks.com cũng có 1 số ảnh

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