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Vingt mille lieues sous les mers (Jules Verne - Hai vạn dặm dưới biển)

Chủ đề trong 'Tác phẩm Văn học' bởi JogReloaded, 25/08/2004.

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  1. JogReload

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    XXXXIV - PAR 47°24'' DE LATITUDE ET DE 17°28'' DE LONGITUDE
    A la suite de cette tempête, nous avions été rejetés dans l''est. Tout espoir de s''évader sur les atterrages de New York ou du Saint-Laurent s''évanouissait. Le pauvre Ned, désespéré, s''isola comme le capitaine Nemo. Conseil et moi, nous ne nous quittions plus.
    J''ai *** que le Nautilus s''était écarté dans l''est. J''aurais dû dire, plus exactement, dans le nord-est. Pendant quelques jours, il erra tantôt à la surface des flots, tantôt au-dessous, au milieu de ces brumes si redoutables aux navigateurs. Elles sont principalement dues à la fonte des glaces, qui entretient une extrême humi***é dans l''atmosphère. Que de navires perdus dans ces parages, lorsqu''ils allaient reconnaître les feux incertains de la côte! Que de sinistres dus à ces brouillards opaques! Que de chocs sur ces écueils dont le ressac est éteint par le bruit du vent! Que de collisions entre les bâtiments, malgré leurs feux de position, malgré les avertissements de leurs sifflets et de leurs cloches d''alarme!
    Aussi, le fond de ces mers offrait-il l''aspect d''un champ de bataille, où gisaient encore tous ces vaincus de l''Océan; les uns vieux et empâtés déjà; les autres jeunes et réfléchissant l''éclat de notre fanal sur leurs ferrures et leurs carènes de cuivre. Parmi eux, que de bâtiments perdus corps et biens, avec leurs équipages, leur monde d''émigrants, sur ces points dangereux signalés dans les statistiques, le cap Race, l''île Saint-Paul, le détroit de Belle-Ile, l''estuaire du Saint-Laurent! Et depuis quelques années seulement que de victimes fournies à ces funèbres annales par les lignes du Royal-Mail, d''Inmann, de Montréal, le Solway, I''Isis, le Paramatta, I''Hungarian, le Canadian, l''Anglo-Saxon, le Humboldt, l''United-States, tous échoués, l''Artic, le Lyonnais, coulés par abordage, le Président, le Pacific, le City-of-Glasgow, disparus pour des causes ignorées, sombres débris au milieu desquels naviguait le Nautilus, comme s''il eût passé une revue des morts!
    Le 15 mai, nous étions sur l''extrémité méridionale du banc de Terre-Neuve. Ce banc est un produit des alluvions marines, un amas considérable de ces détritus organiques, amenés soit de l''Équateur par le courant du Gulf-Stream, soit du pôle boréal, par ce contre-courant d''eau froide qui longe la côte américaine. Là aussi s''amoncellent les blocs erratiques charriés par la débâcle des glaces. Là s''est formé un vaste ossuaire de poissons de mollusques ou de zoophytes qui y périssent par milliards.
    La profondeur de la mer n''est pas considérable au banc de Terre-Neuve. Quelques centaines de brasses au plus. Mais vers le sud se creuse subitement une dépression profonde, un trou de trois mille mètres. Là s''élargit le Gulf-Stream. C''est un épanouissement de ses eaux. Il perd de sa vitesse et de sa température, mais il devient une mer.
    Parmi les poissons que le Nautilus effaroucha à son passage, je citerai le cycloptère d''un mètre, à dos noirâtre, à ventre orange, qui donne à ses congénères un exemple peu suivi de fidélité conjugale, un unernack de grande taille, sorte de murène émeraude, d''un goût excellent, des karraks à gros yeux, dont la tête a quelque ressemblance avec celle du chien, des blennies, ovovivipares comme les serpents, des gobies-boulerots ou goujons noirs de deux décimètres, des macroures à longue queue, brillant d''un éclat argenté, poissons rapides, aventurés loin des mers hyperboréennes.
    Les filets ramassèrent aussi un poisson hardi, audacieux, vigoureux, bien musclé, armé de piquants à la tête et d''aiguillons aux nageoires, véritable scorpion de deux à trois mètres, ennemi acharné des blennies, des gades et des saumons, c''était le cotte des mers septentrionales. au corps tuberculeux, brun de couleur, rouge aux nageoires. Les pêcheurs du Nautilus eurent quelque peine à s''emparer de cet animal, qui, grâce à la conformation de ses opercules, préserve ses organes respiratoires du contact desséchant de l''atmosphère et peut vivre quelque temps hors de l''eau.
    Je cite maintenant - pour mémoire - des bosquiens, petits poissons qui accompagnent longtemps les navires dans les mers boréales, des ables-oxyrhinques, spéciaux à l''Atlantique septentrional, des rascasses, et j''arrive aux gades, principalement à l''espèce morue, que je surpris dans ses eaux de prédilection, sur cet inépuisable banc de Terre-Neuve.
    On peut dire que ces morues sont des poissons de montagnes, car Terre-Neuve n''est qu''une montagne sous-marine. Lorsque le Nautilus s''ouvrit un chemin à travers leurs phalanges pressées, Conseil ne put retenir cette observation:
    " ?a! des morues! ***-il; mais je croyais que les morues étaient plates comme des limandes ou des soles?
    - Naïf! m''écriai-je. Les morues ne sont plates que chez l''épicier, où on les montre ouvertes et étalées. Mais dans l''eau, ce sont des poissons fusiformes comme les mulets, et parfaitement conformés pour la marche.
    - Je veux croire monsieur, répon*** Conseil. Quelle nuée, quelle fourmilière!
    - Eh! mon ami, il y en aurait bien davantage, sans leurs ennemis, les rascasses et les hommes! Sais-tu combien on a compté d''oeufs dans une seule femelle?
    - Faisons bien les choses, répon*** Conseil. Cinq cent mille.
    - Onze millions, mon ami.
    - Onze millions. Voila ce que je n''admettrai jamais, à moins de les compter moi-même.
    - Compte-les, Conseil. Mais tu auras plus vite fait de me croire. D''ailleurs, c''est par milliers que les Français, les Anglais, les Américains, les Danois, les Norvégiens. pêchent les morues. On les consomme en quantités prodigieuses, et sans l''étonnante fécon***é de ces poissons, les mers en seraient bientôt dépeuplées. Ainsi en Angleterre et en Amérique seulement, cinq mille navires montés par soixante-quinze mille marins, sont employés à la pêche de la morue. Chaque navire en rapporte quarante mille en moyenne, ce qui fait vingt-cinq millions. Sur les côtes de la Norvège, même résultat.
    - Bien, répon*** Conseil, je m''en rapporte à monsieur. Je ne les compterai pas.
    - Quoi donc?
    - Les onze millions d''oeufs. Mais je ferai une remarque.
    - Laquelle?
    - C''est que si tous les oeufs éclosaient, il suffirait de quatre morues pour alimenter l''Angleterre, l''Amérique et la Norvège. "
    Pendant que nous effleurions les fonds du banc de Terre-Neuve, je vis parfaitement ces longues lignes, armées de deux cents hameçons, que chaque bateau tend par douzaines. Chaque ligne entraînée par un bout au moyen d''un petit grappin, était retenue a la surface par un orin fixé sur une bouée de liège. Le Nautilus dut manoeuvrer adroitement au milieu de ce réseau sous-marin.
