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WANDA - Alfred de Vigny

Chủ đề trong 'Pháp (Club de Francais)' bởi despi, 01/09/2001.

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  1. despi

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    Tham gia ngày:
    29/04/2001
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    WANDA.
    HISTOIRE RUSSE.
    CONVERSATION AU BAL A PARIS.

    I

    UN FRANầAIS.

    Qui donc vous a donnộ ces bagues enchantộes
    Que vous ne touchez pas sans un air de douleur?
    Vos mains, par ces rubis, semblent ensanglantộes.
    Ces cachets grecs, ces croix, souvenirs d'un malheur,
    5 Sont-ils chers et cruels? sont-ils expiatoires?
    Le pays des Ivans a seul ces perles noires,
    D'une contrộe en deuil symboles sans couleur.

    II

    WANDA, grande dame russe.

    Celle qui m'a donnộ ces ornements de fờte,
    Ce cachet dont un Czar fut le seul possesseur,
    10 Ces diamants en feu qui tremblent sur ma tờte,
    Ces reliques sans prix d'un saint intercesseur,
    Ces rubis, ces saphirs qui chargent ma ceinture,
    Ce bracelet qu'ộmaille une antique peinture,
    Ces talismans sacrộs, c'est l'esclave ma soeur.

    III

    15 Car elle ộtait princesse, et maintenant qu'est-elle?
    Nul ne l'oserait dire et n'ose le savoir.
    On a rayộ le nom dont le monde l'appelle.
    Elle n'est qu'une femme et mange le pain noir.
    Le pain qu' son mari donne la Sibộrie;
    20 Et parmi les mineurs s'assied põle et flộtrie,
    Et boit chaque matin les larmes du devoir.

    IV

    En ce temps-l, ma soeur, sur le seuil de sa porte,
    Nous *** : " Vivez en paix, je vais garder ma foi.
    " Gardez ces vanitộs; au monde je suis morte,
    25 " Puisque le seul que j'aime est mort devant la loi.
    " Des splendeurs de mon front conservez les ruines.
    " Je le suivrai partout, jusques au fond des mines;
    " Vous qui savez aimer, vous feriez comme moi.

    V

    " L'empereur tout-puissant, qui voit d'en haut les choses,
    30 " Du prince mon seigneur voulut faire un forỗat.
    " Dieu seul peut rộviser un jour ces grandes causes
    " Entre le souverain, le sujet et l'ẫtat.
    " Pour moi, je porterai mes fils sur mon ộpaule
    " Tandis que mon mari, sur la route du pụle,
    35 " Marche et traợne un boulet, conduit par un soldat.

    VI

    " La fatigue a courbộ sa poitrine ộcrasộe;
    " Le froid gonfle ses pieds dans des chemins mauvais;
    " La neige tombe en flots sur sa tờte rasộe;
    " Il brise les glaỗons sur le bord des marais.
    40 " Lui de qui les aùeux s'ộlisaient pour l'empire,
    " Rộpond : Serge, au camp mờme oự tous leur disaient : Sire.
    " Comment puis-je, Moscou, dormir dans mon palais?

    VII

    " Prenez donc, ụ mes soeurs, ces signes de mollesse.
    " J'irai dans les ****aux, dans l'air empoisonneur,
    45 " Conservant seulement, de toute ma richesse,
    " L'aiguille et le marteau pour luxe et pour honneur;
    " Et puisqu'il est ộcrit que la race des Slaves
    " Doit porter et le joug et le nom des esclaves,
    " Je descendrai vivante au tombeau du mineur.

    VIII

    50 " L, j'aurai soin d'user ma vie avec la sienne,
    " Je soutiendrai ses bras quand il prendra l'essieu.
    " Je briserai mon corps pour que rien ne retienne
    " Mon õme quand son õme aura montộ vers Dieu;
    " Et bientụt, nous tirant des glaces ộternelles,
    55 " L'ange de mort viendra nous prendre sous ses ailes
    " Pour nous porter ensemble aux chaleurs du ciel bleu. "

    IX

    Et ce qu'elle avait ***, ma soeur l'a bien su faire;
    Elle a tissộ le lin, et de ses ộcheveaux
    Espốre en vain former son linceul mortuaire;
    60 Et depuis vingt hivers achốve vingt travaux,
    Calculant jour par jour, sur ses mains enchaợnộes,
    Les grains du chapelet de ses sombres annộes.
    Quatre enfants ont grandi dans l'ombre des ****aux.

