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Theo dòng thời sự ?-? Disparition d'un avion Air France, plus de 200 passagers étaient à bord (p.29-

Chủ đề trong 'Pháp (Club de Francais)' bởi Le_Plus_Beau_new, 13/03/2006.

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  1. johanl

    johanl Thành viên mới

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    Theo dòng thời sự phát, mai là tròn một năm kể từ vòng bầu cử Tổng thống đầu tiên năm 2007... Năm cầm quyền đầu tiên của một vị Tổng thống cách tân mà lại mang đậm không khí của một triều đại đang thoái trào, thậm chí sắp sụp đổ. Cải cách không đồng bộ, không có trọng tâm, không có phương pháp ; các bộ trưởng đều không có năng lực (điển hình là Dati, Lagarde, Bachelot, Boutin, Darcos, Borloo...) và được cầm lái bởi một người mà theo các nhà phân tích, còn chưa thực sự đủ chín chắn, ổn định về mặt tâm lý... tất cả những điều này đã biến nước Pháp thành một mớ hỗn độn và, chịu sự ảnh hưởng của khủng hoảng kinh tế tài chính trên quy mô toàn cầu, nền kinh tế Pháp hiện đang mất phương hướng và người dân Pháp có thể coi đã hoàn toàn mất niềm tin vào giới chính trị. Một lần nữa, họ lại có cảm giác bị lừa, bị "vote" hớ...
    -----------------------------------------------
    É***orial
    Vaudeville

    François Sergent
    QUOTIDIEN : lundi 21 avril 2008
    Nicolas Sarkozy avait promis de réhabiliter la politique et les Français l?Tavaient cru. Son discours d?Tinvestiture, il y a à peine un an, était un modèle du genre et salué comme tel. Volontarisme, esprit de réforme, attention aux plus démunis, respect des institutions. Le Président avait compris que les Français n?Ten pouvaient plus du
    chiraquisme, ces douze ans de je-m?Ten-foutisme bienveillant mâtiné de tiers-mondisme. La lune de miel ne durera qu?Tun été. Symboliquement, elle se termine en janvier par sa conférence de presse à l?TElysée saluée comme un paradigme par une presse enamourée - à l?Texception notable de ce quotidien - et qui n?Tétait qu?Tun exercice de présomption et d?Tillusionnisme.
    Qui se souvient aujourd?Thui de cet hyper président court-circuitant tous ses ministres dont le premier. Sarkozy qui avait combattu et battu des grands fauves de la politique comme Chirac, Villepin ou Juppé est devancé par un modeste élu de la Sarthe. Le «collaborateur» a pris sa revanche et le Président, comme le montrent sondages après sondages, reste collé en bas du classement.
    Et, ce n?Test plus le vaudeville de la vie privée qui plombe Nicolas Sarkozy. Comme l?Técrivait Marcel Gauchet, il lui manque «une inscription dans le temps». Les Français ne sont pas rebelles à toutes les réformes, mais ils ne croient plus ce Président qui, après douze mois d?Texercice chaotique du pouvoir, ne leur a toujours pas donné de feuille de route. Sarkozy pâtit d?Tun déficit de crédibilité, d?Tautant plus fort qu?Til s?Tétait engagé à faire de la politique autrement.
    Et ce n?Test pas une interview qui renversera la vapeur.
    http://www.liberation.fr/actualite/politiques/322314.FR.php
    © Libération
  2. lahm

    lahm Thành viên mới

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    Happy birthday to you, Mr Président !
    Avec i>Télé, la chronique de Nicolas Domenach, directeur-adjoint de la rédaction de Marianne.
    http://www.marianne2.fr/Happy-birthday-to-you,-Mr-President-!_a86465.html?PHPSESSID=f37e72e3021f6c37d2b23ff5d8cbc1bd

    Il y a eu la grande désillusion. Maintenant, c''est la colère. La droite est furax contre son champion. Plus encore que contre Chirac après un an de règne. La pire des comparaisons pour Sarkozy. Pourtant, elle revient souvent, comme si une partie des Français voulait enfoncer l''actuel Président davantage encore, en comparant son immobilisme brouillon et bavard au reniement passif de son prédécesseur. Selon le dernier sondage IFOF-JDD, ils ne sont que 36 % de Français à avoir une bonne opinion du chef de l''Etat contre 37% pour Chirac après un an de règne également. Le score le plus bas de tous les présidents de la Ve République, pour celui qui, dans l''hebdomadaire Le Point n''hésite pas à affirmer encore que «gouverner finalement est plus facile que ce que je pensais?» Inconscience ? Arrogance? Provocation?
    Tous les sondages pourtant soulignent le même verdict. Ainsi, selon l''enquête de Viavoice pour Libération, 59% des Français jugent son bilan «comme un échec». A l''exception de la défiscalisation des heures supplémentaires - et encore, son appréciation est très partagée - il n''est guère de mesures qui trouvent grâce à leurs yeux.
    Ainsi le paquet fiscal est-il majoritairement rejeté, de même que la réduction du nombre de fonctionnaires ou la suppression des régimes spéciaux de retraite. Mais, plus généralement, sa politique comme son style sont très majoritairement réprouvés, y compris par ceux qui ont voté Sarkozy. Les ouvriers et même les retraités, ces deux électorats qu''il avait su très habilement conquérir pendant la campagne, se sont détournés de lui et lui expriment, souvent brutalement, leur amertume, leur frustration et le ressentiment dont les députés UMP se font les porte-parole de plus en plus insolents chaque mardi en réunion de groupe à l''Assemblée. Elus et électeurs consonnent dans la dissonance rageuse.
    Même les lecteurs du Figaro se disent «écoeurés» !
    Car ils y ont cru à Sarkozy, ils y ont mis leur passion qui se retourne maintenant contre lui. Allez, par exemple, sur le site du Figaro, vous y lirez, vous y entendrez le long et furieux lamento des électeurs trompés : « J''ai voté pour lui, et je suis écoeuré», protestent-ils en cocus mécontents. Les uns incriminent encore son mauvais genre, son incapacité à s''élever au niveau respectable de la fonction, en dépit de ses efforts pour prouver qu''il a changé. Certes, quelques lecteurs figaresques affirment que «Carla est ce qui lui est arrivé de mieux», mais la plupart s''indignent toujours de son exhibitionnisme, de son égotisme, «de sa manière indécente d''exhiber sa femme comme un jouet, un trophée de guerre», et rappellent «nous ne voulons pas de Ken et Barbie à l''Elysée mais d''un couple qui soit à l''écoute».
    Les récriminations les plus nombreuses portent sur sa politique. Beaucoup lui reprochent de «n''avoir rien fait pour les petites retraites ou les faibles salaires», mais «tout pour les privilégiés». Plus nombreux encore sont ceux qui l''accusent de les avoir bernés en leur faisant croire qu''il était le Thatcher français, alors qu''il se révèle une «pâle copie chiraquienne». «J''espérais des vraies réformes, écrit ainsi l''un d''eux, et nous n''avons eu que des réformettes à la Chirac». «Ma déception est à la hauteur de mes espoirs, affirme l''autre. Je retrouve la France de son ignoble (sic) prédécesseur». Quand un troisième prévient ni plus ni moins qu''il veut vendre tous ses biens et partir à l''étranger, car Sarkozy «va faire comme les autres et augmenter les impôts»? Celui-là incite à fuir, mais il en est pour en appeler à un sursaut national avec? un autre chef ! «Dans cette ambiance mortifère de fin de règne, la droite doit se trouver impérativement un autre leader».
    Juppé le sauveur ?
    Sarkozy n''est plus le roi mage, mais un politicien défait aux municipales et dont on se détourne déjà ! Quelques-uns, rares, évoquent le nom de François Fillon, mais beaucoup citent celui d''Alain Juppé. Eh oui, le maire de Bordeaux dont Nicolas Sarkozy disait qu''il était un «diplodocus», mort après sa défaite aux législatives, revient de l''au-delà du rejet populaire grâce à? la disgrâce de Sarkozy et à sa victoire aux municipales. Un retour de faveur qui ne lui a pas échappé d''ailleurs, puisque l''ancien Premier ministre confesse désormais ne rien exclure pour 2012?
    Certains même en sont à évoquer le duel du futur : Juppé-DSK. En attendant, il y a quand même quelques sarkozystes, ravis, pour lui dire «Courage, tenez bon». A la vérité, ils ne sont pas nombreux du tout. Mais, basta ! Sarkozy a toujours *** que c''est dans l''adversité qu''il se révélait le meilleur. Il va falloir qu''il soit le meilleur des meilleurs. Car aucun Président jusqu''ici ne s''est remis d''une telle désillusion rageuse, sans en passer par un désastre électoral ! Sarkozy peut toujours demander à Villepin comment on organise des législatives anticipées désastreuses, qui permettraient ensuite une présidentielle triomphante !
    Lundi 21 Avril 2008 - 12:02
    Nicolas Domenach
    Source : http://www.marianne2.fr
  3. squirol