    D''ailleurs il ne demeura pas longtemps dans ces parages fréquentés. Il s''éleva jusque vers le quarante-deuxième degré de latitude. C''était à la hauteur de Saint-Jean de Terre-Neuve et de Heart''s Content, où aboutit l''extrémité du câble transatlantique.
    Le Nautilus, au lieu de continuer à marcher au nord prit direction vers l''est, comme s''il voulait suivre ce plateau télégraphique sur lequel repose le câble, et dont des sondages multipliés ont donné le relief avec une extrême exactitude.
    Ce fut le 17 mai, à cinq cents milles environ de Heart''s Content, par deux mille huit cents mètres de profondeur, que j''aperçus le câble gisant sur le sol. Conseil, que je n''avais pas prévenu, le prit d''abord pour un gigantesque serpent de mer et s''apprêtait à le classer suivant sa méthode ordinaire. Mais je désabusai le digne garçon et pour le consoler de son déboire, je lui appris diverses particularités de la pose de ce câble.
    Le premier câble fut établi pendant les années 1857 et 1 858; mais, après avoir transmis quatre cents télégrammes environ, il cessa de fonctionner. En 1863, les ingénieurs construisirent un nouveau câble, mesurant trois mille quatre cents kilomètres et pesant quatre mille cinq cents tonnes, qui fut embarqué sur le Great-Eastern. Cette tentative échoua encore.
    Or, le 25 mai, le Nautilus, immergé par trois mille huit cent trente-six mètres de profondeur, se trouvait précisément en cet endroit où se produisit la rupture qui ruina l''entreprise. C''était à six cent trente-huit milles de la côte d''Irlande. On s''aperçut, à deux heures après-midi, que les communications avec l''Europe venaient de s''interrompre. Les électriciens du bord résolurent de couper le câble avant de le repêcher, et à onze heures du soir, ils avaient ramené la partie avariée. On refit un joint et une épissure; puis le câble fut immergé de nouveau. Mais, quelques jours plus tard, il se rompit et ne put être ressaisi dans les profondeurs de l''Océan.
    (à suivre)
  2. JogReload

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    (suite)
    Les Américains ne se découragèrent pas. L''audacieux Cyrus Field, le promoteur de l''entreprise, qui y risquait toute sa fortune, provoqua une nouvelle souscription. Elle fut immédiatement couverte. Un autre câble fut établi dans de meilleures con***ions. Le faisceau de fils conducteurs isolés dans une enveloppe de gutta-percha, était protégé par un matelas de matières textiles contenu dans une armature métallique. Le Great-Eastern reprit la mer le 13 juillet 1866.
    L''opération marcha bien. Cependant un incident arriva. Plusieurs fois, en déroulant le câble, les électriciens observèrent que des clous y avaient été récemment enfoncés dans le but d''en détériorer l''âme. Le capitaine Anderson, ses officiers, ses ingénieurs, se réunirent, délibérèrent, et firent afficher que si le coupable était surpris à bord, il serait jeté à la mer sans autre jugement.
    Depuis lors, la criminelle tentative ne se reproduisit plus.
    Le 23 juillet, le Great-Eastern n''était plus qu''à huit cents kilomètres de Terre-Neuve, lorsqu''on lui télégraphia d''Irlande la nouvelle de l''armistice conclu entre la Prusse et l''Autriche après Sadowa. Le 27, il relevait au milieu des brumes le port de Heart''s Content. L''entreprise était heureusement terminée, et par sa première dépêche, la jeune Amérique adressait à la vieille Europe ces sages paroles si rarement comprises: " Gloire à Dieu dans le ciel, et paix aux hommes de bonne volonté sur la terre. "
    Je ne m''attendais pas à trouver le câble électrique dans son état primitif, tel qu''il était en sortant des ateliers de fabrication. Le long serpent, recouvert de débris de coquille, hérissé de foraminifères, était encroûté dans un empâtement pierreux qui le protégeait contre les mollusques perforants. Il reposait tranquillement, à l''abri des mouvements de la mer, et sous une pression favorable à la transmission de l''étincelle électrique qui passe de l''Amérique à l''Europe en trente-deux centièmes de seconde. La durée de ce câble sera infinie sans doute, car on a observé que l''enveloppe de gutta-percha s''améliore par son séjour dans l''eau de mer.
    D''ailleurs, sur ce plateau si heureusement choisi, le câble n''est jamais immergé à des profondeurs telles qu''il puisse se rompre. Le Nautilus le suivit jusqu''à son fond le plus bas, situé par quatre mille quatre cent trente et un mètres, et là, il reposait encore sans aucun effort de traction. Puis, nous nous rapprochâmes de l''endroit où avait eu lieu l''accident de 1863.
    Le fond océanique formait alors une vallée large de cent vingt kilomètres, sur laquelle on eût pu poser le Mont-Blanc sans que son sommet émergeât de la surface des flots. Cette vallée est fermée à l''est par une muraille à pic de deux mille mètres. Nous y arrivions le 28 mai, et le Nautilus n''était plus qu''à cent cinquante kilomètres de l''Irlande.
    Le capitaine Nemo allait-il remonter pour atterrir sur les îles Britanniques? Non. A ma grande surprise, il redescen*** au sud et revint vers les mers européennes. En contournant l''île d''Émeraude, j''aperçus un instant le cap Clear et le feu de Fastenet, qui éclaire les milliers de navires sortis de Glasgow ou de Liverpool.
    Une importante question se posait alors à mon esprit.
    Le Nautilus oserait-il s''engager dans la Manche? Ned Land qui avait reparu depuis que nous rallions la terre ne cessait de m''interroger. Comment lui répondre? Le capitaine Nemo demeurait invisible. Après avoir laissé entrevoir au Canadien les rivages d''Amérique, allait-il donc me montrer les côtes de France?
    Cependant le Nautilus s''abaissait toujours vers le sud. Le 30 mai, il passait en vue du Land''s End, entre la pointe extrême de l''Angleterre et les Sorlingues, qu''il laissa sur tribord.
    S''il voulait entrer en Manche, il lui fallait prendre franchement à l''est. Il ne le fit pas.
    Pendant toute la journée du 31 mai, le Nautilus décrivit sur la mer une série de cercles qui m''intriguèrent vivement. Il semblait chercher un endroit qu''il avait quelque peine à trouver. A midi, le capitaine Nemo vint faire son point lui-même. Il ne m''adressa pas la parole. Il me parut plus sombre que jamais. Qui pouvait l''attrister ainsi? Était-ce sa proximité des rivages européens? Sentait-il quelque ressouvenir de son pays abandonné? Qu''éprouvait-il alors? des remords ou des regrets? Longtemps cette pensée occupa mon esprit, et j''eus comme un pressentiment que le hasard trahirait avant peu les secrets du capitaine.
    Le lendemain, 31 juin, le Nautilus conserva les mêmes allures. Il était évident qu''il cherchait à reconnaître un point précis de l''Océan. Le capitaine Nemo vint prendre la hauteur du soleil, ainsi qu''il avait fait la veille. La mer était belle, le ciel pur. A huit milles dans l''est, un grand navire à vapeur se dessinait sur la ligne de l''horizon. Aucun pavillon ne battait à sa corne, et je ne pus reconnaître sa nationalité.