    X

    Leurs yeux craignent le jour quand sa lumiốre põle
    65 Trois fois dans une annộe ộclaire leur põleur.
    Comme pour les agneaux, la brebis et le mõle
    Sont parquộs la fois par le mauvais pasteur.
    La mốre eỷt bien voulu qu'on leur apprợt lire,
    Puisqu'ils portaient le nom des princes de l'empire
    70 Et n'ont rien fait encor qui blesse l'Empereur.

    XI

    Un jour de fờte on a demandộ cette grõce
    Au Czar toujours affable et clộment souverain,
    Lorsqu'au front des soldats seul il passe et repasse.
    Aprốs dix ans d'attente il rộpon*** enfin :
    75 " Un esclave a besoin d'un marteau, non d'un livre;
    La lecture est fatale ceux-l qui, pour vivre,
    Doivent avoir bon bras pour gagner un bon pain. "

    XII

    Ce mot fut un couteau pour le coeur de la mốre;
    Avant qu'il ne fỷt ***, quand s'asseyait ma soeur,
    80 Ses larmes sillonnaient la neige sur la terre,
    Tombant devant ses pieds, non sans quelque douceur.
    Mais aujourd'hui, sans pleurs, elle passe l'annộe
    A regarder ses fils d'une vue ộtonnộe;
    Ses yeux secs sont glacộs d'ộpouvante et d'horreur!

    XIII

    LE FRANầAIS.

    85 Wanda, j'ộcoute encore aprốs votre silence;
    J'ai senti sur mon coeur peser ce doigt d'airain
    Qui porte au bout du monde toute õme qui pense
    Les ộpouvantements du fatal souverain.
    Cet homme enseveli vivant avec sa femme,
    90 Ces esclaves enfants dont on va tuer l'õme,
    Est-ce de notre siốcle ou du temps d'Ugolin?

    XIV

    Non, non, il n'est pas vrai que le peuple en tout õge,
    Lui seul ait travaillộ, lui seul ait combattu;
    Que l'immolation, la force et le courage
    95 N'habitent pas un coeur de velours revờtu.
    Plus belle ộtait la vie et plus grande est sa perte,
    Plus pur est le calice oự l'hostie est offerte.
    Sacrifice, ụ toi seul peut-ờtre es la vertu!

    XV

    Tandis que vous parliez je sentais dans mes veines
    100 Les imprộcations bouillonner sourdement.
    Vous ne maudissez pas, ụ vous, femmes romaines!
    Vous traợnez votre joug silencieusement.
    ẫponines du Nord, vous dormez dans vos tombes,
    Vous soutenez l'esclave au fond des catacombes
    105 D'oự vous ne sortirez qu'au dernier jugement.

    XVI

    Peuple silencieux, souverain gigantesque!
    Lutteurs de fer toujours muets et combattants!
    Pierre avait commencộ ce duel romanesque :
    Le verrons-nous finir? Est-il de notre temps?
    110 Le dompteur est debout nuit et jour et surveille
    Le domptộ qui se tait jusqu' ce qu'il s'ộveille.
    Se regardant l'un l'autre ainsi que deux Titans.

    XVII

    En bas, le peuple voit de son oeil de Tartare
    Ses seigneurs rộvoltộs, combattus par ses Czars,
    115 Aiguise sur les pins sa hache et la prộpare
    A peser tout son poids dans les futurs hasards.
    En haut, seul, l'Empereur sur la Russie entiốre
    Promốne en galopant l'autre hache dont Pierre
    Abattit de sa main les tờtes de Boyards.

    XVIII

    120 Une nuit on a vu ces deux larges cognộes
    Se heurter, se porter des coups profonds et lourds.
    Les hommes sont tombộs, les femmes rộsignộes
    Ont marchộ dans la neige la voix des tambours,
    Et, comme votre soeur, ont d'une main meurtrie
    125 Bercộ leurs fils au bord des lacs de Sibộrie,
    Et cherchộ pour dormir la taniốre des ours.