    squirol Thành viên mới

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    M. Sarkozy et M. Fillon se renvoient la responsabilité des couacs gouvernementaux
    LE MONDE | 18.04.08 | 14h47 ? Mis à jour le 18.04.08 | 21h01
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/04/18/m-sarkozy-et-m-fillon-se-renvoient-la-responsabilite-des-couacs-gouvernementaux_1035660_823448.html#ens_id=998385

    Chaque jour ou presque, on rapporte à François Fillon un agacement de Nicolas Sarkozy, une phrase un peu vive d''un collaborateur du président à son égard. A l''Elysée, on tempête, on s''impatiente. Un ministre dérape ? "C''est la faute à Fillon." Un dossier mal préparé et mal vendu ? "Fillon." Un manque de visibilité : "Fillon bien sûr." "Sarkozy est condamné à s''occuper de tout", lâche un proche du président. Une autre manière de dire que le premier ministre ne fait rien.
    De son côté, le chef du gouvernement s''interroge à haute voix. Sur le rôle de l''Elysée : concernant la carte Familles nombreuses, Matignon a beau jeu de souligner que c''est de là-bas qu''a été pilotée la révision générale des politiques publiques. Sur l''autorité même du chef de l''Etat : commentant les propos de Nathalie Kosciusko-Morizet, sur "les lâchetés" de ses pairs, le premier ministre fait remarquer que sa secrétaire d''Etat à l''écologie assistait, la veille de l''incident, à un petit-déjeuner des ministres sarkozystes - dont il n''était pas - au cours duquel le président avait réclamé davantage de solidarité. Et M. Fillon de conclure : "Les messages du président doivent être répétés plusieurs fois pour être compris, même de ses plus proches supporteurs."
    Pour l''heure, rien ne change. "Sarkozy n''aime pas tuer", explique un de ses visiteurs. Le chef de l''Etat en a-t-il seulement les moyens, face à un premier ministre soutenu par sa majorité et par l''opinion ? "J''aime sentir que le message passe", confiait chef du gouvernement, le 11 avril au Japon. De son passage sur TF1 le 30
    mars, il a retenu les "nombreux" SMS reçus après sa prestation : "Quand on a le sentiment d''être entendu, c''est plus agréable que l''inverse." Et les sondages ? "Ce serait malhonnête de dire que je ne les regarde pas", confie-t-il.
    M. Sarkozy ne les ignore pas non plus. Mercredi 16 avril, alors que le chef de l''Etat a mis en garde ses ministres après une série de "couacs", il a pris soin d''associer son premier ministre : "François et moi estimons que ça suffit !"
    MM. Fillon et Sarkozy n''ont jamais été amis. Les sarkozystes remarquent que le premier n''a rejoint le second qu''après son éviction du gouvernement en 2005. Autant dire hier... Un proche des deux hommes explique : "Tout s''est détérioré quand Fillon a *** en Corse, en septembre 2007 : "Je suis à la tête d''un Etat en faillite".
    Ce n''est pas le mot de "faillite" qui a provoqué Sarkozy, mais l''expression "à la tête"." Autre explication avancée à l''UMP : en mal d''ennemis, M. Sarkozy cultiverait une rivalité avec son premier ministre pour se galvaniser... "François et moi nous avons nos désaccords mais ce n''est rien par rapport à ce qui se passait entre moi et Chirac ou entre Chirac et Giscard", a confié le chef de l''Etat, mercredi. Presque un regret...
    En attendant, M. Sarkozy s''essaye à l''art mitterrandien de la gestion par la rivalité, faisant émerger un potentiel successeur à son premier ministre : aujourd''hui Xavier Bertrand, demain peut-être un autre. Les députés s''en amusent : "Tu viens de faire un pas vers Matignon car Fillon a été brillant", a glissé à M. Bertrand, le député (UMP) du Morbihan, François Goulard après la réponse du premier ministre à la motion de censure socialiste. A l''Elysée un conseiller assure que le chef de l''Etat "ne déteste pas Fillon parce qu''il sait quand et par qui le changer". Il poursuit : "Mais ils doivent se séparer bons amis. C''est essentiel pour l''opinion publique et la majorité."
    En attendant, il faut donner le change. François Fillon détestait naguère qu''on l''interroge sur sa relation avec Nicolas Sarkozy. Désormais, il en joue : "On a écrit le programme ensemble, on met au point le calendrier ensemble. La seule question qui vaille, c''est : est-ce que le premier ministre fait son boulot, des réformes, coordonne la majorité ?" Justement, Nicolas Sarkozy en doute.
    Christophe Jakubyszyn et Philippe Ridet
    Article paru dans l''é***ion du 19.04.08
  4. johanl

    johanl Thành viên mới

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    E***orial

    France-Chine : une occasion manquée

    mercredi 23 avril 2008
    http://www.ouest-france.fr/France-Chine-une-occasion-manquee-/re/actuDet/actu_3632-619948------_actu.html
    Dans la tra***ion ancestrale chinoise, envoyer une ambassade à l''empereur vaut allégeance au pouvoir central.
    Soucieux d''apaiser la tension entre les deux pays, consécutive au passage mouvementé de la flamme olympique à Paris, Nicolas Sarkozy dépêche trois émissaires de haut rang : le président du Sénat, Christian Poncelet, un ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, et son propre conseiller diplomatique, Jean-David Lévitte. Le chef de l''État a chargé le premier d''un message de sympathie contrite à l''intention de l''athlète handicapée Jin Jing, bousculée dans la capitale française en protégeant le flambeau des assauts de manifestants pro tibétains.
    Pékin n''en demandait pas tant. Elle vole immédiatement au secours des magasins Carrefour, pris à partie, depuis quelques jours, par des manifestants en colère. Elle appelle au calme et condamne les « gestes » excessifs, comme la destruction de drapeaux tricolores, qui ont heurté le gouvernement français.
    Mais qui peut croire que des mouvements « patriotiques » spontanés puissent se produire en Chine contre un pays étranger ? Qui peut penser que des appels à boycotter une entreprise française puissent être diffusés sur un réseau Internet aussi verrouillé sans être inspirés par le pouvoir ?
    Il arrive pourtant que le peuple chinois s''exprime de lui-même, parfois avec violence. Sans même parler de celle qui a enflammé le Tibet, en mars, il y a bien des révoltes populaires en Chine. Des conflits de la terre, qui opposent les paysans aux promoteurs industriels, par exemple, sont réprimés sans ménagements. L''un d''eux a fait un mort, mardi, dans le Yunan.
    Sous la pression, Paris a cédé. Pékin a gagné. Le pouvoir chinois avait ciblé la France parce que, dans le concert de protestations soulevé dans le monde par la répression au Tibet, elle lui semblait être le maillon faible. Diverses raisons à cela. Le fiasco du parcours de la flamme chez nous a pesé lourd. La menace de boycottage de la cérémonie d''ouverture des Jeux olympiques par Nicolas Sarkozy aussi. D''autant que ce dernier présidera alors l''Union européenne.
    Il fallait un coup de semonce pour empêcher une position commune des Vingt-Sept sur cette ligne. Pékin l''a donné avec d''autant plus d''assurance que la diplomatie française, confuse, hésitait. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, avait contraint sa secrétaire d''État aux Droits de l''homme, Rama Yade, à démentir avoir jamais parlé de « con***ions » pour la présence du président de la République à l''ouverture des Jeux.
    On comprend l''embarras des dirigeants français, qui ont besoin d''entretenir de bonnes relations avec la Chine, partenaire essentielle, non seulement sur le plan économique et commercial, mais aussi pour la gestion des affaires du monde. Il n''est pas imaginable de lutter efficacement contre le réchauffement climatique ou contre la pénurie alimentaire, par exemple, si les Chinois ne s''en mêlent pas.
    Fallait-il pour autant courber le dos ? En cherchant à se sortir seuls d''une mauvaise passe, nos dirigeants font le jeu des Chinois, qui ne veulent surtout pas d''attitude commune européenne. C''est d''autant plus regrettable que dix commissaires européens, menés par leur président, José-Manuel Barroso, se rendent, eux aussi, en Chine, porteurs des mêmes préoccupations. Belle occasion manquée pour la future présidence française de l''Union.
    Joseph LIMAGNE.
  5. matthias