    Le capitaine Nemo, quelques minutes avant que le soleil passât au méridien, prit son ***tant et observa avec une précision extrême. Le calme absolu des flots facilitait son opération. Le Nautilus immobile ne ressentait ni roulis ni tangage.
    J''étais en ce moment sur la plate-forme. Lorsque son relèvement fut terminé, le capitaine prononça ces seuls mots.
    " C''est ici! "
    Il redescen*** par le panneau. Avait-il vu le bâtiment qui modifiait sa marche et semblait se rapprocher de nous? Je ne saurais le dire.
    Je revins au salon. Le panneau se ferma, et j''entendis les sifflements de l''eau dans les réservoirs. Le Nautilus commença de s''enfoncer, suivant une ligne verticale, car son hélice entravée ne lui communiquait plus aucun mouvement.
    Quelques minutes plus tard, il s''arrêtait à une profondeur de huit cent trente-trois mètres et reposait sur le sol.
    Le plafond lumineux du salon s''éteignit alors, les panneaux s''ouvrirent, et à travers les vitres, j''aperçus la mer vivement illuminée par les rayons du fanal dans un ravo d''un demi-mille.
    Je regardait à bâbord et je ne vis rien que l''immensité des eaux tranquilles.
    Par tribord, sur le fond, apparaissait une forte extumescence qui attira mon attention. On eût *** des ruines ensevelies sous un empâtement de coquilles blanchâtres comme sous un manteau de neige. En examinant attentivement cette masse, je crus reconnaître les formes épaissies d''un navire, rasé de ses mâts, qui devait avoir coulé par l''avant. Ce sinistre datait certainement d''une époque reculée. Cette épave, pour être ainsi encroûtée dans le calcaire des eaux, comptait déjà bien des années passées sur ce fond de l''Océan.
    Quel était ce navire? Pourquoi le Nautilus venait-il visiter sa tombe? N''était-ce donc pas un naufrage qui avait entraîné ce bâtiment sous les eaux?
    Je ne savais que penser, quand, près de moi, j''entendis le capitaine Nemo dire d''une voix lente:
    " Autrefois ce navire se nommait le Marseillais. Il portait soixante-quatorze canons et fut lancé en 1762. En 1778, le 13 août, commandé par La Poype-Vertrieux, il se battait audacieusement contre le Preston. En 1779, le 4 juillet, il assistait avec l''escadre de l''amiral d''Estaing à la prise de Grenade. En 1781, le 5 septembre, il prenait part au combat du comte de Grasse dans la baie de la Chesapeak. En 1794, la république française lui changeait son nom. Le 16 avril de la même année, il rejoignait à Brest l''escadre de Villaret-Joyeuse? chargé d''escorter un convoi de blé qui venait d''Amérique sous le commandement de l''amiral Van Stabel. Le 11 et le 12 prairial, an II, cette escadre se rencontrait avec les vaisseaux anglais. Monsieur, c''est aujourd''hui le 13 prairial, le ler juin 1868. Il y a soixante-quatorze ans, jour pour jour, à cette place même, par 47°24'' de latitude et 17°28'' de longitude, ce navire, après un combat héroïque, démâté de ses trois mâts, l''eau dans ses soutes, le tiers de son équipage hors de combat, aima mieux s''engloutir avec ses trois cent cinquante-six marins que de se rendre, et clouant son pavillon à sa poupe, il disparut sous les flots au cri de: Vive la République!
    - Le Vengeur! m''écriai-je.
    - Oui! monsieur. Le Vengeur! Un beau nom! " murmura le capitaine Nemo en se croisant les bras.
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    Fin du chapitre XXXXIV
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  3. JogReload

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    XXXXV - UNE HECATOMBE
    Cette faĐon de dire, l''imprâvu de cette scăne, cet historique du navire patriote froidement racontâ d''abord, puis l''âmotion avec laquelle l''âtrange personnage avait prononcâ ses derniăres paroles, ce nom de Vengeur, dont la signification ne pouvait m''âchapper, tout se râunissait pour frapper profondâment mon esprit. Mes regards ne quittaient plus le capitaine. Lui, les mains tendues vers la mer, considârait d''un oeil ardent la glorieuse âpave. Peut-être ne devais-je jamais savoir qui il âtait, d''oạ il venait, oạ il allait, mais je voyais de plus en plus l''homme se dâgager du savant. Ce n''âtait pas une misanthropie commune qui avait enfermâ dans les flancs du Nautilus le capitaine Nemo et ses compagnons, mais une haine monstrueuse ou sublime que le temps ne pouvait affaiblir.
    Cette haine cherchait-elle encore des vengeances? L''avenir devait bientôt me l''apprendre.
    Cependant, le Nautilus remontait lentement vers la surface de la mer, et je vis disparađtre peu à peu les formes confuses du Vengeur. Bientôt un lâger roulis m''indiqua que nous flottions à l''air libre.
    En ce moment, une sourde dâtonation se fit entendre. Je regardai le capitaine. Le capitaine ne bougea pas.
    " Capitaine? " dis-je.
    Il ne râpon*** pas.
    Je le quittai et montai sur la plate-forme. Conseil et le Canadien m''y avaient prâcâdâ.
    " D''oạ vient cette dâtonation? demandai-je.
    - Un coup de canon ", râpon*** Ned Land.
    Je regardai dans la direction du navire que j''avais aperĐu. Il s''âtait rapprochâ du Nautilus et l''on voyait qu''il forĐait de vapeur. Six milles le sâparaient de nous.
    " Quel est ce bÂtiment, Ned?
    - A son grâement, à la hauteur de ses bas mÂts, râpon*** le Canadien, je parierais pour un navire de guerre. Puisse-t-il venir sur nous et couler, s''il le faut, ce damnâ Nautilus !
    - Ami Ned, râpon*** Conseil, quel mal peut-il faire au Nautilus? Ira-t-il l''attaquer sous les flots? Ira-t-il le canonner au fond des mers?
    - ***es-moi, Ned, demandai-je, pouvez-vous reconnađtre la nationalitâ de ce bÂtiment? "
    Le Canadien, fronĐant ses sourcils, abaissant ses paupiăres, plissant ses yeux aux angles, fixa pendant quelques instants le navire de toute la puissance de son regard.
    " Non, monsieur, râpon***-il. Je ne saurais reconnađtre à quelle nation il appartient. Son pavillon n''est pas hisse. Mais je puis affirmer que c''est un navire de guerre, car une longue flamme se dâroule à l''extrâmitâ de son grand mÂt. "
    Pendant un quart d''heure, nous continuÂmes d''observer le bÂtiment qui se dirigeait vers nous. Je ne pouvais admettre, cependant. qu''il eằt reconnu le Nautilus à cette distance, encore moins qu''il sằt ce qu''âtait cet engin sous-marin.
    Bientôt le Canadien m''annonĐa que ce bÂtiment âtait un grand vaisseau de guerre, à âperon, un deux-ponts cuirassâ. Une âpaisse fumâe noire s''âchappait de ses deux cheminâes. Ses voiles serrâes se confondaient avec la ligne des vergues. Sa corne ne portait aucun pavillon. La distance empêchait encore de distinguer les couleurs de sa flamme, qui flottait comme un mince ruban.