    XIX

    Et ces femmes sans peur, ces reines dộtrụnộes,
    Dộdaignent de se plaindre et s'en vont au dộsert
    Sans dộtourner les yeux, sans mờme ờtre ộtonnộes
    130 En passant sous la porte oự tout espoir se perd.
    A voir leur front si calme, on croirait qu'elles savent
    Que leurs ans, jour par jour, par avance se gravent
    Sur un livre ộternel devant le Czar ouvert.

    XX

    Quel signe formidable a-t-il au front, cet homme?
    135 Qui donc ferma son coeur des trois cercles de fer
    Dont s'ộtaient cuirassộs les empereurs de Rome
    Contre les cris de l'õme et les cris de la chair?
    Croit-on parmi vos serfs qu' la fin il se lasse
    De semer les martyrs sur la neige et la glace,
    140 D'entasser les damnộs dans un terrestre enfer?

    XXI

    S'il ộtait vrai qu'il eỷt au fond de sa poitrine
    Un coeur de pốre ộmu des põleurs d'un enfant,
    Qu'assis prốs de sa fille la beautộ divine
    Il eỷt les yeux en pleurs, l'air doux et triomphant,
    145 Qu'il eỷt pour rờve unique et dộsir de son õme
    Quelques jours de repos pour emporter sa femme
    Sous les soleils du Sud qui rộchauffent le sang;

    XXII

    S'il ộtait vrai qu'il eỷt conduit hors du servage
    Un peuple tout entier de sa main rachetộ,
    150 Crộant le pasteur libre et crộant le village
    Oự l'esclave tartare avait seul existộ.
    Pareil au voyageur dont la richesse est fiốre
    D'acheter mille oiseaux et d'ouvrir la voliốre
    Pour leur rendre la fois l'air et la libertộ ;

    XXIII

    155 Il aurait dộj *** : " J'ai pitiộ, je fais grõce;
    L'ancien crime est lavộ par les martyrs nouveaux; "
    Sa voix aurait trois fois rộpộtộ dans l'espace,
    Comme la voix de l'ange ouvrant les derniers sceaux.
    Devant les nations surprises, attentives,
    160 Devant la race libre et les races captives :
    " La brebis m'a vaincu par le sang des agneaux. "

    XXIV

    Mais il n'a point parlộ, mais cette annộe encore
    Heure par heure en vain lentement tombera,
    Et la neige sans bruit, sur la terre incolore,
    Aux pieds des exilộs nuit et jour gốlera.
    165 Silencieux devant son armộe en silence,
    Le Czar, en mesurant la cuirasse et la lance,
    Passera sa revue et toujours se taira.

    5 novembre 1847.

    DIX ANS APRẩS.
    UN BILLET DE WANDA
    AU MấME FRANầAIS

    De Tobolsk en Sibộrie.
    Le 21 octobre 1855, jour de la bataille de l'Alma.

    Vous disiez vrai. Le Czar s'est tu. -- Ma soeur est morte.
    Les serfs de Sibộrie ont portộ le cercueil.
    Et les fils de la sainte et de la femme forte
    Comme esclaves suivaient, sans nom, sans rang, sans deuil.
    5 La cloche seule ộmeut la ville inanimộe.
    Mais, au sud, le canon s'entend vers la Crimộe.
    Et c'est au coeur de l'ours que Dieu frappe l'orgueil.

    SECOND BILLET DE WANDA
    AU MấME FRANầAIS.

    De Tobolsk en Sibộrie.
    Aprốs la prise du fort Malakof.

    Sộbastopol dộtruit n'est plus. -- L'aigle de France
    L'a rasộ de la terre, et le Czar ộtonnộ
    Est mort de rage. -- On *** que la balance immense
    Du Seigneur a paru quand la foudre a tonnộ.
    5 -- La sainte la tenait flottante dans l'espace.
    L'ộpouse, la martyre a peut-ờtre fait grõce,
    Dieu du ciel! -- Mais la mốre a-t-elle pardonnộ?





    Never trouble about trouble until trouble troubles you!

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