    matthias Thành viên mới

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    Chronique
    Bal costumé matinal à Rungis

    par Dominique Dhombres
    LE MONDE | 28.05.08 | 14h06 ? Mis à jour le 28.05.08 | 14h06
    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/05/28/bal-costume-matinal-a-rungis-par-dominique-dhombres_1050786_3232.html
    La France qui se lève tôt était saluée, mardi 27 mai, par celui qui veut désormais "faire président", son épouse à ses côtés. Vous n''avez normalement pas pu échapper à ces images. Pour ceux qui auraient manqué cet épisode, Nicolas Sarkozy, accompagné de Carla Bruni-Sarkozy, arpentait à 5 heures et demie du matin les allées du Marché d''intérêt national (MIN) de Rungis (Val-de-Marne). Des étrangers sans papiers qui travaillent au MIN (aux mines ?) avaient été précédemment priés de déguerpir, comme cela a déjà été relaté dans Le Monde d''hier.
    Le couple avait donc mis son réveil à 4 heures un quart. "Ce matin, à 4 heures un quart, lorsqu''on a quitté la maison, quand Carla m''a *** : "Je viens avec toi", c''était quand même une journée qui commençait bien", disait l''intéressé devant une forêt de caméras et de micros. Notre indécrottable cabotin national voulait apparaître, en costume de président, tenant par le bras son épouse en trench-coat au milieu des garçons bouchers en blouse blanche. La classe ! Puisqu''il s''agit en quelque sorte d''un bal costumé matinal, on décrit les habits. Noir, de chez le meilleur faiseur, avec chemise blanche à rayures bleues et cravate noire pour le président. Le trench-coat de la dame, négligemment noué à la taille, était brun foncé, ce qui faisait admirablement ressortir ses longs cheveux auburn. C''était quasiment un défilé de mode, les blouses blanches des accompagnateurs officiels, des grossistes et des garçons bouchers formant en quelque sorte le fond de décor. On se moque ? Ce n''est même plus la peine, tant cette mise en scène était apprêtée.
    C''était la première sortie commune du couple en France depuis leur mariage. Après la reine d''Angleterre, les garçons bouchers ! Ce qui avait si bien réussi, pendant la campagne, une visite aux aurores à Rungis, pouvait très bien se refaire en costume présidentiel. On était dans le symbolique élyséen pur. Le président reçoit chaque année dans son palais le muguet offert par les forts des Halles. Cette fois, il ferait encore plus fort que ses prédécesseurs en leur rendant la politesse. Il se déplacerait, avec son épouse, jusqu''aux pavillons de Rungis. Mais attention ! Les bouchers, les maraîchers, les grossistes en fruits et légumes, oui ! Les mareyeurs, non ! Des fois qu''on lui balance du poisson à la figure. Le président et son épouse, ancien mannequin devenu chanteuse, ont donc pris leur café à Rungis. Grand bien leur fasse ! Le président est allé ensuite annoncer au micro de RTL, à propos du prix des produits pétroliers, des mesures techniques très limitées ou inapplicables en raison de l''opposition de nos partenaires européens sur un sujet qui nécessite l''unanimité. Le bal costumé matinal n''était pas mal. Les mesures sont nulles.
    Dominique Dhombres
    Article paru dans l''é***ion du 29.05.08
  6. johanl