    Il s''avanĐait rapidement. Si le capitaine Nemo le laissait approcher, une chance de salut s''offrait à nous.
    " Monsieur, me *** Ned Land, que ce bÂtiment nous passe à un mille je me jette à la mer, et je vous engage faire comme moi. "
    Je ne râpondis pas à la proposition du Canadien, et je continuai de regarder le navire qui grandissait à vue d''oeil. Qu''il fằt anglais, franĐais, amâricain ou russe, il âtait certain qu''il nous accueillerait, si nous pouvions gagner son bord.
    " Monsieur voudra bien se rappeler, *** alors Conseil, que nous avons quelque expârience de la natation. Il peut se reposer sur moi du soin de le remorquer vers ce navire, s''il lui convient de suivre l''ami Ned. "
    J''allais râpondre, lorsqu''une vapeur blanche jaillit à l''avant du vaisseau de guerre. Puis, quelques secondes plus tard, les eaux troublâes par la chute d''un corps pesant, âclaboussărent l''arriăre du Nautilus. Peu aprăs, une dâtonation frappait mon oreille.
    " Comment? ils tirent sur nous! m''âcriai-je.
    - Braves gens! murmura le Canadien.
    - Ils ne nous prennent donc pas pour des naufragâs accrochâs à une âpave!
    - N''en dâplaise à monsieur.... Bon, fit Conseil en secouant l''eau qu''un nouveau boulet avait fait jaillir jusqu''à lui.- N''en dâplaise à monsieur, ils ont reconnu le narwal, et ils canonnent le narwal.
    - Mais ils doivent bien voir, m''âcriai-je qu''ils ont affaire à des hommes.
    - C''est peut-être pour cela! " râpon*** Ned Land en me regardant.
    Toute une râvâlation se fit dans mon esprit. Sans doute, on savait à quoi s''en tenir maintenant sur l''existence du prâtendu monstre. Sans doute, dans son abordage avec l''Abraham-Lincoln, lorsque le Canadien le frappa de son harpon, le commandant Farragut avait reconnu que le narwal âtait un bateau sous-marin, plus dangereux qu''un câtacâ surnaturel?
    Oui, cela devait être ainsi, et sur toutes les mers, sans doute, on poursuivait maintenant ce terrible engin de destruction!
    Terrible en effet, si comme on pouvait le supposer, le capitaine Nemo employait le Nautilus à une oeuvre de vengeance! Pendant cette nuit, lorsqu''il nous emprisonna dans la cellule, au milieu de l''Ocâan Indien, ne s''âtait-il pas attaquâ à quelque navire? Cet homme enterrâ maintenant dans le cimetiăre de corail, n''avait-il pas âtâ victime du choc provoquâ par le Nautilus? Oui, je le râpăte. Il en devait être ainsi. Une partie de la mystârieuse existence du capitaine Nemo se dâvoilait. Et si son identitâ n''âtait pas reconnue, du moins, les nations coalisâes contre lui, chassaient maintenant, non plus un être chimârique, mais un homme qui leur avait vouâ une haine implacable!
    Tout ce passâ formidable apparut à mes yeux. Au lieu de rencontrer des amis sur ce navire qui s''approchait, nous n''y pouvions trouver que des ennemis sans pitiâ.
    Cependant les boulets se multipliaient autour de nous. Quelques-uns, rencontrant la surface liquide, s''en allaient par ricochet se perdre à des distances considârables. Mais aucun n''atteignit le Nautilus.
    Le navire cuirassâ n''âtait plus alors qu''à trois milles. Malgrâ sa violente canonnade, le capitaine Nemo ne paraissait pas sur la plate-forme. Et cependant, l''un de ces boulets coniques, frappant normalement la coque du Nautilus, lui eằt âtâ fatal.
    Le Canadien me *** alors:
    " Monsieur, nous devons tout tenter pour nous tirer de ce mauvais pas. Faisons des signaux! Mille diables! On comprendra peut-être que nous sommes d''honnêtes gens! "
    Ned Land prit son mouchoir pour l''agiter dans l''air. Mais il l''avait à peine dâployâ, que terrassâ par une main de fer, malgrâ sa force prodigieuse, il tombait sur le pont.
    " Misârable, s''âcria le capitaine, veux-tu donc que je te cloue sur l''âperon du Nautilus avant qu''il ne se prâcipite contre ce navire! "
    Le capitaine Nemo, terrible à entendre, âtait plus terrible encore à voir. Sa face avait pÂli sous les spasmes de son coeur, qui avait dằ cesser de battre un instant. Ses pupilles s''âtaient contractâes effroyablement. Sa voix ne parlait plus, elle rugissait. Le corps penchâ en avant, il tordait sous sa main les âpaules du Canadien.
    Puis, l''abandonnant et se retournant vers le vaisseau de guerre dont les boulets pleuvaient autour de lui:
    " Ah! tu sais qui je suis, navire d''une nation mau***e! s''âcria-t-il de sa voix puissante. Moi, je n''ai pas eu besoin de tes couleurs pour te reconnađtre! Regarde! Je vais te montrer les miennes! "
    Et le capitaine Nemo dâploya à l''avant de la plate-forme un pavillon noir. semblable à celui qu''il avait dâjà plantâ au pôle sud.
    A ce moment, un boulet frappant obliquement la coque du Nautilus, sans l''entamer, et passant par ricochet prăs du capitaine. alla se perdre en mer.
    Le capitaine Nemo haussa les âpaules. Puis, s''adressant à moi:
    " Descendez, me ***-il d''un ton bref, descendez, vous et vos compagnons.
    - Monsieur, m''ecriai-je, allez-vous donc attaquer ce navire,
    - Monsieur, je vais le couler. Vous ne ferez pas cela!
    - Je le ferai, râpon*** froidement le capitaine Nemo. Ne vous avisez pas de me juger, monsieur. La fatalitâ vous montre ce que vous ne deviez pas voir.
    L''attaque est venue. La riposte sera terrible. Rentrez.
    - Ce navire, quel est-il?
    - Vous ne le savez pas? Eh bien! tant mieux! Sa nationalitâ, du moins, restera un secret pour vous. Descendez. "
    Le Canadien, Conseil et moi, nous ne pouvions qu''obâir. Une quinzaine de marins du Nautilus entouraient le capitaine et regardaient avec un implacable sentiment de haine ce navire qui s''avanĐait vers eux. On sentait que le même souffle de vengeance animait toutes ces Âmes.
    Je descendis au moment oạ un nouveau projectile âraillait encore la coque du Nautilus, et j''entendis le capitaine s''âcrier:
    " Frappe, navire insensâ! Prodigue tes inutiles boulets! Tu n''âchapperas pas à l''âperon du Nautilus. Mais ce n''est pas à cette place que tu dois pârir! Je ne veux pas que tes ruines aillent se confondre avec les ruines du Vengeur ! "
    Je regagnai ma chambre. Le capitaine et son second âtaient restâs sur la plate-forme. L''hâlice fut mise en mouvement, le Nautilus, s''âloignant avec vitesse se mit hors de la portâe des boulets du vaisseau. Mais la poursuite continua, et le capitaine Nemo se contenta de maintenir sa distance.