    johanl Thành viên mới

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    Rachida Dati, l''ombre d''un doute
    LE MONDE | 30.05.08 | 15h37 õ? Mis à jour le 30.05.08 | 20h30
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/05/30/rachida-dati-l-ombre-d-un-doute_1051838_823448.html#ens_id=1051592
    Samedi 24 mai, Rachida Dati est venue dâjeuner à l''Elysâe. Un moment intime, avec Carla et Nicolas Sarkozy, comme il lui arrive souvent d''en avoir, depuis que le monde politique lui tient aussi lieu de vie privâe. Le prâsident devinait dâjà les inquiâtudes de sa ministre. Depuis qu''il ne l''a pas choisie, à la mi-mai, pour figurer dans le petit groupe de sept ministres chargâs d''expliquer sa politique, il sait les rumeurs de disgrÂce qu''il a lui-même provoquâes.
    Il n''a pas eu besoin de lui dire quoi que ce soit. Depuis des mois qu''il lui râpăte : "Tu n''es pas à Disneyland, tu es en politique. Alors bats-toi, et si on t''attaque, tu t''en fous !", il n''ignore rien de ses angoisses, de ses insuffisances, de sa solitude aussi. En 2004, lorsqu''il l''avait "oubliâe" dans la constitution de son cabinet, au ministăre de l''âconomie, il l''a vue s''effondrer en sanglots : "Je veux rester avec vous !" En 2007, lorsqu''elle assistait au dâfilâ des prâtendants espârant un portefeuille, il l''a vue revenir vingt fois dans son bureau lui dire bravement : "Je sais bien que vous ne m''abandonnerez pas."
    Elle le vouvoie même en vacances et persiste à l''appeler "Monsieur le prâsident". Mais il y a entre eux des secrets bien gardâs qui valent les plus longues amitiâs. Le 24 mai au soir, lors de la finale de la Coupe de France de football, Nicolas Sarkozy l''a donc placâe bien en vue dans la tribune officielle, juste derriăre lui.
    Cela n''a pas suffi à âteindre les critiques qui s''expriment sur la garde des sceaux. On murmurait dâjà sur ses maladresses et sa brutalitâ, ses robes Dior et ses photos glamour, la faiblesse de ses prestations tâlâvisâes, les neuf dâparts de collaborateurs au sein de son cabinet et sa chute de vingt points en douze mois dans les sondages. Et puisque l''Elysâe ne venait pas plus fermement à son secours, des dâputâs UMP ont rejoint ceux de gauche pour l''attaquer.
    Le 20 mai, ils avaient dâjà notâ que la ministre de la justice, contrairement à l''usage, n''âtait pas montâe à la tribune de l''Assemblâe nationale dâfendre le projet de loi de râvision constitutionnelle. "Ne l''envoyez pas au front, elle est nulle", avait implorâ Edouard Balladur auprăs de l''Elysâe. A Matignon, la chose a vite paru entendue. Malgrâ la prâsence constante à ses côtâs de Roger Karoutchi, le ministre chargâ des relations avec le Parlement, qui est là pour la "coacher", Rachida Dati ne peut assumer seule un dâbat. A deux reprises, lors de râunions avec des parlementaires, FranĐois Fillon, agacâ, a posâ sa main sur le bras de sa ministre pour interrompre le flot de ses affirmations cassantes et dâmentir ce qu''elle venait d''affirmer. Et l''ombre d''un doute est venue âbranler ceux qui, autour du prâsident, la croyaient son intouchable protâgâe.
    Dans son vaste bureau, place Vendôme, oạ elle picore le dâjeuner servi sur une table basse, Rachida Dati, 43 ans, affirme pourtant : "Je ne me suis jamais mise dans la position de favorite. Je ne suis pas une crâation de Nicolas Sarkozy. Lorsque je l''ai rencontrâ, mon râseau âtait fait, lance-t-elle avec ce brin d''arrogance qui exaspăre ceux qui la jalousent. Mais je lui suis redevable et je ne veux surtout pas le contrarier."
    Depuis toujours, c''est là sa force. Elle l''imite en tous points. Le soutient toujours. Ne le trahit jamais. Elle reste la seule, au sein du gouvernement, à avoir jouâ les confidentes auprăs de Câcilia Sarkozy lorsque le chef de l''Etat frađchement âlu espârait encore âviter un divorce. Et l''une des rares à être sortie sans dommage de cette proximitâ avec l''ex-premiăre dame. N''a-t-elle pas rompu avec celle qui l''appelait jusque-là sa "soeur" lorsque cette derniăre, à peine divorcâe, l''a conviâe à dđner dans un restaurant en vue sans la prâvenir que Richard Attias serait à ses côtâs ?
    Pour sa part, Nicolas Sarkozy a toujours balayâ les critiques contre sa garde des sceaux. "Que veux-tu, quand je suis entourâ de Rama (Yade) et de Rachida, on voit tout de suite que la France a changâ", a-t-il expliquâ à Brice Hortefeux lorsque ce dernier se plaignait des vacheries distillâes par la ministre contre lui. Pour autant, le chef de l''Etat n''ignore plus les râserves que suscitent les ambitions politiques de sa ministre. Cet hiver, malmenâe par les magistrats, contestâe par les dâputâs, Rachida Dati a laissâ courir le bruit qu''elle pourrait être nommâe ministre de l''intârieur. Elle s''en dâfend aujourd''hui tout en souriant : "Les ministres de l''intârieur heureux sont nombreux, pas les ministres de la justice."
    Elle a dằ cependant remballer ses aspirations. Quelques grands chefs de la police ont glissâ au prâsident qu''une telle nomination serait difficile à faire admettre. Jean-Pierre Raffarin, que le prâsident a chargâ de la cornaquer parmi les parlementaires, assure qu''"elle a vite compris qu''elle ne pourrait être une mâtâorite Place Vendôme".
    Sa carriăre spectaculaire de jeune magistrate propulsâe ministre sur ordre prâsidentiel continue pourtant de troubler. Au ministăre de la justice, la garde des sceaux a d''emblâe bousculâ les habitudes et les rythmes, y compris sur des dossiers qui râclament parfois du temps et du doigtâ. Trăs vite, elle y a gagnâ un surnom, "la substitut", qui signale autant son niveau dans la hiârarchie judiciaire que son rapport au prâsident de la Râpublique, dont elle assume être le parfait relais. Certes, elle a affrontâ avec cran les manifestations et fait voter sa râforme de la carte judiciaire, malgrâ les nombreux recours dâposâs au Conseil d''Etat. Mais maintenant que la popularitâ du prâsident est malmenâe, la partie s''annonce plus difficile. Ne porte-t-elle pas les râformes les plus controversâes auprăs des parlementaires du mandat de Nicolas Sarkozy : râtention de sằretâ pour les criminels dangereux, protection des sources des journalistes, râforme de l''ordonnance de 1945 sur les mineurs, loi pânitentiaire ?
    Au coeur même de la chancellerie, son style n''a jamais âtâ tout à fait acceptâ. "Certains ont mis trăs longtemps à m''appeler madame la ministre, cela leur âcorchait la bouche", sourit-elle comme s''il s''agissait seulement de mâpris social. Il y a sans doute de cela. Inexpârimentâe dans un monde peuplâ d''experts de la machine judiciaire, issue d''un milieu modeste dans un univers particuliărement hiârarchisâ, elle aurait pourtant pu choisir de se plonger dans ses dossiers. Elle a prâfârâ s''imposer une discipline de star, sourire constant, minceur extrême et mondanitâs. Une partie de son cabinet n''y a pas râsistâ. Mais les effectifs de son service de communication ont doublâ.
    L''ancienne garde des sceaux socialiste Elisabeth Guigou lui avait glissâ : "C''est une fonction qui requiert de la gravitâ." Dans le bureau de son service de presse trône en majestâ la couverture de Paris Match sur laquelle elle pose, radieuse, en robe rose, collant râsille et talons aiguilles. Que des sarkozystes susurrent : "Ce n''est plus une beurette, c''est une fashion victim" la laisse de marbre : "Ils ont cru que j''âtais dans le registre de la futilitâ, mais je m''en fiche."
    "Beurette", Rachida Dati refuse de l''être, faisant mine d''ignorer ces origines que Nicolas Sarkozy ne cesse pourtant d''invoquer. Elle s''est toujours opposâe aux revendications communautaires. Le prâsident de la banque Rothschild, Gârard Worms, l''a fait entrer il y a quelques annâes au Siăcle, ce club des puissants. "Au dâbut, on ne m''adressait la parole que pour me parler de la banlieue, jure-t-elle, mais je veux y être et qu''on s''habitue à m''y voir."
    Il y a un mois, lors d''une visite de la ministre à Bruxelles, un collaborateur du commissaire europâen Jacques Barrot a cru fin de prâciser en lui offrant un cafâ : "Dâsolâ, il n''y a pas de corne de gazelle." Regard glacial de Rachida Dati et bredouillement du fonctionnaire : "Euh... moi aussi, je suis de là-bas." La ministre n''a pas fait un geste pour repêcher le maladroit. "Il ne faut lÂcher sur rien, ***-elle, ni sur le protocole ni sur le rang."
    C''est aussi la notion qu''elle a de ce fameux "rang" qui lui vaut ses difficultâs. Le prâsident a voulu la protâger politiquement en lui offrant de se prâsenter aux municipales, en mars, dans le 7e arrondissement de Paris, l''un des plus confortables pour la droite. "Il faudra qu''elle dâcouvre les mâandres du systăme parisien", avait alertâ le dâputâ Claude Goasguen. Il ne croyait pas si bien dire. Rachida Dati se pensait ministre, elle a âtâ parfois accueillie en fille d''immigrâs. Dans une section UMP, un militant a doctement demandâ : "Pourquoi ne fait-elle pas campagne chez les siens, dans les citâs ?"
    A peine âlue, la ministre a pourtant fermâ les yeux sur son score mitigâ et âvoquâ l''hypothăse de prendre la prâsidence du groupe UMP au Conseil de Paris en prâcisant : "Le prâsident le veut." Prudemment, Nicolas Sarkozy a sondâ quelques proches, âlus parisiens :
    "A-t-elle une chance ?
    - Aucune : le vote est à bulletin secret, elle n''a aucun râseau et n''est pas aimâe."

    Le prâsident a renoncâ mais il a aussitôt imposâ à ses râseaux parisiens de prâparer le terrain à sa dâsignation à la tête de la fâdâration UMP de Paris, à l''automne.
    Dans ses moments de relÂchement, pourtant, Rachida Dati peut abandonner son arrogance apparente et laisser entrevoir ses dâchirements. Ce păre autoritaire qui ne dâcroche pas son tâlâphone si elle a pris trop de retard pour le rappeler. Ces amies d''enfance, revues les week-ends oạ elle revient dans le pavillon familial à Chalon-sur-Saône, qui râclament "alors, raconte-nous Sarko !" Et qui, lorsqu''elle âlude toute confidence sur la vie privâe du prâsident, disent d''un ton plein de reproches : "?a y est, tu as changâ !" Mais elle reprend sa discipline de fer comme une sauvegarde. Et dâfoule ses tensions, le matin, en courant "comme le prâsident", autour du Champ-de-Mars, en âcoutant en boucle sur son iPod de vieux tubes de Sylvie Vartan.
    Raphaôlle Bacquâ
    Article paru dans l''â***ion du 31.05.08
  7. mathieu

    mathieu Thành viên mới

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    Une nomination encensée, une ministre critiquée
    Ménagée dans un premier temps par l?Topposition, la garde des Sceaux est attaquée par la gauche et une partie de la droite.
    ALAIN AUFFRAY
    QUOTIDIEN : mardi 3 juin 2008
    Elle a connu l?Tétat de grâce. Voici l?Tétat de disgrâce. Après le passage en force sur la réforme de la carte judiciaire, le débat sur le projet de loi constitutionnel puis la polémique sur le mariage annulé pour cause de mensonge sur la virginité ont renforcé le camp des détracteurs. De droite comme de gauche, les critiques pleuvent sur Rachida Dati. Et elles sont de plus en plus rudes. Dans son propre camp, la ministre de la Justice n?Test plus protégée par sa proximité avec le chef de l?TEtat. En est-elle d?Tailleurs toujours si proche, l?Tancienne porte-parole du candidat Sarkozy, exclue du septuor des ministres invités à l?TElysée ?
    Symbole. Du côté du PS, on a aussi cessé de prendre des gants. A l?TAssemblée nationale, les élus de gauche ont publiquement dénoncé la légèreté de la garde des Sceaux, censée défendre le projet de modernisation des institutions. Il est fini le temps où l?Topposition ménageait l?Téclatant symbole de l?Touverture à «la diversité». En nommant une enfant de l?Timmigration à la tête d?Tun ministère régalien, Nicolas Sarkozy avait osé le geste dont la gauche avait été incapable. Et c?Test pourquoi, dans les premiers mois du gouvernement Fillon, elle avait été relativement épargnée. Mais aujourd?Thui, le symbole est dans l?Tarène. Cet après-midi, lors des questions d?Tactualité à l?TAssemblée, elle aura sans doute à expliquer son revirement sur l?Tannulation du mariage de Lille (lire ci-contre). Plus tard, c?Test à François Fillon qu?Telle devra laisser la parole avant le vote solennel du projet de loi constitutionnel.
    Au cours de la discussion de ce texte, le président (UMP) de l?TAssemblée nationale, Bernard Accoyer, avait dû appeler les députés «à la dignité et au respect de l?Tautre - singulièrement de la garde des Sceaux». A plusieurs reprises, en effet, des élus ont ironisé sur les silences de Rachida Dati, le plus souvent du «même avis» que Jean-Luc Warsmann, rapporteur (UMP) du projet de loi constitutionnelle.
    Pour défendre la ministre malmenée, les poids lourds de la majorité sont montés au créneau. A propos du mariage annulé, Xavier Bertrand assurait hier que «ce qu?Telle a *** correspond tout à fait au rôle du garde des Sceaux». En fin de semaine dernière, Jean-Luc Warsmann s?Tétait fendu d?Tun communiqué : «Je ne comprends pas les attaques dont fait actuellement l?Tobjet la garde des Sceaux. Grâce à [?] son investissement personnel dans ce projet de loi, elle a permis d?Tobtenir de nombreuses avancées.» Il répondait ainsi aux critiques de son camp. Parmi les plus cruelles, celle du gaulliste Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel pour qui la réforme constitutionnelle «partait dans tous les sens» et qui n?Tétait «pas loin de partager» l?Tavis selon lequel Rachida Dati faisait «mal son boulot».
    «Obstination». L?Tex-garde des Sceaux socialiste Elisabeth Guigou s?Test associée, «à regret», au concert des critiques. Dans le débat sur les institutions, Dati a fait preuve, selon elle, tantôt de «légèreté» tantôt «d?Tobstination». «Cela me désole car j?Tai de la sympathie pour elle. Elle a fait un parcours exceptionnel, c?Test une des réussites de Nicolas Sarkozy.» Cette «réussite», Guigou pense qu?Telle aurait pu «s?Taffirmer de manière bien plus convaincante à un autre poste». En lui confiant la Chancellerie, le chef de l?TEtat ne lui aurait somme toute «pas rendu service».
    http://www.liberation.fr/actualite/societe/329470.FR.php
    © Libération
  8. kuroaki

    kuroaki Thành viên mới

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    Enquête sur les caprices de Rachida Dati (1/2)
    Elle reste l''une des stars du gouvernement, mais son étoile commence à pâlir dans l''opinion. Et à l''Elysée ? En une année, la garde des Sceaux s''est, en tout cas, fait de nombreux ennemis. Autoritarisme, dépenses excessives, légèreté, voire incompétence... Le dossier de L''Express sur ces accusations et les réponses de la ministre.
    Par Gilles Gaetner, Eric Pelletier, Jean-Marie Pontaut et Ludovic Vigogne, mis à jour le 05/06/2008 - publié le 05/06/2008