    Vers quatre heures du soir, ne pouvant contenir l''impatience et l''inquiâtude qui me dâvoraient, je revins vers l''escalier central. Le panneau âtait ouvert. Je me hasardai sur la plate-forme. Le capitaine s''y promenait encore d''un pas agitâ.
    Il regardait le navire qui lui restait sous le vent à cinq ou six milles. Il tournait autour de lui comme une bête fauve, et l''attirant vers l''est, il se laissait poursuivre. Cependant, il n''attaquait pas. Peut-être hâsitait-il encore?
    Je voulus intervenir une derniăre fois. Mais j''avais a peine interpellâ le capitaine Nemo, que celui-ci m''imposait silence:
    (à suivre)
  4. JogReload

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    (suite)
    " Je suis le droit, je suis la justice! me ***-il. Je suis l''opprimé, et voilà l''oppresseur! C''est par lui que tout ce que J''ai aime, chéri, vénéré, patrie, femme, enfants, mon père, ma mère, j''ai vu tout périr! Tout ce que je hais est là! Taisez-vous! "
    Je portai un dernier regard vers le vaisseau de guerre qui forçait de vapeur.
    Puis, je rejoignis Ned et Conseil.
    " Nous fuirons! m''écriai-je.
    - Bien, fit Ned. Quel est ce navire?
    - Je l''ignore. Mais quel qu''il soit, il sera coulé avant la nuit. En tout cas, mieux vaut périr avec lui que de se faire les complices de représailles dont on ne peut pas mesurer l''équité.
    - C''est mon avis, répon*** froidement Ned Land. Attendons la nuit. "
    La nuit arriva. Un profond silence régnait à bord. La boussole indiquait que le Nautilus n''avait pas modifié sa direction. J''entendais le battement de son hélice qui frappait les flots avec une rapide régularité. Il se tenait à la surface des eaux, et un léger roulis le portait tantôt sur un bord, tantôt sur un autre.
    Mes compagnons et moi, nous avions résolu de fuir au moment où le vaisseau serait assez rapproché, soit pour nous faire entendre, soit pour nous faire voir, car la lune. qui devait être pleine trois jours plus tard, resplendissait. Une fois à bord de ce navire, si nous ne pouvions prévenir le coup qui le menaçait, du moins nous ferions tout ce que les circonstances nous permettaient de tenter. Plusieurs fois, je crus que le Nautilus se disposait pour l''attaque. Mais il se contentait de laisser se rapprocher son adversaire, et, peu de temps après, il reprenait son allure de fuite.
    Une partie de la nuit se passa sans incident. Nous guettions l''occasion d''agir. Nous parlions peu, étant trop émus. Ned Land aurait voulu se précipiter à la mer. Je le forçai d''attendre. Suivant moi, le Nautilusdevait attaquer le deux-ponts à la surface des flots, et alors il serait non seulement possible, mais facile de s''enfuir.
    A trois heures du matin, inquiet, je montai sur la plate-forme. Le capitaine Nemo ne l''avait pas quittée. Il était debout, à l''avant, près de son pavillon. qu''une légère brise déployait au-dessus de sa tête. Il ne quittait pas le vaisseau des yeux. Son regard, d''une extraordinaire intensité, semblait l''attirer, le fasciner, l''entraîner plus sûrement que s''il lui eût donné la remorque!
    La lune passait alors au méridien. Jupiter se levait dans l''est. Au milieu de cette paisible nature, le ciel et l''Océan rivalisaient de tranquillité, et la mer offrait a l''astre des nuits le plus beau miroir qui eût jamais reflété son image.
    Et quand je pensais à ce calme profond des éléments, comparé à toutes ces colères qui couvaient dans les flancs de l''imperceptible Nautilus, je sentais frissonner tout mon être.
    Le vaisseau se tenait a deux mille de nous. Il s''était rapproché, marchant toujours vers cet éclat phosphorescent qui signalait la présence du Nautilus Je vis ses feux de position, vert et rouge, et son fanal blanc suspendu au grand étai de misaine. Une vague réverbération éclairait son gréement et indiquait que les feux étaient poussés à outrance. Des gerbes d''étincelles, des scories de charbons enflammés, s''échappant de ses cheminées, étoilaient l''atmosphère.
    Je demeurai ainsi jusqu''à six heures du matin, sans que le capitaine Nemo eût paru m''apercevoir. Le vaisseau nous restait à un mille et demi, et avec les première, lueurs du jour. sa canonnade recommença. Le moment ne pouvait être éloigné où, le Nautilus attaquant son adversaire, mes compagnons et moi, nous quitterions pour jamais cet homme que je n''osais juger.
    Je me disposais à descendre afin de les prévenir, lorsque le second monta sur la plate-forme. Plusieurs marins l''accompagnaient. Le capitaine Nemo ne les vit pas ou ne voulut pas les voir. Certaines dispositions furent prises qu''on aurait pu appeler le " branle-bas de combat " du Nautilus. Elles étaient très simples. La filière qui formait balustrade autour de la plate-forme. fut abaissée. De même, les cages du fanal et du timonier rentrèrent dans la coque de manière à l''affleurer seulement. La surface du long cigare de tôle n''offrait plus une seule saillie qui pût gêner sa manoeuvre.
    Je revins au salon. Le Nautilus émergeait toujours. Quelques lueurs matinales s''infiltraient dans la couche liquide. Sous certaines ondulations des lames, les vitres s''animaient des rougeurs du soleil levant. Ce terrible jour du 2 juin se levait.
    A cinq heures, le loch m''apprit que la vitesse du Nautilus se modérait. Je compris qu''il se laissait approcher. D''ailleurs les détonations se faisaient plus violemment entendre. Les boulets labouraient l''eau ambiante et s''y vissaient avec un sifflement singulier.
    " Mes amis, dis-je, le moment est venu. Une poignée de main, et que Dieu nous garde! "
    Ned Land était résolu, Conseil calme, moi nerveux, me contenant à peine.
    Nous passâmes dans la bibliothèque. Au moment où je poussais la porte qui s''ouvrait sur la cage de l''escalier central, j''entendis le panneau supérieur se fermer brusquement.
    Le Canadien s''élança sur les marches, mais je l''arrêtai. Un sifflement bien connu m''apprenait que l''eau pénétrait dans les réservoirs du bord. En effet, en peu d''instants, le Nautilus s''immergea à quelques mètres au-dessous de la surface des flots.
    Je compris sa manoeuvre. Il était trop tard pour agir.
    Le Nautilus ne songeait pas a frapper le deux-ponts dans son impénétrable cuirasse, mais au-dessous de sa ligne de flottaison, là ou la carapace métallique ne protège plus le bordé.
    Nous étions emprisonnés de nouveau, témoins obligés du sinistre drame qui se préparait. D''ailleurs, nous eûmes à peine le temps de réfléchir. Réfugiés dans ma chambre, nous nous regardions sans prononcer une parole. Une stupeur profonde s''était emparée de mon esprit. Le mouvement de la pensée s''arrêtait en moi.. Je me trouvais dans cet état pénible qui précède l''attente d''une détonation épouvantable. J''attendais, j''écoutais, je ne vivais que par le sens de l''ouïe!
    Cependant, la vitesse du Nautilus s''accrut sensiblement. C''était son élan qu''il prenait ainsi. Toute sa coque frémissait.
    Soudain, je poussai un cri. Un choc eut lieu, mais relativement léger. Je sentis la force pénétrante de l''éperon d''acier. J''entendis des éraillements, des raclements. Mais le Nautilus, emporté par sa puissance de propulsion, passait au travers de la masse du vaisseau comme l''aiguille du voilier à travers la toile!
    Je ne pus y tenir. Fou, éperdu, je m''élançai hors de ma chambre et me précipitai dans le salon.
    Le capitaine Nemo était là. Muet, sombre, implacable, il regardait par le panneau de bâbord.
    Une masse énorme sombrait sous les eaux, et pour ne rien perdre de son agonie, le Nautilus descendait dans l''abîme avec elle. A dix mètres de moi, je vis cette coque entr''ouverte, où l''eau s''enfonçait avec un bruit de tonnerre, puis la double ligne des canons et les bastingages. Le pont était couvert d''ombres noires qui s''agitaient.
    L''eau montait. Les malheureux s''élançaient dans les haubans, s''accrochaient aux mâts, se tordaient sous lés eaux. C''était une fourmilière humaine surprise par l''envahissement d''une mer!
    Paralysé, raidi par l''angoisse, les cheveux hérissés, l''oeil démesurément ouvert, la respiration incomplète, sans souffle, sans voix, je regardais, moi aussi! Une irrésistible attraction me collait à la vitre!
    L''énorme vaisseau s''enfonçait lentement. Le Nautilus le suivant, épiait tous ses mouvements. Tout à coup, une explosion se produisit. L''air comprimé fit voler les ponts du bâtiment comme si le feu eût pris aux soutes. La poussée des eaux fut telle que le Nautilus dévia.
    Alors le malheureux navire s''enfonça plus rapidement. Ses hunes, chargées de victimes, apparurent, ensuite des barres, pliant sous des grappes d''hommes. enfin le sommet de son grand mât. Puis, la masse sombre disparut, et avec elle cet équipage de cadavres entraînés par un formidable remous...
    Je me retournai vers le capitaine Nemo. Ce terrible justicier, véritable archange de la haine, regardait toujours. Quand tout fut fini, le capitaine Nemo, se dirigeant vers la porte de sa chambre, l''ouvrit et entra. Je le suivis des yeux.
    Sur le panneau du fond, au-dessous des portraits de ses héros, je vis le portrait d''une femme jeune encore et de deux petits enfants. Le capitaine Nemo les regarda pendant quelques instants, leur ten*** les bras, et, s''agenouillant. il fon*** en sanglots.
    ------------------------------------
    Fin du chapitre XXXXV
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  5. JogReload

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    XXXXVI - LES DERNIERES PAROLES DU CAPITAINE NEMO
    Les panneaux s''étaient refermés sur cette vision effrayante, mais la lumière n''avait pas été rendue au salon. A l''intérieur du Nautilus, ce n''étaient que ténèbres et silence. Il quittait ce lieu de désolation, à cent pieds sous les eaux, avec une rapi***é prodigieuse. Où allait-il? Au nord ou au sud? Où fuyait cet homme après cette horrible représaille?
    J''étais rentré dans ma chambre où Ned et Conseil se tenaient silencieusement. J''éprouvais une insurmontable horreur pour le capitaine Nemo. Quoi qu''il eût souffert de la part des hommes, il n''avait pas le droit de punir ainsi. Il m''avait fait, sinon le complice, du moins le témoin de ses vengeances! C''était déjà trop.
    A onze heures, la clarté électrique réapparut. Je passai dans le salon. Il était désert. Je consultai les divers instruments. Le Nautilus fuyait dans le nord avec une rapi***é de vingt-cinq milles à l''heure, tantôt à la surface de la mer, tantôt à trente pieds au-dessous.
    Relèvement fait sur la carte, je vis que nous passions à l''ouvert de la Manche, et que notre direction nous portait vers les mers boréales avec une incomparable vitesse.
    A peine pouvais-je saisir à leur rapide passage des squales au long nez, des squales-marteaux, des roussettes qui fréquentent ces eaux, de grands aigles de mer, des nuées d''hippocampes, semblables aux cavaliers du jeu d''échecs, des anguilles s''agitant comme les serpenteaux d''un feu d''artifice, des armées de crabes qui fuyaient obliquement en croisant leurs pinces sur leur carapace, enfin des troupes de marsouins qui luttaient de rapi***é avec le Nautilus. Mais d''observer, d''étudier, de classer, il n''était plus question alors.
    Le soir, nous avions franchi deux cents lieues de l''Atlantique. L''ombre se fit, et la mer fut envahie par les ténèbres jusqu''au lever de la lune.
    Je regagnai ma chambre. Je ne pus dormir. J''étais assailli de cauchemars. L''horrible scène de destruction se répétait dans mon esprit.
    Depuis ce jour, qui pourra dire jusqu''où nous entraîna le Nautilusdans ce bassin de l''Atlantique nord? Toujours avec une vitesse inappréciable! Toujours au milieu des brumes hyperboréennes! Toucha-t-il aux pointes du Spitzberg, aux accores de la Nouvelle-Zemble? Parcourut-il ces mers ignorées, la mer Blanche, la mer de Kara, le golfe de l''Obi, l''archipel de Liarrov, et ces rivages inconnus de la côte asiatique? Je ne saurais le dire. Le temps qui s''écoulait je ne pouvais plus l''évaluer. L''heure avait été suspendue aux horloges du bord. Il semblait que la nuit et le jour, comme dans les contrées polaires, ne suivaient plus leur cours régulier. Je me sentais entraîné dans ce domaine de l''étrange où se mouvait à l''aise l''imagination surmenée d''Edgard Poë. A chaque instant, je m''attendais à voir, comme le fabuleux Gordon Pym, " cette figure humaine voilée, de proportion beaucoup plus vaste que celle d''aucun habitant de la terre, jetée en travers de cette cataracte qui défend les abords du pôle "!
    J''estime - mais je me trompe peut-être , j''estime que cette course aventureuse du Nautilus se prolongea pendant quinze ou vingt jours, et je ne sais ce qu''elle aurait duré, sans la catastrophe qui termina ce voyage. Du capitaine Nemo, il n''était plus question. De son second, pas davantage. Pas un homme de l''équipage ne fut visible un seul instant. Presque incessamment, le Nautilus flottait sous les eaux. Quand ii remontait à leur surface afin de renouveler son air, les panneaux s''ouvraient ou se refermaient automatiquement. Plus de point reporté sur le planisphère. Je ne savais où nous étions.
    Je dirai aussi que le Canadien, à bout de forces et de patience, ne paraissait plus. Conseil ne pouvait en tirer un seul mot, et craignait que, dans un accès de délire et sous l''empire d''une nostalgie effrayante, il ne se tuât. Il le surveillait donc avec un dévouement de tous les instants.
    On comprend que, dans ces con***ions, la situation n''était plus tenable.
    Un matin - à quelle date, je ne saurais le dire - je m''étais assoupi vers les premières heures du jour, assoupissement pénible et maladif. Quand je m''éveillai, je vis Ned Land se pencher sur moi, et je l''entendis me dire à voix basse:
    " Nous allons fuir! "
    Je me redressai.
    " Quand fuyons-nous? demandai-je.
    - La nuit prochaine. Toute surveillance semble avoir disparu du Nautilus. On dirait que la stupeur règne à bord. Vous serez prêt, monsieur?