    Splendeurs et misères d''un symbole de la République... En mai 2007, la nomination de Rachida Dati Place Vendôme consacre une ascension politique et sociale sans précédent. Ministre de la Justice à 41 ans, incarnation de la méritocratie, elle revêt avec délectation les habits neufs du pouvoir. Dati n''a pas seulement pour mission de faire voter les lois phares du candidat en matière de sécurité. Elle doit faire voler en éclats les conservatismes français et leurs scories : machisme et racisme en tête. Le charme opère un temps. Mais, un an après sa promotion, l''étoile du système Sarkozy ne brille plus avec autant d''intensité. A l''Assemblée nationale, elle semble trop souvent dépassée par les textes qu''elle doit défendre, comme récemment le projet de révision constitutionnelle. Plus encore, ses caprices agacent jusque dans les rangs de la majorité. Si elle reste une star du gouvernement, signant des autographes à chaque déplacement comme une vedette de la chanson, la cote d''influence de la garde des Sceaux a perdu 10 points, chutant de 42 % à 32 % entre septembre 2007 et mai 2008, selon le baromètre BVA-Orange-L''Express. Ses adversaires ne se cachent plus, même au sein de son propre camp. « La politique se résume souvent au plaisir de cogner pour cogner. Il y a quelque chose d''infantile dans ce comportement », se console Rachida Dati. Mais, au fond, n''est-elle pas devenue sa meilleure ennemie ?
    Lors de ses déplacements, les journalistes découvrent pourtant une femme affable, pétillante, au style direct. Ses dossiers, elle n''hésite pas à les délaisser un instant pour évoquer le charme de l''acteur Robert Redford ou la beauté de Ségolène Royal. A la chancellerie - « la chancell'' », comme elle *** - elle s''amuse à appeler les directeurs par leur prénom. Elle sait aussi détendre l''atmosphère et mettre les rieurs de son côté. André Vallini, député PS de l''Isère, n''a pas oublié ce débat avec celle qu''il voyait pour la première fois, à Grenoble, à la mi-septembre 2007. D''emblée, Rachida Dati le tutoie et lui donne du « André ». Au cours de son intervention, du coin de l''oeil, elle remarque que le journaliste Laurent Joffrin et le député ôtent tous deux leur veste au même moment. Elle a ce trait d''humour, souligné d''un sourire désarmant : « Alors, vous vous déshabillez pendant que je parle... » Depuis, le climat entre la ministre et le député s''est passablement refroidi. Vallini a stigmatisé la « légèreté insoutenable » de la garde des Sceaux, qui, selon lui, « entre dans les prisons comme on monte les marches du Festival de Cannes ». Celle-ci refuse de lui serrer la main.
    Les premiers à découvrir la face cachée de Rachida Dati ont été évidemment ses collaborateurs, témoins de ses sautes d''humeur. Un jour, mécontente d''une note rédigée par l''un d''eux, elle décroche son téléphone pour le ser- monner. Et ironise : « Nous sommes mercredi. Il est 16 h 30. Je pense que vous êtes déjà en week-end... » Elle moque le caractère réservé de la directrice des affaires civiles et du sceau : « Existez, manifestez-vous plus souvent ! » lance la ministre à cette membre du Conseil d''Etat, timide et travailleuse, qui n''hésite pas à rester tard dans la nuit à son bureau. Rachida Dati n''a jamais cherché à tempérer son impatience, le combustible de son incroyable vitalité. Ce trait de caractère se manifeste dans les moindres détails du quotidien. Il y a six mois environ, sa télévision tombe en panne. Elle somme illico le chef du bureau du cabinet, chargé de l''intendance, de trouver un réparateur dans le quart d''heure. Arrivé en urgence, celui-ci patientera plus d''une heure avant de pouvoir intervenir dans le bureau de la ministre...
    "Pour être membre d''un cabinet, il ne faut pas avoir peur"
    Certains, exaspérés, se rebiffent. Avant de claquer la porte, son ancien conseiller diplomatique lui réplique : « Ne me parlez pas comme ça ! » Michel Dobkine, son premier directeur du cabinet, a jeté l''éponge quelque six semaines seulement après sa nomination. Cet ancien directeur de l''Ecole nationale de la magistrature (ENM), très entier, fin technicien, ne supportait pas les certitudes de la ministre. L''attelage a vite explosé. Pour justifier le départ de Dobkine, Rachida Dati affirme qu''il ne se montrait pas suffisamment présent Place Vendôme, évoquant des dossiers qui n''arrivaient pas à l''heure. L''incident aura marqué le point de départ du désamour entre les magistrats et leur ministre. Depuis un an, une douzaine de membres de son cabinet ont quitté leurs fonctions, souvent dans des con***ions douloureuses. « Et Roselyne Bachelot ? Vous pensez qu''elle ne fait pas pleurer ses collaborateurs ? riposte, cinglante, la garde des Sceaux. Pour être membre d''un cabinet, il ne faut pas avoir peur. Un ministre entouré de collaborateurs qui se lamentent ne se sent pas en sécurité. »
    Ses caprices ont alourdi l''ambiance Place Vendôme. Plomberont-ils aussi les comptes du ministère ? A l''heure où l''on supprime des juridictions (voir"La bataille de la carte judiciaire"), les frais de réception se sont sensiblement accrus pour l''année 2007, a récemment révélé le site Internet Mediapart. La tendance se serait d''ailleurs confirmée au début de 2008. Selon le site, cette hausse est due essentiellement à la Fête de la musique de juin 2007 et à la garden-party du 13 juillet à l''hôtel de Bourvallais, siège du ministère. Deux événements qui, à eux seuls, auraient coûté plus de 80 000 euros. Au début de 2008, le contrôleur financier du ministère s''inquiétait de plusieurs factures de traiteur. Parmi d''autres demandes de remboursement figuraient des collants Wolford...
    Ses excès de glamour ternissent son image de garde des Sceaux
    Rachida Dati n''est pas du genre à esquisser un mea culpa. « Montrez-moi les factures ! lance-t-elle. Il n''y a jamais eu de dépassement. Je n''habite pas l''appartement de fonction du ministre. Je n''utilise pas ma voiture avec chauffeur le week-end. Je n''organise pas de réception à titre personnel à la chancellerie. » Et d''ajouter, pour clore le chapitre : « On m''aligne sur mes robes, mais, pendant ce temps, moi, je passe mes réformes ».
    En août 2007, l''argent du ministère a été au centre d''un imbroglio, passé inaperçu dans la torpeur de l''été. Le 16 août, un projet de budget est prématurément communiqué à Bercy, alors qu''il n''était pas finalisé : la répartition des 1 615 postes créés est erronée. La Place Vendôme a dû reprendre sa copie. Une erreur rarissime, car les budgets sont généralement validés par le ministre concerné avant d''être adressés aux Finances. Cette « bavure » a coûté sa place à la conseillère budgétaire, renvoyée dans une ambiance délétère. Les journaux se sont fait l''écho de ce nouvel éclat de voix du ministre.
    Avec les médias, Rachida Dati entretient des rapports complexes. Selon sa conception, la presse doit être un miroir lisse dans lequel elle s''admirerait. Mais ses excès de glamour, flatteurs pour son ego, ternissent l''image de la garde des Sceaux... Le 6 décembre 2007, Paris Match consacre sa Une à « L''année de toutes les ruptures ». La silhouette longiligne de la ministre vêtue d''une éclatante robe rose et rouge de chez Dior irradie la couverture. Une photo en pages intérieures, où on la voit posant en bas résille et en bottes à talons hauts dans le luxueux décor de l''hôtel Park Hyatt, rue de la Paix, à Paris, fait s''étrangler bon nombre de magistrats. Lesquels trouvent ce « costume » mal taillé pour la fonction.
    [...]
  9. niklas