    - Oui. Où sommes-nous?
    - En vue de terres que je viens de relever ce matin au milieu des brumes, à vingt milles dans l''est.
    - Quelles sont ces terres?
    - Je l''ignore, mais quelles qu''elles soient, nous nous y réfugierons.
    - Oui! Ned. Oui, nous fuirons cette nuit, dût la mer nous engloutir!
    - La mer est mauvaise, le vent violent, mais vingt milles à faire dans cette légère embarcation du Nautilus ne m''effraient pas. J''ai pu y transporter quelques vivres et quelques bouteilles d''eau à l''insu de l''équipage.
    - Je vous suivrai.
    - D''ailleurs, ajouta le Canadien, si je suis surpris, je me défends, je me fais tuer.
    - Nous mourrons ensemble, ami Ned. "
    J''étais décidé à tout. Le Canadien me quitta. Je gagnai la plate-forme, sur laquelle je pouvais à peine me maintenir contre le choc des lames. Le ciel était menaçant, mais puisque la terre était là dans ces brumes épaisses, il fallait fuir. Nous ne devions perdre ni un jour ni une heure.
    Je revins au salon, craignant et désirant tout à la fois de rencontrer le capitaine Nemo, voulant et ne voulant plus le voir. Que lui aurais-je ***? Pouvais-je lui cacher l''involontaire horreur qu''il m''inspirait! Non! Mieux valait ne pas me trouver face à face avec lui! Mieux valait l''oublier! Et pourtant!
    Combien fut longue cette journée, la dernière que je dusse passer à bord du Nautilus! Je restais seul. Ned Land et Conseil évitaient de me parler par crainte de se trahir.
    A six heures, je dînai, mais je n''avais pas faim. Je me forçai à manger, malgré mes répugnances, ne voulant pas m''affaiblir.
    A six heures et demi, Ned Land entra dans ma chambre. Il me ***:
    " Nous ne nous reverrons pas avant notre départ. A dix heures, la lune ne sera pas encore levée. Nous profiterons de l''obscurité. Venez au canot. Conseil et moi, nous vous y attendrons. "
    Puis le Canadien sortit, sans m''avoir donné le temps de lui répondre.
    Je voulus vérifier la direction du Nautilus. Je me rendis au salon. Nous courions nord-nord-est avec une vitesse effrayante, par cinquante mètres de profondeur.
    Je jetai un dernier regard sur ces merveilles de la nature, sur ces richesses de l''art entassées dans ce musée, sur cette collection sans rivale destinée à périr un jour au fond des mers avec celui qui l''avait formée. Je voulus fixer dans mon esprit une impression suprême. Je restai une heure ainsi, baigné dans les effluves du plafond lumineux, et passant en revue ces trésors resplendissant sous leurs vitrines. Puis, je revins à ma chambre.
    Là, je revêtis de solides vêtements de mer. Je rassemblai mes notes et les serrai précieusement sur moi. Mon coeur battait avec force. Je ne pouvais en comprimer les pulsations. Certainement, mon trouble, mon agitation m''eussent trahi aux yeux du capitaine Nemo.
    Que faisait-il en ce moment? J''écoutai à la porte de sa chambre. J''entendis un bruit de pas. Le capitaine Nemo était là. Il ne s''était pas couché. A chaque mouvement, il me semblait qu''il allait m''apparaître et me demander pourquoi je voulais fuir! J''éprouvais des alertes incessantes. Mon imagination les grossissait. Cette impression devint si poignante que je me demandai s''il ne valait pas mieux entrer dans la chambre du capitaine, le voir face à face, le braver du geste et du regard!
    (à suivre)
  6. JogReload

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    (suite)
    C''était une inspiration de fou. Je me retins heureusement, et je m''étendis sur mon lit pour apaiser en moi les agitations du corps. Mes nerfs se calmèrent un peu, mais, le cerveau surexcité, je revis dans un rapide souvenir toute mon existence à bord du Nautilus, tous les incidents heureux ou malheureux qui l''avaient traversée depuis ma disparition de l''Abraham-Lincoln, les chasses sous-marines, le détroit de Torrès, les sauvages de la Papouasie, l''échouement, le cimetière de corail, le passage de Suez, l''île de Santorin, le plongeur crétois, la baie de Vigo, l''Atlantide, la banquise, le pôle sud, l''emprisonnement dans les glaces, le combat des poulpes, la tempête du Gulf-Stream, le Vengeur, et cette horrible scène du vaisseau coulé avec son équipage!... Tous ces événements passèrent devant mes yeux, comme ces toiles de fond qui se déroulent à l''arrière-plan d''un théâtre. Alors le capitaine Nemo grandissait démesurément dans ce milieu étrange. Son type s''accentuait et prenait des proportions surhumaines. Ce n''était plus mon semblable, c''était l''homme des eaux, le génie des mers.
    Il était alors neuf heures et demie. Je tenais ma tête à deux mains pour l''empêcher d''éclater. Je fermais les yeux. Je ne voulais plus penser. Une demi-heure d''attente encore! Une demi-heure d''un cauchemar qui pouvait me rendre fou!
    En ce moment, j''entendis les vagues accords de l''orgue, une harmonie triste sous un chant indéfinissable, véritables plaintes d''une âme qui veut briser ses liens terrestres. J''écoutai par tous mes sens à la fois, respirant à peine, plongé comme le capitaine Nemo dans ces extases musicales qui l''entraînaient hors des limites de ce monde.
    Puis, une pensée soudaine me terrifia. Le capitaine Nemo avait quitté sa chambre. Il était dans ce salon que je devais traverser pour fuir. Là, je le rencontrerais une dernière fois. Il me verrait, il me parlerait peut-être! Un geste de lui pouvait m''anéantir, un seul mot, m''enchaîner à son bord!
    Cependant, dix heures allaient sonner. Le moment était venu de quitter ma chambre et de rejoindre mes compagnons.
    Il n''y avait pas à hésiter, dût le capitaine Nemo se dresser devant moi. J''ouvris ma porte avec précaution, et cependant, il me sembla qu''en tournant sur ses gonds, elle faisait un bruit effrayant. Peut-être ce bruit n''existait-il que dans mon imagination!
    Je m''avançai en rampant à travers les coursives obscures du Nautilus, m''arrêtant à chaque pas pour comprimer les battements de mon coeur.
    J''arrivai à la porte angulaire du salon. Je l''ouvris doucement. Le salon était plongé dans une obscurité profonde. Les accords de l''orgue raisonnaient faiblement. Le capitaine Nemo était là. Il ne me voyait pas. Je crois même qu''en pleine lumière, il ne m''eût pas aperçu, tant son extase l''absorbait tout entier.
    Je me traînai sur le tapis, évitant le moindre heurt dont le bruit eût pu trahir ma présence. Il me fallut cinq minutes pour gagner la porte du fond qui donnait sur la bibliothèque.
    J''allais l''ouvrir, quand un soupir du capitaine Nemo me cloua sur place. Je compris qu''il se levait. Je l''entrevis même, car quelques rayons de la bibliothèque éclairée filtraient jusqu''au salon. Il vint vers moi, les bras croisés, silencieux, glissant plutôt que marchant, comme un spectre. Sa poitrine oppressée se gonflait de sanglots. Et je l''entendis murmurer ces paroles - les dernières qui aient frappé mon oreille:
    " Dieu tout puissant! assez! assez! "
    Était-ce l''aveu du remords qui s''échappait ainsi de la conscience de cet homme?...