    niklas Thành viên mới

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    Enquête sur les caprices de Rachida Dati (2/2)
    (suite et fin)
    Pendant ce temps-là, la misère humaine submerge des tribunaux bondés. « Elle s''est trompée de robe », raille Dominique Barella, ancien président de l''Union syndicale des magistrats (USM). Plusieurs conseillers, jusqu''à l''Elysée, ont bien tenté de dissuader la ministre de cette séance photo. L''attrait de la lumière l''a emporté. Ce procès en frivolité, Rachida Dati ne l''accepte pas. Elle s''insurge, quitte à grossir le trait des attaques : en France, selon elle, « on ne peut pas être ministre et coquette ». En réalité, la leçon a porté. « Dans l''ensemble du sujet de Paris Match, il y avait peut-être une photo de trop », concède-t-elle finalement. Récemment encore, un ami lui demandait pourquoi elle ne venait pas à Cannes lors du festival. « Tu es malade ! » lui a rétorqué la garde des Sceaux, craignant pour son image. Elle ajoutait que, de toute façon, on s''y ennuie à mourir !
    Avec les journalistes spécialisés dans les questions de justice, les relations restent fraîches. Michel Deléan, grand reporter au Journal du dimanche, en témoigne sur son blog. Lors de la tra***ionnelle réception de début d''année, organisée à la chancellerie le 17 janvier dernier, Rachida Dati, tout sourire, salue ses invités un à un. Comme beaucoup, Deléan a reçu un carton quelques semaines auparavant. Mais il vient de signer un article évoquant la demande d''au***ion, comme simple témoin, de la garde des Sceaux, en marge d''une affaire judiciaire. Rachida Dati ne lui pardonne pas ce crime de lèse-majesté. « Si j''avais su qui vous étiez, je ne vous aurais pas salué », lâche-t-elle soudain, en retirant sa main lorsqu''elle réalise l''identité de son invité. Interrogée sur cette scène, la ministre assure qu''elle n''a jamais existé.
    Elle supporte mal qu''un journal la mette en cause
    A la suite d''une polémique sur ses con***ions d''entrée dans la magistrature, L''Express du 25 octobre 2007 confirmequ''elle disposait bien du diplôme requis, mais révélait qu''elle n''était pas titulaire du MBA mentionné dans son dossier d''intégration. Mécontente de ces informations, Rachida Dati ne cacha pas sa colère, sommant plusieurs magistrats de la défendre. Elle niera finalement toute pression, mettant ces appels à la rédaction sur le compte d''initiatives intempestives de... son entourage. Aujourd''hui, elle se défend de toute intervention. « Je n''ai pas de rapport affectif, ni amour ni haine, avec la presse », assure-t-elle. Pourtant, avisée de la préparation du présent article, la ministre de la Justice sollicitait une nouvelle fois ses relations, les invitant à faire leur possible pour éviter un ton trop mordant. Elle inspire une certaine crainte, puisque la plupart de nos interlocuteurs n''ont accepté de s''exprimer qu''avec la garantie d''un strict anonymat.
    Bien qu''elle s''en défende, elle supporte mal qu''un article la mette en cause. En marge du déplacement présidentiel à Londres, en mars dernier, elle s''en est même ouverte à un policier de haut rang. « Elle s''est plainte de l''incapacité de son service à bloquer la mise en ligne de l''article de Mediapart consacré au budget et titré sur les folles dépenses de la ministre », rapporte, éberlué, un témoin de la scène. De même, exaspérée par certaines médisances colportées ici ou là, elle cherche à tout prix à en identifier les auteurs, souvent issus, selon elle, de la majorité.
    Rien d''étonnant que la rumeur de l''arrivée de Rachida Dati au ministère de l''Intérieur ait suscité quelques levées de bouclier chez des policiers de tout grade. Elle en a rêvé, mais l''idée a finalement été abandonnée en décembre 2007. A cette époque, lors d''un Conseil des ministres, Rachida Dati fait passer un petit mot à Michèle Alliot-Marie, jurant qu''elle n''a jamais souhaité prendre sa place. Malgré leur style si dissemblable, les deux femmes ont trouvé un modus vivendi. Celui-ci a permis au gouvernement d''éviter les tra***ionnelles bisbilles entre Beauvau et Vendôme.
    Dans les premiers temps, les critiques se sont concentrées sur l''autoritarisme de Rachida Dati. Désormais, elles visent ses compétences de femme politique. La garde des Sceaux n''a pas été épargnée lors de ses récentes prestations à l''Assemblée nationale. Elle n''a d''ailleurs pas présenté le projet de révision constitutionnelle, comme il est d''usage de le faire pour un garde des Sceaux. Le Premier ministre a dû prendre sa place à la tribune. « J''ai toujours été d''accord pour que Fillon fasse le discours, déclare-t-elle avec assurance. Je lui ai même *** : ce serait pas mal que tu répondes aux députés... » Lors des débats, Roger Karoutchi a semblé « chaperonner » la ministre de la Justice. « Chaperonnée » par le secrétaire d''Etat chargé des Relations avec le Parlement ? L''image lui arrache un soupir et un haussement de sourcils : elle n''a d''autre référent que le président.
    L''ex-conseillère de Beauvau et de Bercy s''est en effet toujours montrée d''une totale fidélité au chef de l''Etat. Un dévouement qui la conduira, ***-elle, à « se retirer de la politique » quand Nicolas Sarkozy « arrêtera ». Elle loue sans cesse sa constance dans les réformes, dont elle est le fer de lance à la Justice. « Si Fillon avait été président de la République, je ne suis pas sûre que nous aurions fait la [nouvelle] carte judiciaire », glisse-t-elle. L''accompagnant à Lille, première étape du tour de France où elle dévoilait ses choix en la matière, le chef du gouvernement lui avait demandé dans la voiture de bien préciser que ses annonces n''étaient pas des « décisions », mais des « propositions ». Certaine du soutien présidentiel, quelques minutes plus tard, face aux élus régionaux, elle plantait sa banderille : « Voici nos décisions »... De même, sa gestion de l''annulation d''un mariage, liée à la non virginité de l''épouse, a été l''occasion d''une nouvelle tension avec François Fillon.
    Depuis des semaines, pourtant, une confidence revient en boucle sur les lèvres de ses collègues du gouvernement : « Rachida n''a plus l''oreille du président. » Son absence de la task force, sept ministres réunis le jeudi à l''Elysée, est, à leurs yeux, l''illustration la plus flagrante de cette relation plus distante. Dans la catégorie « sarkozyste de choc », Rachida Dati a été remplacée par Nadine Morano. Dans le camp des ministres promis à un très grand avenir, Xavier Bertrand, Luc Chatel ou Laurent Wauquiez occupent désormais les premiers rangs, bien loin devant la garde des Sceaux. Si elle ne figure plus sur la photo, celle-ci n''est pourtant jamais très loin du cadre.
    Rachida Dati peut toujours se prévaloir de faveurs que bien d''autres membres du gouvernement envieraient. Le 3 mai, elle dînait, comme Xavier Bertrand, à la Lanterne, en compagnie du couple présidentiel. Le 24, le chef de l''Etat et son épouse la conviaient à déjeuner à l''Elysée, même si Carla Bruni-Sarkozy impose sa nouvelle façon de vivre (voir "Les heures ouvrables du président"). Dans ces con***ions, Rachida Dati assume sans fard l''hostilité des parlementaires. Le député UMP de la Somme Jérôme Bignon, qui n''a pas accepté d''être si mal traité pendant sa réforme de la carte judiciaire, se lève et change de place quand elle s''assoit à côté de lui. On lui reproche de ne pas répondre aux courriers d''élus de terrain. Elle le revendique. « Je ne suis pas comme certains à recevoir des gens et à faire semblant. Je reçois ceux que j''ai plaisir à recevoir », assène-t-elle. De sa dureté Rachida Dati n''a jamais fait mystère : « La politique n''est pas un domaine propice pour l''amitié profonde. » Au sein de l''équipe Fillon, elle ne revendique qu''une seule proche : Nathalie Kosciusko-Morizet. « Quand mes frères ont eu des histoires [NDLR : deux d''entre eux ont été impliqués dans des dossiers judiciaires], je n''ai pas compté un seul soutien à l''UMP, pas un seul au gouvernement », rappelle-t-elle.
    Malmenée, jalousée, Rachida Dati reste pour le président un symbole, fût-il écorné. A Paris aussi, le chef de l''Etat, qui l''a convaincue de se présenter aux élections municipales à la mairie du VIIe arrondissement, la protège. Elle a aujourd''hui nettement sa préférence pour prendre, à l''automne, la tête de la fédération UMP de la capitale, face à l''autre candidate éventuelle, Christine Lagarde, ministre de l''Economie. Mezza voce, des barons parisiens prédisent que celle qui a connu une campagne difficile - et parfois subi des attaques racistes - dans le VIIe arrondissement ne sera jamais élue à la présidence de la fédération UMP de la première ville de France. « S''ils pensent que cela m''arrêtera... Je n''ai pas pris de décision, leur répond Rachida Dati. Si j''ai envie d''y aller, j''irai. »
    Elle a brillé. Il lui faut maintenant durer. « Aucun de mes prédécesseurs n''est sorti heureux de la chancellerie, confie-t-elle. La vie est trop courte, je ne vais pas me priver d''aimer mon job, d''aimer la vie. » Sa cote baisse dans l''opinion ? « De toute façon, il y a un an personne ne me connaissait. Au moins, il y a une opinion », lâche-t-elle. A l''indifférence préférer les critiques. Revendiquer le bonheur personnel comme programme politique. Cette légèreté assumée est, aussi, la marque Dati.
    Gilles Gaetner, Eric Pelletier, Jean-Marie Pontaut et Ludovic Vigogne
    -------------------------------------------------
    Les heures ouvrables du président
    L''histoire a fait le tour de l''Elysée. Rachida Dati, qui avait pris l''habitude d''appeler le président au petit matin pour solliciter son avis, a été reçue fraîchement par Carla Bruni. « Maintenant, Nicolas est marié, il ne faut pas lui téléphoner si tôt »,a expliqué, gentiment mais fermement, son épouse. Un avertissement qui a suscité ce commentaire ironique : « Cela signifie qu''il existe dorénavant des heures ouvrables pour joindre le président. »
    Rien ne va plus, en revanche, avec la précédente épouse de Nicolas Sarkozy. Le 10 mai, à la surprise générale, Rachida Dati n''a pas célébré le mariage de Jeanne-Marie Martin, la fille de Cécilia, qui se déroulait dans sa mairie du VIIe arrondissement de Paris. La ministre de la Justice invoque des « raisons familiales » pour justifier cette absence.
    J.-M. P. et L.V.
  10. lahm

    lahm Thành viên mới

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    Publié le 29/05/2008 N°1863 Le Point
    Sarkozy et les psys
    Séduisant, voire fascinant pour les uns, décevant, voire exaspérant pour les autres, Nicolas Sarkozy ne laisse personne indifférent. Un tel personnage, qui plus est président, ne peut qu''intéresser les psys, dont les analyses reflètent les sentiments extrêmes qu''il suscite.

    Sylvie Pierre-Brossolette
    http://www.lepoint.fr/actualites-politique/sarkozy-et-les-psys/917/0/248919
    Qu''a-t-il donc de si particulier pour que les plus grands esprits se penchent sur son cas, remplissant librairies et journaux de leurs diagnostics les plus pointus ? Nicolas Sarkozy, depuis qu''il a été élu président de la République, et même un peu avant, sidère les observateurs. Tour à tour, il intrigue, exaspère, déçoit, fascine, révulse, épate, comme aucun chef de l''Etat avant lui. Certes, en leur temps, tous ont été examinés à la loupe de l''analyse psychologique. Ses prédécesseurs à l''Elysée, du général de Gaulle à Jacques Chirac en passant par Georges Pompidou, Valéry Giscard d''estaing et François Mitterrand, recelaient des qualités et des défauts de caractère qui ont été largement commentés. On ne devient pas par hasard, ni impunément, chef d''Etat. Mais le sixième président de la Ve République a quelque chose en plus, ou en moins, qui n''en finit pas de susciter les exégèses des spécialistes. Quels sont les ressorts intimes d''une ambition qui ne se dément pas depuis trente ans ? Comment rebon***-il malgré des failles béantes de comportement ? Comment établit-il avec le peuple une relation ambiguë, d''amour et de haine, de proximité et d''indifférence, de mots qui touchent et de formules qui fâchent, et qui en font, au total, un personnage complètement à part dans l''histoire politique française ?
    La réponse du microcosme comme celle des éminences du monde des psys est pour une fois très proche. Nicolas Sarkozy n''aurait pas de surmoi et s''étalerait aux yeux de ses concitoyens dans sa vérité, sans se soucier des conséquences, ou plutôt en ne résistant pas à assumer ses évidences intimes au grand jour comme autant de défis. On doit l''aimer comme il est, avec ses provocations, son goût de la rupture, son inlassable énergie, qui bouscule bien des conforts et finit parfois par lasser dans sa boulimie d''action. Davantage qu''être aimé, il veut être le seul à être reconnu. « Un homme politique, via l''élection, veut prouver qu''il est non seulement aimé mais préféré », expliquait Françoise Giroud. C''est aujourd''hui plus vrai que jamais avec Nicolas Sarkozy, qui a dû vaincre nombre d''épreuves personnelles et politiques avant d''être le « préféré » des Français. Il a cumulé les blessures. Dans la cour de récré, il a souffert d''être petit, désargenté et fils de divorcés. Il a ensuite subi des hauts et des bas retentissants, grisants quand c''était la prise de Neuilly ou les responsabilités ministérielles de premier plan sous Edouard Balladur, humiliants quand ce fut la défaite historique du RPR aux européennes ou la traversée du désert. Et puis, à la force du poignet, ce fut la glorieuse ascension, seul contre tous, les Jacques Chirac, Dominique de Villepin et autres ennemis de l''intérieur, avec pour point d''orgue une élection du premier coup à l''Elysée. De quoi étancher-théoriquement-l''inépuisable source de complexes qui submerge depuis l''enfance ce « petit Français de sang mêlé », comme il s''est lui-même nommé lors de son fameux meeting du 14 janvier 2007. Mais cela n''a manifestement pas suffi. Le nouveau président a plus accentué ses traits de comportement qu''il ne les a lissés, continuant à mettre en avant un ego pour le moins décoiffant.
    Il avait déjà montré une sacrée propension à se mettre en scène, à raconter ses réactions, à justifier tous ses actes. Il l''a encore fait mardi en allant sur le terrain tôt le matin à Rungis, puis en s''expliquant longuement sur RTL. Les Français doivent savoir que leur président s''intéresse de près à leur pouvoir d''achat et au RER A. Souvent, Nicolas Sarkozy se plaît à livrer des confidences plus personnelles. Dans plusieurs livres, et plus particulièrement le dernier, « Témoignage », il s''est confié de manière presque impudique à la curiosité du public. Sur ses convictions : « Je travaille dur car, contrairement peut-être à l''idée que l''on se fait de moi, je doute beaucoup. » Sur son tempérament : « Je me suis reproché de vouloir aller trop vite, d''en faire trop, et finalement d''être "trop". C''est un reproche que j''ai encouru à chaque étape de ma carrière, depuis mon plus jeune âge. Trop pressé, trop ambitieux, trop boulimique. Et c''est vrai, j''aime la vie. Je l''aime tellement que j''ai toujours voulu la vivre pleinement, dans le présent. » Sur sa séparation douloureuse de Cécilia : « Peut-être cela m''a-t-il obligé à sortir de moi cette part d''humanité qui sans doute me faisait défaut. » Dans le livre que lui a consacré Catherine Nay, il reconnaît ses insuffisances passées : « J''étais égoïste, dépourvu de toute humanité, inattentif aux autres, dur, brutal...Mais j''ai changé ! » A-t-il tant changé ? C''est ce que bien des psys se demandent, aussi intéressés que désorientés ( voir pages suivantes ) par le cas de ce chef d''Etat pas comme les autres, qui cherche moins à se dompter qu''à agir.
    Les témoignages de ceux qui le côtoient depuis qu''il est à l''Elysée vont dans le même sens, pas forcément pour l''accabler. Sarkozy reste cette incomparable machine à décider, sabrer, fasciner, ressusciter, même s''il exaspère souvent et choque parfois. Quand il se bride pendant quelques semaines, tentant de détacher son moi du ça, comme disent les spécialistes, il souffre et finit par craquer. Cela donne l''édifiant discours infligé aux députés reçus à l''Elysée, alors que ce geste de courtoisie, au départ, était destiné à se concilier des élus pour le moins dubitatifs sur les performances de leur président. « En critiquant de Gaulle et Mitterrand, il a voulu démontrer qu''il était unique. Ces deux "grands" sont entrés dans la métaphysique historique des Français. C''est pour cela que Sarko a été dur avec eux. Il fallait les gommer », explique un député UMP qui a occupé de hautes fonctions dans l''Etat. Un ministre actuel, plus indulgent, vante la « jubilation dans l''action » du chef de l''Etat, en reconnaissant qu''il existe une contrepartie : « Il n''est jamais en contrôle. Il met ses tripes sur la table. Il *** toujours ce qu''il pense. » D''où des dérapages, voulus ou non, qui surprennent jusqu''à son entourage. « Casse-toi, pauvre con » étant le pire épisode de ce parler-vrai dangereux lorsque l''on occupe la fonction suprême.
    Nicolas Sarkozy ne résiste pas à se montrer tel qu''il est. Et sa nature, comme celle de beaucoup de dirigeants, est hors du commun. On peut la trouver vulgaire ou primaire, elle n''est pas banale, pas plus que son intelligence ou son instinct politique. D''où vient donc ce trouble qui s''empare des analystes, ou même du peuple, dans leurs réactions vis-à-vis de ce personnage qui s''exhibe sans compter ? L''hebdomadaire Marianne avait posé, en 2004, une question terriblement provocante en guise de titre de une : « Sarkozy est-il fou ? » L''intéressé n''a jamais pardonné cette interrogation en forme de réponse. Comme les autres fauves de la politique, il est certainement un brin « déjanté », comme on *** aujourd''hui. Mais, dès le début du septennat de Giscard, accusé lui aussi d''être un peu spécial psychologiquement, son conseiller Jean Serisé, un ex-mendésiste, développait une théorie de la relativité dans ce domaine : « Tous les hommes politiques sont fous, affirmait-il. Mais il y en a trois sortes. Les "pas assez fous", comme Jean Lecanuet, type remarquable, agrégé de philo etc., qui n''arrivent à rien. Les "trop fous", comme Krivine et Le Pen, qui ne parviennent à rien non plus. Et puis les "juste assez fous", comme Giscard ou Mitterrand, qui atteignent leur objectif. Mais il ne faut jamais l''oublier : ils sont fous ! » Nicolas Sarkozy ayant été élu, il entrerait donc dans la bonne catégorie. Reste, pour le président, à prouver aux mauvaises langues et à beaucoup de psys qu''il roule toujours dans la même classe.

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