    Éperdu, je me précipitai dans la bibliothèque. Je montai l''escalier central, et, suivant la coursive supérieure, j''arrivai au canot. J''y pénétrai par l''ouverture qui avait déjà livré passage à mes deux compagnons.
    " Partons! Partons! m''écriai-je.
    - A l''instant! " répon*** le Canadien.
    L''orifice évidé dans la tôle du Nautilus fut préalablement fermé et boulonné au moyen d''une clef anglaise dont Ned Land s''était muni. L''ouverture du canot se ferma également, et le Canadien commença à dévisser les écrous qui nous retenaient encore au bateau sous-marin.
    Soudain un bruit intérieur se fit entendre. Des voix se répondaient avec vivacité. Qu''y avait-il? S''était-on aperçu de notre fuite? Je sentis que Ned Land me glissait un poignard dans la main.
    " Oui! murmurai-je, nous saurons mourir! "
    Le Canadien s''était arrêté dans son travail. Mais un mot, vingt fois répété, un mot terrible, me révéla la cause de cette agitation qui se propageait à bord du Nautilus. Ce n''était pas à nous que son équipage en voulait!
    " Maelstrom! Maelstrom! " s''écriait-il.
    Le Maelstrom! Un nom plus effrayant dans une situation plus effrayante pouvait-il retentir à notre oreille? Nous trouvions-nous donc sur ces dangereux parages de la côte norvégienne? Le Nautilus était-il entraîné dans ce gouffre, au moment où notre canot allait se détacher de ses flancs?
    On sait qu''au moment du flux, les eaux resserrées entre les îles Feroë et Loffoden sont précipitées avec une irrésistible violence. Elles forment un tourbillon dont aucun navire n''a jamais pu sortir. De tous les points de l''horizon accourent des lames monstrueuses. Elles forment ce gouffre justement appelé le " Nombril de l''Océan ", dont la puissance d''attraction s''étend jusqu''à une distance de quinze kilomètres. Là sont aspirés non seulement les navires, mais les baleines, mais aussi les ours blancs des régions boréales.
    C''est là que le Nautilus involontairement ou volontairement peut-être - avait été engagé par son capitaine. Il décrivait une spirale dont le rayon diminuait de plus en plus. Ainsi que lui, le canot, encore accroché à son flanc, était emporté avec une vitesse vertigineuse. Je le sentais. J''éprouvais ce tournoiement maladif qui succède à un mouvement de giration trop prolongé. Nous étions dans l''épouvante, dans l''horreur portée à son comble, la circulation suspendue, l''influence nerveuse annihilée, traversés de sueurs froides comme les sueurs de l''agonie! Et quel bruit autour de notre frêle canot! Quels mugissements que l''écho répétait à une distance de plusieurs milles! Quel fracas que celui de ces eaux brisées sur les roches aiguës du fond, là où les corps les plus durs se brisent, là où les troncs d''arbres s''usent et se font " une fourrure de poils ", selon l''expression norvégienne!
    Quelle situation! Nous étions ballottés affreusement. Le Nautilus se défendait comme un être humain. Ses muscles d''acier craquaient. Parfois il se dressait, et nous avec lui!
    " Il faut tenir bon, *** Ned, et revisser les écrous! En restant attachés au Nautilus, nous pouvons nous sauver encore...! "
    Il n''avait pas achevé de parler, qu''un craquement se produisait. Les écrous manquaient, et le canot, arraché de son alvéole, était lancé comme la pierre d''une fronde au milieu du tourbillon.
    Ma tête porta sur une membrure de fer, et, sous ce choc violent, je perdis connaissance.
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    Fin du chapitre XXXXVI
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  7. JogReload

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    CONCLUSION
    Voici la conclusion de ce voyage sous les mers. Ce qui se passa pendant cette nuit, comment le canot échappa au formidable remous du Maelstrom, comment Ned Land, Conseil et moi, nous sortîmes du gouffre, je ne saurai le dire. Mais quand je revins à moi, j''étais couché dans la cabane d''un pêcheur des îles Loffoden. Mes deux compagnons, sains et saufs étaient près de moi et me pressaient les mains. Nous nous embrassâmes avec effusion.
    En ce moment, nous ne pouvons songer à regagner la France. Les moyens de communications entre la Norvège septentrionale et le sud sont rares. Je suis donc forcé d''attendre le passage du bateau à vapeur qui fait le service bimensuel du Cap Nord.
    C''est donc là, au milieu de ces braves gens qui nous ont recueillis, que je revois le récit de ces aventures. Il est exact. Pas un fait n''a été omis, pas un détail n''a été exagéré. C''est la narration fidèle de cette invraisemblable expé***ion sous un élément inaccessible à l''homme, et dont le progrès rendra les routes libres un jour.
    Me croira-t-on? Je ne sais. Peu importe, après tout. Ce que je puis affirmer maintenant, c''est mon droit de parler de ces mers sous lesquelles, en moins de dix mois j''ai franchi vingt mille lieues, de ce tour du monde sous-marin qui m''a révélé tant de merveilles à travers le Pacifique, l''Océan Indien, la mer Rouge, la Mé***erranée, l''Atlantique, les mers australes et boréales!
    Mais qu''est devenu le Nautilus? A-t-il résisté aux étreintes du Maelstrom? Le capitaine Nemo vit-il encore? Poursuit-il sous l''Océan ses effrayantes représailles, ou s''est-il arrêté devant cette dernière hécatombe? Les flots apporteront-ils un jour ce manuscrit qui renferme toute l''histoire de sa vie? Saurai-je enfin le nom de cet homme? Le vaisseau disparu nous dira-t-il, par sa nationalité, la nationalité du capitaine Nemo?
    Je l''espère. J''espère également que son puissant appareil a vaincu la mer dans son gouffre le plus terrible, et que le Nautilus a survécu là où tant de navires ont péri! S''il en est ainsi, si le capitaine Nemo habite toujours cet Océan, sa patrie d''adoption, puisse la haine s''apaiser dans ce coeur farouche! Que la contemplation de tant de merveilles éteigne en lui l''esprit de vengeance! Que le justicier s''efface, que le savant continue la paisible exploration des mers! Si sa destinée est étrange, elle est sublime aussi. Ne l''ai-je pas compris par moi-même? N''ai-je pas vécu dix mois de cette existence extranaturelle? Aussi, à cette demande posée, il y a six mille ans, par l''Éccclésiaste: " Qui a jamais pu sonder les profondeurs de l''abîme? " deux hommes entre tous les hommes ont le droit de répondre maintenant. Le capitaine Nemo et moi.
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  8. JogReload

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    Các bạn thân mến, tiểu thuyết "Hai vạn dặm dưới biển" kết thúc tại đây, số phận của vị giáo sư và hai người bạn đồng hành chúng ta đã rõ, thế còn thuyền trưởng Nemo và con tàu huyền bí của ông thì sao ?
    Các bạn sẽ tìm thấy câu trả lời trong một tiểu thuyết khác của Jules Verne
    Cảm ơn các bạn đã chú ý theo dõi.

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